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16 mars 2010 2 16 /03 /mars /2010 19:54
Goldstone, Al-Dura : même combat
Par NATHALIE BLAU
16.03.10


http://fr.jpost.com/servlet/Satellite?cid=1268045689238&pagename=JFrench%2FJPArticle%2FShowFull



 


'Goldstone est la meilleure chose qui soit arrivée à Israël depuis dix ans". Une déclaration choc pour un homme qui n'en est pas à son premier coup d'éclat. Depuis bientôt huit ans, Philippe Karsenty parcourt le monde dans le sillage de ce qui est devenu un des symboles de la martyrologie palestinienne, l'affaire Mohammed Al-Dura. Son objectif : obtenir des excuses de France 2 pour avoir diffusé ce qu'il considère un faux reportage sur la mort de ce jeune Palestinien, au carrefour de Netsarim, le 30 septembre 2000. Encensé par certains, conspué par beaucoup, Karsenty s'est engagé dans une lutte sans merci, façon David contre Goliath, seul contre des instances dirigeantes qu'on voit mal pouvoir ébranler un jour.

“En Israël, il n’y a pas de volonté stratégique de confronter les menteurs et les médias qui diffament l’Etat juif.”
Photo: DR , JPost

Trublion de l'arène diplomatique franco-israélienne, cet ancien financier et homme d'affaires, aujourd'hui maire-adjoint de Neuilly-sur-Seine, est pourtant bien décidé à faire éclater sa vérité d'un côté ou l'autre de l'Atlantique. Ces deux dernières années, il a pu engranger quelques succès : un procès pour accusations de diffamation gagné contre la deuxième chaîne de télévision française et des politiques israéliens plus enclins à lui prêter attention. Qui plus est, depuis la prise de fonctions du gouvernement Netanyahou, note-t-il.

Et d'avancer ses récents entretiens avec des parlementaires en série, dont, lors de son dernier séjour : Shaoul Mofaz, David Rotem, Danny Danon ou la ministre Limor Livnat "qui m'a réservé un accueil exceptionnel", pointe-t-il.
Pour autant, la bataille est loin d'être gagnée. Mais Karsenty continue à être présent sur tous les fronts, à coup d'apparitions publiques et à grand renfort de conférences à travers le monde, sur fond de verbe acéré et de propos sans concession. Ses armes : une communication débridée, des déclarations chocs tous azimuts et des coupables pointés du doigt sans réserve. Dans sa ligne de mire, France 2 et Charles Enderlin, bien sûr, mais aussi certains fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères à qui il reproche de ne pas comprendre que le principal champ de bataille est devenu médiatique.

Mi-février, il était invité dans le cadre de la Conférence de Jérusalem à participer à une table ronde sur la communication d'Israël. L'occasion pour lui de dérouler une démonstration en trois points : tout d'abord, "remercier" Richard Goldstone pour son rapport sur Plomb durci, ensuite, traiter d'urgence l'affaire Al-Dura, enfin, considérer les menaces médiatiques et diplomatiques comme des menaces stratégiques existentielles pour Israël. Explications.

Nathalie Blau : Quand vous dites que Goldstone est la meilleure chose qui soit arrivée à Israël depuis dix ans, qu'entendez-vous exactement ?
Philippe Karsenty : Cet homme a fait plus pour la communication d'Israël que tout ce qui a été fait depuis dix ans. Il a enfin réussi à réveiller l'administration israélienne. Goldstone pour Israël, c'est un peu comme Pearl Harbor : l'Etat s'est fait attaquer, il va devoir réagir.

N.B. : Là, vous pointez du doigt le gouvernement ?
P.K. : Non, certains fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères (MAE). J'insiste surtout pour faire la différence, je cible les fonctionnaires du MAE qui ne comprennent pas l'importance stratégique d'une bonne hasbara, communication. Goldstone a permis de réveiller l'intérêt des Israéliens sur l'importance de communiquer. Et, en fin de compte, sur l'urgence pour l'Etat d'Israël de contrer le mensonge Al-Dura.

N.B. : Vous reliez les deux ? La vague Goldstone permet de restituer l'affaire Al-Dura ?
P.K : Bien plus que ça, le rapport Goldstone est l'enfant de l'affaire Mohammed Al-Dura. C'est à partir d'Al-Dura qu'on a pu mentir et dire toutes les horreurs possibles sur Israël. Je vais même plus loin, le rapport Goldstone et l'affaire Al-Dura, sont deux accusations de crimes intentionnels perpétrés par Israël, que tous les antisémites de la terre utilisent comme outils redoutables de leur abjecte propagande, car ils sont validés par des Juifs, Richard Goldstone et Charles Enderlin. Et tout le monde sait qu'un Juif qui diffame Israël, c'est beaucoup plus puissant qu'un non-Juif.

N.B. : Vous pensez que Richard Goldstone et Charles Enderlin ont sciemment voulu porter atteinte à l'Etat d'Israël ?
P.K. : Je n'ai pas dit ça. Mais ce sont des personnes sans grande envergure, qui ont compris que la seule façon d'exister est de critiquer sévèrement Israël, car ensuite les antisémites se servent d'eux et de leurs travaux. Pour exister dans l'univers médiatique international, il est de bon ton de critiquer Israël. C'est la meilleure façon d'obtenir une reconnaissance. Et pour Goldstone ou Enderlin, peu importe si quelques millions de Juifs vous en veulent, du moment que vous obtenez votre reconnaissance internationale.

N.B. : Vous les accusez d'avoir planifié un coup marketing ?
P.K. : Non, je ne le dirais pas ainsi. Mais Enderlin est par exemple soutenu par les sites favorables à Dieudonné et aux thèses islamistes, dont parmi les signataires, on trouve tous ceux qui sont difficilement fréquentables sur la question juive, comme Jacques Attali par exemple - Juif lui aussi - qui explique que l'antisémitisme en France est une invention du gouvernement israélien pour encourager l'aliya. De tout temps, les antisémites se sont servis de Juifs-alibis pour accabler les autres Juifs, et plus récemment Israël.

Tant qu'Israël n'aura pas défini la menace médiatique et diplomatique comme une menace stratégique, il perdra. La perte de légitimité d'Israël est croissante, partout dans le monde. Certains fonctionnaires du MAE ne font pas leur travail correctement. Ils doivent changer de méthode.

N.B. : Mais ces fonctionnaires ne sont pas les mêmes depuis dix ans. Les chefs de la diplomatie se renouvellent...
P.K. : Le ministère fonctionne comme toute administration : les anciens ont coopté leurs successeurs qui partagent leur ligne idéologique, et parfois leurs travers. Et plutôt que de défendre Israël, ils défendent leur poste. Certains fonctionnaires se protègent entre eux, ceux qui ont fait des erreurs en 2000 sont protégés par ceux de 2005, etc. Tout cela fonctionne comme une petite caste.

N.B. : On a du mal à croire que personne ne soit prêt à donner un coup de pied dans la fourmilière. En premier lieu, l'actuel ministre Avigdor Lieberman qui n'est pas réputé pour avoir froid aux yeux...
P.K. : Car la bureaucratie israélienne est en train de saper les fondements de l'Etat d'Israël. J'ai rencontré Lieberman et son directeur de cabinet qui m'ont dit que les choses étaient claires pour eux, ils savent que les images de la mort de Mohammed Al-Dura étaient bien une mise en scène. Mais derrière il ne se passe rien. Il y a certes des Israéliens formidables qui ont compris l'importance stratégique d'une bonne communication. Mais au sein du ministère, certains pensent qu'Israël ne devrait pas remuer cette affaire. En disant cela, ils ne pensent pas à l'intérêt de l'Etat, mais à leur propre intérêt. Ils trouveront toujours une justification malhonnête intellectuellement pour ne rien faire.

“En Israël, il n’y a pas de volonté stratégique de confronter les menteurs et les médias qui diffament l’Etat juif.”
Photo: DR , JPost

Il y a huit ans, quand j'ai affirmé, après d'autres, que le reportage Al-Dura était une mise en scène, ils n'ont pas voulu me croire. Ensuite ils ont reconnu que c'était vrai, mais refusé de voir là un événement historique. Puis, quand ils ont commencé à constater les places, les monuments fleurir en hommage au martyre à travers le monde, ils ont dit que c'était trop tard.
Maintenant qu'ils voient que cela continue, ils disent que ce n'est pas dans l'intérêt de l'Etat d'Israël de reparler de cette histoire.

N.B. : La situation est donc dans une impasse ?
P.K. : Israël sera dans une impasse, tant qu'il n'y aura pas de décision politique du Premier ministre et du ministère des Affaires étrangères, suivie d'une application sur le terrain.

N.B. : Cela paraît simple. Pourquoi n'y arriverait-on pas ?
P.K. : Car en Israël, il n'y a pas de volonté stratégique de confronter les menteurs et les médias qui diffament Israël. Et du coup, les médias dans leur ensemble ne sentent pas de garde-fous, personne ne les contrôle, ils peuvent dire ce qu'ils veulent. Alors que si, dans le cas Al-Dura, on demandait à France 2 et Enderlin de reconnaître leur mensonge une fois pour toutes, les journalistes comprendraient qu'il y a un prix à payer quand on ment et qu'on diffame Israël.

N.B. : Quand vous rencontrez les dirigeants politiques israéliens, vous sentez une réelle adhésion de leur part pour votre version des faits ou simplement un intérêt poli ?
P.K. : Ceux que j'ai rencontré savent que le reportage Al-Dura est une mise en scène, il n'y a aucun doute. C'est une évidence pour tous. Mais apparemment ils semblent avoir d'autres priorités. J'essaye de leur expliquer que tout ce qui arrive aujourd'hui n'est autre que la conséquence de cette affaire, et que s'ils faisaient ce qu'il fallait, cela changerait leur stature internationale. Il faut remonter à la source. Mohammed Al-Dura est le père
de tous les mensonges du 21e siècle.

Israël est dans barque qui prend l'eau, et au lieu de boucher les trous, les fonctionnaires écopent. Mais la barque continue à prendre l'eau de toute part. Compte tenu des qualités de l'Etat, de ses paysages, de son développement économique, de ses ressources humaines, de la qualité morale de son armée, Israël devrait avoir une cote mondiale au plus haut, alors qu'elle est au plus bas. Si on fait des études dans le monde, Israël n'est pas très loin de l'Iran en terme d'image, voire même moins bien placé dans bon nombre de pays européens.

N.B. : Est-ce que la projection des documentaires d'Esther Shapira, qui soutiennent vos affirmations de reportage truqué, récemment diffusés en Israël, ont eu une influence sur l'opinion publique ?
P.K. Oui, dans la rue, les gens viennent me voir, me reconnaissent, m'expriment leur sympathie. L'Israélien moyen commence à comprendre l'enjeu de la communication. C'est aussi le cas au sein de l'armée, je rencontre, auprès des militaires, un accueil extraordinaire. J'ai aussi envie de citer Danny Seaman, le directeur du GPO (Government Press Office), le bureau de presse du gouvernement qui fait un travail exception. Mais même eux sont affaiblis par le comportement de certains fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères.

N.B. : Donc, votre lutte aujourd'hui, c'est d'arriver à faire bouger les choses au sein du MAE ?
P.K. : Mon objectif, c'est qu'Israël reconnaisse officiellement que le reportage Al-Dura est une mise en scène. Mais certains ont peur de la vérité. Ils ont peur d'entrer en conflit avec la France.

N.B. : A vous entendre, Israël préfère éviter un différend diplomatique avec la France plutôt que de rétablir son image sur la scène internationale ?
P.K. : Oui, et c'est là l'erreur. Car il n'y aura pas de conflit avec la France. J'ai rencontré en décembre dernier l'actuel ambassadeur de France en Israël, Christophe Bigot. C'est quelqu'un d'intelligent. Il a vu la présentation, il a vu que c'était une mise en scène. J'ai également rencontré deux membres de cabinet de Bernard Kouchner qui ont reconnu par écrit que c'était un faux reportage. Je me suis entretenu avec plusieurs personnes au Quai d'Orsay, et ces diplomates français disent : "Quand on rencontre nos homologues israéliens, ils ne nous parlent jamais de cette affaire."

N.B. : Que pourrait-il se passer si l'Etat d'Israël affirmait officiellement qu'il s'agit d'une mise en scène ?
P.K. : Les choses sont actuellement bloquées avec le ministre des Affaires étrangères français, Bernard Kouchner, qui a fait remettre la Légion d'Honneur à Charles Enderlin en juillet 2009, alors que la responsabilité d'Enderlin dans l'imposture Al-Dura était connue. Mais Bernard Kouchner sera bientôt remplacé. Il a commis beaucoup d'erreurs et ne fera probablement plus partie du dispositif de Nicolas Sarkozy dans quelques semaines. Lorsque son remplaçant sera connu, il faudra alors que la diplomatie israélienne demande à France 2 de reconnaître sa faute qui a causé tant de dommages à l'Etat d'Israël.

N.B. : Et France 2 pourrait le faire ?
P.K. : Je le crois et je pense que les blocages politiques vont bientôt sauter.

 

N.B. : Quel est votre but ultime ?
P.K. : La victoire finale, c'est quand France 2 annoncera en ouverture de son journal de
20 heures : "Nous avons diffusé un faux reportage, nous présentons nos excuses au monde entier." Mais il faut franchir les étapes. Pour que France 2 soit contrainte de reconnaître son erreur, il faudra que le gouvernement français lui demande de le faire, et pour que le gouvernement français le demande, il faut que les Israéliens en expriment le souhait. On n'a jamais vu un voleur se dénoncer si le commerçant victime ne porte pas plainte. Car s'il n'y a pas plainte, il n'y a pas vol à reconnaître. France 2 ne va pas se dénoncer si l'Etat d'Israël ne réclame rien.

“En Israël, il n’y a pas de volonté stratégique de confronter les menteurs et les médias qui diffament l’Etat juif.”
Photo: DR , JPost

N.B. : Le jeu en vaut-il la chandelle ? Israël ne s'engagerait-il pas dans une lutte qui risquerait de lui causer de lourds préjudices ?
P.K. : Je ne le crois pas. Certains disent que ce n'est pas bon pour la paix. Mais au contraire. Comment veut-on faire la paix avec les Arabes si les Arabes sont persuadés qu'Israël est un Etat nazi qui tue des enfants pour le plaisir.
Le Protocole des sages de Sion a tué des Juifs pendant des décennies. Et cela fait maintenant dix ans que l'affaire Al-Dura tue - des Juifs, des Musulmans, des Chrétiens - dans le monde entier. Il est temps que cela cesse.

Contacté à plusieurs reprises, le service de communications du ministère des Affaires étrangères n'a en aucune façon souhaité s'exprimer sur l'affaire Al-Dura et les déclarations de Philippe Karsenty. Veto catégorique et sans appel du porte-parole Ygal Palmor. Silence systématique du chef des médias étrangers Ashley Perry et du directeur de cabinet Yossi Levy. Quant à Charles Enderlin, au grand regret de la rédaction, il s'est toujours refusé à s'exprimer dans nos colonnes.

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commentaires

M
<br /> Je soutien entièrement Philippe Karsenti, et rend un hommage à Metula News Agencie qui la première a soulevé le problème.<br /> En Israël les «sécuritaires» ont trop de poids par rapport aux «stratèges».<br /> Israël gagne militairement tous ses combats, et perd toutes ses guerres suite aux pressions internationales. Son image et sa légitimité s'effrite régulièrement. Aux yeux de ses ennemis, il paraît<br /> plus faible ce qui les enhardis. Chaque nouvelle aventure militaire se traduira par une délégitimation supplémentaire, et encore plus de haine et d'irrédentisme du côté des Palestiniens.<br /> Il faut donc rendre Israël sympathique, ne laisser passer aucune insulte, n'avoir qu'une parole, être ferme et juste.<br /> Il y a du pain sur la planche.<br /> <br /> <br />
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Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

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Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

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Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

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