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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 20:09
La farce de la conciliation sur fond de christianisation de la Shoah...
Eglise, Shoah et Israël
Michel Grinberg
© Primo, 18-01-2010
 

Eglise, Shoa et Israël..

 

En déclarant « vénérable » Pie XII,  une étape sur la voie de la « béatification » de  l’un de ses prédécesseurs, Benoît XVI a incontestablement jeté une fois de plus le trouble sur l’attitude de l’Eglise.

 

Autant qu’à l’attitude de Pie XII ou d’une partie de l’Eglise pendant la Shoah, il importe de s’attacher à quelques faits, qui courent depuis la fin de la Guerre jusqu’à nos jours, pour essayer de mieux comprendre le cheminement de l’Eglise.

 

C’est en ce sens, que M. Ytshak Minerbi, ancien ambassadeur d’Israël, enseignant des Universités et le meilleur connaisseur en Israël de l’Eglise  nous a fait part de quelques mises au point importantes.

 

 

 

A - L’Eglise veut établir comme principe qu’elle a été victime et non collaboratrice.

 

Cette notion, l’Eglise la proclame dès le 2 juin 1945, alors que la Guerre qui vient de prendre fin en Europe, - l’armistice est du 8 mai-,  n’est même pas encore terminée en Asie où elle ne s’achèvera que le 2 septembre 1945.

 

Cette déclaration est faite devant les cardinaux  à l’occasion de la San Eugenio,  dont le pape Pacelli (Pie XII) porte le prénom. L’Eglise estime « qu’une déclaration de responsabilité équivaudrait à l’article 231 du Traité de Versailles ».  (Or l’article 231 engageait la responsabilité morale de l’Allemagne dans le conflit de la Première Guerre mondiale. L’Allemagne n’avait  eu de cesse par la suite de le faire supprimer par les Alliés).

 

Progressivement, l’Eglise développe cette idée qu’elle est victime et non collaboratrice et que donc son Chef, le Pape,  est un saint et un martyr.

 

B - Diverses tentatives existent, en parallèle, pour dire que Pie XII ‘ne savait pas’.

 

a – L’Italie est au courant dès septembre-octobre 39 : Vincenzo Soro, alors 2ème secrétaire à l’Ambassade d’Italie à Varsovie racontera à M. S. Minerbi en 1960, avoir déjà vu, dès le début de la Guerre dans les environs de Varsovie plus d’une dizaine de juifs tués d’une balle dans la nuque (La Shoah par balles).

Soro informe le ministère italien des Affaires Etrangères et reçoit de son supérieur Luigi Vidau la réponse suivante : « après accord de Ciano, sauvez les gens », juifs, patriotes ou autres malheureux.

Or une note du Pape en date du 18 mai 1940 fait très certainement allusion à un entretien qu’il aurait eu avec Soro à son retour à Rome et à divers renseignements recueillis par L’Eglise en Europe de l’Est.

 

Au fur et à mesure que les gouvernements occidentaux seront informés – et se tairont-, l’Eglise elle aussi recevra autant sinon plus de rapports.

 

C - Il y a surtout depuis longtemps un processus constant de volonté de récupération et christianisation de la Shoah.

 

Il suffit de rappeler l’affaire du Carmel d’Auschwitz.

Outre que ce dossier a traîné en longueur (mais l’Eglise a l’éternité devant elle …), les accords n’ont pas été totalement satisfaisants.

Quand on connaît le pouvoir hiérarchique du Pape sur ses croyants, on peut s’étonner des embûches rencontrées et des tergiversations dans un règlement qui serait intervenu beaucoup plus rapidement si Jean-Paul II avait voulu trancher au fond. Il n’aura fallu que 7 ans pour que le Pape envoie aux sœurs une lettre leur donnant l’ordre de déménager.

 

 

 

D- Reconnaissance ou « trompe-l’œil » ?

 

Visite de Jean Paul II à la synagogue de Rome.

 

Le 13 avril 1986, le Grand Rabbin de Rome et Grand Rabbin d’Italie, M. Elio Toaff, accueille le Pape Jean-Paul II à la synagogue de Rome. Mais celui-ci se garde bien de se situer sur le même plan. Dans son discours de visite à la synagogue Jean-Paul II se présente « en tant qu’évêque de Rome .. » et accessoirement seulement en qualité de Pape.

Il s’agit bien là d’une visite pastorale dans son diocèse comme tout évêque est tenu de rendre à ses ouailles,  de quelque origine ou condition que ce soit, honnêtes gens, prisonniers ou malfaiteurs.

Ce n’est donc pas là  une rencontre entre les représentants du Judaïsme et du Catholicisme à égalité, comme beaucoup de têtes pensantes, politiques ou journalistes ont voulu le croire et le dire.   

Presque tout le monde n’y aura vu que du feu et aura souligné à satiété le caractère « historique » qu’aurait eu cette visite.

 

 

Ce 17 janvier le pape Benoît XVI s’est rendu à la synagogue de Rome. Comme pour son prédécesseur, il s’agit d’une visite pastorale avant tout; il le précise bien, et à plusieurs reprises dans son discours à la Grande synagogue : « Con sentimenti di viva cordialità me trovo in mezzo a voi per manifestarvi la stima et l’affetto che il Vescovo et la Chiesa di Roma, como pure l’intera Chiesa Cattolica, nutrono verso questa Communità et le Comunità ebraiche sparse nel mondo ».. Et comme pour insister sur l’aveuglement des médias et de la plupart des protagonistes juifs sur l’aspect pastoral de la rencontre de 1986, Benoît XVI ajoute en fin de son discours : « .. un pensiero particolare per questa Città di Roma, dove, da circa due millenni, convivono, como disse il papa Giovanni Paolo II, la Comunità cattolica con il suo Vescovo e la Comunità ebraica con il suo Rabbino Capo.. ». Preuve en est qu’il faut étudier avec attention et rigueur les paroles  prononcées et s’attacher au dit et non à .. l’image.

 

Lors de la visite de 1986, Jean-Paul II dira à cette occasion qu’il voit en les « Juifs [nos] frère aînés ».

Cette déclaration pourrait réjouir les Juifs si elle ne faisait probablement référence à la déclaration de St Paul dans sa Lettre aux Ephésiens. Et dans la tradition juive l’aîné n’a pas toujours bonne presse. Il est surtout symbolisé par Esaü (qui refuse l’héritage d’Israël) alors que c’est le cadet, Jacob, qui suit la trace de son père Isaac et représentera Israël avec ses vertus. De là à dire que l’Eglise est la continuation de Jacob…

 

 

E  - Jean-Paul II et le Pardon.

 

Le 12 mars 2000, se tient, à Rome, en présence du Pape une cérémonie de demande de pardon de l’Eglise envers une dizaine de catégories diverses. Ce document déplore l’attitude de l’Eglise notamment envers les Juifs, les hérétiques, les femmes ou les peuples indigènes.

C’est la première fois dans l'histoire de l'Eglise que l'un de ses dirigeants proclame une demande de pardon d'une telle envergure...

 

La  partie de cette déclaration qui concerne les Juifs se décompose en :

 

a : une demande de pardon pour le mal causé au peuple juif par les Chrétiens

b : une déclaration vague et creuse à l’égard des victimes que sont les « fils d’Abraham »

c : In nomine Cristi …

 

10 jours après, le Pape est à Jérusalem et glisse dans le mur du Temple, un billet  que tout le monde croit être la copie de la déclaration du 12 mars.

 

Ce billet dit :  Dieu de nos pères, tu as choisi Abraham et ses descendants pour apporter ton Nom aux nations. Nous sommes profondément attristés par le comportement de ceux qui, au cours de l'histoire, ont fait souffrir tes enfants, et, implorant ton pardon, nous voudrions nous engager sur la voie d'une fraternité authentique avec le peuple de l'Alliance. Nous demandons cela par l'intermédiaire du Christ, notre Seigneur. Amen.

 

Surprise : de ce papier ont été éliminés le premier paragraphe visant expressément les Juifs ainsi que le 3ème, purement chrétien. Juifs et Chrétiens disparaissent au profit des ..fils d’Abraham, ce qui permet d’inclure certes les Juifs mais aussi les Musulmans !

La mention claire et précise évoquant les juifs a disparu en ne laissant que la partie vague qui évoque les fils d’Abraham.

Une fois de plus, l’aveuglement des médias, des dirigeants juifs ou israéliens est tel que personne ne relève cette différence.

 

M. Minerbi ayant fait remarquer, à l’époque,  cette omission dans le document, dont le texte a été diffusé officiellement, à un officiel catholique, celui-ci lui répond : « Si avec un subterfuge diplomatique dont seul vous, Minerbi, vous êtes rendu compte, on peut sauver la situation, alors pourquoi pas ? »

 

 

F - Benoit XVI en Terre sainte et son attitude à l’égard d’Israël.

 

Lors de sa visite dans l’Autorité palestinienne, alors que l’estrade avait symboliquement été dressée devant le mur de séparation (barrière de sécurité), le Pape déclare aux Palestiniens :

« Vous, les réfugiés palestiniens, êtes comme la Sainte famille.. ».

 

Or la Sainte famille s’est enfuie en Egypte; et pourquoi ?  Parce qu’ Hérode voulait tuer les enfants. De là à faire un rapprochement entre le Gouvernement israélien et .. Ceci alors que, même aux pires moments de l’Intifada, l’Eglise n’a pas dénoncé l’horreur représentée par les jeunes enfants palestiniens « shahid », enfants que les dirigeants terroristes ont envoyé pour se faire exploser. Le silence du Vatican a été alors … assourdissant.

 

Mais Benoît XVI ne s’arrête pas là.   « Vous avez le droit de retourner dans le pays de vos ancêtres » dit-il.

C’est délibérément méconnaître que les Palestiniens d’aujourd’hui ne sont en aucun cas des descendants de Marie, Joseph.. et des chrétiens d’origine. Les actuels  Palestiniens proviennent de populations des provinces avoisinantes qui ont afflués à la fin du XIXème et au début du XXème siècle de ces régions proches pour prendre part au développement économique initiée par la colonisation juive.

 

 

Pour conclure nous dirons que l’Eglise a été aux courants des horreurs de la Shoa, c’est indubitable.

Que des Catholiques, institutions ou individus, aient sauvés beaucoup de malheureux est indubitale.

Que le Saint-Siège, es-qualités, ait agi ou non et comment ? Benoît XVI vient lui-même de déclarer à la Synagogue : «  ..Anche la Sede Apostolica svolse un’azione di soccorso, spesso nasconsta et discreta ».

Alors ouverture des Archives ou non ?

Il faudrait être naïf ou stupide pour penser que si des documents compromettants sur la période de la Shoa existent, ils n’ont pas été mis « à l’abri » depuis longtemps.

t ce que demande le président de la communauté juive c’est surtout l’accélération de l’ouverture des documents et ouvrages juifs de la Bibliothèque et des Archives du Vatican.

L’important aujourd’hui est malheureusement, non pas seulement de préciser de veiller à la manière dont on écrit l’Histoire. Il faut aussi se préoccuper du  processus constant de christianisation de la Shoa et de la participation de l’Eglise à la délégitimisation d’Israël en tant que peuple et en tant que nation. Voilà l’urgence !

 

Michel Grinberg – Jérusalem

 

mmichelg2@yahoo.fr

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ministre italien des Affaires Etrangères

Avant de fermer l’ambassade italienne (qui n’a pas lieu d’être dans un pays ennemi),Vincenzo Soro aura le temps de délivrer de nombreux visas de transit vers l’Italie. Comme les Allemands lui faisaient comprendre qu’ils n’étaient pas dupes, il se mit à émettre, parallèlement et avec la complicité du consul honoraire de St Domingue, des visas pour cette destination.

Et quand les Allemands lui demandèrent alors comment les réfugiés allaient payer leur passage, il se mit en cheville avec le bureau à Varsovie de l’armateur de Trieste ; des billets de passage furent alors émis à Varsovie, qui pouvaient être présentés aux Autorités allemandes mais qui en fait n’avait pas de valeur commerciale.

 

 

… « que questa sera si incontrassero in questo Tempio maggiore la comuníta ebraica que vive in questa città, fin del tempo dei romani antichi, e il Vescovo di Roma e Pastore universale .. »

… Je me trouve au milieu de vous pour manifester l’estime et l’affection que l’Evêque de Rome et l’Eglise de Rome, comme toute l’Eglise catholique, nourrissent envers cette Communauté [ĵuive] et les communautés juives éparses dans le monde. (Trad. de l’auteur)

.. une pensée particulière pour notre Ville de Rome dans laquelle, depuis deux mille ans, cohabitent, comme a dit le Pape Jean-Paul II, la Communauté catholique avec son évêque et la Communauté juive avec son grand-rabbin..  (Trad, de l’auteur)

Il en a été de même avec Caïn et Abel

Texte cité exactement et à nouveau par Benoît XVI à la synagogue de Rome

Encore que le St Siège a développé une action de secours, souvent caché et discrète (Trad. de l’auteur)

De manière plus pertinente, M. Riccardo Pacifici, président de la communauté de Rome, demande une impulsion à la divulgation et la connaissance du patrimoine juif (livres et documents) détenu dans les archives et la Bibliothèque du Vatican.

   
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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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