pour aschkel.info et lessakele
BILLET D’HUMEUR : FLOTTILLES DE GUERRE
Deux méthodes permettent de prendre en charge un problème sécuritaire crucial : la voie de la force ou celle de la raison. Les partisans de la modération, sensibles souvent au jugement des pays occidentaux, préfèrent négocier ou s’en remettre à la bonne conscience des dirigeants de ce monde. Les durs, ceux qui estiment que la manière forte reste le seul langage compréhensible par les imprudents, ont eu plusieurs fois raison au cours de l’Histoire.
Le problème de la flottille vient étayer une de ces deux thèses. En décidant de frapper fort le bateau turc Marmara, les israéliens ont lancé leur message à l’intention de tous ceux qui tenteraient de s’aventurer face à la marine israélienne. D’autres flottilles, libanaise et iranienne, ont envisagé, à coups d’annonces médiatiques, de briser le blocus de Gaza en solidarité avec le Hamas. Israël leur a donc transmis un message diplomatique clair via les chancelleries occidentales.
Ces nouvelles expéditions seront traitées en fonction de la qualité des organisateurs. La Turquie était un allié, turbulent certes, mais elle devait malgré tout bénéficier de certains égards. Les libanais et surtout les iraniens sont des ennemis irréductibles dont les pays sont en guerre contre Israël. L’Etat juif se réservait donc le droit de considérer leur flottille comme des bateaux ennemis mettant en danger la sécurité du pays. Une seule solution se dessinait pour elle et elle s’insèrerait certainement dans le cadre du droit international. Israël serait contraint, au moins de les aborder par la force, au pire de les envoyer par le fond puisqu’une mise en garde officielle avait été lancée.
Les organisateurs de la flottille libanaise, qui devait prendre la mer le 27 juin en direction de la bande de Gaza, ont bien assimilé le message et ont décidé de surseoir à leur projet. Les américains, et surtout les français, ont dissuadé les libanais d’aller au devant d’incidents dramatiques en leur faisant comprendre qu’ils n’obtiendraient aucun soutien de leur part.
Le Croissant iranien avait annoncé, lui-aussi, son intention d’envoyer trois bateaux chargés d’aide « humanitaire » tandis que les Gardiens de la Révolution, l’élite idéologique de l’armée iranienne, se sont proposés d’escorter cette flottille donnant à leur expédition une connotation militaire. Ayant mesuré les risques d’un affrontement avec Israël, le régime iranien a décidé de laisser ses bateaux au port pour éviter l’humiliation d’une défaite annoncée.
Ces deux exemples donnent ainsi des arguments aux tenants de la ligne intransigeante du gouvernement israélien qui estime que toute démonstration de faiblesse amoindrit sa position et que parfois, à vouloir éviter la guerre, il est contraint de s’y jeter les deux pieds joints. Cette stratégie pourrait conforter les tenants d’une ligne ferme pour résoudre les problèmes politiques avec les palestiniens.