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13 octobre 2010 3 13 /10 /octobre /2010 12:04

 

 

 ANALYSE-A-LA-UNE

Ahmadinedjad à Beyrouth :

 

des armes et du forage en mer, contre l’impunité du Hezbollah face au Tribunal International 

 

 

Par Marc Brzustowski

 

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info

 

La légende urbaine la mieux partagée par la presque totalité des grands leaders de la Planète -y compris Ehud Barak, à Jérusalem- est que le Hezbollah soit né en réplique à l’invasion israélienne du Liban en 1982, la fameuse opération d’Ariel Sharon, « Paix en Galilée ». Des rivalités se sont faites jour entre la milice Amal pro-syrienne et une autre partie des chi’ites, autour d’Abbas Moussawi, du Sheikh Fadlallah et d’un nouvel « Amal islamique », admirateur de l’Ayatollah Khomeiny et de son œuvre en Iran.

 

Les opérations israéliennes au Liban contre l’instauration d’un Etat de fait, le Fatahland à la frontière nord, ont, certes, servi de catalyseur. En réalité, les échanges entre l’OLP au Liban et les ayatollahs en exil, accueillis dans les camps d’entraînement de l’organisation palestinienne sont constants, au cours des années précédentes. L’actuel Guide Suprême, Ali Khamenei a ainsi fait escale dans l’un de ces camps d’où partent les attaques terroristes contre Maalot (1974), ou le débarquement meurtrier de Samir Kuntar (1979), l’assassin de Danny (le père) et Heirat Haran, une petite fille de dix ans, sur une plage du Nord d’Israël. L’un des instructeurs est alors le jeune palestinien Imad Mughnieyh, qui deviendra l’architerroriste que l’on sait et la liaison indispensable entre les Gardiens de la Révolution, exploitant ses « talents » sur les cinq continents (dont Buenos-Aires) et le Hezbollah émergeant au Liban (Attentats du Drakkar, des baraquements US, enlèvements, meurtres en série…).

 

La question est donc moins celle de la poule et de l’œuf que de comprendre l’attrait immédiat des Ayatollahs pour l’exportation de leur révolution à travers le monde, la formation logistique et idéologique délivrée, ensuite, par les cadres les plus aguerris des Pasdaran, l’allégeance au Velayat-e-Faqih, qui sont les piliers du concept de « Parti de Dieu ». L’autre élément important de la force du Hezbollah au Liban réside dans le culte du Martyr, érigé en idéal de la guerre sainte par le Cheikh Naïm Qassem, qui reste actuellement, le n°2 du cercle dirigeant la milice pro-iranienne. Il subordonne la notion de « victoire » à l’attentat-suicide, qui se répandra en légion noire, à partir de cette période : camions piégés, techniques de harcèlement se soldant par le sacrifice du combattant, guet-apens et massacre des blessés, prisonniers, personnels de santé sur le théâtre de guerre… Le martyr importe plus que le résultat effectif de la mission et offre cette « qualité » particulière que le sens de la guerre, pour le soldat d’une armée fondée sur des valeurs humaines, est de préserver la vie des civils. Ce qu’ignoreront désormais, les Islamikazes lancés par l’Iran dans toutes les guerres insurrectionnelles ou terroristes modernes. Dont le Hamas palestinien, à partir du lancement du « processus de paix ».

 

Après plus de trente ans de parrainage, Ahmadinedjad vient donc récolter les bénéfices de l’investissement iranien au Liban. Il arrive à Beyrouth au beau milieu d’une lutte juridique existentielle pour l’avenir du Pays du Cèdre, autour du report du Tribunal international sur le Liban (TSL) : lequel doit trancher dans les responsabilités au sujet du meurtre du père de l’actuel Premier Ministre, Saad Hariri. C’est donc, d’abord, le protecteur du Hezbollah qui débarque à l’aéroport international, que ce dernier a déjà pris en otage et sous sa surveillance, depuis la précédente amorce de guerre civile, au printemps 2008.

 

Il s’y présente également à l’intersection du blocage du « processus de paix », soutenu par les Etats-Unis, et à moins de 3 semaines des élections de mi-mandat à Washington et d'un probable contre-pouvoir républicain au Congrès, plus énergique. Il vient rappeler aux Libanais la dévotion totale (le Martyr) qu’il attend d’une grande partie d’entre eux, pour être « le poste avancé de la guerre iranienne contre l’Occident » : l’Amérique et Israël.

 

Contre ce rôle d’avant-garde, Ahmadinedjad apporte deux présents empoisonnés :

 

-       -  d’abord, depuis l’attentat calculé d’un sniper du 9è bataillon libanais contre un officier supérieur israélien, le 3 juillet, les Etats-Unis veulent conserver l’armement libanais sous leur coupe. Mais Oncle Sam est devenu réticent à livrer des armes à une armée « régulière » qui ne serait plus aujourd’hui que supplétive de la milice pro-iranienne. Il y a conflit d’intérêts marqué avec Israël. En prenant de vitesse l’Amérique à ce double-jeu où la traîtrise a toujours une information d’avance sur les autres joueurs, Téhéran souhaite parachever sa mainmise sur la plupart des services de sécurité, sur l’Etat-Major, principalement sa partie immergée au Sud-Liban et utiliser la question sulfureuse du surarmement de sa milice en vue d’une fusion milicienne et militaire à son profit et sous son commandement suprême.

 

250 intellectuels, leaders d’opinion, journalistes et cadres se sont élevés, dans une lettre ouverte adressée au visiteur, contre ce désir hégémonique explicite : « La vocation du Liban », déclarent-ils en substance, « est d’être un « pays de soutien  dans la confrontation avec Israël, et non un « pays de confrontation ». Nous vous incitons à vous abstenir de considérer le Liban comme un avant-poste dans votre bataille universelle ». Et de fustiger l’argent et l’armement livré à une partie seulement des factions libanaises contre une autre, qui menace la souveraineté de ce pays de 4 millions 125 000 habitants au bord du gouffre et suspendu au moindre souffle iranien. Le geste de franchise de la part de ces Libanais souverainistes est héroïque, autant qu’il sera considéré comme un signe de leur naïveté par le cacique des Ayatollahs : ils rappellent, en effet, l’attachement de la plupart des dignitaires chi’ites au caractère multiconfessionnel de ce pays. De tous, sauf un mouvement, sans doute : celui qui détient les clés de la guerre ou de la paix, comme il a su le prouver en juillet 2006.

 

-       - L’autre point sur lequel compte insister Ahmadinedjad est que l’Iran est, depuis longtemps un pays pétrolier et gazier. Or, depuis peu, Israël a lancé un forage d’exploration, suite à la découverte de nappes de gaz et de pétrole, en abondance, au large des côtes d’Haïfa et Hadera. Une fois ces découvertes israéliennes faites, le Liban s’est empressé de contester la propriété de telle ou telle étendue des nappes sous-marines. Et le Liban peut, d’autant plus aisément le faire que, du fait de l’état de guerre, les délimitations maritimes entre les deux pays restent livrées au flou artistique. Tant que le conflit durera, aucun accord de coopération ou de répartition en vue d’une libre-exploitation par chacun ne pourra être seulement envisagé entre Beyrouth et Jérusalem. Pire, les sites marines à venir font, d’ores et déjà, l’objet de préoccupations sécuritaires, car difficiles à protéger contre l’afflux de vedettes-suicide rapides, telles qu’en possède l’Iran et qu’il pourrait les fournir à son bras armé. Israël est donc en train de renforcer sa force de frappe marine et de s’adapter à ces nouveaux enjeux.

 

Ainsi, l’avant-poste guerrier de l’Iran peut-il se transformer en plateforme pétrolière et gazière inflammatoire, visant à contrarier l’accès au statut de nouvelles puissances énergétiques de ces deux pays côtiers de la Méditerranée… Tout pour plaire à Ahmadinedjad, dont les propres réserves emblématiques de Pars-Sud stagnent, en partie du fait des sanctions économiques imposées à son pays. Les Pasdaran continuent aussi d’enregistrer un délabrement de la situation sécuritaire à domicile ou en proche périphérie :

 

-      - l’humiliation principale est venue de l’incapacité à faire face à une menace cybernétique non-identifiée, le fameux virus Stuxnet qui fait aujourd’hui, fantasmer. Le réacteur nucléaire de Bushehr, à peine inauguré, a dû reculer sa mise en service de plusieurs mois. Pire, ce sont l’ensemble des secrets les mieux gardés électroniquement qui sont à la merci de la destruction ou de la captation, depuis Ispahan, Arad et ailleurs. On constate la disparition de membres du personnel affecté au nucléaire, appréhendés par les services de renseignement iraniens. Il est plus que probable que certains ont été exécutés ou sont morts sous la torture, soupçonnés d’avoir introduit le malware.

 

-     -  Le Jundallah baloutche revendique, non plus seulement la mort de dignitaires Pasdaran, mais bien l’enlèvement d’un chercheur nucléaire, Amir Hussein Shirani. Il s’affiche donc comme informateur potentiel des puissances en lutte contre les visées apocalyptiques iraniennes. Le kidnapping a eu lieu en pleine ville d’Ispahan, d’autant plus sécurisée qu’elle est un des principaux centres du programme atomique. La sécurité intérieure dément, bien évidemment, l’importance du personnage, devenu subitement, simple chauffeur de taxi.

 

 

-      - A mesure que l’influence iranienne progresse en Afghanistan, les raids de Predators américains ne lui laissent aucun répit : plusieurs agents de liaison entre al Qaeda et l’Iran sont annoncés comme morts probables, victimes à confirmer de ces frappes : Atiyah Abd al Rahman, Lybien, ambassadeur de Ben Laden chez les Mollahs ; Fahd Mohammad Ahmed al Quso, impliqué dans l’attaque de l’USS Cole, le 12 octobre 2000 ; Khalid al Harabi, chef de la Brigade 055 d’al Qaeda ;

 

L’Iran réplique en Irak, au Yémen et à Beyrouth : le Liban n’a pas les moyens de rivaliser sur mer ni dans le domaine technologique avec Israël. Cette nouvelle zone d’influence et ce statut d’« indépendance » énergétique à conquérir semble ne pouvoir l’être que par l’entremise du renfort de la menace constante du Hezbollah maritime.

 

Le new deal que peut, dès lors, proposer Ahmadinedjad, tout en mettant un ton de moins dans les notions d’« avant-poste » guerrier, consiste donc à mettre les postulants à une relative neutralité du Liban en sourdine, tout en apportant une « ceinture » armée, aussi bien terrestre que maritime, au Liban.

 

Beaucoup de prospecteurs ont pronostiqué que la prochaine guerre au Moyen-Orient serait celle « de l’eau ». Il y a fort à parier que Téhéran cherche à protéger ses pions et à les faire avancer sur les traditionnels sites de confrontation, dans cette région : le pétrole et le gaz…

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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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