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Après réparations, le pétrolier M Star (*) a quitté hier le port de Fujairah dans les Emirats Arabes Unis pour faire route vers sa destination initiale ; le port de Chiba au Japon. L’agence émiratie WAM a annoncé la nouvelle, assortie des conclusions de l’enquête menée par les autorités locales: le pétrolier aurait subi une attaque terroriste par le flanc ;  un petit bateau bourré d’explosifs artisanaux étant précipité sur sa coque. Ce que l’on appelle en jargon anti-terroriste un engin explosif improvisé (EEI), en anglais le fameux “Improvised Explosive Device” (IED) et dans ce cas précis Water-Borne IED (WBIED),  plus prosaïquement : un bateau-suicide.

A noter toutefois que l’US Navy présente sur place, avec à ses côtés les experts britanniques de l’UKMTO, le dispositif  international de lutte contre la piraterie, basé à Dubaï, s’est abstenue à cette heure de toute déclaration officielle en l’absence d’éléments suffisamment probants.

 Même prudence pour le moment du côté de la société japonaise Mitsui OSK (MOL), propriétaire du navire. Le ministère japonais des transports restant pour sa part dans l’attente de confirmations par les voies diplomatiques. Les informations divulguées par l’agence de presse WAM devraient donc être prises avec les réserves requises, d’autant que la même agence fut la première à répandre la thèse du tsunami pour expliquer l’incident survenu au M Star mercredi 28 juillet à 4H30 du matin alors qu’il croisait dans les eaux omanaises.

Tout indiquait déjà pourtant en début de semaine que l’enquête s’orientait vers la thèse du bateau suicide : WBIED. Un point de vue renforcé par la revendication de l’attentat, dès le 4 aôut – via un canal crédible- par un groupe djihadiste lié à la nébuleuse Al Qaïda:  les Brigades Abdullah Azzam. 

La revendication était assortie d’une photo de l’auteur de l’opération pointant du doigt  la photo d’un pétrolier sur l’écran d’un ordinateur portable.  Il s’agirait, selon les analystes, de la photo du Sirius Star, détourné au large de la Somalie l’an dernier. Selon le communiqué, le terroriste se serait fait exploser après s’être introduit sur le pétrolier. Le mobile de l’opération, dédiée à l’un des terroristes impliqués dans le premier attentat de 1993 contre le WTC de New-York, serait d’affaiblir l’ordre économique mondial (ndlr: 90% du pétrole japonais provient du Moyen-Orient et 40% du pétrole mondial transite par le Détroit d’Ormuz). Le groupe terroriste aurait attendu le retour du reste de l’équipe de soutien pour émettre, quelques jours après l’attentat, le communiqué.

La revendication est d’autant plus plausible que par le passé, Al Qaïda avait mené deux actions similaires par WBIED, le 6 octobre 2002 au large du Yemen contre le pétrolier français Limburg et le 12 octobre 2000, contre  l’USS Cole dans le port d’Aden au Yemen. L’incident survenu la semaine dernière serait donc le premier du genre dans le Détroit d’Ormuz et constituerait une première alerte préoccupante selon certains experts de la région.

 Il est par ailleurs intéressant de noter que la même mouvance d’Al Qaïda avait dans un autre registre, revendiqué plusieurs attentats menés dans la région , notamment contre la Jordanie, Israël et l’Egypte. Pour mémoire: attentat à la roquette dans le port d’Aqaba le 20 août 2005,   tir de roquette le 8 janvier 2009 sur Naharyah depuis le sud-Liban, attentat meurtrier à Sharm el-Sheikh en Egypte le 23  juillet 2005 ;  attaque suicide au Caire le 7 avril 2005 ;  attentat au camion piégé contre le Hilton de Taba, Egypte, le 7 octobre 2004. Une énumération vertigineuse à mettre en perspective avec les récents tirs de roquettes sur Eilat et Aqaba, effectués depuis l’Egypte.

Debka File, spécialiste du renseignement, soulignait en première analyse, la convergence de vues inhabituelle entre les autorités américaines et iraniennes quant à l’origine probable de l’incident. En tout état de cause notait Debka, il semblerait que les USA et l’Iran aient tous les deux été pris de cours par la première attaque survenue dans le Golfe Persique (ndlr: Téhéran,  comme les occidentaux considère la piraterie internationale comme une menace importante pour sa flotte commerciale et son économie). Ceci dit sans fausse naïveté puisque Debka n’avait pas non plus exclu dès l’origine la piste d’une faction iranienne. L’épisode est cependant loin d’être clos et nombre d’interrogations subsistent sur un terrain par définition très propice à la guerre de l’information.

(*) Le M Star, un pétrolier à double coque, construit en 2008, affrété par la société japonaise Mitsui OSK Lines et battant pavillon des Iles Marshall a subi un mystérieux incident dans la nuit de mercredi 28 juillet à 4H30, alors qu’il se trouvait dans les eaux omanaises (détroit d’Ormuz) et faisait route vers le Japon. Un marin a été légèrement blessé et la coque partiellement endommagée sans voie d’eau. Le pétrolier, emportant 31 hommes d’équipage, transporte 2 millions de barils de pétrole brut chargés dans le port d’Umm Said au Qatar et dans le port de Das Island aux Emirats Arabes Unis.

DB.

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