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21 avril 2012 6 21 /04 /avril /2012 22:21
Al-Maliki : la Turquie en train de devenir un ennemi dans la région
vendredi 20 avril 2012 - 19h18
Logo MédiArabe.Info

Le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, a affirmé vendredi que la Turquie était en train de devenir un ennemi dans la région en cherchant à la dominer et à interférer dans les affaires internes de ses voisins. « Poursuivre sa politique intérieure et régionale va nuire aux intérêts de la Turquie et en faire pour tous un Etat hostile », a affirmé Al-Maliki dans un communiqué.

Jeudi, le Premier ministre sunnite turc Recep Tayyip Erdogan s’en était une nouvelle fois pris à son homologue irakien chiite, l’accusant de monopoliser le pouvoir, d’égocentrisme politique et de discriminations à l’égard des groupes sunnites dans son gouvernement, selon la presse turque. « Les développements en Irak ne présagent rien de bon », avait ajouté M. Erdogan.

« M. Erdogan recommence à interférer dans les affaires intérieures (de l’Irak) et prouve qu’il vit toujours dans l’illusion qu’il domine la région », affirme M. Maliki. C’est regrettable que sa déclaration ait une dimension confessionnelle, car malgré ses démentis précédents, cette dimension apparaît (cette fois) très clairement et est rejetée par tous les Irakiens, a-t-il ajouté. En une semaine, M. Erdogan a reçu le vice-président sunnite irakien Tarek al-Hachémi, poursuivi par la justice de son pays qui l’accuse d’avoir dirigé un gang de tueurs, et le président de la région autonome kurde sunnite, Massoud Barzani. Ces deux responsables entretiennent des relations exécrables avec M. Maliki. Le premier se dit victime d’une chasse aux sorcières parce qu’il est sunnite. Le second accuse le Premier ministre de se conduire comme un dictateur, avec en toile de fonds le partage des revenus pétrolier. La Turquie est, après l’Iran, le deuxième partenaire commercial de l’Irak. Les échanges entre les deux pays ont atteint 12 milliards de dollars en 2011 et Ankara voudrait les porter à 20 ou 30 milliards en 2012. De nombreuses entreprises turques sont également présentes en Irak. Mais la situation en Syrie, où la majorité sunnite est en révolte contre le régime dominé par les alaouites, exacerbe les relations entre les deux courants de l’islam. Le 1er avril, M. Maliki s’en était déjà violemment pris à deux bastions du sunnisme, l’Arabie Saoudite et le Qatar, accusés de vouloir faire tomber par la force le régime syrien et de s’ingérer dans les affaires de chaque pays arabe. Parler de l’usage de la force pour faire tomber le régime syrien ne le fera pas tomber (...). Il ne tombera pas et pourquoi devrait-il tomber ?, avait-il lancé. Nous rejetons l’envoi d’armes (à l’opposition) et tout processus menant au renversement du régime car cela aggraverait la crise dans la région. La Turquie, qui a rompu toutes relations avec Damas, envisage en revanche, selon la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, d’invoquer la charte de l’Otan, qui prévoit la solidarité entre ses Etats membres, après des bombardements syriens sur sa frontière et l’afflux de réfugiés syriens. (AFP).

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22 février 2012 3 22 /02 /février /2012 09:25
L'ambassade américaine à Bagdad sur son déclin

par Daniel Pipes
7 février 2012


http://fr.danielpipes.org/blog/2012/02/ambassade-americaine-bagdad-declin

Version originale anglaise: Embassy Baghdad in Decline
Adaptation française: Anne-Marie Delcambre de Champvert

Soyez le premier de vos amis à indiquer que vous aimez ça.

Depuis que le gouvernement des États-Unis a annoncé, en mars 2004, des plans pour construire « la plus grande ambassade jamais exécutée par aucun pays», j'ai suivi l'affaire, tournant en dérision sa dimension surréaliste (21 hectares), ses dépenses excessives (750 millions de dollars américains) son personnel gargantuesque (16.000 personnes) et son budget annuel (6 milliards de dollars). J'ai également déploré l'emplacement de l'ambassade sur des anciens terrains pour palais de Saddam Hussein , j'ai critiqué son caractère d'isolement avec entrée particulière , et j'ai tremblé en pensant aux implications provocatrices de cette monstruosité diplomatique. Pour un aperçu, voir mon article sur ce sujet ; pour beaucoup plus de détails lamentables mais divertissants, voir l'article de 5.700 mots de mon blog.

L'un des beaux bâtiments de l'ambassade de Bagdad.

Maintenant voici que survient la nouvelle que cette opération démesurée verra sa taille réduite. Le New York Times relate dans l'article "Planification des Etats-Unis pour réduire de moitié le personnel de l'ambassade" que le gouvernement irakien n'a pas traité les visas ou autorisé les livraisons de vivres en temps opportun, qu'il a confondu mesures de sécurité avec la confiscation arbitraire de documents, d'ordinateurs et d'armes , qu'il a répandu les théories du complot, et par ailleurs qu'il a excité des ressentiments nationalistes contre « l'éléphant blanc ». Par conséquent, le personnel y sera réduit de moitié.

Commentaires:

(1) Il est grand temps. Sur quelle planète le Département d'Etat vivait-il? N'avait-il aucune idée que les Irakiens pourraient avoir du ressentiment par rapport à cette intrusion diplomatique?

(2) L'étude d'un peu d'histoire musulmane aurait rendu cette conclusion évidente.

(3) Le gouvernement des Etats-Unis a une histoire de désengagement honorable des pays qu'il conquiert et occupe, et l'Irak ne fait pas exception, avec toutes les forces sorties moins de neuf ans après l'invasion, avec le gouvernement local à qui il est permis non seulement d'assurer le commandement, mais même de brutaliser les Américains.

(4) Il y a une tradition officieuse que partout où le Département d'Etat a construit ses énormes ambassades, les ennuis en ont découlé à coup sûr- Saigon et Téhéran étant les exemples précédents. L'Irak est aujourd'hui en jeu. Pékin est le prochain dans l'ordre hiérarchique.

Thèmes connexes: Irak, Politique étrangère américaine Il est permis de reposter ou de faire suivre ce texte pour autant qu'il soit présenté dans son intégralité et accompagné de toutes les informations fournies à propos de son auteur, de sa date et son lieu de publication et de son URL originale.

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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 10:41

Le retrait américain va laisser 30 000 combattants iraniens d’Al Qods s’installer en Irak

56446991 (Copier)

Dix jours ont passé, depuis que le Président Barack Obama a accusé l’Iran d’avoir instigué un complot avorté d’assassinat de l’ambassadeur saoudien à Washington, en avril dernier. Mais, jusqu’à présent, ni les Etats-Unis, ni l’Arabie Saoudite n’ont rien fait à ce sujet – même devant l’ONU. Vendredi 21 octobre, Obama a réaffirmé que tous les soldats américains d’Irak seront ramenés à la maison avant la fin de l’année. Deux jours plus tard, la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton a plaidé au Tadjikistan : « Aux pays de la région, particulièrement  aux voisins de l’Irak, nous voulons insister sur le fait que les Américains se tiendront aux côtés de nos alliés et amis, dont l’Irak, dans la défense de nos intérêts communs et de notre sécurité »…



Lire la suite: http://www.israel-flash.com/#ixzz1bgdz62yS
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9 septembre 2011 5 09 /09 /septembre /2011 09:45

 

 

Les Etats-Unis envisagent de mener des opérations clandestines en Irak pour contrer l’Iran après leur retrait militaire

A la fin de cette année, et conformément à l’accord passé en 2008 entre Washington et Bagdad, les 47.000 militaires américains restés en Irak après la fin de la mission de combat prononcée l’an passé devront avoir quitté le pays. Mais…

[Lire la suite »]

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20 août 2011 6 20 /08 /août /2011 23:59

 

La Turquie a bombardé 85 cibles du PKK en Irak

Le Point.fr - Publié le 20/08/2011 à 11:34 - Modifié le 20/08/2011 à 11:43

L'aviation a frappé plusieurs positions des rebelles kurdes, qui ont intensifié depuis juillet leurs attaques contre la Turquie.

http://www.lepoint.fr

L'aviation turque a mené deux séries de raids dans le nord de l'Irak vendredi et bombardé 85 cibles de rebelles kurdes qui ont intensifié leurs attaques contre la Turquie, a annoncé, samedi, l'armée turque, sans fournir de bilan sur d'éventuelles victimes et sur les dégâts. La Turquie a repris le bombardement aérien des positions de rebelles kurdes dans la montagne irakienne, auquel elle n'avait pas recouru depuis plus d'un an, après une attaque mercredi des membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est de la Turquie, frontalière de l'Irak, qui a tué neuf membres de ses services de sécurité. 

"85 cibles ont été frappées (vendredi) avec précision et efficacité dans le matin, puis dans la soirée", selon un communiqué en ligne de l'état-major des armées. Les cibles bombardées se situent dans les zones de Hakurk, Avasin-Basyan et Zap, dans le nord de l'Irak, où le PKK dispose de bases arrière pour attaquer la Turquie, selon le communiqué. "Les dégâts occasionnés par les raids sont en cours d'évaluation après des vols de reconnaissance sur la zone", ajoute le texte. L'armée a en outre diffusé des enregistrements de ces frappes où l'on voit des explosions sur des "repaires de terroristes" et des "dépôts de vivres et de matériel" du PKK.

Unités spéciales

Depuis juillet, les attaques attribuées par les autorités turques au PKK ont coûté la vie à une quarantaine de soldats et de policiers, poussant le gouvernement d'Ankara à adopter une ligne plus dure dans le conflit kurde qui perdure depuis 1984, date à laquelle le PKK a pris les armes. La Turquie a adopté, jeudi, une "nouvelle stratégie" qui prévoit notamment de combattre les rebelles avec des troupes militaires entièrement professionnelles, mais aussi avec des unités spéciales de la police. Jusqu'à présent, l'armée décidait presque seule dans les zones de combat. Désormais, les services de renseignements (MIT) et les autorités civiles devraient être impliqués dans le mécanisme de coordination qui sera mis en place pour lutter contre le PKK.

Certains analystes militaires estiment cependant que les frappes aériennes ne suffiront pas à ébranler le PKK dans la montagne irakienne et insistent sur la nécessité d'une opération terrestre. Depuis le début des années 1990, l'armée turque a mené plusieurs incursions terrestres dans le nord de l'Irak pour pourchasser les rebelles, dont la dernière, longue de huit jours, remonte à 2008. Les États-Unis, alliés de la Turquie au sein de l'Otan et qui considèrent le PKK comme un mouvement terroriste, fournissent généralement des renseignements sur le PKK en Irak.

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10 août 2011 3 10 /08 /août /2011 15:30

 

 

MEMRI Middle East Media Research Institute

Dépêche     spéciale n° 4063


Le chiite irakien anti-iranien Sayyed Ayad Jamal Al-Din survit à un attentat dans sa demeure


Le politicien irakien et prédicateur progressiste indépendant Sayyed Ayad Jamal Al-Din accuse l´Iran d´implication dans une tentative d´assassinat contre sa personne dans la nuit du 2 août : une explosion a eu lieu dans le jardin de sa demeure située dans le quartier Al-Chaderiya de Bagdad, du fait de la détonation d´une bombe ou de l´envoi d´un missile. Jamal Al-Din et ses invités ont subi des blessures légères. Il s´agit de la sixième tentative d´assassinat contre Jamal Al-Din, la première ayant été perpétrée à Téhéran en 1981.


Jamal Al-Din désigne Qassim Suleimani, chef de la brigade Al-Quds du Corps des Gardiens de la Révolution islamique d´Iran, considéré par de nombreux Irakiens comme une figure marquante des Affaires irakiennes. Al-Din a déclaré que l´Iran ne tolérait pas qu´une seule voix s´élève contre le concept de velayat-e faqih (Règne de la jurisprudence, type de théocratie dirigée par une élite religieuse, avec à sa tête le Guide religieux Ali Khamenei), et encore moins s´il s´agit d´une voix chiite. Jamal Al-Din accuse en outre les forces de sécurité irakiennes de n´avoir pas ouvert d´enquête suite à la tentative d´assassinat.


Jamal Al-Din est un politicien et penseur chiite portant le turban, ce qui ne l´empêche pas de prendre position au niveau politique et intellectuel contre l´utilisation de la religion à des fins communautaristes. Il appelle à la laïcisation de la sphère publique en Irak. Il est connu pour ses positions contre l´ingérence iranienne dans les affaires irakiennes.


Jamal Al-Din a déclaré considérer Khamenei comme "moralement, religieusement et juridiquement responsable des événements en Iran, en Irak et au Liban, ainsi que des effusions de sang innocent commises par les milices armées soutenues par les Gardiens de la Révolution".


Jamal Al-Din accuse en outre le régime syrien, "grand allié de l´Iran", de menacer la sécurité de l´Irak en apportant son soutien aux groupes armés qui se qualifient eux-mêmes de "résistance" ou d´"Al-Qaïda".


Pour plus d´informations sur Jamal Al-Din :

 

http://www.memri.org/subject/en/821.htm


[1]   Al-Sharq Al-Awsat (Londres), 4 août 2011; Al-Sabah al-Jadid (Irak), 7 août 2011.

 


Pour adresser un email au MEMRI ou faire une donation, écrire à : memri@memrieurope.org.

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Le MEMRI détient les droits d´auteur sur toutes ses traductions. Celles-ci ne peuvent être citées qu´avec mention de la source.

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17 juillet 2011 7 17 /07 /juillet /2011 23:08
L’Irak affronte la tempête politique

Bouleversements moyen-orientaux
Par Sterling Jensen

Adapté par Marc Brzustowski

Pour © 2011 lessakele et © 2011 aschkel.info


Middle East Quarterly (Le trimestriel du Moyen-Orient)
été 2011, pp. 31-34 (view PDF)

http://www.meforum.org/2991/iraq-political-upheaval


La tempête politique du début 2011 au Moyen-Orient a eu un impact intéressant sur l’Irak. Alors que le gouvernement était confronté à des manifestations presque quotidiennes, qui ont conduit à un grand nombre de démissions de hautes personnalités et à l’usage de la force pour réprimer la dissidence politique, le Premier Ministre Nouri al-Maliki s’est senti suffisamment confiant pour se vanter du fait que « l’Irak est devenu le pays le plus stable de la région [1]». Bien que cela puisse apparaître comme une bravade un peu difficile à avaler, étant donné le passé récent, Maliki n’est pas seul à faire preuve de confiance dans les perspectives pour l’Irak. Les Sadristes, les Kurdes, et les dirigeants du bloc essentiellement sunnite « Iraqiya » sont, tout autant, optimistes, concernant les perspectives pour le pays, alors que de nombreux irakiens de l’intérieur pensent que leur pays déchiré par la guerre ne se contentera pas d’affronter l’instabilité, mais qu’il servira, également, de modèle de démocratie.

Effectivement, le système démocratique établi en Irak, à travers son second gouvernement élu en six ans, devient plus représentatif et plus sensible aux préoccupations du peuple. Bien que le pays connaisse encore des différences confessionnelles et politiques à résoudre, s'il veut assurer sa stabilité sur le long terme, ce système va probablement perdurer, du fait de quatre conditions essentielles : un gouvernement représentatif, des médias indépendants et transparents, des forces de sécurité professionnalisées et une relation de proximité avec les Etats-Unis.

Un gouvernement élu

Les Irakiens se sont montrés euphoriques après la réussite de leurs élections nationales de mars 2010. La plupart des stations de médias locaux, indépendamment de la critique des biais politiques, ont diffusé des commentaires bruyants et des discussions saluant ces élections comme celles qui tracent une voie démocratique dont les autres pays arabes devraient s’inspirer. Cette euphorie est vite retombée, quand les controverses sur les résultats des élections et les huit mois de négociations entre les partis ont suivi.

Aux environs de décembre, les reportages des médias concernaient le fait que le processus politique était devenu plus déprimant et craignaient même l’émergence d’une nouvelle dictature Maliki. Puis, une fois le gouvernement formé, la plupart des Irakiens lui ont donné un mois d’état de grâce. Durant cette période de la mi-janvier, les manifestations publiques en Tunisie sont parvenues à évincer du pouvoir Zine al-Abidine Ben Ali, leur dictateur depuis 23 ans. En février, ensuite, Hosni Moubarak a démissionné en Egypte, à la suite des manifestations. Puisque le sommet de la Ligue Arabe devait se dérouler à Bagdad, à la fin mars, les hommes politiques irakiens, qui exhortaient leur propre gouvernement à entreprendre des réformes, ont également prêché auprès de leurs homologues arabes, de la nécessité de tirer des enseignements de la démocratie irakienne.

Un point essentiel, pour Washington, sera de renforcer l’importance de la poursuite d'élections libres et intègres. En réponse à l’instabilité arabe, beaucoup de responsables du gouvernement, dont Maliki, ont appelé à un report des élections locales [2]. Ce n’est pas la bonne direction à suivre. Washington devrait aider les Irakiens à se préparer aux élections locales, puis porter l’attention sur les élections nationales de 2014. A la suite du départ de Moubarak, Maliki a annoncé qu’il ne briguerait pas un troisième mandat [3]. Sa déclaration d’intention devrait contribuer à une transition pacifique du pouvoir en Irak, en 2014, et Washington devrait faire pression sur le Premier Ministre pour qu’il tienne parole.


Des Media indépendants et transparents

L’Irak a fait l’expérience de ses premières manifestations d’ampleur nationale le 25 février 2011, en partie autour du Square Tahrir de Bagdad. Le Premier Ministre Maliki, qui avait précédemment encouragé les citoyens à exercer leurs droits constitutionnels à manifester pacifiquement – même contre lui- a effectué un brusque retournement, et deux jours avant ce que les organisateurs irakiens ont appelé « le jour de colère », conçu sur le modèle de la « révolution de la colère », qui avait débuté le 25 janvier, a dénoncé l’évènement prévu comme une provocation des terroristes et des baathistes. Ce stratagème a échoué, et bien qu’il y ait eu des incidents disparates, entraînant des violences, comme les affrontements mortels de Mossoul [4], et la dégradation de propriété publique à Kut [5], les manifestations se sont avérées relativement pacifiques. Bien que les forces de sécurité irakiennes (FSI) aient usé d’une brutalité excessive, les médias intérieurs ont donné une large couverture au sentiment de scandale et de mécontentement partagé par le public, conduisant le gouvernement, ainsi averti, à dénoncer toutes les violations et à promettre des enquêtes approfondies sur les faits qui se sont déroulés. Des gouverneurs, des maires et des conseils communaux ont démissionné sous la pression des manifestants [6], et le gouvernement a modifié significativement les attributions du budget 2011 pour accroître les investissements sur l’assistance financière immédiate, de façon à apaiser les revendications de la foule.

Une telle réactivité n’aurait pu se produire auparavant, s’il n’avait pas existé des medias indépendants et transparents. Le fossé entre le gouvernement et le peuple aurait été plus difficile à combler, si la population n’avait été gavée que par la propagande d’état, comme en Libye, en Egypte et en Syrie.

La poursuite de la transition de l’Irak vers la démocratie et un plus grand respect des droits de l’homme requerra, de la part des Etats-Unis et de la communauté internationale, une pression pour qu’il conserve des médias ouverts et libres. Et, alors que Washington s’est montré réticent à critiquer le gouvernement, puisqu’il y achève sa guerre la plus controversée et la plus coûteuse, il ne doit pas perdre de vue le rôle des médias libres en tant qu’observateurs et garants de la démocratie.


Des forces de sécurité plus professionnelles

Alors que les Forces de sécurité irakiennes (FSI) ont déjà traversé un long chemin depuis les jours sombres des escadrons de la mort d’origine confessionnelle, entre 2004 et 2008 [7], elles doivent encore établir la confiance requise pour être vraiment considérées comme une force politiquement neutre et purement nationale. Plutôt que d’être accusées de sectarisme, les FSI sont, actuellement, accusées de politisation. Comme on a pu en témoigner, au cours de la Journée de Colère, et en dépit des tentatives du gouvernement de les dépeindre comme les protecteurs neutres du peuple, les FSI se sont avérées plus loyales envers les partis politiques dirigeants qu’envers le peuple qu’elles étaient censées protéger [8]. Pour apporter une note plus positive, quand des violations ont eu lieu, comme le fait de tirer sur les manifestants ou de fermer les bureaux des groupes politiques, la pression des médias et du public a fourni des preuves de la manipulation des FSI par certains partis à des fins politiques.

Aussi longtemps que les médias demeurent libres et que le gouvernement reste représentatif, les FSI auront tendance à devenir plus apolitiques. Le respect dont l’armée égyptienne a fait preuve envers les manifestants a été observé avec attention en Irak. Durant la vague de manifestations en Irak, qui a débuté avec la journée de colère, la majorité des stations de télévision a diffusé des témoignages aussi bien de manifestants que de membres des forces de police, qui exprimaient leur espoir d’agir comme l’a fait l’armée égyptienne et de ne pas réprimer ou empêcher les manifestations pacifiques [9].

Nonobstant l’invocation de Maliki de la présence dans ses rangs d’Al Qaeda en Irak (AQI), de façon à discréditer la manifestation, AQI et d’autres groupes violents n’ont pas exploité la contestation pour perpétrer des attentats de grande ampleur. Le Mollah Nathem Jabouri, un ancien guide religieux d’AQI, a prétendu que, quoique l’organisation aurait aimé par-dessus tout faire sauter un Square Tahrir bourré de milliers de Chi’ites, elle ne le ferait pas, parce que les manifestations contribuaient aussi à saper la confiance du public dans les FSI et dans le Gouvernement [10].

S’il veut gagner, plutôt que perdre la confiance des manifestants, le gouvernement aura besoin d’instaurer des réformes et de résister à l’impulsion d’utiliser les FSI pour réprimer la contestation. Qui plus est, pour que l’Irak poursuive sa route sur le chemin de la démocratie, les FSI devront être plus disciplinées et politiquement neutres, particulièrement au cours des manifestations publiques. Pour leur part, les Etats-Unis et l’OTAN devraient maintenir leur relation étroite avec les FSI pour leur permettre de devenir plus professionnelles, ce qui nous conduit à la quatrième condition garantissant l’avenir de l’Irak en tant que démocratie stable.


Plus proche de Washington,  plus éloigné de Téhéran.

Se manifeste une crainte croissante parmi quelques experts, particulièrement dans les états du Golfe persique, que les tentatives du régime iranien d’exploiter l’instabilité arabe rapprocheront Bagdad de Téhéran. En fait, les révolutions ont rapproché Bagdad d’un cran de plus vers Washington. Ainsi, par exemple, Jassib Moussawi, un éminent professeur de l’Université de Bagdad, a prétendu, sur la télévision d’état Iraqiya, en février dernier, juste après la démission de Moubarak, que « le projet néo-conservateur américain de démocratiser le Moyen-Orient et de contribuer au développement humain dans le monde arabe avait réussi, et que l’Irak devrait renforcer ses liens avec les Etats-Unis, dans le but de devenir encore plus un modèle de démocratie pour les pays de la région ». Il a même exhorté le parlement irakien à étendre les accords de sécurité avec les Etats-Unis, au-delà de 2011, tout cela sur la station de télévision d’état [11]. De telles déclarations sont devenues de plus en plus courantes dans les médias irakiens [12].

Le gouvernement irakien souhaite gagner un plus grand respect régional et réaffirmer sa position dans le monde arabe. La tendance émergente vers la démocratie et la société ouverte placera Bagdad plutôt dans le camp occidental que dans celui de Téhéran. Bien qu’en désaccord avec les alliés des Etats-Unis dans le Golfe persique, notamment avec l’Arabie Saoudite, le Koweit et le Bahreïn, du fait de leur réticence à accepter un gouvernement dirigé par des Chi’ites, Bagdad continuera de se tenir aux côtés de Washington plutôt que de Téhéran, à mesure qu’il développera de plus en plus son potentiel démocratique. La télévision d’état irakienne et les hommes politiques chi’tes ont, tous deux, condamné l’usage de la force de Téhéran contre l’opposition iranienne, en février 2011[13], et se sont encore davantage fait entendre au sujet de l’usage de la force par le Bahreïn contre la majorité chi’ite de l’Emirat [14]. Alors que les Sunnites et les anti- Iraniens pourraient considérer cette prise de position forte contre le Bahreïn comme un indicateur de la propension de Bagdad à soutenir les intérêts iraniens dans la région, il est important de distinguer entre la solidarité irakienne ou iranienne concernant les problèmes chi’ites et leurs intérêts nationaux particuliers. Bagdad démontrera sa solidarité avec Téhéran sur les problèmes liés aux Chi’ites dans la région, mais il ne le fera pas au risque d’affaiblir son propre développement politique. Alors que l’Irak réalise une plus grande stabilité intérieure, on peut s’attendre à ce que, le gouvernement démontrant une plus grande confiance en sa démocratie dirigée par des Chi’ites, cela affaiblisse, plutôt que cela ne renforce Téhéran.

Conclusion

Les révolutions arabes ont apporté au gouvernement irakien un surcroît de confiance dans le fait qu’il sortira plus fort des huit dernières années de conflit et plus à même de jouer un rôle de meneur au Moyen-Orient, au cours de la prochaine décennie ou dans deux. Bagdad se perçoit comme une économie et une démocratie émergente qui aura besoin de l’assistance de Washington et des autres états occidentaux pour accomplir ces aspirations, et bien que les responsables de l’énergie irakienne puisse se montrer exagérément optimistes, quand ils prédisent que le taux d’exportation quotidien se montera à dix millions de barils par jour en 2021, n’exporter même que la moitié de cette quantité stimulerait grandement le poids géopolitique de l’Irak.

Les états du Golfe persique seraient bien avisés de cesser de ne percevoir l’Irak qu’à travers le prisme confessionnel. Si Bagdad se montre capable de résoudre ses controverses internes de façon pacifique et d’améliorer l’efficacité de son gouvernement, à travers un train de réformes modestes, son avenir sera brillant. Des médias ouverts aideront le peuple à contraindre le gouvernement à rester intègre, et des élections libres et régulières ne le rendront que plus représentatif. Les administrations américaines devront rester à proximité, quoi que la relation avec l’Amérique ne soit plus fondée uniquement sur la sécurité. La proximité de Washington contribuera à contrôler les impulsions du gouvernement dans l’usage des FSI à ses seules fins politiques, la volonté de faire taire les médias, ou de ne pas instaurer complètement les réformes promises par le gouvernement. Bien que le retrait des troupes américaines ait rendu plus facile, pour Bagdad, de défier Washington, il est probable qu’il compte sur l’assistance américaine pour appuyer sa tentative de devenir un modèle pour la démocratie arabe qu’il commence à définir.


Sterling Jensen a travaillé en Irak entre 2006 et 2008 en tant qu’interprète contractant et qu’officier civil dans les zones éloignées pour les Marines américains. Il est, actuellement, chercheur associé au Centre d’études stratégiques du Proche-Orient et d’Asie du Sud, à Washington D.C., et candidat à un doctorat au Collège Royal de Londres.

[1]   Iraq Daily Times (Baghdad), Mar. 23, 2011.
[2] See, for example, The Boston Globe, Mar. 1, 2011.
[3] Middle East Online (London), Feb. 6, 2011.
[4] The Guardian (London), Feb. 25, 2011.
[5] Dawn (Karachi), Feb. 26, 2011.
[6] Middle East Online, Feb. 27, 2011; The Washington Post, Feb. 27, 2011.
[7] The Times (London) Feb. 16, 2006; BBC News, Feb. 16, 2006.
[8] The Christian Science Monitor (Boston), Feb. 25, 2011.
[9] Baghdadiya TV (Baghdad), Feb. 25, 2011; Sharqiya TV (Baghdad), Feb. 25, 2011.
[10] Author telephone interview with Mullah Nathem Jabouri, Mar. 2, 2011.
[11] Jassib Moussawi interview, Iraqiya TV (Baghdad), Feb. 18, 2011.

[12] Hassan Snayd, Abdul Hadi Hamani, and Mahmood Othman, Sharqiya TV, Apr. 7, 2011; Borhan Mizher, Hurra Iraq TV (Baghdad), Mar. 29, 2011.
[13] Iraqiya TV, Feb. 15, 16, 2011.
[14] TVNZ (Auckland, New Zeal.), Mar. 17, 2011; Kuwait Times (Kuwait City), Mar. 21, 2011
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27 avril 2011 3 27 /04 /avril /2011 18:31

 

 

MEMRI Middle East Media Research Institute

Dépêche   fr. n° 251

 

Le "Club démocratique" s´emballe au sujet de Saddam Hussein

 

Ci-dessous des extraits d´un débat diffusé sur Democracy TV le 13 avril 2011, où deux commentateurs irakiens en viennent aux coups en évoquant le sujet épineux de Saddam Hussein (sunnite) :

Voir les extraits vidéo sous-titrés en anglais :
 

 

Commentateur irakien n°1 : Je vais te trancher la langue si tu parles de Saddam Hussein.

Commentateur irakien n°2 : Bouffe de la merde, je vais parler de Saddam…

 

Echange de coups. Plan fixe sur une chaise vide subissant les secousses de l´échange et apparition du titre de l´émission à l´écran : "Le Club démocratique".


Commentateur irakien n°1 : Viens par ici, fils de pute… chien… canaille…


Commentateur irakien n°2 : Fils de pute, tu n´as pas d´honneur, fils d´une chienne de pute…

 

Commentateur irakien n°1 : Va te faire voir, et l´Iran avec, et tous les chiites créés par Allah… Ta sœur est une pute…

 

Commentateur irakien n°2 : C´est ta sœur la pute, espèce de chien…

 

Commentateur irakien n°1 : Fils de pute…

 

Commentateur irakien n°2 : Chien…

 

Commentateur irakien n°1 : Espèce d´Iranien, de chien méprisable…

 

Commentateur irakien n°2 : Tu es méprisable…

 

Commentateur irakien n°1 : Va te faire voir, tu n´as pas d´honneur…

 

[…]

 

 

 

 

 

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16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 22:05

 

Les F-16 irakiens attendront


16 février 2011 – 19:20

opex360.com

Le gouvernement irakien avait prévu de doter ses force aériennes de 18 F16 IQ, achetés auprès des Etats-Unis pour 4,2 milliards de dollars. Ce prix prenait également en compte la formation des personnels, les pièces détachées et l’armement.


Seulement voilà, les mouvements de contestation en Tunisie et en Egypte, qui ont abouti à la chute de chefs d’Etat qui semblaient jusqu’alors indéboulonables (certains parlent, à juste titre, de « surprise stratégique »), font craindre à d’autres dirigeants du monde arabe d’être les prochains de la liste. D’autant plus que le phénomène semblent s’étendre, notamment au Yémen, en Libye et en Algérie.


Aussi, les autorités irakiennes ont décidé de reporter l’acquisition des F-16 afin d’allouer les fonds qui auraient dû y être consacrés à des programmes sociaux afin de calmer le mécontentement des plus démunis, perceptibles dans plusieurs villes irakiennes.


« Dans le nouveau projet de budget 2011 qui nous a été présenté, les 900 millions de dollars prévus pour l’achat de F-16 vont servir à financer les cartes de rationnement et les allocations de protection sociale » a ainsi déclaré Mohammad Khalil, un député membre de la commission des Finances du Parlement irakien.


Bien que l’Irak dispose d’importantes réserves pétrolières, le pays a du mal à équilibrer ses comptes. Ainsi, avec 68,56 milliards de recettes et 81,86 milliards de dépenses, le budget affiche un déficit de 13,3 milliards de dollars. A cela s’ajoute la nécessaire remise en état des infrastructures, notamment celles concernant l’électricité. Enfin, de l’aveu même du Premier ministre, Nouri al-Maliki, 6 millions de familles diposent de cartes de rationnement leur permettant d’obtenir des denrées de base.


Mais cette décision n’est pas forcément une bonne nouvelle pour la sécurité de l’Irak. Jusqu’à présent, les forces de sécurité irakienne peuvent compter sur les 50.000 militaires américains encore déployés dans le pays. Et ce ne sera plus le cas dès la fin de cette année. Ainsi, elles ne disposeront plus des moyens nécessaires pour surveiller l’espace aérien irakien. A moins que l’offre française portant sur 18 Mirage F1 rétrofités soient acceptée.

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1 décembre 2010 3 01 /12 /décembre /2010 16:15

 

 

MEMRI Middle East Media Research Institute

Dépêche   spéciale n° 3399

 

Sayyed Ayad Jamal Al-Din, ancien député irakien : La combinaison du Coran et de l´épée est plus dangereuse que la technologie nucléaire

 

Voir le débat sous-titré en anglais sur MEMRI TV : http://www.memritv.org/cl ip/en/0/0/0/0/0/0/2689.htm.

 

Voir la page web consacrée à Sayyed Ayad Jamal Al-Din sur MEMRI TV : http://www.memri.or g/subject/en/821.htm

 

 

L´écrivain saoudien Dr Turki Al-Hamad : Si nous voulons rejoindre le monde moderne et nous adapter à notre époque, je crois que nous devons séparer l´establishment religieux de l´Etat. L´establishment religieux doit faire partie intégrante de l´Etat, mais ne doit pas lui imposer son hégémonie. Sinon, la souveraineté de l´État est perdue.

Ainsi, les objectifs modernes ne peuvent être atteints que par un Etat moderne aux valeurs modernes – ce qui est impossible dans un Etat religieux.

 

[...]

Cheikh Khalil Al-Mays, mufti de la vallée de la Bekaa au Liban : Qui étaient les Arabes avant l´avènement de l´islam, et qui sont les Arabes après l´avènement de l´islam ? La réponse est connue de tous.

Modérateur : Vous voulez dire que c´est l´islam qui a donné aux Arabes leur identité.

Cheikh Khalil Al-Mays : Bien sûr, Ils se sont ouverts au monde par l´islam.

Modérateur : Et sans l´islam...

Cheikh Khalil Al-Mays : Ils n´auraient pas quitté la péninsule Arabique.

Modérateur : Soyons encore plus clairs. Vous ne voyez aucune justification à la séparation de la religion et de l´Etat.

Cheikh Khalil Al-Mays : Comment une telle chose serait-elle possible ?


Modérateur : Vous ne croyez pas à une telle séparation ?

Cheikh Khalil Al-Mays : Le prophète Mahomet a établi un Etat religieux, non ?

 

[...]

Dr Abd El-Mounim Abu Al-Futuh, Frères musulmans en Egypte : Il ne peut y avoir de séparation entre la religion et l´Etat. Cela est vrai de toute l´histoire de l´humanité - que la religion ait été l´islam, le christianisme ou le judaïsme.

Modérateur : Mais en Occident, ils ont bien séparé la religion et l´Etat...

Dr Abd El-Mounim Abu Al-Futuh : La reine d´Angleterre est à la tête de l´Eglise. Rien n´est absolu, tout est relatif. Le plus étrange est qu´alors même que les laïcs arabes – je fais bien sûr allusion aux extrémistes parmi eux - appellent à la séparation de la religion et de l´État, ce sioniste minable, Benjamin Netanyahu, demande à ce qu´Israël soit un Etat juif.

Nous souffrons du contrôle de l´État sur la religion, et non de l´inverse. L´Europe du Moyen-Age souffrait du contrôle de la religion sur le peuple, mais à l´époque moderne, l´Etat contrôle la religion.

 

[...]

"L´Etat doit fournir eau et électricité aux mosquées, églises et boîtes de nuit."

 

Sayyed Ayad Jamal Al-Din, ancien député irakien : Il est nécessaire, d´un point de vue aussi bien religieux qu´humain, de séparer la religion et l´Etat. Il devrait y avoir un tampon entre l´Etat et la religion, afin d´empêcher que la religion ne devienne l´instrument des politiciens, en conséquence de la pression exercée par le système idéologique religieux.

 

[...]

La religion appartient à l´être humain. L´Etat ne peut pas avoir de religion. L´État est une institution juridique qui n´a ni couleur, ni saveur, ni odeur. Il doit être une institution neutre qui pourvoit des services pour tous. L´Etat doit fournir eau et électricité aux mosquées, aux églises et aux boîtes de nuit.

 

[...]

Cheikh Khalil Al-Mays : Qui nous gouverne, Arabes ou musulmans, en tant qu´individus ? Allah nous gouverne. Est-il concevable qu´Allah gouverne les individus mais pas la société dans son ensemble ?

 

[...]

M. Turki Al-Hamad : Nous devons éviter de généraliser. Dire qu´Allah gouverne les individus ainsi que les pays, c´est une généralité. La question est : Allah s´adresse-t-il à nous directement ? Il y a des gens qui écrivent des interprétations. Ce sont des êtres humains, et leurs intérêts et idées propres leur font dépeindre la religion d´une certaine couleur. En parlant de "religion", on se réfère nécessairement à une dénomination ou interprétation donnée. Ceux qui écrivent ces interprétations imposent leur volonté, pas Allah.

 

[...]

Sayyed Ayad Jamal Al-Din : Le règne du prophète Mahomet à Médine a produit, entre autres, un phénomène inconnu des Arabes de l´époque pré-islamique : l´hypocrisie. Celle-ci était complètement inconnue des Arabes de l´époque pré-islamique. Ils étaient libres comme le faucon, et plus encore.

Le prophète Mahomet a vécu à la Mecque 13 ans, en tant que messager avertisseur. Il n´avait aucune force de police, ni armée, et pas d´argent. Il a [en outre] vécu pendant 10 ans à Médine, en tant que messager avertisseur, mais d isposant également de la puissance militaire, et d´une autorité [politique].

Les hypocrites ont émergé à Médine ; il y a une sourate entière du Coran intitulée "Les hypocrites". De nombreux versets portant sur l´hypocrisie ont été révélés à Médine. Il n´y avait pas un seul hypocrite à La Mecque. Les gens y étaient soit musulmans ou polythéistes. C´est tout.

"L´Etat idéologique suscite un dédoublement de la personnalité."

 

Modérateur : Où voulez-vous en venir ?

Sayyed Ayad Jamal Al-Din : Le premier phénomène négatif de l´Etat idéologique - même sous le règne du prophète Mahomet - est qu´il suscite un dédoublement de la personnalité. L´hypocrisie est une réaction non à la religion, mais à l´Etat idéologisé - même dans un Etat idéologisé régi par le prophète Mahomet lui-même. Alors vous imaginez quand il est gouverné par d´autres. [...]

Le but de la religion est de former des êtres humains. [Mais] lorsque les dirigeants ont voulu renforcer leur emprise sur le peuple, ils se sont mis à les intimider avec la religion et l´au-delà, afin de contrôler ces musulmans. [C´est pourquoi] j´estime qu´il devrait y avoir un régime civil. Tous les prophètes, et pas seulement le prophète Mahomet, ont été envoyés pour former des êtres humains, pas pour construire des bâtiments. [...]

Cheikh Khalil Al-Mays : La confusion laïque nous vient de l´Église. L´islam, c´est la laïcité, et la laïcité c´est l´islam. Nous n´avons ni hiérarchie, ni clergé. Il n´existe pas de pouvoir du clergé en islam. Ce que nous voulons, c´est le règne du Coran et de la Sunna, plutôt que celui de personnes exerçant le pouvoir comme bon leur semble. [...]

Les hypocrites sont apparus à Médine pa rce qu´il y avait des Juifs qui y vivaient. A la Mecque, il n´y avait que des Arabes, et il n´y avait donc pas d´hypocrisie là-bas. La présence de l´élément juif à Médine a causé l´hypocrisie, même à l´époque du prophète Mahomet.

Comme nous pouvons le constater aujourd´hui, ce même élément juif est la principale source d´hypocrisie dans la politique du monde entier. [...]

Vous est moi sommes gouvernés par Dieu. Je ne vous gouverne pas et vous ne me gouvernez pas. Je suis gouverné par le Coran et la Sunna. Je suis gouverné par la charia. Je ne suis pas un dirigeant ; je ne fais qu´appliquer la règle. [...]

Dr Abd El-Mounim Abu Al-Futuh : Avec tout le respect dû au cheikh, je suis sûr qu´il ne voulait p as dire que nous sommes gouvernés par Allah. Non, l´Etat est gouverné par la majorité. C´est la majorité qui détermine le système de gouvernement. Certains pensent que lorsque nous parlons d´Etat islamique, nous voulons dire que l´islam, avec toutes ses valeurs, principes et règles, sera imposé au peuple, qu´il le veuille ou non.

C´est une grave erreur. Elle ne peut que produire une armée d´hypocrites, parce que, comme je l´ai dit une fois à l´Université américaine du Caire, nous ne ferions que remplacer le socialiste Abu Za´bal [en prison] par un Abu Za´bal musulman. [...]

Il est interdit de diriger un peuple, quel qu´il soit - musulman ou non musulman - selon une quelconque loi, constitution ou charia, sauf si celle-ci est conforme à la volonté du peuple. Si la majorité refuse d´être gouvernée par l´islam, c´est son droit, et il est interdit de lui impos er l´islam. [...]

"L´Etat doit être une institution neutre, qui applique la loi civile. La loi humaine, non celle d´Allah."

 

Sayyed Ayad Jamal Al-Din : Le cheikh [Al-Mays] dit que c´est Dieu qui gouverne. Ma question est : Quel Dieu ? Le Dieu des musulmans ? Le Dieu des chrétiens ? Le Dieu des juifs ? Il existe plus d´une [façon de se représenter] Dieu. [...]

Tout le monde veut instaurer la loi d´Allah. Soyons précis : s´agit-il de faire appliquer la charia, ou non ? Je ne suis pas pour l´instauration de la charia. La charia constitue un engagement personnel. Que vous soyez musulman sunnite, chiite, chrétien ou juif, cela ne regarde que vous. Quant à l&ac ute;Etat, il devrait être une institution neutre, qui applique la loi civile. La loi humaine, non celle d´Allah. [...]

Le cheikh [Al-Mays] a dit que les hypocrites sont les juifs. Absolument pas. Pas un seul des hypocrites [de Médine] n´était juif. Ils étaient tous arabes. À l´époque pré-islamique, l´Arabe était "mon serviteur". À La Mecque, l´Arabe est devenu "Son serviteur", le serviteur d´Allah. Et à Médine, l´Arabe est devenu le "serviteur de l´État". [...]

M. Turki Al-Hamad : À mon avis, lorsque la religion devient un Etat, ou devient politisée, elle n´est plus au service de l´unité nationale ou de la stabilité sociale. Dans l´Etat moderne, l´identité du peuple se fonde sur l´identité civique, qui implique l´égalité - entre musulmans et chrétiens, noi rs et blancs, hommes et femmes. Mais dans un Etat religieux, il y a nécessairement discrimination, parce que la religion discrimine entre hommes et femmes, hommes libres et esclaves, et ainsi de suite. Donc le fondement même de l´identité civique - l´égalité – est nié.

Modérateur : Existe-t-il une identité civique digne de ce nom dans les pays arabes ?

M. Turki Al-Hamad : Non. Tous parlent d´égalité devant la loi, mais la vérité est que certains groupes sont marginalisés, tandis que d´autres sont privilégiés. [...]

Cheikh Khalil Al-Mays : Les Arabes ont-ils connu, depuis l´époque du Prophète jusqu´à la chute du Sultanat ottoman, un régime non religieux - indépendamment du fait que le dirigeant ait été juste ou non ? Il y avait la religion, et il y avait des croyants d´autres religions, et l´islam n´excluait pas les personnes des autres confessions. Au contraire, la charia leur accordait de la latitude ... Ils avaient leurs propres loi religieuse, croyances, etc. Ainsi, selon notre jurisprudence, l´identité civique existe bien. Qui a dit que l´islam veut exclure les autres ? L´islam s´efforce de guider les autres. Qu´ils l´acceptent ou non, c´est leur affaire. [...]

Dr Abd El-Mounim Abu Al-Futuh : Les peuples occidentaux, qui respectent les Droits de l´Homme, assurent l´égalité, et organisent des élections libres - pas des élections truquées, comme dans le monde arabe... Si vous dites que ces valeurs de l´État moderne sont contraires à l´islam, [je vous réponds que] ce n´est pas vrai. Au contraire : elles ont été inventées par l´ islam. Le premier contrat citoyen fut établi par le prophète Mahomet à Médine. [...]

Modérateur : Pourquoi ne fonctionne-t-il pas chez nous [Arabes] ? Parce que nous ne l´appliquons pas ?

Dr Abd El-Mounim Abu Al-Futuh : Non, ce n´est pas la seule raison. Il y a des groupes qui se prétendent islamiques, mais qui véhiculent une conception erronée de l´islam aux jeunes de la nation. Si vous enseignez aux jeunes de la nation qu´une femme n´a pas le droit de conduire, qu´est-ce que cela a à voir avec l´islam ? Quand, dans les pays du Golfe, ils prétendent que les femmes n´ont pas le droit de vote, quel rapport avec l´islam ? [...]

"Sous le règne de l´islam, il n´existe pas d´égalité. Un musulman n´est pas comme un dhimmi."

 

Sayyed Ayad Jamal Al-Din : Tout d´abord, la notion d´identité civique est une notion totalement occidentale. Elle n´a absolument rien à voir avec l´islam. Même le hadith du Prophète, ´L´amour de la patrie est un élément de la foi´, n´a rien à voir avec la conception moderne d´identité civique, basée sur l´égalité devant la loi. Sous le règne de l´islam, il n´existe pas d´égalité. Aucune égalité. Un musulman n´est pas comme un dhimmi. Le terme ´dhimmi´ véhicule une grande part de dédain et de mépris. C´est comme si un chrétien disait : "Je suis sous votre protection, sous votre pouce." Voilà ce que cela signifie...

Modérateur (au Dr Abd El-Mounim Abu Al-Futuh) : Il ne vous a pas interrompu...

Sayyed Ayad Jamal Al-Din : La notion d´identité civique est fondée sur l´égalité des droits et des devoirs, mais sous le règne de l´islam, musulmans et non-musulmans ne sont pas égaux - ni en devoirs, ni en droits. [...]

L´ancien régime taliban en Afghanistan représentait un pouvoir purement islamique et sunnite. [On peut trouver un exemple de] régime clairement chiite dans le pouvoir du Légiste de la jurisprudence, qui prétend se substituer au prophète Mahomet et... Il est l´équivalent d´Allah sur Terre.

Quiconque veut l´application de la charia doit aller voir du côté du go uvernement taliban ou du gouvernement des ayatollahs en Iran. Autrement, il devrait tendre vers le régime occidental des croisés, infidèle, qui a créé la Nouvelle-Zélande et le Canada, par exemple, ainsi que les Droits de l´Homme et la notion de libertés. Ces Droits de l´Homme n´existent pas dans l´islam. [...]

"La combinaison du Coran et de l´épée est dangereuse ; elle est plus dangereuse que la technologie nucléaire."

 

Membre de l´auditoire : Je suis chrétien, et j´ai été exilé d´Irak. Il y a des milliers de réfugiés chrétiens ici, au Liban. Je voudrais demander à Sayyed Ayad si c´est l´islam ou la politique qui nous a exilés d´Irak. [...]

Ayad Jamal Al-Din : La combinaison du Coran et de l´épée est dangereuse ; elle est plus dangereuse que la technologie nucléaire. Aujourd´hui, les gens sont exilés pour des motifs religieux et communautaires. Les chrétiens ont été exilés d´ Irak, de même que les Sabéens...  Les pacifiques yezidis d´Irak ont été attaqués. Il ne reste que quelques rares Sabéens en Irak, alors même qu´ils représentent une communauté pacifique.

L´expulsion communautaire est perpétrée au nom d´Allah. Nous avons eu droit à un émir qui massacrait la population en louant Allah. Aujourd´hui, on tue au nom d´Allah, on expulse au nom d´Allah, on met le feu aux habitations au nom d´Allah.

Ce n´est pas nouveau. On a assisté à des faits similaires dans le passé. Un émir des musulmans venu de Tunisie, alors appelée "Afrique", a vendu en esclaves un million de garçons à Damas, la capitale des Omeyyades. En outre, 300 000 fillettes âgées de 5 à 6 ans ont été vendues comme filles-esclaves. 1.3 million d´enfants furent arrachés à leurs mères et les pères et vendus comme esclaves. Est-ce pour cela que l e prophète Mahomet a été envoyé ?! A-t-il été envoyé pour assujettir les gens ? Pour les vendre comme esclaves sur les marchés de Damas, du Caire et de Bagdad ? [...]

"L´union de la laïcité d´Atatürk et du soufisme de Jalal Al-Din Rumi est le seul espoir de survie des musulmans en tant que nation"

 

L´union de la laïcité d´Atatürk et du soufisme de Jalal Al-Din Rumi est le seul espoir de survie des musulmans en tant que nation, de survie de l´islam en tant que religion, de survie de l´humain chez le musulman. [...]
 

 

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Le MEMRI détient les droits d´auteur sur toutes ses traductions. Celles-ci ne peuvent être citées qu´avec mention de la source.

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  • : Le blog de Gad
  • : Lessakele : déjouer les pièges de l'actualité Lessakele, verbe hébraïque qui signifie "déjouer" est un blog de commentaire libre d'une actualité disparate, visant à taquiner l'indépendance et l'esprit critique du lecteur et à lui prêter quelques clés de décrytage personnalisées.
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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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