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20 février 2011 7 20 /02 /février /2011 23:59

 

 

NOTE D'ACTUALITÉ N°238 
AMÉRIQUE LATINE
SITUATION SÉCURITAIRE EN 2010
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Alain Rodier
18-02-2011

La situation sécuritaire en Amérique Latine en 2010 continue à se dégrader. Sept pays de ce continent se classent dans les huit premiers du monde en ce qui concerne le rapport nombre d'homicides/nombre d'habitants. Cette insécurité permanente constitue un frein au développement économique de la région qui permettrait aux populations de sortir de la pauvreté dans laquelle elles sont majoritairement cantonnées. Le cercle vicieux suivant est donc bien enclenché : la violence accentue la crise économique qui pousse les plus défavorisés vers le crime organisé, lequel génère de la violence et ainsi de suite...

Un triste palmarès

Le Salvador arrive très loin en tête avec 61 homicides pour 100 000 habitants. Cette violence s'explique par l'omniprésence des gangs de rue comme le Mara Salvatrucha-13 (MS-13) ou le Mara 18. Ces groupes criminels sont de véritables organisations de type mafieux avec leurs rites, leurs activités et leur présence internationale. Par contre, ils sont encore plus violents et cruels que les organisations criminelles classiques qui ne tuent généralement pas gratuitement. Leurs membres, auréolés par cette sauvagerie qui est leur « marque de fabrique », sont appréciés en tant que tueurs à gages sur l'ensemble du continent américain.


Il est suivi de près par le Venezuela qui affiche un chiffre de 48/100 000. Cela s'explique par la proximité de la Colombie. Un gros effort est consenti par Bogota, appuyé par Washington, pour lutter contre les narcos. Ces derniers trouvent donc un havre relativement tranquille au Venezuela voisin. Si les autorités vénézuéliennes ne poursuivent pas, pour des raisons idéologiques, les membres des organisations marxistes - les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et l'Armée de libération nationale (ELN) - qui sont présentes sur son sol, elles tentent de s'opposer aux cartels issus des milices d'extrême droite, le groupes d'Autodéfense Unis de Colombie (AUC) aujourd'hui dissous. Toutefois, la nature du terrain (jungle) rend très difficile cette lutte, sans compter que la corruption gangrène l'administration vénézuélienne, comme celle de la plupart des pays latino-américains). L'anti-américanisme du régime bolivarien de Hugo Chavez permet également au crime organisé de se développer relativement sereinement au Venezuela car le gouvernement ne collabore plus avec les organismes spécialisés de lutte anti-criminalité, notamment dans le domaine du transfert des capitaux illégaux. Toujours pour des raisons idéologiques, cette non collaboration s'est étendue à la Bolivie et à l'Equateur, avec les mêmes conséquences.


La Colombie occupe la quatrième place avec un taux de 37,3/100 000. Les autorités ont cependant réussi à faire diminuer notablement la violence, particulièrement dans les grandes villes. Il est aujourd'hui plus sûr de se promener à Medellin qu'à New York. Toutefois, les enlèvements ont augmenté au cours de l'année 2010 passant de 213 en 2009 à 282 cas signalés. Cela n'a cependant rien à voir avec les 2 882 enlèvements répertoriés en 2002 ! Il est à noter que la majorité des enlèvements est aujourd'hui d'origine criminelle et non plus politique.


Pour revenir aux meurtres crapuleux, Belize et la Jamaïque affichent respectivement des taux très semblables de 32,7 et 32,4/100 000. Ce sont deux Etats consommateurs de drogue, mais qui servent aussi de plaques tournantes pour le trafic de la cocaïne à destination des Etats-Unis. La criminalité locale (les Posses) est particulièrement violente.


Le Brésil, où les autorités ont déclenché en 2010 une guerre contre les gangs implantés dans les favelas des grandes agglomérations - préparation des Jeux Olympiques 2016 oblige - occupe la septième place avec 25,3/100 000. Il n'en reste pas moins que l'insécurité s'est maintenue à son niveau en 2010 car le Brésil constitue un lieu de consommation de drogues important et un lieu de transit de tout premier ordre. A titre d'exemple, l'aéroport international Guarulhos de Sao Paulo détient le record mondial de saisies de drogues faites en 2010 avec 1,8 tonnes, deux millions d'euros, 650 000 dollars en liquide et 343 passeurs de différentes nationalités interpellés.


Enfin, et c'est un peu une surprise, malgré la guerre violente qui y prévaut depuis l'élection en décembre 2006 du président Felipe Calderon, qui a fait de la lutte contre le crime organisé sa priorité, le Mexique n'occupe que la huitième place avec le chiffre « relativement » bas de 18,4/100 000. Il faut dire que les violences se concentrent surtout le long de la frontière nord-américaine, en particulier à Ciudad Juarez (en face d'El Paso au Texas), où 2 662 personnes ont été assassinées l'an dernier.

Trois guerres sont menées par le crime latino-américain.

Généralement, les organisations criminelles transnationales (OCT) essayent de maintenir un calme d'apparence en se livrant assez peu à des actes de violence. En effet, un climat d'insécurité nuit aux « affaires » car les autorités sont alors bien obligées de réagir pour répondre à la demande des électeurs.

Ce n'est pas le cas en Amérique latine où les organisations criminelles sont nombreuses et peu centralisées. Il en résulte qu'elles se livrent à trois sortes de « guerres ».

 

„ Une guerre de conquête de territoires ou de parts de marchés, qui est menée par de nouveaux venus ou des ambitieux. Au Mexique, la « Nouvelle fédération », qui regroupe les cartels du Golfe, de Sinaloa et de la Familia Michoacana, s'oppose aux Zetas alliés aux frères Beltran Leyva et au cartel de Juarez[1]. En Colombie, les narcoterroristes des FARC et de l'ELN sont en guerre contre les groupes criminels issus des AUC. Au Brésil, les bandes qui contrôlent les différentes favelas luttent pour préserver leurs territoires.

 

„ Dans de nombreux Etats, les organisations criminelles se livrent également à une guerre contre les autorités pour établir des zones de non droit où elles peuvent régner en maîtres. C'est particulièrement le cas pour le Mexique sur la zone frontalière avec les Etats-Unis, en Colombie et au Pérou, dans les régions productrices de coca, et au Brésil, dans toutes les grandes agglomérations où se concentrent tous les trafics. Il existe toutefois une grande différence entre la criminalité Brésilienne, qui est majoritairement urbaine, et sa consoeur colombienne, qui est plutôt rurale. Malgré les efforts consentis, les autorités se heurtent à un problème de taille : la corruption qui touche gravement les autorités provinciales. Cette dernière ne diminue pas car les salaires restent dérisoires et ceux qui ne veulent pas collaborer avec les narcos sont menacés en permanence.

 

„ Enfin, le crime sud-américain n'hésite pas à s'en prendre parfois à la société civile en s'attaquant tout particulièrement aux intérêts économiques. Le meilleur exemple reste la société d'Etat Pemex (Petroleos Mexicanos) au Mexique, qui voit ses pipelines siphonnés et ses employés victimes d'enlèvements crapuleux.

 

La violence a des conséquences néfastes sur les économies de l'Amérique latine

Cette insécurité latente nuit beaucoup au développement économique des Etats d'Amérique latine, sachant que la majorité de l'emploi est le fait de petites et moyennes entreprises (PME). Dans le meilleur des cas, ces dernières ne parviennent pas à accroître leur taille et ne peuvent donc jouer le rôle de stabilisateur social en fournissant de l'emploi à la population.


Les cotisations des assurances connaissent également une flambée des prix historique qui grève les comptes des entreprises, particulièrement ceux des plus petites. Dans certaines régions, beaucoup de PME ferment leurs portes.


L'exemple de Ciudad Juarez est significatif. Cette importante ville mexicaine frontalière d'El Paso (Texas) ne connaissait pas le chômage il y a cinq ans. Depuis, 10 000 PME ont mis la clef sous la porte et le taux de chômage atteint désormais allègrement les 20%. Cela constitue un cercle infernal qui pousse la jeunesse désoeuvrée dans la révolte ou la criminalité. Il est beaucoup plus intéressant pour un chômeur de devenir dealer, ou même tueur à gages[2], que de rechercher un emploi qu'il n'obtiendra pas. Le résultat est simple : en 2010, la criminalité organisée est à l'origine de presque 3 000 morts dans cette ville qui était pleine d'avenir.


Cette stagnation économique est encore alourdie par les centaines de millions de dollars que les autorités sont obligées de dépenser pour développer leurs forces de sécurité et réformer le système judiciaire. En effet, il convient de professionnaliser les différents acteurs et de parfois faire appel aux forces armées, la police n'ayant plus les capacités de mener à bien ses missions. Tout cela a un coût qui pèse lourdement sur l'économie des différents Etats latino-américains.


La région des Trois frontières, située entre le Brésil le Paraguay et l'Argentine, lieu touristique de tout premier ordre (avec notamment les chutes d'eau d'Iguazu), est l'exception qui vient confirmer la règle. En effet, le taux d'homicides n'y est que peu élevé. Pourtant, elle reste le repaire de toutes les OCT et de mouvements subversifs, dont le Hezbollah libanais[3]. C'est peut-être pour cette raison qu'un certain « ordre » y règne, aucun des acteurs engagés n'ayant intérêt à faire fuir les touristes et voir leurs juteux « commerces » illicites perturbés par l'intervention massive des forces de l'ordre.

 

 

*

 

 

L'année 2010 a confirmé la stagnation - voire le recul - de l'économie des pays d'Amérique latine du fait de la violence de la criminalité organisée qui reste omniprésente malgré les efforts importants consentis par les gouvernements en place. Tant que la demande en produits prohibés sera importante (drogue, êtres humains, espèces protégées, etc.), il semble qu'il n'y ait pas réellement de solution. Cela vient confirmer que le crime organisé représente aujourd'hui la menace principale pour l'ensemble des sociétés démocratiques. En effet, ces dernières paraissent particulièrement désarmées contre ce fléau transnational qui est parfois difficilement identifiable dans sa globalité. En effet, les « Parrains » se transforment peu à peu des « capitaines d'industrie », mêlant allègrement les trafics illégaux au commerce international. Pour eux, il est vital de blanchir l'argent sale qui provient de leurs activités illicites. Ils en tirent en plus une notoriété qui satisfait leur ego incommensurable. Ainsi, en 2009, le magazine Forbes avait mis dans sa liste des plus grandes fortunes du monde (à la 701e place) Joaquin Guzman Loera - alias « El Chapo » - le chef du tristement célèbre cartel de Sinaloa. Il avait juste été précisé qu'il n'était pas disponible pour donner une interview...

 



  • [1] Voir Note d'actualité n°211 du 15/04/2010.
  • [2] Au Mexique, un meurtre se négocie à 80 dollars.
  • [3] Voir Note d'actualité n°142 du 20/09/2008.
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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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