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26 juin 2010 6 26 /06 /juin /2010 23:46

 

 

Flottille vers Gaza: à quoi joue la Turquie ?

cicad

 


Ces derniers temps, beaucoup de questions se posent sur le rôle de la Turquie au Moyen-Orient. Ankara serait-il en train de glisser vers l'Est ? Le refus allemand et français d'une adhésion à l'Union européenne aurait-il poussé la Turquie vers l'Iran et les Arabes ? En fait, la politique moyen-orientale de la Turquie n'est pas nouvelle; quand cela peut leur être utile, tous les gouvernements turcs savent en jouer.

 

Ankara et Téhéran sont parmi les rares capitales musulmanes à avoir reconnu Israël juste après sa création. Leurs relations avec Tel-Aviv ont longtemps été amicales, avant que l'Iran des Mollahs ne mette Israël dans le camp du «Grand Satan». A contrario, la Turquie kémaliste a continué à renforcer ses relations stratégiques avec l'Etat hébreu.

 

Après les attentats du 11 septembre et la réapparition de la mauvaise image arabo-musulmane dans les médias occidentaux, les rues arabes ont été confrontées à un problème identitaire. Se sentant humiliée par la politique américaine, la jeunesse nationaliste s'est mise à la recherche d'un nouveau Nasser (1). Les deux baasistes -  l'ex-président syrien Hafez el-Asaad et l'Irakien Saddam Hussein -  ont bien tenté de jouer ce rôle, mais leur manque de charisme les en a privés.

 

L'Iran et la Turquie se sont eux aussi engagés dans cette course au leadership régional. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad se présente comme un militant de la cause palestinienne par son soutien au Hezbollah et veut «supprimer Israël de la carte géographique». Après la guerre du Liban en 2006, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan est arrivé à son tour sur le devant de la scène. Des masses bien organisées, soutenues par le gouvernement, manifestèrent de façon bien plus massive que dans les pays arabes.

 

Pendant que Téhéran soutient le Hezbollah chiite, Ankara fait de la diplomatie avec le Hamas sunnite. Après la guerre, malgré l'opposition de Washington, le gouvernement turc avait invité les dirigeants du Hamas à Ankara. Cette reconnaissance marquait le début de la construction de l'image d'Erdogan comme le nouveau «Nasser» dans des médias arabes.

 

En janvier 2009, au Forum de Davos, la tension monte entre le premier ministre turc et Shimon Pérès. En février 2010 au 7e Forum Islam mondial et Etats-Unis, réuni au Qatar, des ONG du Golfe qualifient Erdogan de «voix des musulmans». Encouragé par l'Orient et découragé par l'Occident, en avril dernier à Paris, Recep Tayyip Erdogan déclare qu'«Israël est une menace pour la paix au Moyen-Orient». Un discours qui rapproche Ankara des thèses iraniennes et avive encore les tensions avec Tel-Aviv.

 

Pourquoi la Turquie est-elle soudain devenue le «porte-parole» de la cause palestinienne malgré son alliance avec Israël ? Arrivé au pouvoir en 2002, le gouvernement du parti islamiste modéré AKP n'a pu avancer sur des dossiers importants, tels que les réformes constitutionnelles, la résolution des questions kurde ou chypriote, ce qui l'a décrédibilisé auprès de Washington et de Bruxelles.

 

En septembre prochain, vingt-huit ans après l'adoption de la Constitution issue du coup d'Etat, les Turcs se prononceront par référendum sur des reformes, notamment judiciaires, de la Loi suprême. Si le peuple dit «oui», le gouvernement entend proposer des amendements au cadre constitutionnel militaire. Puis, en automne 2011, la Turquie ira aux urnes pour les législatives.

 

C'est dans ce contexte qu'est intervenu le soutien médiatique à Gaza, rassemblant des Turcs de tous les horizons autour d'AKP. Nationalistes, extrême gauche et islamistes se sont unis autour des actions symboliques de transport d'aide humanitaire à Gaza. Et, grâce à l'émotion des «neuf martyrs» du navire turc, le pays a pu oublier ses problèmes internes.

 

La politique d'aide humanitaire à Gaza vise avant tout à alimenter le nationalisme turc envers les minorités, allant jusqu'à l'antisémitisme. Après les régimes arabes, c'est aujourd'hui au tour des dirigeants turcs et persans d'instrumentaliser la souffrance des Palestiniens pour éloigner leurs propres citoyens de la lutte pour la démocratie et la liberté.

 

En somme, le rapprochement entre les deux grands pays non arabes de la région est un trompe-l'oeil, tant les deux pays rivalisent sur le plan militaire, politique et culturel. Et ce même si le chiisme iranien, comme le sunnisme hanéfite des Turcs, ne paraît pas en mesure de dominer les rues arabes.

 

(1) Gamal Abdel Nasser, président égyptien (1952-1970), très populaire leader du panarabisme et figure du mouvement des non alignés

 

Source: Ihsan Kurt, Le Courrier - vendredi 25 juin 2010

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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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