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10 décembre 2012 1 10 /12 /décembre /2012 14:56

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Par Maître Bertrand Ramas-Mulhbach

 

Pour © 2011 lessakele 

Le 8 décembre 2012, le Président égyptien Mohamed Morsi a finalement annulé le décret controversé du 22 novembre 2012 par lequel il s'était octroyé une plénitude de pouvoirs (notamment l’interdiction faite au pouvoir judiciaire de remettre en cause ses propres décisions). Il a néanmoins maintenu la date du 15 décembre 2012 pour le référendum concernant la modification de la Constitution. Les violences populaires en Egypte auront donc permis une reculade temporaire du Président Mohamed Morsi même s’il n’a pas décidé abandonner le processus de contrôle des institutions.
Cet épisode illustre comment la démocratie peut être instrumentalisée pour s’emparer du pouvoir et mettre en place un régime qui n’a rien à voir avec elle. La démocratie a permis aux Frères musulmans (et à une grosse partie du courant salafiste) d’accéder aux fonctions suprêmes en Egypte pour abroger l’Etat de Droit dans une forme de coup d’état institutionnel, et ce, en dépit de l’opposition populaire locale. Dans le même temps, le Président égyptien n’a jamais manqué d’avancer le respect scrupuleux de la Constitution et sa communication régulière avec l’opposition qu’il a invitée au dialogue: «j’invite ceux qui n’ont rien à se reprocher au dialogue » (tout en se moquant éperdument de la volonté populaire).
Les démocratie occidentales et l’ensemble des médias ont présenté Mohamed Morsi comme un modéré avec un programme économique sérieux, une volonté sincère d’opérer les réformes structurelles et une faculté de calmer les ardeurs du Hamas. Mais comme ce fut le cas au temps de l’Allemagne nazie en 1933, la démocratie lui a juste conféré les pouvoirs de l’appareil politique et le contrôle de ses rouages (avec toutefois, contrairement à Hitler, une impopularité grandissante). Les démocraties occidentales refusent d’admettre que les islamistes ne veulent pas des réformes démocratiques, n’acceptent pas le principe d’une société « plurielle » et que les mots « islamistes » et « modérés » restent antinomiques : l’islamisme ne peut qu’être radical. Mohamed Morsi n’est qu’un pion choisi par les fondamentalistes musulmans pour mettre en place la charia (dans un délai de deux ans) à l’aide de l’organisation paramilitaire des Frères musulmans.
Le même phénomène se produit en Tunisie. Le 4 décembre 2012, les miliciens islamistes ont attaqué les locaux du syndicat d’opposition (l’Union Générale Tunisienne du Travail UGTT), perturbé la cérémonie commémorant le 60éme anniversaire de l'assassinat de Hached (père fondateur de ce syndicat), avant que les représentants de la ligue de la protection de la révolution (la milice du parti islamiste au pouvoir qui s’en prend à tous ceux qui déplaisent au guide suprême ou qui freine la poursuite de son programme) attaquent physiquement les membres du bureau exécutif du syndicat. L’UGTT était dans le collimateur depuis qu’elle a appelé à la grève générale et a la dissolution de la ligue de protection de la révolution. Ses responsables redoutaient donc les représailles et s’en sont plaint sans que les autorités locales n’interviennent pour les en empêcher. Le président du mouvement islamiste Ennahdha, Rached Ghanouchi a même, (le 5 décembre), cautionné à demi mot l’attaque commise contre ce syndicat perçu comme un groupe d’opposition.
Parvenu démocratiquement au pouvoir, le parti islamiste tunisien tente d’effacer de la mémoire collective tunisienne tous les symboles qui s’y rattachent comme les fêtes nationales : le 9 avril (fête des martyrs pour l'indépendance), le 20 mars (fête de l'indépendance), ou le 5 décembre, (commémoration de l'assassinat de Farhat Hached fondateur de l’UGTT). Le parti islamiste tente également de remplacer le drapeau par un autre au couleur d’un l’Islam détaché de l’histoire tunisienne, ou encore de modifier l'hymne nationale (en retirant le dernier couplet). La finalité est de dissoudre l'identité tunisienne dans une sorte d’identité arabo musulmane, voire saoudo wahhabite, (tout comme le projettent les islamistes en Egypte) et de soumettre la Tunisie à la domination politico-religieuse du Qatar et de son grand-frère (quoi qu’ennemi) l'Arabie saoudite qui «exporte» son wahhabisme. L’islamisme en Tunisie doit devenir une simple application politique de l’Islam avec une constitution qui soit la plus conforme possible à la chariâ.
En Iran, même combat. Le fonctionnement politique repose sur l’islamisme couplé d’une force militaire qui appuie le gouvernement : les élections ne sont qu’une parodie de démocratie avec un Parlement élu en mai 2012, largement dominé (tout comme le précédent) par les conservateurs qui se réclament du Guide suprême Ali Khamenei. Les élections présidentielles prévues en juin 2013 seront également remportées par le challenger choisi par les gardiens de la révolution car l’Islam doit triompher, peut importe le sentiment populaire.
Au Liban (seul Etat de la Ligue Arabe dont l'identité et les institutions ne sont pas monopolisées par l'Islam), la démocratie est confessionnelle avec une représentation des diverses communautés reconnues par la Constitution. L’Islam s’y impose toutefois de façon progressive au détriment des minorités : le Liban s’est vidé de ses chrétiens et s’abandonne désormais au Hezbollah chiite (parti politique et force paramilitaire) qui islamise la société libanaise selon sa sensibilité.
En Turquie, les laïcs (bien que moins nombreux que les musulmans croyants), avaient profondément remodelé la société dans les années 20 avec Atatürk. La politique d’Erdogan a entrepris un renversement de la tendance avec une réduction du pouvoir des laïcs dans l’armée et dans tous les pans de la société civile, afin d’y imposer la dynamique islamiste.
Plus généralement et grâce à la démocratie, les dirigeants des Etats musulmans procèdent de la même façon qu’en Europe (où les pays ont décidé d’abandonner leur identité locale) en imposant une sorte d’internationale islamiste (à l’instar de l’internationale communiste) dont le centre se situe en Egypte avec un programme unique : la Charia. De la même manière, c’est par la démocratie que l’islamisme cherche à s’implanter en Europe avec le Qatar qui ambitionne d’y établir sa vision (islamiste) du monde (comme les juifs l’on fait avec leur modèle spirituel, philosophique et éthique en Palestine après la conquête territoriale). L’Emirat de la péninsule d’Arabie pénètre donc progressivement la sphère européenne avec ses investissements dans le capital des sociétés commerciales, du patrimoine foncier, des clubs de football, du financements des banlieues, et tentera, à terme, d’influencer la politique pour poser ses fondements idéologiques. Une fois au pouvoir, les partis islamistes s’appuieront alors sur des Assemblées nationales, coquilles vides, chargées d’entériner les décisions politiques.
Pour l’heure, islam et islamisme s’identifient en rendant le juif responsable de tous les maux (la méthode a déjà été expérimentée) et cela devrait durer jusqu’à ce que l’Islam s’ouvre à la tolérance, au respect de l’autre et cesse de se placer dans un cadre guerrier. Il faut pour cela qu’il interprète et adapte les textes sacrés à l’environnement et à la réalité en perpétuelle mutation, tout comme les juifs lisent la Thora avec le talmud, où les chrétiens, les Evangiles avec leurs Conciles. C’est un long travail qui mettra des années voir des siècles mais qui arrivera nécessairement. En attendant, l’islamisme restera un échec programmé qui se heurtera toujours à un problème de taille : l’individu (qu’il a complètement occulté).
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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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