Lors de sa 185e session, le Conseil exécutif de l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) a adopté cinq résolutions, dont une « palestinisant » la tombe de la matriarche biblique Rachel, stigmatisant l’Etat d’Israël. Ce qui a suscité l’indignation tardive du gouvernement israélien qui a suspendu partiellement sa collaboration avec cette organisation et signe les échecs des diplomaties israélienne et américaine ainsi que de cette Organisation à remplir sa mission.
C’est devenu routinier.
Depuis environ une décennie, le Conseil exécutif de l’UNESCO, « un des trois organes constitutionnels de l’UNESCO (la Conférence générale, le Conseil exécutif et le Secrétariat) adopte, par consensus, lors de chacune de ses deux sessions biannuelles, des résolutions partiales stigmatisant le seul Etat d’Israël.
Proposées par des pays arabes ou musulmans, ces résolutions traitent de thèmes récurrents – la sauvegarde de la Vieille Ville de Jérusalem et les institutions culturelles et éducatives palestiniennes dans les « territoires occupés » - ou puisés dans l’actualité.
Si la préservation du patrimoine culturel entre dans la compétence de l’Organisation, ce n’est pas le cas de la stigmatisation de l’Etat juif.
Cinq résolutions présentées lors de la 184e session du Conseil exécutif
En avril 2010, lors de la 184e session du Conseil exécutif, cinq projets de résolutions partiales avaient été présentés par ces Etats.
Deux concernaient Jérusalem : la rampe des Maghrébins, le patrimoine culturel de la cité.
Deux autres imputaient à la barrière de sécurité d’entraver le fonctionnement des institutions éducatives et culturelles palestiniennes, et au blocus de la bande de Gaza de porter atteinte au développement et à la reconstruction de Gaza.
La cinquième alléguait que les sites « d’Al-Haram Al-Ibrahimi/Tombeau des Patriarches à Al-Khalil/Hébron et la Mosquée Bilal Bin Rabah/Tombe de Rachel à Bethléem » font « partie intégrante des territoires palestiniens occupés », et demandait à Israël de les retirer de sa liste des sites du patrimoine national.
Présentée par sept pays arabes dont l’Egypte, la résolution sur le Tombeau des Patriarches et la Tombe de Rachel, matriarche biblique, répliquait à la décision en février 2010 du gouvernement israélien d’inscrire ces deux lieux sur cette liste.
Cette inscription visait à souligner le lien de l’Etat d’Israël à sa terre et à rénover ces deux sites.
Mais elle avait suscité l’ire du président Mahmoud Abbas, du Hamas et du Hezbollah, de nombreux Etats arabes et musulmans ainsi que de l’OCI (Organisation de la conférence islamique).
En avril 2010, ces cinq résolutions n’avaient pas été adoptées par le Conseil exécutif faute d’un consensus et malgré « de considérables efforts ».
Leur inscription était donc prévue à l’ordre du jour de la prochaine session dudit Conseil.
Mécontent, le représentant de l’Algérie avait critiqué le « consensus, contraire à la démocratie » car il permet à une « minorité de bloquer le processus » d’adoption des textes.
Cinq résolutions votées lors de la 185e session
Le 21 octobre 2010, lors de sa 185e session, le Conseil exécutif a adopté à la majorité de ses 58 membres ces cinq résolutions. Nimrod Barkan, ambassadeur d’Israël auprès de l’UNESCO, a déploré que son pays soit ainsi stigmatisé.
Le représentant de l’Autorité palestinienne a remercié les pays ayant voté en faveur de ces cinq textes.
Fait unique dans les annales de l’Organisation : la présidente élue du Conseil, l’ambassadrice de la Fédération de Russie Eleonora Valentinovna Mitrofanov, a décidé que les remarques de l’ambassadeur israélien ne figureront pas dans le procès-verbal de la réunion.
Fait rare : l’UNESCO a publié un communiqué de presse sur l’adoption de ces cinq résolutions, mais aucun sur d’autres faits relatifs à cette session, sauf la notable exception du communiqué de presse sur le Prix controversé du président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema .
De manière surprenante, l’ambassade d’Israël à Paris est demeurée silencieuse sur tous ces faits. Tout comme le ministère israélien des Affaires étrangères.
De même, le Département d’Etat américain n’a publié aucun communiqué, alors que les Etats-Unis ont voté contre chacune de ces cinq résolutions anti-israéliennes.
Une réaction tardive du gouvernement israélien
Après la révélation par les médias israéliens de l’adoption de ces résolutions, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministère israélien des Affaires étrangères ont immédiatement réagi le 28 octobre 2010.
Benjamin Netanyahu a déploré qu’une « organisation créée pour promouvoir la préservation culturelle de sites historiques dans le monde essaie, pour des raisons politiques, de supprimer le lien entre la nation d’Israël et son patrimoine culturel ».
Quant au ministère israélien des Affaires étrangères, il a condamné la résolution qui « ignore le fait historique que la Tombe de Rachel n’a jamais été une mosquée ».
Pour sa part, Shmuel Rabinovitch, rabbin du Mur occidental et d’autre lieux saints à Jérusalem, il a souligné que l’UNESCO avait « déformé l’histoire » et que « les musulmans n’avaient jamais revendiqué » ce site, lieu de pèlerinage juif à Bethléem et sous contrôle israélien. Il invitait les autorités israéliennes à reconsidérer leur coopération avec l’UNESCO.
Par contre, le grand mufti de Jérusalem et de Palestine, Mohammed Hussein, a allégué que ce site « a toujours été musulman ».
Or, en 2007, le journaliste Nadav Shragai a relevé que ce n’est qu’en 1996 que des membres du WAKF ont dénommé, pour la première fois, ce site « la mosquée Bilal Bin Rabah ». Auparavant, les musulmans l’appelaient « Kubat Rahel » (la Tombe de Rachel en arabe).
David Ruzié, professeur émérite de droit international, a estimé dans son article La dérive de l’UNESCO : « On serait tenté de dire qu’il existerait, à l’UNESCO, comme à l’ONU, un « programme » de mise en accusation systématique d’Israël… Ce n’est pas en répétant à l’envi des contre-vérités qu’on en fait pour autant des vérités ».
Le 3 novembre 2010, le vice-ministre israélien des Affaires étrangères Danny Ayalon a « annoncé la suspension de la coopération de l’Etat d’Israël aec l’Organisation dans l’application de ces cinq résolutions jusqu’à ce que ces déclarations scandaleuses soient abrogées ».
Il a ajouté : ces “resolutions, qui ont été adoptées sur le fondement de la majorité arabe automatique de l’Organisation, constituent une nouvelle tentative menée par l’Autorité palestinienne pour délégitimer l’Etat d’Israël ».
Le site Internet de la mission des Etats-Unis à l’UNESCo a publié une déclaration qui rejetait ces décisions anti-israéliennes.
Le 10 novembre 2010, le Premier minister Netanyahu a dit au secrétaire general des Nations unieos Ban Ki-moon lors de leur entretien à New York que “la nation juive a un lien profond avec “ces deux lieux bibliques” depuis près de 4000 ans”. Il l’a aussi exhorté à changer ces décisions de l’UNESCO condamnées par des organisations juives.
Des échecs
L’adoption de ces résolutions semble marquer un tournant pour l’Etat d’Israël et les Etats-Unis à l’UNESCO.
Selon un observateur de l’Organisation, elle révèle un échec dans leurs efforts pour promouvoir un dialogue constructif dans le cadre du mandat légitime de l’UNESCO dans les domaines de l’éducation, de la science et de la culture.
En outre, cette stigmatisation de l’Etat d’Israël demeure à l’UNESCO, même après l’élection, le 15 octobre 2009, à la direction générale de l’Organisation, de la bulgare Irina Bokova qui a devancé l’égyptien Farouk Hosni.
De plus, le gouvernement israélien sembl avoir sous-estimé ou considéré comme peu importants les enjeux au sein cette organisation spécialisée des Nations unies.
Ainsi, il a confié à un seul diplomate la représentation de l’Etat d’Israël auprès de deux organisations internationales majeures basées à Paris : l’UNESCO et l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Et l’Etat d’Israël semble privilégier l’OCDE…