Un convoi militaire turc se dirigeant, depuis Iskanderun, vers la frontière syrienne.
Au cours d’un appel téléphonique au Kremlin, dimanche 1er juillet, le Président syrien Bachar al Assad a affirmé qu’il n’avait pas besoin de plus de deux mois pour anéantir la révolte contre son régime. « Mes nouvelles tactiques militaires marchent bien », s’est-il extasié lors d’une vidéo- conférence secrète avec des responsables russes des renseignements et du ministère des affaires étrangères qui programment la politique de Moscou en Syrie.
Révélant cet appel en exclusivité, les sources du renseignement de Debkafile prennent aussi en compte la durée de vie très aléatoire du nouveau plan visant à mettre un terme à la guerre civile syrienne, annoncé par l’envoyé spécial Kofi Annan comme ayant reçu l’approbation du groupe d’action multinational, lors de sa rencontre à Genève, samedi 30 juin. En moins de 24 h., le principe d’un gouvernement d’unité national de transition fondé sur le « consentement mutuel », a fait l’objet d’un rejet aussi bien de la part du régime que des dirigeants de l’opposition basés en Turquie, alors que la violence entrait dans un nouveau mois de déchaînement sans interruption.
Lors du 1er jour de juillet, on rapport que 91 personnes ont été tuées dans l’escalade des violences en Syrie, après un mois de juin qui a enregistré plus de 4000 victimes.
Nous dévoilons ici les nouvelles tactiques militaires auxquelles fait référence Bachar al Assad :
1. Le balayage et l’éviction de la plupart des commandants vétérans de l’armée syrienne qui ont dirigé jusqu’à présent l’agression sanglante contre les opposants au régime et les rebelles, durant les 16 premiers mois. Ils ont été renvoyés à domicile, après avoir été grassement payés, au profit d’un nouveau panel de commandants plus jeunes, la plupart recrutés au sein de la milice alaouite Shabiha, réputée pour sa sauvagerie, qui constitue l’arme fondamentale de la famille régnante contre ses ennemis.
Les commandants de l’armée régulière ont montré des signes de fatigue et de doutes quant à leur capacité à remporter la guerre d’Assad. Leur volonté de se battre a été profondément sapée par le nombre croissant d’officiers et d’hommes de troupe sortis des rangs pour rejoindre le camp de l’opposition, en juin.
L’une des tâches assignée aux nouveaux commandants consistera à réduire le taux de désertions.
Pour dissuader les commandants vétérans de rejoindre les renégats et amoindrir leur tolérance aux infiltrations hostiles, ces officiers n’ont pas été renvoyés, mais mis en retraite en jouissant d’une pleine pension, à laquelle s’additionne tous les privilèges liés à leur fonction d’active, y compris la mise à disposition de voitures officielles.
2. Mais la clé de ces “nouvelles tactiques” d’Assad consiste à faire monter le stade de la violence à un niveau jusque-là inimaginable. Il a armé ses nouveaux chefs militaires d’une puissance de feu supplémentaire – des unités de tanks et d’artillerie supplémentaires, des bombardiers de l’armée de l’air et des hélicoptères d’attaque – pour liquider les poches de résistance, avec la permission d’usage illimité de cette force d’extermination. Déjà, le niveau des tirs à balles réelles utilisé contre les rebelles s’est élevé à un degré jusqu’alors impensable, ce qui explique l’escalade rapide du nombre de tués, à une moyenne d’environ 120 par jour.
Sur la frontière turco-syrienne, les tensions continuent d’augmenter graduellement. Lundi matin, la Turquie continuait d’amasser une puissance de feu en vue de combats de grande envergure, comprenant des tanks, des batteries de canons anti-aériens et antitanks, de l’artillerie, des missiles sol-sol et des hélicoptères de combat, vers la région de la frontière.
Samedi, une demi-douzaine d’avions de chasse turcs se sont lancés à la rencontre d’hélicoptères syriens qui approchaient de leur frontière commune.
A Téhéran, le Général de Brigade Amir-Ali Hajizadeh, Commandant de la Division aérospatiale du CGRI d’Iran, a prévenu Ankara que si jamais ses troupes s’aventuraient sur le sol syrien, leurs bases de départ seraient immédiatement détruites. Cette menace a été proférée au cours de l’annonce, par Hajizadeh d’un exercice de lancement de missiles d’une durée de trois jours, qui commence lundi, en réplique à l’embargo pétrolier européen. Il exposait que des missiles de longue, moyenne et courte portée prendraient pour cibles « des simulations de bases étrangères dans le désert de Semnan, au nord », sans mentionner aucune nation particulière, exceptée la Turquie.
DEBKAfile Reportage Exclusif 2 juillet 2012, 10:05 AM (GMT+02:00)
Adaptation : Marc Brzustowski