Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
22 juillet 2010 4 22 /07 /juillet /2010 08:47

 

 

 

BRUIT DE BOTTES

 

Iran : le programme est presque terminé

par Ephraim Asculai et Emily B. Landau, Centre Begin Sadate, INSS Insight Numéro 193


 
 


Date de parution : 18 Juillet 2010

Titre original : Iran: The Course is Almost Run

Traduction : Objectif-info

Confrontée au programme nucléaire iranien, la communauté internationale a choisi une démarche désormais familière. L'Occident, d'abord 3 pays européens auxquels se sont joints ensuite les États-Unis, poursuit un "processus diplomatique" qui ne débouche nulle part ; de leur coté, la Russie et la Chine font des allers et retours entre l'Iran et l'Occident. Elles sont peu favorables à des prises de positions intransigeantes face au défi permanent de l'Iran. Elle ne donnent leur accord pour des sanctions que si les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU sont tardives et éthérées ; et l'AIEA continue de poser à Iran des questions sur la dimension militaire de son programme nucléaire. L'Iran se garde bien d'y répondre, tout en poursuivant l'installation de nouvelles centrifugeuses en cascade pour enrichir son uranium. Les Iraniens réussissent à gagner du temps, et le temps est de leur côté. Les deux parties hésitent à dire clairement que le programme nucléaire iranien est un programme militaire, et l'Iran sent que ses objectifs sont presqu'à portée de main.

Cependant, on observe ces dernières semaines des signes de changement car la communauté internationale envisage désormais d'un œil plus réaliste le programme nucléaire iranien. Les progrès de l'Iran sont des faits qui parlent d'eux-mêmes : ce pays est parvenue à maîtriser le processus d'enrichissement de l'uranium et il a accumulé assez d'uranium enrichi à 3.5% pour avoir de quoi produire de l'uranium à usage militaire (90%) pour au moins deux engins nucléaires. En outre, il a entamé en février la production d''uranium enrichi à 20% étape transitoire vers les 90%, ce qui le rapproche sensiblement de ses objectifs. L'Iran a déclaré qu'il avait produit environ 20 kilogrammes d'uranium enrichi à 20%. Bien que cela soit insuffisant pour une bombe, il démontre ainsi qu'il a maîtrisé le processus d'acquisition du combustible. [1] Les raisons avancées par l'Iran pour cet enrichissement ne sont pas recevables dans la mesure où son programme tout entier est en infraction avec les résolutions du Conseil de sécurité.

Ces avancées iraniennes commencent à susciter quelques réactions internationales plus vigoureuses. Le 27 juin, Léon Panetta, le directeur de la CIA a déclaré à Washington que l'Iran disposait probablement d'assez d'uranium légèrement enrichi pour deux armes nucléaires, mais qu'il lui faudrait probablement deux ans pour mettre au point des bombes, s'il décidait de s'y consacrer. A peu près au même moment, le sous-secrétaire d'état aux affaires politiques, William Burns, déclarait dans une communication devant la Commission sénatoriales des affaires étrangères que la politique américaine sur l'Iran est "tout ce qu'il y a de plus simple" : "Nous devons empêcher l'Iran de développer des armes nucléaires. Nous devons mettre en échec toutes ses actions de déstabilisation, dans la région et au-delà." Il y a eu ensuite une déclaration du président Obama lors de la signature de la liste définitive des sanctions américaine contre l'Iran, le 1 juillet : "Sans la moindre hésitation, les États-Unis et la communauté internationale sont déterminées à empêcher l'Iran d'acquérir des armes nucléaires." Le 12 juillet, dans une déclaration exceptionnellement vigoureuse, le président russe Medvedev affirmait que l'Iran était de plus en plus près de la maîtrise du processus de fabrication d'une arme nucléaire. À la lumière des doutes exprimés par le dirigeant russe jusque très récemment sur les intentions militaires de l'Iran, - il soulignait qu'il n'y avait pas de preuve allant dans ce sens- , cette crainte nouvelle dans le discours des Russes est particulièrement significative. Pour Medvedev, l'Iran dervait s'expliquer les aspects militaires de son programme nucléaire.

Cette escalade dans la rhétorique coïncide avec des messages de soutien à des sanctions plus fermes que jamais, venus de nombreuses directions, certains marquant même de l'intérêt pour une action militaire contre l'Iran. Alors qu'il y a six mois les analyses du courant dominant des média occidentaux s'interrogeait sur la meilleure façon de contenir l'Iran nucléaire, de plus en plus d'experts concentrent aujourd'hui leur attention sur le scénario d'une guerre éventuelle. Certains en sont déjà à la phase de la critique d'Israël, coupable d'avoir poussé les États-Unis à entreprendre une action militaire. Le message selon lequel "une bombe iranienne est pire que le bombardement de l'Iran" commence à apparaitre dans les déclarations attribuées à des dirigeants de certains état arabes du Golfe. Bien que démenties par la suite, des informations récentes faisaient état de la volonté des Saoudiens de fermer les yeux sur l'utilisation de leur espace aérien par Israël pour d'éventuelles frappes militaires sur les installations nucléaires de l'Iran; le point de vue de l'ambassadeur des Émirats Arabes Unis aux États-Unis a été cité. Selon lui, les Émirats ne pouvaient pas vivre avec une bombe iranienne, et une action militaire pour la stopper était préférable à un Iran doté d'un potentiel nucléaire militaire.

La réaction de l'Iran au quatrième programme de sanctions a été plus forte que par le passé. Le 7 juillet, le chef de l'Organisation de l'Énergie atomique d'Iran, Ali Akbar Salehi, est allé jusqu'à dire que les nouvelles sanctions internationales "peuvent ralentir" mais non stopper le programme nucléaire de l'Iran. Qu'il s'agisse d'une affirmation factuelle ou d'une manœuvre politique pour convaincre d'Occident que finalement les sanctions vont marcher et qu'il n'est pas nécessaire de faire quoi que ce soit de plus, cela n'a pas beaucoup d'importance. En tout état de cause, les Iraniens ont déjà l'essentiel des installations requises pour mener à bien leur programme d'enrichissement; dès lors, on ne sait pas bien jusqu'à quel point les sanctions peuvent lui causer à des dommages directs.

La question est de savoir si ces manifestations d'une préoccupation nouvelle de la communauté internationale seront suivies de mesures concrètes et efficaces. Au delà de la rhétorique, tout est lié à ce qu'Obama voudra entreprendre sur la base de son évaluation de la situation. Actuellement, il semble que sa prochaine démarche soit de relancer en septembre (une date déterminée par les Iraniens, pas par lui), une tentative de dialogue avec l'Iran dans le cadre P5+1 [cinq pays dont les États-Unis et la Russie plus l'Iran]. On ne dispose pas d'indications sur la logique de ces négociations ni sur la stratégie de marchandage des États-Unis; il est douteux que ces entretiens débouchent sur quoi que ce soit de positif. Aussi étrange que cela puisse paraitre, dans un certain sens Obama veut également gagner du temps. Bien que l'on parle de plus en plus clairement de guerre dans les média, il n'y aucune indication à ce jour qu'Obama en personne soit à la veille d'une décision de destruction les installations nucléaires et balistiques de l'Iran.

Et qu'en est-il des plans de l'Iran pour l'avenir? Bien que ce qui va suivre ne soit que de la spéculation, cela donne une idée des options de l'Iran. S'il n'y a pas d'autre résolution pour de nouvelles sanctions, sachant que les sanctions actuelles n'ont pas d'effet vraiment paralysant, l'Iran continuera à enrichir de l'uranium en quantité toujours croissante, sans ressentir de pressions suffisantes pour interrompre un enrichissement de niveau militaire. L'Iran continuera de gagner du temps, conforté dans son opinion que le président américain n'envisage pas sérieusement une action militaire. Cependant, s'il se produit quelque chose qui convainque l'Iran que la situation devient nettement plus chaude, ce pays aurait encore plusieurs options utilisables séparément ou en même temps, pour continuer sa marche en avant : il pourrait annoncer qu'il ne se considère plus comme lié par des engagements internationaux ; il pourrait faire la demande (plaisante) d'un changement de statut dans le Traité de Non Prolifération, pour obtenir celui d'état doté d'armes nucléaires ; il pourrait se retirer du Traité de Non Prolifération ; il pourrait expulser tous les inspecteurs pour des raisons quelconques ; et il pourrait effectuer un essai nucléaire souterrain avec un engin issu de ses activités clandestines.

La probabilité de voir l'Iran accepter la demande internationale minimale de suspension de ses activités d'enrichissement est très minces. Savoir si les États-Unis sont plus proches d'une action militaire relève toujours de la spéculation. Une évaluation globale de la situation et de sa dynamique conduit à penser que la phase actuelle de la confrontation, ininterrompue depuis 2002, est celle du dénouement.

[1] En parvenant à enrichir l'uranium à 20% l'Iran a accompli plus de 90% du chemin vers un uranium enrichi d'usage militaire.
Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de Gad
  • : Lessakele : déjouer les pièges de l'actualité Lessakele, verbe hébraïque qui signifie "déjouer" est un blog de commentaire libre d'une actualité disparate, visant à taquiner l'indépendance et l'esprit critique du lecteur et à lui prêter quelques clés de décrytage personnalisées.
  • Contact

Traducteur

English German Spanish Portuguese Italian Dutch
Russian Polish Hebrew Czech Greek Hindi

Recherche

Magie de la langue hébraïque


A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

Les news de blogs amis