La Sainte Famille? Vous voulez rire ! C’est à pleurer, Laurent Murawiec
[*] Voir: M. Macina, En guise de cadeau d'adieu au Pape pour l'aider à mieux victimiser chrétiennement les Palestiniens (15 mai 2009); Le pape, les réfugiés et… la Sainte famille: un pacifisme irréaliste aux dépens d’Israël (15 mai 2009).
14/06/09
Repris du site de Metula News Agency, 09/06/09
Des circonstances indépendantes de ma volonté, comme on dit, m’ont empêché, il y a peu, d’écrire ce qui suit. Quand bien même un événement bouscule l’autre, il n’est pas inutile d’y revenir : je parle de la visite de Benoît XVI en Israël.
J’ai suffisamment polémiqué contre ce que j’estime être des réactions abusives à l’encontre de l’Eglise catholique et du Vatican pour que l’on me fasse un peu crédit en la matière ; j’ai tourné ma langue sept fois dans ma bouche. Les déclarations du Pape comparant les Palestiniens à la Sainte Famille sont odieuses.
Ce disant, le Pape a fait des Palestiniens une manière de réviviscence de l’histoire christique ; il en fait, conformément aux niaiseries à la mode, le parangon de la souffrance : il en est presque à en faire un Agneau de Dieu, morbleu !
Jésus, Marie, Joseph : par la grâce papale, la Sainte Famille est réactivée sous les traits des Palestiniens. Le Pape a repris les clichés honteux sur le peuple juif, que psalmodie sans répit le monde arabo-musulman, à l’appel quotidien de ses muezzins.
Si certains incarnent la Sainte Famille, qui joue donc le rôle d’Hérode ? Qui est responsable de la fuite éperdue de la Sainte Famille ? A la vérité, il n’est pas bien loin du déicide. Le Pape veut-il dire cela ? Non, je n’y crois pas un instant, mais le choix de ses mots est accablant.
Eu égard à la réalité exterminatrice de la pratique et du discours palestiniens d’hier et d’aujourd’hui, exhorter les parties au conflit au « respect mutuel » est une pirouette rhétorique vide de sens, ce que Blaise Pascal appelait une « fausse fenêtre », une symétrie factice.
Embrasser l’autodéfinition émise par ses idéologues, des Palestiniens comme le peuple-victime, les présenter comme ayant été chassés de « leurs » terres par l’envahisseur israélien, même quand on ajoute d’apaisantes paroles sur les droits d’Israël, c’est appeler à l’expulsion du peuple d’Israël.
Oh ! Non ! Le Pape ne l’entend pas ainsi, loin de là. Mais le monde arabe et musulman a fort bien entendu le dit et le non-dit. Souffrance à Gaza ! L’écrasante responsabilité du Hamas est évacuée par l’omniprésence de la « souffrance ». Il faut justice et respect mutuel ! Mais l’enseignement permanent de la haine et du mépris sont du côté palestinien, arabe et musulman, et pas ailleurs. De cela, pas un mot.
Persécution systématique des Chrétiens dans les territoires palestiniens ? Pas un mot non plus. De l’implacable volonté de l’islam et de ses expressions palestiniennes, [du fait] de ravaler à la dhimmitude chrétiens et juifs en « terre d’Islam », du djihad pratiqué tant par Arafat que par le Hamas, rien ; du refus infâme de toute autorité palestinienne de reconnaître le caractère juif d’Israël, bouche cousue.
S’étendant, par contre, sur la barrière de sécurité, le Pape a affirmé que « les murs peuvent être abattus », sans s’aviser que les Israéliens peuvent également l’être, si une barrière n’empêchait les terroristes palestiniens de les atteindre. La petite paille dans l’œil du monde arabo-musulman, la grande poutre dans celui d’Israël.
En lançant un appel « à l'ouverture et à la générosité d'esprit pour mettre fin à l'intolérance et à l'exclusion », le pape a aussi souhaité que le « peuple de Palestine » puisse « jouir de la paix, de la liberté et de la stabilité », dont il a été « privé depuis si longtemps ». Qui donc les en a privés, sinon leurs propres leaders, gangsters et assassins ? Motus. Ah, Très Saint Père, quel regard sélectif, quel choix biaisé de ce que vous voulez bien voir et de ce que vous ne voulez pas voir !
Ce n’est plus de la myopie. C’est l’adoption, en gros et en détail, du grand mythe palestinien. Les raisons de cette reddition papale au Grand Mensonge peuvent être complexes. On en invoquera beaucoup. Mais ce qui importe, ce n’est pas l’intention, c’est le résultat. Les bien-intentionnés ont les mains blanches, mais ils n’ont pas de mains. C’est le plus charitable que l’on puisse être quant aux déclarations que j’incrimine.
Où est le Pape qui, naguère, en 2006 encore, dans sa leçon de Ratisbonne, parlait avec franchise à l’islam pour lui dire que la religion ne peut se dispenser de la raison ?
Le monde arabo-musulman a fait de la fiction palestinienne la pierre de touche de tout et de n’importe quoi. Quoi qu’on dise par ailleurs, faire génuflexion devant la fiction, c’est déclarer que l’on se range du côté de ses parrains. Nul n’a, ici, la vérité en tête, mais, je le crains, des motifs que nous baptiserons de moins élevés. Quelle pitié !
Qui aura entendu les benoîtes platitudes pacifistes énoncées en Terre sainte ? Qui, par contre, ne retiendra que l’inculpation implicite d’Israël, l’apologie explicite des « victimes », et l’exonération, par omission, des Palestiniens de toute responsabilité dans la situation qui est la leur ?
Les mots prononcés en faveur de la réconciliation pèsent comme plumes par rapport au plomb des actes. Fauteur de souffrance, Israël est coupable. Souffrance incarnée, le « peuple palestinien » est théophore, surtout si on le compare à la Sainte Famille. Le couperet tombe, et si les missiles palestiniens tombent sur Israël, le Pape, tel qu’on vient de l’entendre, parlera des plumes et non du plomb.
Le cardinal Ratzinger a écrit dans le passé d’importantes et de profondes choses sur le rapport du Christianisme au Judaïsme. Il a fait des gestes qui allaient dans le même sens. De ce voyage, on était en droit d’attendre autre chose. Ce qu’on a entendu est affligeant, et plus.
Ou bien le Pape a conscience des énormités qu’il a proférées, ce qui est impardonnable ; ou il n’en a pas mesuré le sens, ce qui ne l’est pas moins. Loin de se positionner en faiseur de paix, comme - qui sait? - il le croit peut-être, le Pape a choisi un camp ; ce n’est ni celui de la justice, ni celui de l’espoir, ni celui de la charité. C’est celui de la Realpolitik.
Je le répète : j’ai assez rompu de lances en faveur de Joseph Ratzinger, Pape, pour me permettre la virulence de ce propos. D’où qu’elle vienne, l’ignominie est inacceptable.
Laurent Murawiec
© Metula News Agency
Mis en ligne le 14 juin 2009, par M. Macina, sur le site upjf.org