MEMRI Middle East Media Research Institute
Enquête et analyse n° 586
La Conférence de la résistance à Beyrouth déclare la victoire de la résistance et la défaite de la politique américaine dans la région
Par : Y. Yehoshua
La conférence de Beyrouth : démonstration de force des organisations de résistance, de la Syrie et de l´Iran
La première conférence du Forum international arabe pour le soutien de la résistance s´est tenue du 15 au 17 janvier 2010 à Beyrouth. Plus de 3000 personnes issues du monde arabe, islamique et occidental étaient présentes ; figuraient en bonne place des leaders des mouvements de résistance palestiniens, libanais et irakiens, et des représentants iraniens et syriens.
La liste des invités comprenait : le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, le chef du bureau politique du Hamas Khaled Mechaal, le cheikh Harith al-Dhari, président de l´Association des savants irakiens, qui représentait la résistance irakienne. Etaient aussi présents de hauts responsables des pays islamiques et arabes, dont le vice-président iranien Mohammad Reza Mir-Tajeddini, qui a lu une lettre de M. Ahmadinejad, un membre du parti syrien Baath représentant le président syrien Bachar Al-Assad, et de nombreux responsables libanais, dont un porte-parole du président libanais Michel Suleiman, un porte-parole du Premier ministre libanais Saad Al-Hariri, et l´ancien Premier ministre libanais Salim Al-Hoss . Figurait également parmi les participants le cheikh Yousef Al-Qaradhawi, directeur de l´Union internationale des savants musulmans, ainsi que des responsables et intellectuels de divers pays occidentaux, dont le député britannique George Galloway, l´ancien Procureur Général des Etats-Unis Ramsey Clark et l´avocat américain Stanley Cohen, qui pendant des années se sont occupés de la défense d´individus inculpés de terrorisme.
Pendant la conférence, qui a consisté en une démonstration de force des éléments du camp pro-iranien, les participants ont souligné le droit à la résistance armée contre l´occupation israélienne et américaine, ainsi que l´importance de la résistance pour contrecarrer la politique occidentale moyen-orientale et instaurer un ordre mondial juste. Le site officiel de la Conférence explique que l´idée de la convoquer est née en réaction à l´augmentation des pressions et aux tentatives de suppression de l´option de la résistance face à l´occupation, après que la résistance "eut prouvé son efficacité à déjouer les plans hostiles au Liban, à Gaza, en Irak et en Afghanistan." [1] La déclaration finale a appelé à la coordination des mouvements de résistance, précisant que la résistance au Liban, en Palestine et en Irak pouvait servir de modèle � � la "lutte contre le terrorisme d´Israël et des Etats-Unis". [2]
Les représentants syriens et iraniens se sont particulièrement distingués par leur soutien à la résistance. En revanche, les pays modérés, et notamment l´Égypte, ont été la cible d´attaques. La déclaration finale a appelé ces derniers pays à adopter la résistance, rompre leurs relations avec Israël, agir pour faire exclure ce pays de l´ONU et d´autres organisations internationales, et poursuivre les "criminels de guerre" israéliens et américains.
Cette conférence a eu lieu un an après l´altération de l´équilibre des forces au Moyen-Orient, au détriment du camp arabe modéré, lequel représentait un contrepoids au camp pro-iranien dans le monde arabe et s´était farouchement opposé aux organisations de résistance. Le facteur déterminant dans l´affaiblissement du camp modéré a été la réconciliation entre le roi Abdallah d´Arabie saoudite et la Syrie. L´Arabie saoudite, qui a conclu un accord avec la Syrie sur la création d´un gouvernement d´union nationale au Liban, malgré la victoire électorale des Forces du 14 Mars - un allié saoudien - a ouvert la voie au retour de la Syrie au Liban sans aucune garantie que le Hezbollah ne modifie sa politique, et sans que la Syrie ne propose la moindre contrepartie.
En dépit de sa réconciliation avec l´Arabie saoudite, la Syr ie continue d´entretenir des relations très étroites avec l´Iran et de soutenir la résistance. Ainsi, cette réconciliation est intervenue alors même que la Syrie, l´Iran et les organisations de résistance lançaient une attaque cinglante contre l´Egypte, l´allié le plus important de l´Arabie Saoudite, dans le contexte des relations entre l´Égypte et Israël, du blocus de Gaza et de la construction par l´Egypte d´un barrière d´acier le long de la frontière entre l´Egypte et Gaza.
Plus remarquable encore fut la présence des nombreux représentants libanais, dont deux ministres du gouvernement représentant le président libanais Michel Suleiman et le Premier ministre libanais Saad Al-Hariri. Leur présence à cette conférence reflète l´ascension politique du Hezbollah, malgré sa chute dans les sondages, ainsi que la défaite des Forces du 14 Mars, dont la plupart des membres n´appelle plus aujourd´hui au désarmement du Hezbollah.
La tenue de cette conférence à Beyrouth, avec la participation de hauts responsables libanais, de l´Iran et de la Syrie, indique le retour du Liban dans le camp de la résistance. Divers article s parus dans la presse libanaise et syrienne ont souligné que la tenue même d´une conférence de la résistance à Beyrouth, avec le soutien de la Syrie et de l´Iran, est une victoire politique pour Hezbollah et ses alliés. Le chroniqueur libanais Hussein Atwi écrit dans le quotidien qatari Al-Watan que "la Conférence de Beyrouth n´aurait pas eu lieu à cette date si l´option de la résistance et sa légitimité n´avaient pas été pleinement acceptées par les représentants libanais officiels, suite à l´âpre lutte ayant opposé au sein de l´arène politique libanaise le camp de la résistance et les forces rassemblées autour du plan américain cherchant à utiliser la Résolution 1559 pour désarmer la résistance et imposer le projet d´américanisation au Liban..."[ 3]
Un autre chroniqueur du quotidien syrien Al-Watan, Hassan Hirdan, évoque les circonstances qui ont conduit à la conférence, remarquant : "Il est évident que sans les victoires de la résistance arabe au Liban, en Palestine et en Irak, sans la détermination syrienne et iranienne à résister à l´entreprise d´hégémonie américaine, et sans le soutien continu à la résistance, cette conférence n´aurait jamais pu avoir lieu à Beyrouth. C´est grâce à cette conférence que Beyrouth a retrouvé son rôle de pionnier, encourageant les personnes éprises de liberté à travers le monde qui résistent à l&acu te;occupation, à l´impérialisme, à l´hégémonie impérialiste et à la mondialisation inhumaine et barbare..." [4]
Lire le rapport intégral en anglais : http://www.memri.org/report/en/0/0/0/0/0/0/3964.htm
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