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19 octobre 2010 2 19 /10 /octobre /2010 18:56

 

Bann-derriere-le-miroir

 

Ahmadinedjad : profil bas à Beyrouth et haute main sur Bagdad … à moins que le joker kurde ne redistribue les cartes.

 

 

Par Marc Brzustowski

 

 

Pour : www.feminin.co.il

  

 

 © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info

 

Jeffrey Feltman, l’assistant au secrétariat d’Etat chargé du Proche-Orient a été envoyé au Liban par Washington, afin de faire le point sur les dommages causés aux intérêts américains par la visite d’Ahmadinedjad. Il a prévenu ses hôtes que l’Amérique ne permettrait pas à l’Iran d’avoir un pied-à-terre sur les rives de la Méditerranée. C’est peut-être oublier un peu vite que, depuis l’ère Khomeiny, la République islamique a construit pas à pas, à travers le Hezbollah, le débouché d’exportation de sa révolution, en prise directe sur « le petit Satan » israélien. Il constitue sa force de blocage de toutes les institutions libanaises. L’Administration américaine semble ainsi vouloir rappeler que cette enclave n’ira pas au-delà de la menace qu’elle représente, pour l’ensemble de la région. Mais qui a réellement la main?

 

Du séjour d’Ahmadinejad au Liban, on peut dire qu’il semble avoir montré les limites de cette emprise panchi’ite au Proche-Orient : si les déclarations furent fracassantes comme on s’y attendait, elles n’ont pas permis au dictateur iranien de mettre en avant son vassal Hassan Nasrallah, voire même, qu’à dessein ou contre sa volonté, celui-ci n’est apparu que comme une ombre sur grand écran, lors du discours de Daniyeh, pourtant en plein quartier contrôlé par la milice supplétive. Il n’a pu profiter de l’occasion pour un grand retour par l’escalier de service au Sud-Liban, laissant seul son mentor tenir tribune à propos de la « résistance libanaise » et de la supposée disparition imminente d’Israël, à Bint Jbeil. Or, sans démonstration de force de la milice pro-iranienne à la frontière, sans l’orchestration par le chef de cette milice de l’ensemble de la mise en scène, avec l’annulation du « clou de la fête », l’inauguration par Ahmadinedjad d’une maquette figurant la mosquée du Dôme du Rocher à Jérusalem, les discours exterminateurs de celui-ci avaient tout d’un discours de dictateur chaplinien à qui on aurait coupé les micros. Il hurle, il se démène, mais il reste sans force de conviction et peut même prêter à sourire.

 

Mieux, le Président iranien a eu beau proposer des livraisons d’armes à l’armée libanaise, celle-ci a décliné l’offre au motif que l’Iran est sous embargo et qu’elle ne peut donc prétendre exporter que par la voie de ses filières de contrebande. Il n’a pas, non plus, été question d’annuler les visas entre les deux pays pour favoriser les échanges de voyageurs. Le Tribunal sur le Liban est toujours d'actualité. L’essentiel des 16 accords passés semble donc concerner l’appui promis par Téhéran en matière énergétique, notamment concernant l’exploration pétrolière et gazière que Beyrouth revendique, depuis les découvertes israéliennes au large d’Haïfa et Hadera. Jouant l’unité du Liban contre l’affirmation de sa position de force à travers le Hezbollah, il est difficile d’en dégager l’impression nette d’une mise sous tutelle iranienne.

 

Mais il ne faut jamais sous-estimer le joueur d’échecs iranien. Peut-être avait-il tout intérêt à effaroucher le moins possible Beyrouth, à s’en tenir à une démarche officielle, en évitant, précisément, de sortir le grand jeu. Un Hezbollah trop voyant aurait été comme une signature en bas d’une demande de reddition et de soumission à l’empire Pasdaran. L’essentiel ne se joue pas dans l’immédiat des discours tonitruants. Il s’agit, au contraire, de poursuivre la mise en œuvre d’un front du Levant qui comprend, peu ou prou, l’Iran, la Syrie, le Hezbollah pour l’ensemble du Liban, la Turquie. Axe qui entend bien soumettre d’ici peu une pièce manquante de choix : en l’occurrence, l’Irak que laissent derrière eux les troupes américaines.

 

 Pendant cette visite très médiatisée, un autre vassal, le Syrien Bachar al-Assad recevait plus discrètement Nouri al-Maliki, prétendant irakien au renouvellement de son mandat de Premier Ministre. Le même était le 19 octobre chez Ahmadinedjad. Il a récemment reçu le renfort de l’ennemi n°1 des Etats-Unis, Moqtada Sadr, parrain des milices du Jaysh al-Mahdi, exilé à Qom et qui s’apprête à l’aider à constituer un gouvernement 100% made in Iran. Il est appuyé en cela par sa maison-mère des Pasdaran, ainsi que par le Hezbollah présent en Irak dès l’entrée des forces américaines en 2003. Les exigences des groupes directement affiliés à Téhéran ne sont pas des moindres : elles comprennent plusieurs ministères-clés, tel que celui de l’intérieur, de l’énergie pétrolière, du budget, voire des forces armées. Ainsi, l’Iran qui connaît quelques préoccupations économiques et sécuritaires à l’intérieur, ferait de l’Irak son double chargé de renflouer les caisses et de substituer à l’influence américaine celle d’un gouvernement ventriloque. Tout comme la mainmise de la Révolution islamique sur la cause palestinienne, - dont l’ambition se traduit par la dénomination de « brigades al-Qods » donnée à l’élite des Pasdaran,- le projet d’annexer le Sud-Irakien chi’ite, autour de Bassorah, Nadjaf, Kerbala, et maintenant la capitale Bagdad, fait partie des tous premiers projets d’extension de l’ère Khomeiny. Finalement, le retrait américain après l’élimination de Saddam Hussein apparaît comme pain béni pour Téhéran. Cela lui permet de réaliser un parmi ses tous premiers objectifs et même plus. Ce qui semble pouvoir donner un second souffle à une révolution qui connaît "quelques couacs" à domicile. Une telle annexion en douceur et, qui plus est, par voie électorale constituerait une manne tenant du miracle. Elle prouverait à un peuple devenu rebelle le bien-fondé d’une politique « révolutionnaire », tenue d’une main de fer par les Gardiens de la Révolution. Le tremblement de terre provoqué par une mainmise iranienne sur Bagdad, marchant sur les corps des Marine’s américains tués au combat en Irak, serait la plus grosse OPA jamais réalisée par l’Iran depuis la prise de l’Ambassade américaine à Téhéran en 1979, sous le regard d’un Jimmy Carter médusé. Un tel projet démiurgique a déjà coûté une guerre  qui s’est soldée par plus d’un million de morts entre 1980 et 88, aux deux pays. Et voilà que l’Amérique permet l’impensable. Il faudrait être fou pour dépenser plus.

 

Détenir cette carte-maîtresse démontrerait l’inanité des ambitions américaines au Moyen-Orient, l’imbécilité chronique de ses meilleurs stratèges. Et la fameuse stratégie des dominos initiée par l’ancienne Administration Bush ne connaîtrait alors plus qu’un vainqueur : ce fou hystérique d’Ahmadinedjad, promis à un règne nucléaire sans partage, du fait du contrôle de l’armée irakienne, précisément mise en place par son meilleur ennemi pour mieux le contenir. La question libanaise de l’accès à la Méditerranée n’est plus, alors, qu’une formalité annexe au dossier complet, encore renforcé par l’indispensable allié turc. Lequel contrôle les accès à l’Europe, grâce à son intégration, à ses conditions, dans l’OTAN. Et le souhaite encore Washington, à l’Europe, tant qu’on y est.

 

Cette alliance irano-turque, qui passe par la médiation syrienne est d’autant plus cruciale, pour boucler la boucle, qu’il ne reste réellement, face à nos compères construisant leur consortium hégémonique à bénéfices partagés, que deux obstacles à leurs aspirations : Israël, bien évidemment. Et la question kurde que le Moyen-Orient n’a jamais voulu résoudre. On comprend, alors mieux, le double-encerclement dont il s’agit :

 

-      en finir, un jour ou l’autre, mais rien ne presse, avec « l’entité sioniste » honnie. Et là, le profil bas d’Ahmedinedjad au Sud-Liban trahit plutôt la vieille patience perse dont il est prêt à s’armer pour parvenir à ses fins.

-      Mais dans un premier temps, neutraliser le jeune Kurdistan né par l’entremise de l’invasion américaine en 2003, et qui apparaît aujourd’hui comme le faiseur de rois à Bagdad.

Le ballotage entre le Sunnite laïc Ayad Allawi et le Chi’ite Al-Maliki se joue à deux sièges. Les forces kurdes en détiennent 57. Quelle que soit le soutien qu’al-Maliki est parti chercher à Damas et Téhéran, le Kurdistan irakien détient la force de blocage au moins équivalente à Bagdad à celle du Hezbollah à Beyrouth.

 

Le bras de fer et la course de vitesse entre les deux puissances dominantes, américaine et iranienne, se joue par l’entremise de ces deux challengers : l’un est une épine dans le pied d’Israël, de concert avec le Hamas. L’autre, un exemple d’autonomie minoritaire qu’aucun des pays hégémoniques tentés par l’alliance avec Téhéran n’a intérêt à laisser perdurer, s’ils veulent emporter la partie.

 

Le soutien d’Ankara au Hamas de Gaza se comprend comme un retour d’ascenseur visant à remobiliser ses alliés contre l’émergence de cette entité kurde, qui attise les aspirations à l’autonomie des autres minorités de même obédience en Syrie, en Iran et en Turquie. 

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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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