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16 janvier 2010 6 16 /01 /janvier /2010 22:56

Big Israeli field hospital starts treating 500 Haitians a day

Un grand hôpital de campagne israélien commence à soigner 500 blessés haïtiens par jour

traduit par deg

Les 250 experts du staff de l’équipe médicale et de l’équipe de recherche et sauvetage de l'armée israélienne se sont mis au travail à Port-au-Prince, le samedi 16 janvier, alors que l’aide internationale a commencé à affluer pour les habitants d'Haïti qui se trouvent dans une détresse inouïe.

L'estimation du nombre des décès est passée à 200 000, alors que de nombreux blessés sont morts, faute de soins médicaux ou sont restés coincés dans les décombres du séisme de mardi.

L'hôpital israélien, installé dans le stade de foot de la ville est équipé de salles d'opération, d'unités de soins intensifs, de laboratoires, d'un service de radiographie et d'une pharmacie qui ont été transportés par un cargo d'El Al. Un tiers de l'équipe médicale de 40 médecins, 20 paramédicaux et infirmières, ainsi que le personnel technique sont des réservistes qui se sont portés volontaires pour venir en aide aux sinistrés d'Haïti. Travaillant d'arrache-pied, ils vont pouvoir traiter 500 patients par jour.

Près de 40 000 cadavres ont été enterrés dans des fosses communes pour éviter les épidémies. L'eau commence à arriver pour les millions de personnes privées de leurs besoins fondamentaux par ce tremblement de terre qui a détruit un tiers de la ville et son infrastructure sous-développée.

Haïti a remis l'aéroport international à l'armée américaine qui contrôle et coordonne la livraison de l'aide et l'évacuation des étrangers et des blessés. Des livraisons sont également détournées de l'aéroport surchargé pour être acheminées par voie terrestre depuis la République Dominicaine.

Suite à des rapports sur des pillages et des combats pour l’aide alimentaire, l'ONU a déployé des milliers de soldats de la paix à Port-au-Prince pour aider à mettre un peu d'ordre dans le chaos. La secrétaire d'État Hilary Clinton doit se rendre en visite à Haïti concernant la fourniture d'aide massive provenant d'Amérique et pour évacuer les citoyens américains.

Plusieurs associations caritatives israéliennes et du monde entier ont lancé des campagnes de donations pour les victimes d'Haïti.



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15 janvier 2010 5 15 /01 /janvier /2010 08:48
Port-au-Prince : renfort israélien
Par HAVIV RETTIG GUR
14.01.10

Urgence internationale. Les autorités gouvernementales du monde entier se mobilisent afin d'offrir le maximum d'assistance à Haïti, suite au séisme catastrophique qui a frappé sa capitale, mardi.

Le Palais national de Port-au-Prince en ruines.
Photo: AP , JPost

Dans un Port-au-Prince en ruines - y compris au Palais national et les bâtiments de l'ONU - des milliers de personnes restaient encore ensevelies sous les décombres, mercredi. Pour l'heure, les autorités locales estiment à environ 500 000 le nombre de morts.

En Israël, le ministère des Affaires étrangères est parvenu à joindre deux ressortissants sur l'île, Brigitte Pierre Omashi et son fils de 9 ans Séguev David Omashi. Six autres Israéliens sont portés disparus. Le sort d'une partie de la communauté juive de Haïti était encore inconnu, mercredi soir, en raison des pannes électriques.

Nouveaux renforts en prévision

Par ailleurs, une équipe de cinq diplomates du ministère des Affaires étrangères s'est rendu sur l'île, mercredi. Avec eux : experts en ingénierie, médecins et équipes de sauvetage de la Défense passive. Quatre secouristes ZAKA étaient également en route. Amos Radian, ambassadeur d'Israël de la République dominicaine, s'est rendu sur les lieux afin de servir d'agent de liaison aux autorités israéliennes qui prévoient d'envoyer d'autres équipes de sauvetage en renfort.

De source locale, le gouvernement haïtien demande avant tout une assistance médicale et en ingénierie - afin d'aider à renforcer les immeubles de la ville et mener la suite des fouilles dans les décombres. A la demande du Premier ministre, du ministre de la Défense ainsi que des ministères des Affaires étrangères et de la Sécurité publique, des équipes spéciales se préparent à être mobilisées dans un délai très court.

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11 janvier 2010 1 11 /01 /janvier /2010 09:21
Grippe, l’Etat responsable, mais pas coupable

Encore un bug du principe de précaution

http://www.causeur.fr/grippe-letat-responsable-mais-pas-coupable,3586

 

L'auteur
Gil Mihaely

Gil Mihaely est historien et journaliste.

Lire tous ses articles

Publié le 10 janvier 2010 à 11h00


Mots-clés : , ,

vaccination-grippe-a

De pandémie, la grippe H1N1 a été rétrogradée en polémique, la menace déclassée en farce avec comme seule consolation l’espoir d’une éventuelle promotion au prestigieux et convoité statut d’”affaire”. En tout cas, il est presque certain aujourd’hui que la dangerosité du virus a été largement surestimée. Si l’heure des comptes n’a pas encore sonné, les décisions publiques sur ce dossier sont déjà vertement critiquées.

Beaucoup de pays et l’OMS elle-même ont, comme la France, pris le virus trop au sérieux. Sauf qu’à cette erreur d’analyse, le gouvernement français en a ajouté une deuxième en sur-réagissant. À la lumière des mêmes données, d’autres gouvernements ont pris des décisions beaucoup plus prudentes. Résultat, la France qui représente à peu près 1% de la population mondiale possède des stocks importants de Tamiflu (médicament censé traiter les symptômes grippaux mais dont l’efficacité est mise en doute) et a commandé 10 % des vaccins produits dans le monde. Enfin, à ces décisions problématiques s’est ajoutée l’organisation d’une campagne de vaccination dans des centres spécialement créés à cet effet et non par les médecins généralistes.
 
Dans ces conditions, la confiance dans la capacité de l’Etat à gérer une crise est sérieusement entamée. Nombre de citoyens se disent qu’ils ont eu raison de donner tort au gouvernement. Prêts à lui intenter un procès en passivité il y a quelques semaines ils sont aujourd’hui décidés à l’inculper pour suractivité et gaspillage des deniers publics.

Si procès il y a, il faut qu’il soit équitable. Pour juger les décisions prises pendant l’été et l’automne, il faut commencer par se demander de quelle information disposaient les décideurs (et notamment la troïka Bachelot-Fillon-Sarkozy) au moment où ils ont fait les arbitrages majeurs. Que savaient-ils du virus et du risque de pandémie ? Quelles propositions leur avaient concocté les fonctionnaires des différents ministères et agences compétents ?

L’essentiel est pourtant ailleurs. Au-delà des problèmes de santé publique, toute cette affaire de grippe A pose la question du “risque” et de son acceptation ou plutôt de son refus. “Délivrez-nous du risque”, voilà ce que les citoyens demandent à leurs gouvernants. C’est peut-être de cette illusion-là que nous guériront les vaccins inutiles.
 
Aujourd’hui, la gestion de certains risques, liés notamment à l’environnement et à la santé publique doit se faire à l’enseigne ou plutôt sous la menace du « principe de précaution ». La définition la plus claire de ce principe se trouve dans la loi Barnier du 2 février 1995 : “L’absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder l’adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l’environnement à un coût économiquement acceptable.” Il suffit de remplacer “environnement” par “santé publique” et on voit la nasse dans laquelle est enfermé n’importe quel ministre face à une épidémie annoncée à grand renfort de tam-tam. Qu’il ne fasse rien ou qu’il agisse, il a de fortes chances d’être coupable.

De plus, derrière une apparence de clarté, ce texte est aussi ambigu qu’un verset des saintes écritures. Que signifient, s’il vous plaît, des mesures “effectives et proportionnées” ou encore un coût “économiquement acceptable” ? La proportionnalité d’une mesure (en l’occurrence l’achat de vaccins) et l’acceptabilité de son coût sont justement sujettes à débat. En fonction du contexte, la même décision peut être qualifiée de bonne, d’erreur légitime ou de faute.

Si madame Bachelot a acheté des montagnes de vaccins, ce n’est pas parce qu’elle est vendue aux trusts pharmaceutiques mais parce que nous ne voulons plus courir le moindre risque. Baignés dans une culture d’assurance, nourris au sein de l’Etat-providence, nous voulons vivre dans le Palais de cristal de Peter Sloterdijk. Dans ce monde dont l’homme occidental a expulsé la mort, chaque changement de notre routine climatisée et aseptisée est considéré comme un accident. Mais certains risques nous effraient plus que d’autres. Je connais personnellement plus de personnes qui se méfient des requins que du sucre, même si les squales sont beaucoup moins dangereux que le diabète.

Dans notre grande salle de gym nous ne savons plus apprécier la nature et l’intensité des menaces. Un rien nous effraie. Il serait assez malvenu de reprocher au gouvernement sa gestion de crise car elle est parfaitement raccord avec le conte de fées que nous lui demandons de nous raconter.

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8 décembre 2009 2 08 /12 /décembre /2009 08:05

ISRAËL COPENHAGUE - LE MAARIV PARTICIPE A L'OPERATION : "56 JOURNAUX PARLENT D'UNE SEULE VOIX" - Le changement climatique va ravager notre planète et, ce faisant, perturber fortement notre prospérité et notre sécurité.


Dec 200907

Par IsraelValley Desk
Rubrique: Environnement
Publié le 7 décembre 2009

copenhague Aujourd’hui, 56 journaux dans 44 pays font un geste sans précédent : parler d’une seule voix par le biais d’un éditorial commun. Nous le faisons parce que l’humanité se trouve confrontée à une situation d’extrême urgence.

A moins d’unir nos efforts pour prendre des mesures décisives, le changement climatique va ravager notre planète et, ce faisant, perturber fortement notre prospérité et notre sécurité. Les dangers sont devenus tangibles en une génération. Maintenant, les faits commencent à parler : sur les quatorze dernières années, onze ont été les plus chaudes jamais enregistrées, la calotte glaciaire de l’Arctique est en train de fondre et, l’an dernier, la flambée des prix du pétrole et des produits alimentaires a donné un avant-goût des terribles bouleversements à venir. Dans les revues scientifiques, la question n’est plus de savoir si l’homme en est le grand responsable, mais combien de temps il lui reste pour limiter les dégâts. Cependant, à ce jour, le monde a réagi avec mollesse et sans enthousiasme.

Le changement climatique résulte d’une action sur plusieurs siècles, il aura des conséquences qui dureront pour toujours, et nos chances de le maîtriser vont être déterminées dans les quatorze jours qui viennent. Nous demandons aux représentants des 192 pays réunis à Copenhague de ne pas hésiter, de ne pas se lancer dans des discussions, de ne pas se faire de reproches mutuels, mais de saisir la chance d’échapper au plus grand échec politique de l’époque moderne. Cela ne devrait pas être une lutte entre le monde riche et le monde pauvre, ou entre l’Est et l’Ouest. Le changement climatique nous concerne tous et doit être résolu par tous.

La science est complexe, mais les faits sont clairs. Le monde a besoin de prendre des décisions pour limiter les hausses de température à 2 °C, un objectif qui exigera que les émissions de la planète culminent et commencent à diminuer dans les cinq à dix prochaines années. Une hausse plus importante de 3 à 4 °C – la progression la plus faible que nous puissions espérer en cas d’inaction – dessécherait des continents, transformant la terre cultivable en désert. La moitié de toutes les espèces serait vouée à l’extinction, des millions et des millions de personnes seraient déplacées et des peuples entiers seraient submergés par la mer.

Date butoir. Peu de gens croient que Copenhague soit en mesure d’aboutir à un traité totalement finalisé ; les véritables progrès en ce sens n’ont pu commencer qu’avec l’arrivée du président Obama à la Maison Blanche et le renversement de tendance après des années d’obstruction de la part des Etats Unis. Aujourd’hui encore, le monde se trouve à la merci de la politique intérieure américaine, car le Président ne peut pas totalement s’engager dans l’action nécessaire tant que le Congrès américain ne l’a pas fait.

Mais les responsables politiques présents à Copenhague peuvent et doivent s’entendre sur les éléments essentiels d’un accord juste et efficace et, ce qui est d’une importance capitale, sur un calendrier solide devant aboutir à un traité. La réunion de l’ONU sur le climat à Bonn, en juin prochain, devrait être une date butoir. Comme l’a exprimé un négociateur : «Nous pouvons jouer les prolongations, mais nous ne pourrons pas nous permettre de rejouer le match.»

Au cœur des négociations, il faudra trouver un accord entre le monde riche et le monde en développement pour établir comment répartir le poids de la lutte contre le changement climatique, et comment partager une ressource devenue précieuse : les quelques milliards de tonnes de carbone que nous pouvons émettre avant que le mercure n’atteigne des niveaux dangereux.

Les nations riches aiment souligner la vérité arithmétique qu’il n’y a pas de solution tant que les géants en développement tels que la Chine ne prendront pas de mesures plus radicales. Mais le monde riche est responsable de la plupart du carbone accumulé dans l’atmosphère, à savoir les trois quarts de tout le dioxyde de carbone émis depuis 1850. C’est à lui de montrer l’exemple et chaque pays développé doit s’engager à de fortes réductions pour que ses émissions retombent en dix ans à un niveau très inférieur à ce qu’elles étaient en 1990.

Justice sociale. Les pays en développement peuvent faire remarquer qu’ils ne sont pas responsables de la majeure partie du problème et aussi que les régions les plus pauvres du monde seront les plus difficiles à sensibiliser. Mais ils vont participer de plus en plus au réchauffement et doivent de ce fait s’engager de leur côté à une action significative et quantifiable. Bien que les deux plus grands pollueurs du monde, les Etats-Unis et la Chine, n’aient pas répondu aux espoirs que certains avaient placés en eux, leurs récents engagements sur des objectifs concernant les émissions ont représenté des pas importants dans la bonne direction.

La justice sociale exige que le monde industrialisé racle ses fonds de poche et promette des liquidités pour aider les pays les plus pauvres à s’adapter au changement climatique et aux technologies propres qui leur permettront de développer leur économie sans augmenter leurs émissions. Il faut également définir l’architecture d’un futur traité, avec un contrôle multilatéral rigoureux, des compensations correctes pour protéger les forêts et une évaluation crédible des «émissions exportées», afin que le poids soit finalement réparti plus équitablement entre ceux qui produisent des produits polluants et ceux qui les consomment. Et l’honnêteté exige que la charge placée individuellement sur les pays développés prenne en compte leur capacité à la supporter ; par exemple, les derniers entrants dans l’Union européenne, souvent plus pauvres que les membres de la «vieille Europe», ne doivent pas souffrir davantage que leurs partenaires plus riches.

Espoirs. La transformation va coûter cher, mais beaucoup moins que la note à payer pour renflouer les finances mondiales. Et beaucoup moins encore que les conséquences du laisser-faire. Beaucoup d’entre nous, en particulier dans le monde développé, devront changer leur mode de vie. L’époque des vols pour l’aéroport moins chers qu’un trajet en taxi touche à sa fin. Nous devrons faire nos courses, manger et voyager plus intelligemment. Nous devrons payer davantage pour notre énergie et en utiliser moins.

Mais le passage à une société à faible émission de carbone porte en elle la perspective de plus d’espoirs que de sacrifices. Déjà, certains pays ont reconnu que cette transformation peut apporter la croissance, des emplois et une meilleure qualité de vie. L’afflux de capitaux parle de lui-même : l’année dernière, pour la première fois, il a été investi davantage dans les formes d’énergie renouvelable que dans la production d’électricité à partir des carburants fossiles. Chasser le carbone de nos modes de vie en quelques petites décennies sera, sur le plan de la technique et de l’innovation, comparable aux grandes révolutions de l’histoire. Mais, tandis que le fait d’envoyer un homme sur la Lune ou de fissurer l’atome résulte des conflits et des rivalités humaines, la future course au carbone doit être menée en un effort commun pour parvenir à un sauvetage collectif.

Vaincre le changement climatique passera par une victoire de l’optimisme sur le pessimisme, d’une vision de l’avenir sur une vue à court terme, ce qu’Abraham Lincoln appelait «les meilleurs anges de notre nature».

C’est dans cet esprit que 56 journaux du monde entier se rassemblent derrière cet éditorial. Si nous, avec nos optiques nationales et politiques si différentes, pouvons nous mettre d’accord sur ce qui doit être fait, nos dirigeants devraient pouvoir en faire autant.

Les représentants politiques à Copenhague ont le pouvoir de façonner le jugement de l’histoire sur notre génération : celle qui a vu le défi et l’a relevé, ou celle qui était si stupide qu’elle a vu la calamité qui s’annonçait mais n’a rien fait pour l’éviter. Nous les conjurons de faire le bon choix.

Traduit de l’anglais par Edith Ochs.

Source: Libération et Maariv

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5 décembre 2009 6 05 /12 /décembre /2009 19:31



Axel Kahn: le Téléthon, c'est du «désir, de l'émotion et de la solidarité»


http://www.slate.fr/story/14015/telethon-%C2%ABdesir-emotion-et-solidarite%C2%BB


Dans un entretien accordé à Slate.fr, Axel Kahn se déclare opposé à la mutualisation des dons réclamée par Pierre Bergé et envisagée Martin Hirsch.


Précédée d'une polémique sans précédent, la 23e édition du Téléthon va commencer vendredi soir sur France Télévisions. Trente heures de direct; incitations répétées à faire des dons via le 3637; Daniel Auteuil comme parrain entouré des animateurs Nagui et Sophie Davant avec participation de Lara Fabian, Julien Clerc, 
Bénabar... L'an dernier, ce marathon télévisé associé à des milliers de manifestations populaires organisées dans toute la France avait permis de récolter 104,9 millions d'euros.

Ce record sera-t-il battu comme il l'est presque toujours depuis que le Téléthon existe? Outre les effets de la crise économique les organisateurs sont aujourd'hui confrontés à la polémique lancée par Pierre Bergé, président de Sidaction. Ce riche mécène engagé depuis longtemps dans la lutte contre le sida a dénoncé il y a quelques jours le monopole détenu par l'Association française contre les myopathies (AFM) dans le champ des organisations vivant de la charité publique et soutenant à la fois des malades et la recherche médicale. Et il a accusé le Téléthon et l'AFM de «parasiter» la générosité des Français.

Pierre Bergé s'est à nouveau exprimé sur le sujet sur Radio Classique quelques heures avant le lancement du Téléthon. En cas de baisse des dons il a déclaré «bien vouloir être désigné comme responsable» et «accepter absolument ses responsabilités». Tout en souhaitant que le Téléthon «réussisse» (car cela «prouvera au moins que la générosité des Français existe», il a déclaré que le Téléthon se comportait «comme une secte» et dénoncé un «détournement de générosité».

Dénonçant le décalage existant entre les dons récoltés par l'AFM grâce au Téléthon et ceux obtenus lors du dernier Sidaction (6,23 millions d'euros) Pierre Bergé lance un appel en faveur d'une forme de mutualisation des sommes récoltées grâce à la charité publique. «Il faut maintenant clore cette polémique navrante qui met en péril la plus 
grosse collecte populaire du monde», a déclaré à l'AFP Patrick Charles, en charge de l'événement pour France Télévisions.
Or cette polémique est semble-t-il bien loin d'être close.

Pierre Bergé a été notamment entendu par Martin Hirsch, Haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté qui vient de proposer la création d'un «Haut conseil à la vie associative» permettant une coordination entre les actions des associations caritatives bénéficiant notamment du soutien de la télévision publique comme c'est le cas du Téléthon et de Sidaction.

Entretien avec le Pr Axel Kahn, généticien, président de l'Université Paris-Descartes, ancien membre du Comité national d'éthique.

Il y a quelques jours, dans les colonnes du Monde, Pierre Bergé, Line Renaud et Bertrand Audoin, les trois responsables de Sidaction, dénonçaient le Téléthon en qualifiant d'«indécente» et de «populiste» l'exhibition télévisuelle des malades souffrant de myopathies. Partagez-vous cette opinion?

Je peux comprendre. Pour ma part, je me souviens qu'au tout début du Téléthon ce spectacle, basant l'efficacité de l'appel aux dons sur l'émotion ressentie et la compassion que l'on pouvait avoir pour les malades, m'avait indisposé. Il m'est donc facile de saisir que l'on puisse aujourd'hui avoir ce même sentiment. Mais, pour avoir participé à plusieurs Téléthons et donc côtoyé ces jeunes et ces familles, j'ai évolué. Je  me suis notamment rendu compte qu'ils n'étaient nullement manipulés, qu'ils étaient véritablement les acteurs d'une  action qui était pour eux totalement essentielle. Et pour les enfants dont la vie est menacée et qui le savent presque tous, il y a même peu d'actions plus essentielles que celle-là; certains d'entre eux le disent d'ailleurs avec beaucoup de lucidité. Ils mettent pour une fois au profit d'un combat - qui a pour eux une dimension d'une importance considérable - ce qui n'est autrement que la répétition des souffrances et des épreuves de chaque jour.

On ne peut donc selon vous faire le parallèle avec l'«exhibition» à des fins financières des monstres dans les foires?

Nullement. Une telle vision, un tel parallèle, seraient totalement inexacts. Ces jeunes malades sont demandeurs pour montrer à la fois ce qu'est leur malheur mais aussi leur lucidité, leur intelligence et leur beauté intellectuelle. Et ce serait pour eux une épouvantable injure que de faire ce parallèle. Rappelons ici que dans le célèbre film «Elephant man» le malade que l'on exhibe, atteint d'une maladie de von Recklinghausen n'est en rien volontaire pour qu'on l'exhibe comme on le fait. Il n'a rien à prouver, n'est pas engagé dans un combat. Il est l'anormalité même et montré à ce titre. Rien de commun avec le Téléthon où les enfants sont présents au service d'une cause et montrent sciemment leur malheur.

Pour autant, le Téléthon n'est-il pas une entreprise fondée sur le principe hautement contestable selon lequel la fin peut justifier les moyens?

Nous sommes toujours, dans de telles affaires, sur une corde raide. Et ce pour deux raisons. La première c'est qu'il y a Charybde et Scylla. Charybde c'est une émission télévisée qui n'a aucun retentissement et qui ne permet pas de récolter de fonds alors qu'il est désirable et bon de pouvoir faire cette récolte pour les malades et la recherche médicale. Scylla, en l'occurrence, c'est pour ce faire en arriver à mentir aux donateurs, à créer totalement l'illusion, à manipuler l'audience, à manquer totalement de respect envers la générosité des citoyens qui ressentent une émotion et qui transforment cette émotion en dons. C'est toujours là une situation horriblement, extrêmement,  difficile. Quoique l'on fasse il faut toujours se poser la question de Charybde  et Scylla.

Le Téléthon a-t-il selon vous toujours su éviter Scylla?

Pas toujours. Je peux vous donner deux exemples. Au tout début du Téléthon, bien avant la thérapie génique, il y avait eu la découverte, en 1988 par  Louis K. Kunkel, du premier gène impliqué dans une myopathie, celle dite de Duchenne. Cette découverte ouvrait alors la voie au diagnostic prénatal et à des interruptions médicales de grossesse, interventions qui n'ont rien de glorieux. Une série de femmes était présentes lors de l'émission.  Je me souviens que l'on avait alors demandé aux «femmes Téléthon» de se lever. Ils s'agissait alors des femmes qui avaient eu recours  à ce diagnostic et qui, de ce fait, n'avaient pas mis au monde un enfant...

C'est bien évidemment abominable. Nous avions alors été plusieurs à en faire le reproche aux organisateurs du Téléthon et ils n'ont plus jamais refait cela. Dans le domaine de la lutte contre le cancer, je me souviens d'une association qui avait fait diffuser un message montrant un enfant cancéreux et qui d'un doigt vengeur et d'une voix off accusait ceux qui, ne donnant pas à cette association, seraient de fait responsable du malheur de cet enfant qui pouvait être sauvé par la recherche médicale dans la lutte contre le cancer. Soit une totale culpabilisation du citoyen de telle sorte que le don n'était plus un acte volontaire mais la réaction normale face à la terreur d'une accusation orchestrée; ceci est totalement inacceptable.

Il y aurait bien d'autres exemples. En 1992, mon équipe avait été la première à montrer qu'il était possible de faire une thérapie génique de la souris myopathe. Bien évidemment, ces résultats ont alors été très popularisés par l'Association française contre les myopathies (AFM) organisatrice du Téléthon. Mon équipe et moi-même avons été les «grands témoins», les «héros absolus» durant deux Téléthons consécutifs. Par la suite, la campagne de l'AFM a été construite comme un compte à rebours annuel avant que la thérapie génique ne permette de sauver des enfants myopathes.

Or nous avions entretemps très rapidement découvert qu'il serait, hélas, en réalité bien difficile de passer de l'authenticité des résultats obtenus chez la souris à un traitement utile chez des patients. J'ai même le souvenir de financements pour des essais cliniques qui n'avaient strictement aucun intérêt ; tout cela parce que l'espoir de la thérapie génique pouvait être un fort élément vendeur. J'ai toujours eu beaucoup d'admiration pour Bernard Barataud, fondateur de l'AFM et des opérations Téléthon; pour autant, je lui ai dit qu'une telle stratégie n'était pas, à mes yeux, éthiquement correcte. Les discussions ont été assez vives mais je crois, au total, avoir été entendu. Je crois que les messages aujourd'hui véhiculés par le Téléthon sont beaucoup plus lucides. Ils concernent les espoirs liés à la découverte des mécanismes génétiques des maladies et à toutes les thérapies dérivées du gène et de la génétique. C'est plus clair et reflète mieux la réalité des recherches thérapeutiques et des espoirs d'aujourd'hui.

Vous dites «croire que»...  Est-ce dire que vous n'êtes pas, chaque début décembre,  un spectateur assidu du Téléthon ?

Pas vraiment. Ce grand spectacle populaire n'est pas vraiment ma tasse de thé, ce n'est pas mon genre. Je dois être un peu trop intellectuel pour cela. Cette musique du diable me casse un peu les oreilles. Mais peu importe...  Sur le fond, pour répondre à vos interrogations, ce désir de lever des fonds à tout prix est un grand facteur de fragilisation et il faut faire continuellement preuve d'une très grande prudence.

Les accusations de Pierre Bergé se fondent pour partie sur le fait que la mise en scène de spectacles à visée caritative induit des résultats différents selon les maladies. En d'autres termes, faire monter sur scène des malades myopathes permet de récolter plus de fonds que des personnes infectées par le VIH. Partagez-vous ce point de vue ?

Mais ce n'est pas ainsi que le problème se pose. Je comprends bien la déception de Pierre Bergé et s'il le veut je suis même prêt à lui donner un coup de main pour faire en sorte que le Sidaction marche mieux. Et c'est vrai! Son combat pour le Sidaction est généreux. Le sida est à lui seul une maladie d'un poids bien plus grave et important que l'ensemble des maladies génétiques et il est totalement anormal qu'il n'y ait pas ici le même mouvement de générosité.

Deux éléments de réponse, ici. Le premier est que l'essentiel de l'effort national dans ce domaine se fait par l'intermédiaire de l'impôt des citoyens et ce via l'action des pouvoirs publics. On aurait grand tort de l'oublier.  Dans le domaine du sida, on a créé une Agence nationale spécifique de recherche qui dispose de fonds relativement importants. Dès lors l'engagement associatif, des malades ou des familles de malades est un élément surajouté et qui ne doit pas être opposé au développement de la recherche.

Le deuxième point concerne une proposition moralement désirable en première analyse. En substance: partageons tous ensemble les bénéfices des grandes actions de levées de fonds à des fins caritatives et médicales concernant le sida le cancer, les maladies génétiques etc. Sur le principe il n'y a ici rien à redire. Si ce n'est, tout de même, qu'il y a ici un problème d'honnêteté et de loyauté.

Que voulez-vous dire ?

C'est très simple. Vous levez des fonds en faveur du traitement des maladies génétiques avec ce formidable mouvement d'assimilation d'identification et de compassion envers les enfants qui s'expriment à la télévision. Dans le même temps, vous utilisez une partie de ces dons à d'autres fins. Alors que les choses soient claires: ce serait infâme. Un contrat minimum de loyauté minimale entre le message télévisé et l'usage des fonds qui en résultent est exigible.

Sauf à organiser un «spectacle» commun de toutes les maladies pouvant bénéficier à celles et ceux qui en sont atteints?

Effectivement, un grand spectacle commun à visée caritative pour la totalité des maux en somme...  Mais l'exemple montre malheureusement que cela marche moins bien. Et de ce point de vue le Sidaction pose en France un problème bien particulier. A la différence de ce qui se passe aux Etats-Unis (où la collecte publique de fonds pour le sida est beaucoup plus efficace que les Téléthons américains). Il est vrai qu'en France, l'identification des citoyens aux personnes atteintes du sida, pour de multiples raisons, ne renvoie pas à la même que la compassion que l'on peut avoir vis-à-vis des enfants myopathes.

De plus il faut compter avec l'impact négatif durable résultant de la manière hautement provocante de l'action initiale de certaines associations; une action très efficace pour terroriser les décideurs politiques ou pharmaceutiques mais qui a totalement hérissé nombre de citoyens-donateurs. Difficile dès lors de faire appel aux dons. Or nous sommes ici dans un système où un appel à donner pour une cause fait lui-même appel à une technicité d'appel à la générosité publique de facilitation de la collecte de dons. Car in fine il faut bien qu'il y ait un désir du citoyen, un sentiment d'émotion et de devoir de solidarité. Ceci ne va pas sans technicité.

Et vous ne condamnez pas cette «technicité?

Je l'ai fait quand j'ai cru devoir le faire mais avouez qu'il est bien difficile de condamner en soi une action parce qu'elle est très efficace. Reprenons la problématique que vous soulevez.

a. Est-ce que les familles des malades souffrant de myopathie ont le droit de se révolter contre le destin épouvantable qui frappe leurs enfants et de tout faire pour appeler à l'aide?

Oui elles en ont le droit.

b. Est-ce que le fait des les aider est une action plutôt bonne?

Oui, c'est une action qui est plutôt bonne.

c. Si l'action de ces familles (dont le désespoir est légitime, et l'activisme compréhensible) est extraordinairement efficace, est-ce que pour autant cette efficacité devient un mal?

J'ai quelque difficulté à le penser.

En soi, l'efficacité d'une action bonne ne saurait suffire à la rendre mauvaise. Ceci posé je ne suis en rien le garant de la gestion des comptes de l'AFM et du Téléthon, de la transparence, de la loyauté quant à l'utilisation des fonds récoltés etc.

Quelle lecture faites-vous de l'agressivité, généralement dénoncée ou mal comprise de Pierre Bergé à l'encontre du Téléthon et de l'AFM?

Je la comprends. Pierre Bergé est un homme généreux. Il se bat pour une cause qui vaut la peine que l'on se batte. Il sait que le nombre de malades du sida est plus important que celui de ceux des maladies dites orphelines; et il voit que ses efforts ne sont pas payés en retour puisque le Sidaction fait 1/20e du Téléthon. Il ressent dès lors ce sentiment tellement humain qu'est celui de l'injustice.

Pour finir, êtes-vous ou non, favorable à la mutualisation des dons, comme le réclame Pierre Bergé ou comme le propose depuis peu Martin Hirsch, Haut commissaire aux solidarités actives qui envisage la création d'un «Haut conseil à la vie associative» ?

Je veux bien qu'on envisage une «mutualisation». Mais comment pourrait-on mutualiser des dons qui ont été faits pour la lutte contre des maladies génétiques? Mutualiser impose avant toute chose de dire aux donateurs: les fonds que nous allons grâce à vous récolter pourront être affectés dans différents champs, celui des maladies génétiques, des cancers ou du sida. On peut aussi s'élever et prendre le point de vue de Sirius. Et Sirius nous dirait qu'une partie de la recherche sur le sida a très directement profité des retombées internationales de ce phénomène qu'est le Téléthon «français» et ce via le coup d'accélérateur phénoménal donné à l'entreprise du séquençage du génome humain. Il reste sans aucun doute à mieux huiler les rouages des articulations entre le monde associatif et la puissance associative. Mais nous aurions grand tort de nous morfondre.

Propos recueillis par Jean-Yves Nau

Image de une: Reuters

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27 octobre 2009 2 27 /10 /octobre /2009 08:34
«Il n'y a pas de «vague de suicides» à France Télécom»

Entretien avec le professeur Viviane Kovess Masfety.

Monday 26 October 2009

 

http://www.slate.fr/story/12119/il-ny-pas-de-%C2%AB-vague-de-suicides%C2%BB-france-telecom


Une polémique est née ces derniers jours après les affirmations de René Padieu, président de la commission de déontologie de la société française de statistique selon lequel il n'y avait pas de «vague de suicides» au sein du personnel de France Télécom. Dans cette entreprise de 100.000 personnes, 23 suicides en 20 mois dont la grande majorité concerne des fonctionnaires hommes, de plus de 50 ans et techniciens  ont été recensés. Entretien avec le professeur Viviane Kovess Masfety (directrice EA 4069 ; épidémiologie, évaluation, politiques de santé), de l'Ecole des Hautes études en santé publique.

Les méthodes statistiques permettent-elle ou non de conclure ici à une augmentation du taux de  suicides? Si oui de quelles manières? Si non, pourquoi? Quelles sont ici les difficultés, les limites? Que peut-on ou non conclure?

Viviane Kovess Masfety: René Padieu n'est pas le seul à penser que le taux n'est pas particulièrement élevé. La plupart des personnes qui sont habituées à travailler sur les statistiques de suicide le savent; il est ce qu'on appelle le taux «attendu» mais il est bien difficile de dire cela sans être considéré de ce fait comme un ennemi des salariés de l'entreprise faisant le jeu de la direction. Même si en fait cette interprétation des statistiques ne signifie en rien un cautionnement du sort qui est fait à ces salariés et la façon dont ils sont traités. On a donc du mal à communiquer sur un tel chiffre sans être happé par la polémique, quand justement il faudrait calmer le jeu et trouver des portes de sortie par le haut à la situation actuelle.

En revanche, il est vrai que l'on ne peut avoir une grande précision et ce pour plusieurs raisons. D'une part parce que (fort heureusement) le suicide est un phénomène rare: 16/100.000 personnes par an. De ce fait, les variations du taux à l'échelle d'une sous population limitée comme celle de France Télécom (ou d'un territoire géographique) ne peuvent se concevoir qu'en «lissant», c'est à dire en considérant les données disponibles sur plusieurs années, puisqu'un ou deux cas de plus ou de moins peuvent faire grimper ou baisser artificiellement les taux, sans correspondre à une tendance. D'autre part, ces taux sont différents pour les hommes (25/100.000 ) et les femmes (8,5/100.000). Ils sont différents également en fonction de l'âge ou suivant l'âge: 27/100.000 pour les plus de 65 ans et jusqu'à 50/100.000 pour les hommes de 65 ans et plus et suivant qu'on prend la population «active» 20-60 ans puisque on ne suicide pas avant l'âge de 14/15 ans.

Le type d'activité  professionnelle peut-il être un facteur déclenchant?

La question du suicide par type de profession a été largement étudiée. Il ne faut cependant pas oublier que les personnes qui se suicident le plus sont celles qui n'ont pas d'emploi; en partie parce que les personnes souffrant de maladies mentales ont du mal à avoir accès à un emploi et que les autopsies psychologiques démontrent qu'on trouve une pathologie mentale sévère avérée dans 90% des cas de suicide et sous jacente dans les 10% restant. Les taux sont très élevés, là aussi en partie car il s'agit d'une population à risque, pour les personnes emprisonnées. D'abord parce qu'on compte de plus en plus de malades mentaux dans les prisons ainsi qu'un taux élevé de personnes ayant des troubles d'usage de substances et des troubles du comportement ; ensuite parce que l'emprisonnement est la plupart du temps un événement marquant et très dévalorisant. Auquel s'ajoutent les conditions d'emprisonnement largement décriées; d'où la nécessité d'avoir une politique de prévention particulièrement active dans ce contexte.

Parmi ceux qui ont une profession, ce sont les médecins (surtout les femmes) qui sont les plus exposés au risque de suicide, suivie par les infirmières et les vétérinaires. Parmi les médecins, les anesthésistes et les psychiatres ont les risques les plus élevés. Après les médecins viennent les agriculteurs et agricultrices.

Selon l'étude dite «COSMOP» de l'Institut de veille sanitaire qui assure un suivi de la mortalité par profession, il existerait une surmortalité par suicide pour les agriculteurs (hommes et femmes) ainsi que chez les employés du secteur de la production de minerais et de matériaux de construction ainsi qu'une sous mortalité par suicide chez les enseignants. La mortalité par suicide dans le secteur «télécommunications et poste» est celle de la population générale française: on ne s'attend donc pas à ce qu'elle soit plus basse. Mais cette étude présente plusieurs biais méthodologiques, notamment par l'absence de connaissance de la consommation de tabac et d'alcool qui sont des facteurs très importants de déterminants de la mortalité et sont eux mêmes liés à la profession.

A partir des données dont nous disposons,  on ne peut conclure qu'il n'y aurait pas un taux plus élevé de suicide chez France Télécom que dans la population correspondante française.

Peut-on selon vous, comme vient de le faire Christian Charpy, directeur général de Pôle Emploi, parler de « syndrome France Télécom » (pour dire que ce syndrome n'existe pas à Pôle Emploi...)

Il est difficile de parler d'un «syndrome France Télécom» dans la mesure où le taux n'est pas plus élevé que celui qu'on attend. Cependant, il existe une littérature scientifique importante concernant l'influence des médias sur le suicide; que ce soit parce qu'une personne célèbre se suicide ou qu'on en parle beaucoup sous une forme sensationnelle comme c'est le cas des suicides sur le lieu de travail en ce moment. Alors oui de ce point de vue, on peut parler d'un «syndrome France Télécom» puisqu'on en parle tous les jours et que c'est devenu un objet de polémique.

Selon le psychiatre Christophe Dejours, le questionnaire  sur la souffrance au travail adressé aux salariés de France Télécom (auquel 25.000 personnes ont d'ores et déjà répondu ne sert «strictement à rien»? Partagez-vous ce point de vue?

Il est très difficile de répondre à cette question sans connaître le contexte dans cette entreprise, le questionnaire en question et de quelle manière il sera exploité. Christophe Dejours connaît cela mieux que moi. Il faudrait clarifier ce qu'on appelle «servir à quelque chose». S'agit-il de faire baisser le taux de suicide, des tentatives de suicide, de faire que les personnes se suicident ailleurs que dans leur entreprise ou que les médias arrêtent de s'en occuper ou encore que les personnes se sentent mieux, moins menacées?

Existe-t-il des exemples de prévention dans ce domaine?

A ma connaissance, le seul programme documenté qui ait fait baisser un taux de suicide est le programme de l'Ile de Gotland (Suède). Ce dernier est basé sur la formation des généralistes à reconnaître et à traiter la dépression qui est en cause dans plus de la moitié des suicides ainsi que leur capacité à gérer les problèmes avec l'alcool et leur capacité  à bien évaluer les tendances suicidaires. Ce programme a depuis été utilisé dans plusieurs pays et fait partie des recommandations de l'OMS dans la prévention du suicide. L'envoi d'un questionnaire ne rentre pas dans cette ligne. Par contre, un élément essentiel est l'estime de soi et l'impression qu'ont les personnes d'être respectées. On peut gérer très différemment les stress de la vie professionnelle du personnel en tant qu'employeur et gestionnaire de ressources humaines. Je ne suis pas convaincue que le stress soit un problème, du moins dans le contexte du suicide. En revanche, la perte de l'estime de soi et l'impression de perdre la face ou d'être humilié et considéré comme «moins que rien» sont des facteurs de risque de la dépression et, par là même, du suicide. Donc toute action qui redonne de la considération aux personnes et leur donne l'impression d'être respectée est positive même si on continue à demander des efforts de mobilité, de reconversion et de cadences à augmenter; c'est d'autre chose dont il s'agit. Le fait de se sentir piégé est aussi un facteur de risque de la dépression donc du suicide, il devient donc très important d'ouvrir des possibilités de reconversion crédibles et d'amener les personnes à envisager des portes de sortie acceptables.

La littérature spécialisée décrit-elle des phénomènes similaires à celui que l'on observe aujourd'hui chez France Télécom en France ou à l'étranger? Existe-t-il des facteurs explicatifs communs? Plus généralement existe-t-il des facteurs de risque bien identifiés dans les liens entre travail, maladie mentale et suicide ou, plus généralement, entre environnement et suicide?

J'ai effectué récemment une recherche sur «travail et suicide» et sur «évènements de vie et suicide». Le travail et les conditions de travail ne sont pas considérés comme ayant un impact significatif.

Outre le fait que le suicide concerne les personnes ayant des troubles psychiatriques, les événements qui ont été trouvés comme semblant avoir un impact sont les événements concernant la famille: les enfants, la séparation d'avec une personne importante affectivement et les événements concernant la santé; la sienne ou celle d'un proche. Il y a aussi des facteurs génétiques, des troubles neurobiologiques, des événements traumatiques dans l'enfance, tout particulièrement les abus sexuels. Dans tous les cas, on est loin des conditions de travail alors qu'ils faisaient explicitement partie des événements proposés.

A l'inverse existe-t-il des facteurs «protecteurs»? Peut-on selon vous redouter qu'il existe une forme de «contagiosité» de ce phénomène au sein de l'entreprise voire vers d'autres entreprises?

Les actions préconisées pour diminuer le suicide sont les actions sur les moyens utilisés: couvrir les ponts et les points en hauteur, protéger certaines zones de transports en commun (comme les métros urbains et tout particulièrement la ligne 14 à Paris) et contrôler l'usage des armes à feu pour citer quelques exemples. Et puis vient la formation des médecins généralistes pour ce qui est de tous les facteurs de risques connus (dépression, mésusage de l'alcool etc). Il y a aussi des actions possibles vis à vis des médias; en particulier sur la façon dont elles couvrent ce type d'événement. Une vague de suicide dans le métro de Vienne aurait été enrayée quand les médias auraient accepté de ne plus en parler. Dans certains pays, des chartes de bonne conduite sont proposées aux médias sur la manière de couvrir ces événements ainsi que l'image qu'ils véhiculent des malades mentaux et la violence. Donc oui, la contagiosité existe; ce phénomène est documenté et il peut être prévenue.

Selon un récent sondage, un Français sur dix a déjà pensé à se suicider; 3% à cause de difficultés professionnelles. Et 73% des sondés pensent que les cas récents de suicides de salariés montrent que la vie au travail est plus difficile qu'avant...

Les idées suicidaires sont relativement banales: d'après une étude récente faite en France dans quatre régions, 17,7% des personnes avaient pensé au moins une fois dans leur vie au suicide; une autre étude faite sur un échantillon France entière montrait des taux de 12,2 (7,7 pour les hommes et 16,2 pour les femmes)... Le sondage BVA colle tout à fait avec ces chiffres. Dans ces mêmes études, entre 4,8% et 3,7 % des personnes avaient fait une tentative au cours de leur vie (5% des femmes et 1% des hommes).

La question du «à cause de» est très compliquée. Ce n'est parce qu'une personne se suicide sur son lieu de travail ou qu'elle laisse une lettre mettant en cause le travail qu'elle  se suicide «à cause du travail». La causalité dans le cadre de la santé mentale est très difficile à établir parce que les choses sont complexes et les facteurs multiples. L'autopsie psychologique est une technique qui permet de faire la part des choses entre une pathologie psychiatrique sous jacente pas forcément connue par le médecin du travail ni repérée par l'entourage, des éléments de vie personnelle et ce qui se passe au travail.

Le monde du travail est-il à vos yeux plus «suicidogène» aujourd'hui qu'il ne l'était dans le passé?

Bien difficile à dire. D'une part parce que le taux de suicide a constamment baissé ces dernières années en partie parce que la consommation d'alcool a baissé et que la dépression est mieux prise en charge mais aussi parce que les soins se sont améliorés (transport, réanimation) et que des efforts ont été faits en matière de prévention.

Il nous faudrait des enquêtes antérieures sur des échantillons comparables avec des méthodes identiques y compris les taux de réponse et à ma connaissance  cela n'existe pas.

En tout cas il est difficile de conclure des suicides à France Télécom que le monde du travail est plus ou moins «suicidogène». Le suicide est un phénomène qui frappe les esprits mais obéit à des lois bien plus compliquées que la quantité de stress: le suicide diminue en période de guerre où les personnes sont très stressées, a augmenté dans les deux pays d'Europe dont l'économie se portait le mieux: Irlande et au Luxembourg, est très bas en Suède et très élevé en Finlande qui sont sous les mêmes conditions climatiques donc cette relation simple ne peut être faite. Ce qui est certain est que dans une entreprise où les personnes sont en grande détresse, le suicide d'un employé est considéré par chacun comme quelque chose qui les concerne personnellement et de ce fait on peut comprendre le lien qui se fait entre ce suicide et les conditions de travail et le climat dans l'entreprise.

Propos recueillis par Jean-Yves Nau

Image de une: CC Flickr tranchis

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21 octobre 2009 3 21 /10 /octobre /2009 13:30

Question de sécurité et de "traçabilité" sanitaire, de risques potentiels d'usage de matériel obsolète. Qui contrôle quoi et dans quel but? L'ONU ou le Hamas? 

Fribourg équipe Gaza sans le savoir

 

«De quoi vous me parlez ?» Hubert Schaller tombe des nues. Le directeur général de l'Hôpital fribourgeois semble tout ignorer de la présence de matériel médical provenant de son établissement dans le complexe hospitalier al-Chifa, le principal dans la bande de Gaza. «Je ne comprends pas ce que vous me dites», répète-t-il. «Non, je n'en sais rien. Il faut que je me renseigne auprès du responsable de la logistique

 

Et pourtant, des instruments chirurgicaux, des lits de consultation, du matériel pour la physiothérapie, des fauteuils de gynécologie, des lits pédiatriques, la plupart du temps obsolètes et mis au rancart, sont sur le point d'entrer dans ce bout de territoire palestinien tenu d'une main de fer par le Hamas.

 

«Nous avons récupéré ce matériel à  l'Hôpital cantonal de Fribourg avant de l'installer dans des petits bus qui ont transité par le port de Gênes, il y a quelques jours», confirme Anouar Gharbi, porte-parole de Droit pour tous, une association pro-palestienne active à Genève. «Ils font partie d'un convoi d'une centaine de véhicules qui attend d'entrer à  Gaza par la frontière égyptienne

 

C'est même le second envoi humanitaire effectué depuis la Suisse dans le cadre de la campagne européenne pour mettre fin au siège de Gaza, poursuit Anouar Gharbi. «La première, c'était en mai 2009.» A cette époque, le réseau suisse de solidarité avec Gaza, dont fait partie le conseiller national Josef Zisyadis (pop/VD), a réussi à  faire passer une trentaine de bus et de camions avec, déjà, du matériel médical en provenance de l'Hôpital fribourgeois, site de Fribourg.

 

Du lourd en fait, puisqu'il s'agissait de blocs opératoires, de matériel chirurgical, de compresses... Encore une fois, Hubert Schaller ne sait rien de cette aide humanitaire. Sait-il tout de même que Gaza est sous embargo de la communauté internationale, que l'armée israélienne ne laisse rien passer dans la région ? Plus grave encore, est-il au courant que les islamistes du Hamas sont boycottés par la planète entière, ou presque ? Sait-il tout simplement qu'il est politiquement explosif, si les Israéliens saisissent du matériel médical fribourgeois à Gaza ? «Je vais me renseigner», coupe Hubert Schaller.

 

Après cinq jours de silence, la direction de l'hôpital a retrouvé trace dans ses archives d'une seule opération humanitaire qui remonte au mois de juillet 2008: le site de Fribourg avait alors offert 12 lits pour adultes et 3 lits pour enfants à  l'organisation caritative HIOB International. Mais toujours rien sur Gaza. Finalement, Sébastien Ruffieux, secrétaire général de l'Hôpital fribourgeois, a reconnu hier que l'établissement a fait don de matériel à  l'association Suisse-Tunisie Solidarité.

 

Mais le problème demeure: cette aide humanitaire sert les intérêts du Hamas, en guerre ouverte avec l'Autorité palestinienne. En contrôlant l'aide étrangère en provenance d'Egypte, le mouvement extrémiste peut récupérer l'initiative idéologiquement parlant. Et surtout veut doubler sur le plan humanitaire l'ONU, qui est la seule organisation censée coordonner les envois dans la bande toujours sous blocus israélien.

 

L'activiste tunisien Anouar Gharbi balaie ces arguments du revers de la main, en expliquant notamment que la Direction du développement et de la coopération suisse est également présente depuis longtemps à Gaza. «L'important, c'est que notre aide sauve des vies.» Mais comment a-t-il fait pour obtenir le matériel fribourgeois ? «Nous avons un contact à  Fribourg qui a prospecté pour nous. Il s'est renseigné et a récolté les dons que nous avons acheminés à  GazaDonc, la piste de l'association Suisse-Tunisie Solidarité n'est pas loin.

 

En revanche, le porte-parole de Droit pour tous dément qu'il existe une cellule pro-Hamas à Fribourg, tout en avouant n'avoir pas insisté auprès du site hospitalier de Fribourg pour lui expliquer où allait débarquer ce matériel. Bref, l'affaire s'est réalisée dans un flou qui a bénéficié à  l'association pro-palestienne.

 

«L'urgence est telle qu'il faut agir», poursuit Anouar Gharbi. «D'ailleurs, quatre Suisses attendent le feu vert des Egyptiens pour acheminer notre aide humanitaire et aller sauver des Gazaouis. Nous leur laisserons également les bus qui transportent le matériel médical

 

Mais n'a-t-il pas l'impression d'avoir roulé dans la farine l'hôpital de la ville de Fribourg ? «Non», répond le porte-parole de Droit pour tous. «Nous avons récupéré du matériel médical usagé. C'est tout. Et je peux vous affirmer qu'il sera bien utile à Gaza

 

Source: Sid Ahmed Hammouche, La Liberté - mercredi 21 octobre 2009

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17 octobre 2009 6 17 /10 /octobre /2009 22:26

AFRIQUE ISRAËL - AIDE HUMANITAIRE AU BURKINA FASO. MASHAV a envoyé au pays accablé par les innondations un chargement de tentes, couvertures, médicaments et produits alimentaires pour enfants.




Oct 200917

Par IsraelValley Desk
Rubrique: Actualité
Publié le 17 octobre 2009

Une aide spéciale a été envoyée la semaine dernière par le ministère israélien des Affaires étrangères et le Joint Distribution Committee (JDC Israel) au Burkina Faso. Ce pays de l’Afrique de l’ouest souffre d’une grave crise humanitaire, en raison des récentes inondations. Des centaines de milliers de personnes sont devenues réfugiées dans leur propre pays.

Le ministère des Affaires étrangères israélien, à travers MASHAV (Agence nationale pour la coopération internationale d’Israël) – et sa coopération avec le JDC Israël, ont envoyé au pays accablé un chargement de tentes, couvertures, médicaments et produits alimentaires pour enfants.

Selon l’Ambassade d’Israël à Paris : “Le Burkina Faso, membre du Conseil de sécurité, est un des amis d’Israël les plus loyaux en Afrique, comme en témoigne les forums et les institutions internationaux. Israël aide fréquemment les pays en crise, en envoyant de l’aide et des experts dans divers domaines”.

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24 août 2009 1 24 /08 /août /2009 07:47
Barak Obama


Par Colin Reingewirtz pour Guysen International News
23/08/09





S’agit-il du premier échec de l’administration Obama ? Le dossier est pour le moins épineux. Coûteux et inefficace, le système de santé a besoin d'être réformé. La solution du Président : couvrir 94 % des Américains, faire économiser 2 000 milliards de dollars à l'Etat en dix ans, proposer une véritable alternative au système privé et offrir une couverture médicale abordable pour les non-assurés. Si la réforme est censée mettre fin à un système trop cher pour l’Etat et les citoyens, elle n’est pourtant pas au goût de tous. Entre Républicains et Démocrates, lobbies et syndicats, actifs et seniors, la question semble ankylosée. Quinze jours après le début de la bataille, retour sur un débat houleux.

Il s’agit donc pour Obama de mettre un terme à ce paradoxe gênant : aux Etats-Unis, où le système de santé est le plus cher au monde, tous les habitants ne sont pas assurés. En 2004, ils étaient 46 millions de non-assurés – dont 8 millions d’enfants – et on estime qu'ils sont aujourd'hui entre 48 et 50 millions, soit près de 16 % de la population. 

Il s’agit donc pour Obama de mettre un terme à ce paradoxe gênant : aux Etats-Unis, où le système de santé est le plus cher au monde, tous les habitants ne sont pas assurés. En 2004, ils étaient 46 millions de non-assurés – dont 8 millions d’enfants – et on estime qu'ils sont aujourd'hui entre 48 et 50 millions, soit près de 16 % de la population.

 Les raisons sont multiples : ils ne peuvent se l’offrir, ou ils ne sont pas éligibles à l'assurance publique, ou encore ils choisissent de ne pas prendre d'assurance. Principale cause : le surendettement. Plus de 77 millions d'Américains de plus de 19 ans auraient des difficultés pour payer leurs factures médicales.


La réforme imparfaite d'Obama

Car le gouvernement ne prend en charge que 20% des assurés, à travers le système ‘Medicare’ pour les retraités et les invalides, et ‘Medicaid’ pour les personnes à très faibles revenus, les handicapés et les anciens combattants. Ces deux programmes d’aide représentent à eux seuls 4% du PIB – un chiffre qui pourrait tripler d’ici 2012. Le reste des assurés le sont par des assurances privées, pour la plupart via leur employeur qui prend alors en charge 70% à 80% des frais, selon des règles déterminées. En revanche, les Américains les plus défavorisés doivent souscrire directement à des assurances privées qui, n’étant soumises à aucune règle, escroquent fréquemment leurs clients.

Réformer ce système trop cher et injuste paraît donc inévitable. Obama veut rendre l’assurance obligatoire pour tous les Américains. Sans toutefois imposer une assurance commune à tous les citoyens, il souhaite leur offrir le choix entre une option publique et une privée, davantage réglementée.

Dans le système public, destiné aux plus démunis, le Président projette d’étendre le système ‘Medicare’ aux plus de 65 ans, une extension qui coûterait à l’Etat 1000 milliards de dollars sur dix ans. En créant une assurance publique qui ferait concurrence au privé, on obligerait selon lui « les compagnies privées à baisser leurs prix et à être honnêtes ».


Pour ce qui est du secteur privé, la réforme prévoit que les assureurs n'auront plus le droit de refuser un client, ou de lui faire payer plus cher pour des questions d' âge ou de santé. Par ailleurs, tous les employeurs devraient proposer une assurance à leurs salariés, sans quoi ils seraient contraints de payer une taxe supplémentaire.

Si la réforme traîne, c’est que les opposants sont nombreux. Premier obstacle aux Démocrates : les Républicains. Ceux-ci  basent leur contestation sur un argument budgétaire : les 1000 milliards qu’exige la réforme ne feront qu’accroître le déficit national, qui a atteint les 1300 milliards de dollars au mois de juillet dernier. Le Sénateur Républicain Jim DeMint est allé jusqu’à jurer de faire du projet « le Waterloo d'Obama » 

Autres opposants, ceux qui ont beaucoup à perdre dans la réforme. Parmi eux, les médecins, laboratoires et hôpitaux, soit « l’offre médicale », à laquelle reviennent théoriquement les dépenses de santé. L’industrie pharmaceutique, notamment, s’oppose à la décision d’Obama de renégocier à la baisse les prix de certains médicaments. On peut toutefois raisonnablement imaginer que l’ensemble du corps médical n’est pas opposé à la réforme, pour de simples raisons éthiques ; ou, pour les plus cyniques, parce que les médecins auraient davantage de patients si tous les Américains étaient assurés. 

En réalité, ceux qui craignent vraiment le nouveau système de santé, ce sont les assurances privées. Si le gouvernement impose une baisse des prix à la fois aux laboratoires pharmaceutiques et aux services médicaux, la réforme risque de donner un avantage concurrentiel au secteur public et d’ainsi vider le secteur privé de son marché.

Face à cette avalanche de critiques, également alimentée par des militants ultra conservateurs qui refusent toute organisation collective, la réforme prend du retard. Le texte final ne sera voté qu’à la rentrée parlementaire. D’ici là, la bataille entre les deux camps ne diminuera pas en intensité, comme le confirment les multiples initiatives prises par le Président pour défendre son projet – un Président qui n’a pas hésité à faire appel à son histoire personnelle pour répondre aux propos de Sarah Palin: « C
e que vous ne pouvez pas faire, ou du moins ne devez pas faire, c'est dire que nous voulons créer des tribunaux de la mort pour débrancher grand-mère. J'ai perdu ma grand-mère l'an dernier. Je sais ce que c'est de voir un être cher vieillir, dépérir, et de devoir vivre avec ça», a-t-il déclaré la semaine dernière dans le Colorado. 
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14 août 2009 5 14 /08 /août /2009 12:51
Emile Papiernik, le passeur de vie

Pionnier de l'obstétrique, il a mené un long combat pour les femmes enceintes.

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Emile Papiernik-Berkhauer, spécialiste de gynécologie-obstétrique est mort samedi 8 août à  Sceaux (Hauts-de-Seine). Il était âgé de 73 ans. Avec lui disparaît un médecin atypique qui aura mené avec passion et succès un long combat pour la protection des femmes enceintes, la prévention des naissances prématurées et l'amélioration des normes de sécurité dans l'ensemble des maternités françaises. Valérie Pécresse, ministre de la Recherche, a rendu hommage mardi 11 août à un «pionnier de l'obstétrique moderne française, et à ses travaux de recherche et d'enseignement qui ont radicalement transformé cette discipline».


Né le 14 février 1936 dans le Xe arrondissement de Paris il est le fils d'émigrés polonais, tailleurs de générations en générations. Le yiddish est sa langue maternelle, son père mourra à Auschwitz et il devra son salut à une famille de «justes».  Au terme de brillantes études médicales  il s'oriente vers la cancérologie; à l'Institut Gustave Roussy de Villejuif  il s'intéresse à la pratique de la radiothérapie. Changement de cap en 1962: avec la naissance de sa fille il découvre  la pratique de l'obstétrique et ce qu'il considère comme un insupportable archaïsme. Il ne cessera dès lors de mener un ardent combat au service des femmes enceintes et des enfants qu'elles portent. D'abord à l'hôpital Antoine-Béclère de Clamart puis à la célèbre maternité parisienne de Port-Royal.


Avec Philippe Lazar, un spécialiste d'épidémiologie qui deviendra le directeur général de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), il s'intéresse très tôt à la prématurité qu'il se refuse à considérer comme n'étant rien d'autre qu'une fatalité. Sur une cohorte d'enfants prématurés suivis à Haguenau, en Alsace, il est le premier à modéliser, mesurer et quantifier les risques exacts des grossesses conduisant à des naissances prématurées. Menés dans le département de la Seine-Saint-Denis comme aux Antilles ses travaux dans ce domaine le conduisent rapidement  à développer des programmes concrets et efficaces de prévention de la prématurité. Ils sont directement à l'origine, en 1971, du programme périnatalité de Robert Boulin, alors ministre de la Santé. C'est encore à ces travaux que l'on doit le congé maternité supplémentaire de deux semaines, accordé aux femmes enceintes exposées au risque d'accoucher prématurément.


Mais son action dépasse de beaucoup la lutte contre la prématurité et la sécurité de la naissance. Il est l'un des premiers à introduire en France la technique de l'analgésie péridurale pour lutter contre les douleurs de l'accouchement. Il est aussi, avec Roger Bessis, l'un des pionniers de la pratique de l'échographie obstétricale. Si elle peut être utile la technique n'est pas une fin en soi. Homme d'une grande ouverture d'esprit, profondément à l'écoute de ses patientes, il fonde une unité de recherche à l'Inserm visant à prendre en compte des dimensions souvent ignorées de la grossesse, avec la collaboration de la neuropsychiatre et psychanalyste Monique Bydlowski.


Il est encore, en 1975, l'un des premiers chefs de service à pratiquer (et à le faire savoir) des interruptions volontaires de grossesse quand cette pratique fut dépénalisée avec la loi Veil. Il lutte parallèlement contre l'insécurité médicale des maternités, insuffisamment équipées pour les accouchements difficiles en réclamant notamment  la présence d'un anesthésiste et d'un pédiatre. Tout comme lors de son action contre la prématurité Emile Papiernik, mandarin d'un genre nouveau, avait saisi que pour être efficace, il fallait parvenir à dépasser le cadre de son service hospitalier et obtenir la traduction de son savoir en décisions politiques et sociales.


Il apparut un instant sur les écrans télévisés le 24 février 1982 à l'occasion de la naissance (dans son service de la maternité de l'hôpital Antoine-Béclère) d'Amandine, premier enfant créé par fécondation in vitro. Les archives photographiques le montrent entouré de ses deux collaborateurs alors inconnus : le gynécologue-obstétricien René Frydman et le biologiste Jacques Testart ; deux fortes personnalités que tout, alors, opposait (et que tout continue à opposer) mais qu'il était parvenu à réunir au sein d'une même équipe.

 

Tout à Amandine, on n'entendit guère, alors, le discours du Pr Papiernik. Il tenta de profiter de l'occasion ainsi offerte (et des médias captifs ou presque) pour dire que les stérilités dites «tubaires» -l'une des indications les plus fréquentes en théorie du recours à la technique de la fécondation in vitro- étaient presque toujours la conséquence de problèmes gynécologiques d'origine infectieuse. Et il ajouta qu'il convenait en bonne logique de s'intéresser avant tout à la prévention des maladies sexuellement transmissibles. S'il n'y avait eu l'épidémie de sida (on commençait alors, dans l'indifférence quasi générale, à diagnostiquer les premiers cas français) on peut parier que ce discours aurait été sans lendemain tant la magie de la technique biologique parvient presque toujours à l'emporter sur le raisonnable mais rébarbatif discours préventif.


Après février 1982 nous avons croisé à plusieurs reprises Emile Papiernik. Ce fut l'occasion de solides, passionnants et roboratifs dialogues. Grand vulgarisateur, chaleureux mais pouvant être brutal, aimant à jouer de son charisme, l'homme n'était pas d'un abord toujours simple.  Emile Papiernik était l'auteur de plusieurs livres dont  «La  maternité, progrès et promesses» (Odile Jacob, 2008),  «Le passeur de vie »  (Plon, 1998) et «Le prix de la vie» (Robert Laffont, 1988).


Lors de la sortie  de ce dernier ouvrage, le Dr Claudine Escoffier-Lambiotte écrivait à son propos dans les colonnes du Monde: «Le royaume dont il est le maître est certes celui de la technologie la plus avancée, et chacun sait que c'est là, à l'hôpital Antoine-Béclère de Clamart que vit le jour Amandine, le premier bébé-éprouvette français, suivi annuellement, depuis 1982, d'une bonne cinquantaine de ces enfants de la science. Mais ce royaume est aussi  et il le revendique hautement,  celui de l'égalité absolue des femmes, gitanes ou secrétaires d'Etat, devant les douleurs, les aléas ou les merveilles de l'accouchement (...)  Combat pour les femmes - les quelque huit cent mille femmes qui accouchent chaque année- mais aussi combat pour l'enfant, qui représente bien plus que lui-même, messager, porteur du passé et de la continuité de la vie. Et dès lors dépositaire ou victime de tous les conflits psychologiques, ce qui explique la présence active à la maternité de Clamart de psychiatres et de psychanalystes, capables parfois (ou souvent) de dénouer les causes d'une stérilité ou d'une naissance prématurée.. L'inspiration, pour Emile Papiernik est inlassablement la même : celle qui donne à l'exercice médical la dimension sociale, économique, humaine qui lui manque, hélas! trop souvent.»

Jean-Yves Nau

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  • : Lessakele : déjouer les pièges de l'actualité Lessakele, verbe hébraïque qui signifie "déjouer" est un blog de commentaire libre d'une actualité disparate, visant à taquiner l'indépendance et l'esprit critique du lecteur et à lui prêter quelques clés de décrytage personnalisées.
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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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