Par Colin Reingewirtz pour Guysen International News
23/08/09
S’agit-il du premier échec de l’administration Obama ? Le dossier est pour le moins épineux. Coûteux et inefficace, le système de santé a besoin d'être réformé. La solution du Président : couvrir 94 % des Américains, faire économiser 2 000 milliards de dollars à l'Etat en dix ans, proposer une véritable alternative au système privé et offrir une couverture médicale abordable pour les non-assurés. Si la réforme est censée mettre fin à un système trop cher pour l’Etat et les citoyens, elle n’est pourtant pas au goût de tous. Entre Républicains et Démocrates, lobbies et syndicats, actifs et seniors, la question semble ankylosée. Quinze jours après le début de la bataille, retour sur un débat houleux.
Il s’agit donc pour Obama de mettre un terme à ce paradoxe gênant : aux Etats-Unis, où le système de santé est le plus cher au monde, tous les habitants ne sont pas assurés. En 2004, ils étaient 46 millions de non-assurés – dont 8 millions d’enfants – et on estime qu'ils sont aujourd'hui entre 48 et 50 millions, soit près de 16 % de la population.
Il s’agit donc pour Obama de mettre un terme à ce paradoxe gênant : aux Etats-Unis, où le système de santé est le plus cher au monde, tous les habitants ne sont pas assurés. En 2004, ils étaient 46 millions de non-assurés – dont 8 millions d’enfants – et on estime qu'ils sont aujourd'hui entre 48 et 50 millions, soit près de 16 % de la population.
Les raisons sont multiples : ils ne peuvent se l’offrir, ou ils ne sont pas éligibles à l'assurance publique, ou encore ils choisissent de ne pas prendre d'assurance. Principale cause : le surendettement. Plus de 77 millions d'Américains de plus de 19 ans auraient des difficultés pour payer leurs factures médicales.
Car le gouvernement ne prend en charge que 20% des assurés, à travers le système ‘Medicare’ pour les retraités et les invalides, et ‘Medicaid’ pour les personnes à très faibles revenus, les handicapés et les anciens combattants. Ces deux programmes d’aide représentent à eux seuls 4% du PIB – un chiffre qui pourrait tripler d’ici 2012. Le reste des assurés le sont par des assurances privées, pour la plupart via leur employeur qui prend alors en charge 70% à 80% des frais, selon des règles déterminées. En revanche, les Américains les plus défavorisés doivent souscrire directement à des assurances privées qui, n’étant soumises à aucune règle, escroquent fréquemment leurs clients.
Réformer ce système trop cher et injuste paraît donc inévitable. Obama veut rendre l’assurance obligatoire pour tous les Américains. Sans toutefois imposer une assurance commune à tous les citoyens, il souhaite leur offrir le choix entre une option publique et une privée, davantage réglementée.
Dans le système public, destiné aux plus démunis, le Président projette d’étendre le système ‘Medicare’ aux plus de 65 ans, une extension qui coûterait à l’Etat 1000 milliards de dollars sur dix ans. En créant une assurance publique qui ferait concurrence au privé, on obligerait selon lui « les compagnies privées à baisser leurs prix et à être honnêtes ».
Pour ce qui est du secteur privé, la réforme prévoit que les assureurs n'auront plus le droit de refuser un client, ou de lui faire payer plus cher pour des questions d' âge ou de santé. Par ailleurs, tous les employeurs devraient proposer une assurance à leurs salariés, sans quoi ils seraient contraints de payer une taxe supplémentaire.
Si la réforme traîne, c’est que les opposants sont nombreux. Premier obstacle aux Démocrates : les Républicains. Ceux-ci basent leur contestation sur un argument budgétaire : les 1000 milliards qu’exige la réforme ne feront qu’accroître le déficit national, qui a atteint les 1300 milliards de dollars au mois de juillet dernier. Le Sénateur Républicain Jim DeMint est allé jusqu’à jurer de faire du projet « le Waterloo d'Obama »
Autres opposants, ceux qui ont beaucoup à perdre dans la réforme. Parmi eux, les médecins, laboratoires et hôpitaux, soit « l’offre médicale », à laquelle reviennent théoriquement les dépenses de santé. L’industrie pharmaceutique, notamment, s’oppose à la décision d’Obama de renégocier à la baisse les prix de certains médicaments. On peut toutefois raisonnablement imaginer que l’ensemble du corps médical n’est pas opposé à la réforme, pour de simples raisons éthiques ; ou, pour les plus cyniques, parce que les médecins auraient davantage de patients si tous les Américains étaient assurés.
En réalité, ceux qui craignent vraiment le nouveau système de santé, ce sont les assurances privées. Si le gouvernement impose une baisse des prix à la fois aux laboratoires pharmaceutiques et aux services médicaux, la réforme risque de donner un avantage concurrentiel au secteur public et d’ainsi vider le secteur privé de son marché.
Face à cette avalanche de critiques, également alimentée par des militants ultra conservateurs qui refusent toute organisation collective, la réforme prend du retard. Le texte final ne sera voté qu’à la rentrée parlementaire. D’ici là, la bataille entre les deux camps ne diminuera pas en intensité, comme le confirment les multiples initiatives prises par le Président pour défendre son projet – un Président qui n’a pas hésité à faire appel à son histoire personnelle pour répondre aux propos de Sarah Palin: « Ce que vous ne pouvez pas faire, ou du moins ne devez pas faire, c'est dire que nous voulons créer des tribunaux de la mort pour débrancher grand-mère. J'ai perdu ma grand-mère l'an dernier. Je sais ce que c'est de voir un être cher vieillir, dépérir, et de devoir vivre avec ça», a-t-il déclaré la semaine dernière dans le Colorado.