Dans le même esprit : A. Larijani, porte-parole iranien projette de se rendre sur la frontières israélo-gazaouïe
Pour Aschkel.info et Lessakele
PROVOCATION IRANIENNE A GAZA
Par Jacques Benillouche

Voir précédent article : V
Les iraniens préparent une nouvelle provocation contre Israël avec Gaza comme point de mire. Les israéliens avaient pourtant tenté d’étouffer dans l’œuf toute velléité d’autres « humanitaires » à rééditer l’épopée de la flottille en sanctionnant avec force le navire turc Marmara qui avait voulu exploiter la couverture médiatique de l’opération. Ils avaient anticipé l’incident en mandatant en Turquie, dans le plus grand secret, une haute personnalité chargée d’informer le premier ministre Tayyip Erdogan sur la détermination d’Israël à arraisonner par la force tout bateau turc qui déciderait de contrevenir à l’interdiction israélienne de forcer le blocus. Mais les conseils n’ont pas été entendus ou ont été volontairement ignorés. Cette mise en garde explique la réaction mitigée de la Turquie qui n’a pas été prise au dépourvu et qui, de ce fait, n’a pas rompu ses relations diplomatiques avec l’Etat juif.
Les iraniens s’invitent à Gaza
Ali Larijani, président du Majlis, le parlement iranien, et Alaeddin Bouroujerdi, président de la commission pour la sécurité nationale et la politique extérieure du Majlis se préparent à investir la bande de Gaza, le 19 juin, et envisagent de narguer Tsahal à la frontière israélienne. Téhéran a demandé au Caire des visas pour 200 députés iraniens en intercédant auprès du président Moubarak lui-même pour qu’il autorise cette visite historique.
Les iraniens ont présenté une demande officielle, le 14 juin, pour faire atterrir sur un aérodrome égyptien un avion civil transportant une importante délégation parlementaire ainsi que des vivres et des produits médicaux à destination de la population de Gaza. Le Caire n’a pas encore donné son accord à cette visite qui, si elle a lieu, serait une grande première puisqu’à ce jour aucune délégation iranienne de haut rang n’a été autorisée à se présenter à la frontière égypto-israélienne. Le premier ministre Netanyahou pourrait considérer cette initiative comme un casus belli ou, pour le moins, comme une manifestation inamicale de la part des égyptiens.
Ces provocations à répétition ne semblent pas intimider les israéliens et pourraient au contraire les conduire à radicaliser leur position car, selon leur doctrine, ils ne peuvent laisser entrevoir une quelconque faiblesse. La volonté de provocation du président du Majlis ne fait aucun doute puisqu’il envisage de se présenter à la frontière israélienne, accompagné des dirigeants du Hamas, pour délivrer son message de solidarité à l’intention des palestiniens et il veut aussi profiter pour menacer Israël face à ses frontières. L’impact médiatique recherché pourrait avoir un effet bénéfique pour la position de l’Iran au Proche-Orient car il serait perçu par les islamistes comme une preuve de force et de solidarité de la part d’iraniens apparaissant alors comme seuls défenseurs de la cause arabe.
Damer le pion aux turcs
Mais l’objectif de cette visite doit cependant s’insérer dans le contexte de compétition ouverte entre la Turquie et l’Iran, deux pays qui cherchent à se hisser à la tête du monde musulman. L’Iran veut prendre de vitesse le premier ministre Tayyip Erdogan qui, candidat au leadership arabe, a suscité et encouragé l’épopée du Marmara arraisonné au large de Gaza. La place est certes libre et tous les moyens sont bons pour s’afficher comme le plus solidaire des palestiniens afin d’acquérir l’aura internationale.
L’objectif de Larijani est d’être vu entouré de ses parlementaires à la frontière israélienne en train de défier les patrouilles israéliennes qui lui feront face. Il ne pourrait y avoir meilleur provocation tandis qu’un navire iranien a quitté, le 14 juin, le port de Khomanshahr et qu’un second appareillera le 19 juin pour la même destination. La recherche de l’incident est flagrante et il est douteux qu’Israël accepte pareille manipulation sans réagir. Dans l’attente de l’autorisation du Caire, quatre parlementaires ont été envoyés en mission de repérage pour traverser la frontière entre Gaza et l’Egypte afin de préparer, dès réception de l’autorisation finale, l’arrivée massive des iraniens auprès du Hamas. La décision de l’Egypte est attendue avec intérêt et inquiétude par les israéliens qui ont déjà fait savoir, par les voies diplomatiques, qu’ils se comporteraient avec les navires iraniens avec plus de fermeté qu’avec les turcs puisque l’Iran, contrairement à la Turquie, est considéré comme ennemi irréductible de l’Etat d’Israël. Ils espèrent donc que l’Egypte réagira en pays responsable en déniant le droit aux iraniens de provoquer une riposte militaire israélienne.
Mise en garde des militaires israéliens
Cette initiative intervient au moment où le responsable du Shin Bet (sécurité intérieure) met en garde le gouvernement israélien contre une décision d’alléger le blocus de Gaza qui mettrait en danger la sécurité du pays. Il s’oppose au contrôle éventuel des navires entrant à Gaza par des observateurs étrangers car ils n’auraient, selon lui, aucune compétence pour détecter l’introduction d’armes et de matériel stratégique dissimulé dans les cales. Il prend exemple sur le Liban qui est une véritable passoire alors que les Casques bleus ont reçu la mission d’interdire le réarmement du Hezbollah qui se poursuit au vu et au su de tout le monde.
Ce responsable rappelle que le Hamas ne fait pas mystère de sa volonté de prolonger la guerre contre Israël puisqu’il dispose en stock, malgré le blocus, de plus de 5.000 roquettes et missiles, de portée de 40 kms, qui ont traversé les tunnels creusés entre l’Egypte et Gaza. Il rejoint ainsi tous ceux qui, dans les sphères militaires et stratégiques, critiquent de manière ouverte le ministre de la défense, Ehud Barak, considéré comme « incompétent et mou » puisqu’il s’aligne, selon eux, sur les désidératas des américains. Les stratèges israéliens, et non des moindres, estiment que la suppression du contrôle du blocus réduirait la marge de manœuvre de la marine israélienne en aggravant les conditions de la défense du sud du pays. Ils rappellent les engagements de Netanyahou de ne pas transformer Gaza en un port iranien ou un port turc.
Les israéliens voient dans cette nouvelle provocation iranienne une volonté de saboter tous les efforts des diplomates dans la recherche de solutions pacifiques au blocus de Gaza et au conflit palestinien en général. Barack Obama avait fait pression sur le premier ministre Netanyahou pour qu’il fasse preuve de moins d’intransigeance dans ses décisions sur Gaza. Mais les israéliens ne s’étonnent plus de constater que chaque avancée politique est systématiquement contrecarrée par des menaces, des obstacles ou des tirs de missiles qui annihilent les effets et qui ont surtout pour but d’envenimer les relations israélo-américaines. L’Iran s’est invité à Gaza alors qu’on ne l’attendait pas.