L'État juif de Nétanyaou et la possible manipulation d'Abbas
L'éditorial de Daniel Haïk | .hamodia | |
Sans surprise, les Palestiniens ont repoussé des deux mains la proposition du Premier ministre Nétanyaou de reconnaître Israël comme un État juif en échange de la prolongation du gel de la construction. Même si ce rejet, difficile à expliquer, semble être le maillon faible des Palestiniens, Abbas pourrait préparer sa contre offensive avec le concours involontaire des responsables juifs de Diaspora.
Du haut de la tribune de la Knesset, lors de la séance inaugurale de la session d'hiver du parlement israélien, lundi 11 octobre, le Premier ministre Binyamin Nétanyaou aura au moins eu le mérite d'être clair : " Je suis prêt à proposer au gouvernement une prolongation du gel de la construction en Judée et Samarie en échange d'une reconnaissance par les Palestiniens de l'État d'Israël comme État-nation du peuple juif ".
M. Nétanyaou a révélé avoir fait cette proposition, il y a un mois, par des canaux discrets aux Palestiniens : " De même que les Palestiniens attendent de nous que nous reconnaissions leur État-patrie, nous sommes en droit d'exiger d'eux qu'ils reconnaissent notre État comme un État juif. Ce n'est pas une simple revendication de notre part. Ce point est à l'origine du conflit et le solutionner serait résoudre les problèmes liés à ce conflit " a dit Binyamin Nétanyaou
Mais la réponse publique des Palestiniens n'a pas tardé et elle est négative : " Jamais nous ne reconnaîtrons l'État d'Israël comme un État juif, a dit Saeb Arekat, l'un des principaux négociateurs palestiniens : " Cette proposition de Nétanyaou est manipulatrice et inacceptable " a-t-il affirmé.
Ni la proposition de Binyamin Nétanyaou ni le rejet palestinien n'ont guère surpris. Au cours des dernières semaines, le dossier du caractère juif de l'État d'Israël s'est imposé pour le Premier ministre comme celui qui, plus que tout autre y compris le dossier sécuritaire, est à l'ordre du jour. Il semble que peu à peu M. Nétanyaou ait compris que cette revendication précise était le " maillon faible " des Palestiniens, celle qu'ils auront le plus de mal à défendre à long terme. De prime abord, il s'agit d'une revendication triviale qui s'inscrit dans la même lignée que le même sacro-saint principe des " deux États pour deux peuples " adopté à Bar Ilan. En novembre 47, l'Assemblée Générale des Nations-unies a voté en faveur du partage de la Palestine en deux États, l'un arabe, l'autre juif …et non israélien. Et c'est justement là que le bât blesse. Plus Binyamin Nétanyaou met en avant cette exigence de reconnaissance du caractère juif d'Israël, plus on voit les Palestiniens mutiler le principe de deux États pour deux peuples pour ne plus revendiquer que " deux États… ". Le premier serait un État palestinien vidé de la moindre population juive, - Abbas répète qu'il n'y tolèrera pas la présence d'habitants juifs -, tandis que le second serait un État d'Israël dont 20 % de la population est arabe ce qui le priverait du titre d'État juif. Qui plus est comme le prétendent les porte-parole palestiniens, " …en reconnaissant le caractère juif d'Israël, nous sous-entendons que nous renonçons aux droits au retour de nos réfugiés dispersés à travers le monde ". Ce seul argument pourrait suffire à ouvrir les yeux de la communauté internationale sur les intentions réelles et finales des dirigeants palestiniens, du Fatah au Hamas. Mais pour l'heure, cette communauté ne s'offusque pas de l'argumentaire palestinien et même si l'administration américaine répète qu'elle reconnaît le caractère juif d'Israël, pour l'instant Barak Obama évite d'exiger des Palestiniens une telle reconnaissance. De facto, le rejet palestinien n'est pas étonnant : ceux qui connaissent la thématique arabe savent que jamais la Ouma arabe ne pourra reconnaître une souveraineté juive sur une terre qui selon elle, est une terre d'Islam. Mais Abbas sait qu'il ne peut utiliser un tel argument. Alors, il tente habilement de contourner l'obstacle. Comment ? D'abord en répétant que le judaïsme n'est qu'une religion. Mais surtout, et dans ce même état d'esprit, en multipliant les rencontres avec les dirigeants des communautés juives de Diaspora. Au cours des dernières semaines, le rais palestinien s'est entretenu à New York avec les dirigeants juifs américains. Il a tenu à rencontrer des responsables communautaires juifs de France les 3 et 4 octobre à Paris. Et il a sollicité une telle rencontre avec les leaders de la communauté juive canadienne. Que cherche-t-il vraiment à travers ces rencontres ? Une réponse possible a été fournie, ces derniers jours, par l'un des leaders de la communauté juive de France qui a refusé de rencontrer Abbas à Paris : selon ce leader, le rais palestinien serait en train de manipuler les Juifs de Diaspora dans le but de contrer la revendication de Binyamin Nétanyaou de reconnaître Israël comme un État juif. Abbas pourrait prochainement déclarer : " Israël n'est pas un État juif pour la simple et bonne raison que tous les Juifs n'y vivent pas. J'ai rencontré des Juifs à l'étranger : ils dirigent des communautés. Ils sont heureux dans leur pays, sont français, américains ou canadiens et n'envisagent pas de venir s'installer en Israël. Pourquoi donc Israël serait l'État de ces Juifs " ?, pourrait donc dire Mahmoud Abbas. À méditer….