Le chasseur-bombardier F-15SA en possession de l’armée de l’air saoudienne. 

Grâce à ses dernières acquisitions en provenance de Washington et d’Europe, l’armée de l’air saoudienne disposera de plus de chasseurs-bombardiers et de modèles plus avancés que l’armée de l’air israélienne. Le Premier Ministre Binyamin Netanyahou et le Ministre de la Défense Ehud Barak ont récemment relayé leur profonde préoccupation à ce sujet au Président Barack Obama, au Secrétaire de la défense Hillary Clinton et au Secrétaire à la Défense Léon Panetta.

Des sources militaires de Debkafile à Washington confient qu’Israël a fait part de ses préoccupations avec la plus extrême discrétion, de façon à ce qu’elles ne soient pas perçues comme une façon d’entraver l’expansion de la Royal Air Force saoudienne, alors que Riyad rassemble ses forces pour faire face à Téhéran si les exportations de pétrole saoudiens étaient sabotées par des attaques iraniennes sur ses sites de production ou la fermeture du Détroit d’Hormuz, sa voie d’exportation vitale.

Le mois dernier, les Etats-Unis ont accepté de vendre 84 chasseurs-bombardiers avancés F15 SA à l’Arabie Saoudite, pour une valeur de 29, 4 milliards de $. Les premières livraisons devraient avoir lieu en 2015. L’offre globale comporte l’amélioration de 70 avions F-15 de la Flotte aérienne saoudienne. Riyad achète aussi 72 chasseurs-bombardiers Eurofighter Typhoon avancés. En tout, le royaume pétrolier disposera de la flotte de chasseurs-bombardiers la plus vaste et la plus sophistiquée du Moyen-Orient.

Les dirigeants israéliens ont rappelé à l’Administration Obama son engagement de maintenir l’avantage militaire qualitatif dans la région. La fourniture d’avions aux Saoudiens  met cet avantage en doute.

 Ils ont exprimés deux autres causes de préoccupation supplémentaires :

1.  Un beau jour, l’Arabie Saoudite, qui n’a jamais accepté de relations de paix avec Israël, pourrait être tenté d’attaquer l’Etat Juif depuis une basé aérienne très proche des côtes israéliennes. Cette proximité, ainsi que la taille et la qualité de sa force aérienne permettront à des dizaines d’avions de guerre de pénétrer les défenses aériennes d’Israël et de larguer des bombes sur le sud et le centre d’Israël.

2.   Israël craint également que quatre ou cinq pilotes ou aviateurs enrôlés par la cause islamiste, puissent former une cellule d’al Qaeda au sein de l’armée de l’air saoudienne et conspirer pour commettre un attentat-suicide contre des villes israéliennes, sur le modèle des attentats du 11 septembre contre New York et Washington, dont la plupart des participants étaient des Saoudiens d’al Qaeda.

Les responsables du renseignement en Israël, en contact étroit avec leurs homologues américains, leur ont demandé des assurances saoudiennes sur la fiabilité des équipages aériens qui seront amenés à manier ces nouveaux avions F-15 SA. On leur a dit qu’aucune garantie de cette sorte n’avait été requise.

Jusqu’à présent, Israël a fait connaître ses préoccupations à l’intention de l’Administration Obama, sans faire de requête particulière en vue de la suspension de la fourniture d’armes. Israël est conscient que la région du Golfe est en haleine, en ce qui concerne sa sécurité et que les Saoudiens sont en pleine préparation militaire pour repousser tout mouvement iranien potentiellement agressif, à la suite de l’embargo pétrolier approuvé par les Etats-Unis et l’Union Européenne contre le programme nucléaire iranien.

Jérusalem prend aussi en considération l’importance de l’affaiblissement de l’économie américaine dans cette vaste transaction concernant des avions de guerre avec l’Arabie Saoudite, qui soutiendra le maintien de 50 000 emplois dans l’industrie aéronautique américaine et de 600 contractants américains fabricants de composants d’avions.

Obama ne sera certainement pas sensible à ce problème en période de recherche de sa propre réélection. Mais aucune de ces considérations n’apaise la profonde anxiété qui prévaut aux échelons supérieurs du haut commandement aérien et militaire à propos du changement de niveau radical accordé à la puissance aérienne saoudienne, lui fournissant la capacité de surclasser et de distancer Israël dans ce domaine.

DEBKAfile Reportage exclusif 25 janvier 2012, 10:27 PM (GMT+02:00) 

http://www.debka.com/article/21679/

Adaptation : Marc Brzustowski.