Du haut d'une colline, les unités d'artillerie lourde se préparent à affronter l'ennemi. Dans le cadre d'une simulation, organisée par le bataillon Harouv de la brigade Kfir, les soldats visent leurs cibles à coup de mitrailleuse et 60 obus de mortier. Quelques minutes plus tard, les troupes d'infanterie et tireurs d'élite progressent en direction de leurs adversaires, éliminant les combattants qu'ils croisent sur leur passage - des mannequins en carton marqués d'un ballon jaune. Responsable de la manœuvre : le colonel Oren Abman, récemment nommé à la tête de la brigade Kfir, et ancien commandant du 12e bataillon de l'unité Golani. Cette opération est le 6e exercice du genre conduit par Abman depuis sa prise de fonctions.

Des soldats de la brigade Kfir prennent position pendant un exercice.
Photo: Tsahal , JPost

Plus grande brigade de Tsahal, Kfir, est également la plus jeune. Honorés par des bérets "camouflage", beaucoup plus élégants que ceux des autres unités militaires, ses membres sont tous postés en Judée-Samarie. Depuis un peu plus d'un an, six bataillons la composent : Shimshon, Nakhshon, Lavi, Netzah Yehouda, Harouv et Douhifat. Tous responsables d'opérations antiterroristes quotidiennes dans la région. En 2009, plus de 50 % des arrestations de Palestiniens soupçonnés de participer à des activités terroristes ont été orchestrées par Kfir. Une belle réussite qu'Abman veut désormais exporter hors des frontières de Judée-Samarie.

Nouvel objectif : affronter le Hezbollah au Liban. Pendant l'opération Plomb durci, Harouv avait été le premier bataillon de Kfir mobilisé ailleurs qu'en Judée-Samarie. Selon un haut-responsable de l'armée, les soldats se sont distingués de façon remarquable dans les zones urbaines de Gaza - apparemment similaires à celles où ils sont déployés en Judée-Samarie. Dans l'espoir de pouvoir officier sur d'autres fronts, le pari est déjà à moitié remporté, pour Abman.

Foyer d'insubordination

Mis à part les menaces externes auxquelles la jeune brigade Kfir doit se préparer, c'est aussi dans ses propres rangs que des troubles se manifestent. A savoir, les récentes vagues d'insubordination. Première véritable manifestation de ce phénomène : août 2007. Douze soldats du bataillon Douhifat avaient refusé de monter à bord d'un autobus pour Hébron. Ils devaient assurer la sécurité des lieux pendant l'évacuation d'une maison occupée illégalement par des mitnahalim (habitants des implantations).

Puis, en octobre dernier, deux soldats du bataillon Shimshon ont affiché une banderole : "Shimshon n'évacue pas Homesh" - ils faisaient référence à l'implantation du nord de la Samarie, évacuée pendant le désengagement de 2005. Enfin, en novembre, le scénario se reproduit dans les rangs du bataillon Nakhshon.

Plusieurs soldats ont été sanctionnés pour leur slogan : "Nakhshon non plus n'évacue pas". L'incident avait eu lieu suite à la démolition de deux maisons illégales dans l'avant-poste de Negohot. Abman tenait personnellement à ce que des sanctions sévères soient prononcées. Les responsables de "l'incident Shimshon" ont, depuis, été renvoyés de l'armée. Les phénomènes d'insubordination sont le résultat de plusieurs facteurs : déployée en Judée-Samarie, la brigade Kfir affronte directement la population locale. Et les étudiants en yeshiva et élèves des institutions hesder (combinant études religieuses et service militaire) alimentent aujourd'hui en grande partie les rangs de cette unité.