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13 juillet 2010 2 13 /07 /juillet /2010 19:16

 

 

 

Dormez citoyens, Frédéric Encel vous a préparé une pincée d'opium !

par Jean-Pierre Bensimon, pour Objectif-info, le 13 juillet 2010

http://www.objectif-info.com/index.php?id=1467

 

 

De retour d'Israël où il a participé du coté français à une "rencontre stratégique" franco-israélienne, Frédéric Encel vient de donner une interview surprenante à la lettre quotidienne du CRIF. (1) Sur maints sujets (l'Iran nucléaire, l'attitude d'Obama, la vulnérabilité d'Israël) le "géopolitologue" livre des analyses apparemment originales, en fait un salmigondis à mille lieues des réflexions que l'on pourrait attendre d'un observateur averti du Moyen-Orient. Et son intention, on le verra, est loin d'être désintéressée.

 

Au détour d'une formule biaisée, Encel commence par imputer à Israël le blocage des négociations :"Ainsi ai-je eu l'occasion … de dire à mes interlocuteurs israéliens qu’ils auraient intérêt à accélérer et approfondir les négociations avec l’Autorité palestinienne." Les conseils d'Encel sont certainement précieux, mais la réalité c'est que le gouvernement israélien en place a proposé dès son installation d'ouvrir des négociations, et qu'il a depuis répété son offre jusqu'à plus soif. En face, le président Abbas a refusé cette demande et, multipliant les conditions préalables, il s'est obstiné à ne pas s'asseoir autour de la même table que ses vis-à-vis israéliens. Depuis quelques semaines, buvant le calice jusqu'à la lie, Israël a accepté nombre de ces conditions et même des "négociations indirectes" pourtant ouvertes sur les questions clés du statut final. Lors de leur rencontre du 6 juillet Obama et Netanyahou ont publiquement demandé aux Palestiniens d'en finir avec cette comédie et d'accepter des négociations directes. Ils se heurtent toujours à un refus intraitable. Selon des informations en provenance de Ramallah la démission d'Abbas est même envisagée pour bloquer sine die ces pressions en vue de négocier. Pourquoi donc Encel accuse-t-il Israël sur ce sujet où il n'y a vraiment rien à lui reprocher ? Ce n'est pas faute d'information car on peut trouver la chronologie de ces refus n'importe où, même dans les journaux gratuits. On notera que l'attitude de l'interviewé est en tout point le décalque de celle des autorités françaises qui font aussi grief à Israël, avec la pire des mauvaises foi, des impasses exclusivement imputables à la partie palestinienne.

 

Encel poursuit avec les mêmes procédés retors quand il aborde les divergences de vues entre les Français et les Israéliens. Il pointe avec justesse les questions litigieuses (Jérusalem, la Cisjordanie, les implantations), ajoutant " Sur tous ces points, la France est en phase avec l’ONU et l’ensemble des chancelleries." Cela signifie qu'Israël a forcément tort (et la France raison) puisque tout le monde est d'accord contre lui. On aurait pu attendre un éclairage des positions israéliennes, de leurs motifs, puisqu'elles sont si unanimement décriées. On aurait pu avoir quelques explications de l'unanimité combien ambigüe des chancelleries. Rien de tout cela. Dans la parole d'Encel la messe est dite : la France est forte de l'appui de l'ONU et des chancelleries, point final. Pour le lectorat du CRIF il y a là une dégringolade ahurissante de la pensée. Ce public sait depuis longtemps ce que sont les majorités automatiques de l'ONU, les biais pro-palestiniens et arabes des Européens, le virage de l'administration Obama…

 

Et Encel n'en a pas fini : " …jamais l’État juif n’avait atteint un tel rapport de force stratégique, économique, et même diplomatique. Aucune coalition militaire n’est capable en 2010 de le menacer sérieusement…" Il faut donc comprendre que l'axe irano-syrien n'existe pas ou qu'il ne menace pas Israël, ou que son potentiel est insignifiant. Le Hezbollah reçoit sans doute ses fusées du Saint Esprit, de même que le Hamas, et il les pointe pas hasard sur toutes les concentrations humaines d'Israël. La Turquie ne vient pas de rejoindre les soutiens du Hamas et de l'Iran et d'opérer ainsi un bouleversement stratégique de la région préoccupant pour Israël. Si l'on doit parler de rapport de force, il faut beaucoup d'imagination pour affirmer qu'il s'est modifié en faveur d'Israël depuis une décennie. Et Encel qui se moque à peu près autant de ses lecteurs que de la réalité n'en manque pas.

 

D'ailleurs, pour Encel, l'Iran n'est pas une menace réelle. " je ne crois pas à son obtention [d'une bombe atomique iranienne]," Que les programmes nucléaire et balistique iraniens aient été mis en tête des priorité stratégiques de l'Occident (Europe et Amérique pour une fois confondus), que l'Iran enrichisse à marches forcées de l'uranium sans application civile, que la diplomatie internationale soit mobilisée et interpellée depuis environ une décennie par la bombe iranienne qui vient, que les grands pays arabes sunnites multiplient leur alertes et leurs alarmes, voila qui n'ébranle en rien notre observateur "géopolitologue". Il n'y croit pas lui. Pour les experts mondiaux, de leur coté, faute d'une intervention lourde, le débat porte aujourd'hui exclusivement sur le délai, le moment où l'Iran aura la bombe, s'il ne l'a pas déjà. Et du haut de ses nouvelles fonctions de membre de la délégation française, Encel n'en a cure, du moins quand il s'adresse à la plèbe juive.

 

D'ailleurs pourquoi s'inquiéter ? Selon Encel, Israël a derrière lui la communauté des nations :" … nombre de grandes et moyennes puissances se sont abstenues ou ont soutenu Israël lors des votes onusiens cruciaux des derniers mois …". Le soutien d'Israël, il est là ! Les abstentions dans les instances de l'ONU où règnent les majorités automatiques ne sont, tout le monde sait, qu'un procédé pour réprouver hypocritement Israël. C'est ainsi que fut ratifié l'infâme rapport Goldstone et que sur tous les sujets, les condamnations sont tombées dru sur l'état juif, comme un orage d'été. Les États-Unis, l'Italie ont parfois sauvé l'honneur occidental et vraiment soutenu Israël (comme avant Durban II ou lors du débat sur l'affaire de la flottille devant le Conseil des droits de l'homme), mais pas toujours. Sur la question cruciale du nucléaire, l'unanimité s'est faite, États-Unis compris, sur une résolution enjoignant à Israël de mettre sa filière nucléaire sous contrôle international. Et l'on sait ce que cela signifie pour la pérennité de l'état juif. Quant à la France, sa position peut être qualifiée de honteuse. Quand elle ne soutient pas les résolutions anti israéliennes, elle s'abstient, laissant le champ libre à l'acharnement de l'OCI et de ses séides contre une démocratie isolée, aux marges de manœuvre limitées.

 

Enfin, pour Encel, les " États-Unis, n’en déplaise aux prophètes de malheur, ils restent – y compris sous Obama – de très solides alliés." Voila une affirmation bien péremptoire de la part de quelqu'un qui se dit expert en géopolitique ! Le docteur Max Singer, par exemple, ne partage pas du tout cette glose irénique. Il vient de publier au Begin Sadate Center, une étude importante sur le "changement tectonique" de la politique étrangère américaine sous Obama (2) Il en ressort que s'il n'y a pas "crise" à proprement parler entre les États-Unis et Israël aujourd'hui, le différend est encore plus grave. Une crise est temporaire et peut être surmontée. Par contre ce changement "tectonique" dont parlait l'ambassadeur Michael Oren correspond à des divergences structurelles et profondes mettant en cause toute la logique relationnelle des anciens partenaires. Par exemple, les experts du Centcom (centre de commandement des armées américaines) et de nombreux observateurs américains débattent aujourd'hui de l'opportunité d'un arrangement global avec l'Iran nucléaire sur l'Irak, l'Afghanistan et le Moyen orient, au détriment d'Israël. Le risque est immense mais des parades existent et Max Singer les évoque. Il n'empêche, la réalité du retournement d'Obama, Encel n'en a cure quand il donne une interview au CRIF, qui lui-même la reproduit sans commentaire.

 

Le discours de Frédéric Encel est doublement affligeant. Il nous dit à peu près : tout va bien aujourd'hui, Israël est fort, il est sans adversaires et le monde le soutient. Qu'il s'aligne sur les demande de l'ONU et des chancelleries et tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.

 

N'est-il pas déplorable que l'on puisse servir au public juif français dans son organe le plus officiel une telle accumulation de niaiseries, qu'on l'incite à l'indigence intellectuelle ? N'est-il pas consternant de voir comment est traité ce public ouvert, curieux, et averti par une décennie de campagnes diplomatiques et médiatiques contre Israël. Faut-il laisser la coqueluche des média juifs désormais fanée lui vendre, contre une petit carrière dans l'arrière cour du pouvoir, l'opium que désirent lui administrer des autorités nationales férocement impliquées dans une politique hideuse au Proche Orient depuis plusieurs décennies.

 

Car s'il y a en France une question juive pour les forces qui gouvernent l'état, c'est celle qui découle de ses options en faveur des dictatures et théocraties arabes contemporaines. Comment mener une politique violemment anti israélienne, diffamer ce pays à longueur de temps, nier sa souveraineté, encourager sur place des forces liquidatrices, aduler ses ennemis, et conserver malgré tout l'appui, la neutralité, du moins le silence des juifs français ? Le dilemme des autorités a des solutions. Le cas d'école, ce fut Jacques Chirac prononçant un fameux discours anesthésiant en 1995 avant de se lancer dans sa provocation de Jérusalem de 1996, acte inaugural de sa grande politique arabe. Les techniques d'anesthésie et de réduction au silence sont en fait multiples et renouvelées. Aujourd'hui, pour quelques pacotilles, Frédéric Encel de retour d'une mission officielle, se charge sans honneur de dire au troupeau "Passez, dormez, il n'y rien à voir, il n'y a rien à faire". Cela au moment où Israël, défié et menacé comme jamais, a le plus besoin de la mobilisation et du soutien actif des diasporas.

 

 


(1) Newsletter du 12 juillet 2010 http://www.crif.org/index.php?page=articles_display/detail&aid=21116&artyd=11
(2) 
Handling the “Tectonic Shift” in US Foreign Policy under Obama: A Strategy for IsraelBESA Center Perspectives Paper No. 112, 12 juillet 2010
http://www.biu.ac.il/SOC/besa/perspectives112.html 

 

 

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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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