IRAK - Les USA sortent ............Mais qui va entrer ?
Barack Obama aura atteint son pari : faire quitter les troupes combattantes américaines d’Irak, mais sans avoir rempli la mission initiale et en y laissant une situation des plus explosives, dans les deux sens du terme.
Avec le départ jeudi des deux dernières unités combattantes américaines, l’Irak est maintenant livré à lui-même et aux nombreux appétits locaux et étrangers, et si pour les Américains, la guerre s’achève, pour les Irakiens, il se peut qu’elle ne fasse que continuer en s’amplifiant.
Selon les experts militaires, deux risques majeurs de guerre civile existent aujourd’hui en Irak, avec en filigrane une tentative iranienne de prendre le contrôle d’une partie du territoire irakien. Le départ des Américains, laissant derrière eux un gouvernement irakien faible et divisé, ne présage rien de bon. Les trois groupes ethnico-religieux principaux peuvent faire glisser le pays dans une situation incontrôlable : Chiites contre Sunnites, et Chiites et Sunnites ensemble contre Kurdes.
La situation politique est par ailleurs très aléatoire : le parti du Premier ministre Al-Maliki, Etat de Droit », et celui d’Iyad Allawi, « Iraqiya » n’arrivent pas à s’entendre pour créer une coalition stable. Nouri Ala-Maliki s’emploie actuellement à renforcer la présence chiite au sein des officiers supérieurs de l’armée, afin de lutter contre les Sunnites et prendre le contrôle de différentes zones à Bagdad, ainsi qu’au centre et à l’ouest du pays, dès que les troupes US auront quitté le sol irakien.
Selon les Renseignements américains, l’objectif d’Al-Maliki est double : infliger une lourde défaite militaire aux Sunnites afin de neutraliser leur influence politique à Bagdad et qu’ils acceptent les conditions d’Al-Maliki, sous peine de voir d’autres zones prises par les troupes sous influence chiite. Deuxièmement, il s’agit d’une stratégie anti-saoudienne et anti-syrienne patente, qui vise à détruire toutes les zones d’influence sunnites en Irak, sur lesquelles s’appuient la Syrie et l’Arabie Saoudite.
Si ce scénario se concrétise, de nombreux Sunnites quitteraient alors l’Irak principalement vers la Jordanie qui n’est pas équipée pour recevoir des centaines de milliers de « réfugiés ».
Du côté Kurde, ce n’est pas plus encourageant. Les Kurdes pestent contre les Américains qu’ils accusent de les avoir abandonnés « sans avoir résolu le problème de Kirkouk et des nombreux champs pétrolifères qui s’y trouvent ». Les Kurdes sont actuellement sur le pied de guerre, et espèrent profiter d’un affrontement sunnite-chiite dans le reste du pays pour pouvoir s’emparer de la région de Kirkouk et de ses richesses en pétrole. Les Kurdes espèrent aussi prendre possession de certains territoires du centre de l’Irak, environ 250 km au nord de Bagdad, afin de créer une zone-tampon à la frontière iranienne et contenir une éventuelle attaque depuis le nord-est. Dans ce cas, des affrontements entre Kurdes et une coaltion Chiite-Sunnite de circonstance ne sont pas à exclure.
Mais tel un chat qui observerait patiemment des souris se chamailler entre elles, l’Iran pourrait être le principal bénéficiaire du départ des troupes américaines. Téhéran, qui a depuis longtemps noyauté le sud de l’Irak avec des services de Renseignements très efficaces, vise à prendre possession des immenses champs pétrolifères dans l’extrême sud de l’Irak, autour de la ville de Bassora, et qui fournissent à eux seuls 60% de la production pétrolière irakienne. Pour Téhéran, il s’agirait de la riposte la plus cinglante aux sanctions imposées par les Etats-Unis et l’ONU, notamment dans le domaine des carburants.
Les Iraniens souhaitent aussi agir dans le domaine symbolique en s’emparant des deux « villes saintes » de l’Islam chiite, Kerbala et Nadjaf, au sud de Bagdad. Ainsi, Téhéran dominerait tout le sud de l’Irak, économiquement et religieusement. Et si le centre du pays, avec la capitale Bagdad, tombait sous domination chiite irakienne, comme le veut le Premier ministre Nouri Al-Maliki, la zone d’influence iranienne s’étendrait un jour sur la majorité du territoire irakien, avec toutes les conséquences régionales que cela pourrait avoir, notamment sur Israël.
A l’image de son prédécesseur Woodrow Wilson, pacifiste convaincu (et naïf) en pleine Première Guerre Mondiale, Barack Obama « fait confiance dans les forces de paix qui se trouvent enfouies dans chaque être humain » et se dit confiant « que les Irakiens trouveront eux-mêmes les moyen de juguler le terrorisme et stabiliser leur pays ». A-t-il vraiment réfléchi à toutes les conséquences de sa décision, ou au contraire, préfère-t-il laisser le chaos s’installer en Irak et dans la région uniquement pour pouvoir dire au peuple américain avant les élections à mi-mandat : « Regardez, j’ai accompli ma promesse électorale » ?
par Shraga Blum - israel7