Prisonnier X - Ben Zygier
Ben Zygier, un citoyen australien, agent du Mossad, n’était pas le premier prisonnier X à être tenu au secret dans une prison israélienne. Des agents-doubles, appréhendés à la suite d'une trahison, ou franchissant les lignes en devenant des criminels pour des motifs personnels, restent l’exception – mais le phénomène n’est pas inconnu dans la plupart des services d’espionnage. Dans les années 1950, l’agent israélien Mordecaï (Mottele) Kedar, a été incarcéré secrètement durant des années, pour avoir trahi sa mission.
La chaîne australienne ABC a mené une enquête dans les grandes largeurs, afin de découvrir la véritable histoire de l’homme ayant la double-nationalité israélo-australienne, alias Ben Alon, qui s’est suicidé, le 15 décembre 2010, à l’âge de 34 ans, dans une cellule de haute sécurité de la prison d’Ayalon, où il était tenu à un isolement confiné. Un autre ancien détenu de cette cellule est connu pour être l’assassin d’Yitzhak Rabin, Yigal Amir.
Après une interdiction de divulgation de longue durée, son nom a, finalement, été autorisé à publication, mercredi 13 février.
Selon ABC, après sa mort, son corps a été transporté par bateau vers Melbourne, en Australie, où sa famille, active dans la communauté juive locale, l’a fait enterrer une semaine plus tard. L’épitaphe sur sa tombe porte son nom et les dates de sa naissance et de sa mort. L’enquête d’ABC a dévoilé qu’une autopsie a été menée par l’Institut israélien de médecine légale, qui a diffusé le certificat de décès, mentionnant la cause de la mort par asphyxie, après s’être pendu, sous le nom de Ben Alon. On a aussi découvert un second passeport australien, au nom de Ben Allen.
Une organisation israélienne du nom de ZAKA, constituée de volontaires religieux connus pour collecter les restes des victimes juives du terrorisme, a pris soin du corps pour son dernier voyage vers Melbourne.
Les journalistes d’ABC ont retourné tous les dessous de l’affaire pour découvrir les raisons de cette extraordinaire discrétion imposée par le gouvernement israélien. Ce dossier relevait-il de la sécurité nationale ? Et les autorités australiennes étaient-elles parfaitement au courant ? Quand Ben Zygier est mort dans cette prison, quelles questions ont été posées par les diplomates australiens et que leur a-t-on répondu ? Et, en définitive, comment a-t-il réussi à mettre fin à ses jours, dans une cellule de haute sécurité sous surveillance constante ?
Un responsable des renseignements israéliens, sous couvert de l’anonymat, a déclaré à la TV australienne, que si ce que Ben Zygier a fait et savait avait été rendu public, cela aurait posé une menace immédiate à Israël, en tant qu’Etat-nation.
Les protocoles internationaux exigent que lorsqu’un citoyen étranger est détenu en prison ou décède, sa mission diplomatique en soit informée. Les enquêteurs journalistiques australiens supposent que, quel que soit le crime ou la faute que Ben Zygier a commis, cela doit impliquer des dossiers d’espionnage, probablement de la trahison et des informations très très sensibles mettant Israël en danger.
Mais encore, en dépit de leurs meilleurs efforts professionnels, les reporters d’ABC n’ont pas pu découvrir la moindre piste menant au dénouement de l’histoire mystérieuse du Prisonnier X, ni vérifier aucune conjecture faite de façon sauvage ou improvisée. On a lié son sort à divers épisodes, lors desquels des agents du Mossad israélien sous couverture ont été découverts en train d’opérer sous des passeports australiens ; une autre piste, le relierait au déserteur iranien, le Général Ali Asghari, qui a disparu de son hôtel à Istanbul, avec des valises pleines de secrets sur le nucléaire iranien.
Le transfuge général-vice-ministre irainen de la Défense, Al Reza Asghari
Il ont seulement été capables d’établir que Ben Zygier était juriste de profession.
L’une des multiples questions encore ouverte est de savoir comment il a réussi à commettre son suicide ? Warren Reed, un ancien agent des services secrets australiens, a dévoilé que, non seulement on a installé des caméras dans ce genre de cellule, mais aussi des capteurs, qui mesurent le taux de chaleur des détenus, sa respiration et sa transpiration. Comment ses surveillants n’ont-ils pas été capables de remarquer qu’il avait cessé de respirer, ni que son cœur avait cessé de battre ? Une réponse possible est que, lors des entraînements qu’il a suivi au Mossad, on lui ait appris à reprendre sa vie sous le nez de ses géôliers, et qu’il ait réussi à utiliser cette méthode pour se tuer.
Tôt ce mercredi, le porte-parole du Ministère des affaires étrangères australien a déclaré que le ministre, Bob Carr, avait ordonné une nouvelle enquête dans la conduite de Canberra, durant cette affaire, après qu’il soit apparu que les autorités israéliennes ont bien transmis à un diplomate de l’Ambassade australienne à Tel Aviv, des informations sur l’arrestation du citoyen australien Ben Zygier. Mais, le diplomate n’a jamais relayé l’information à Canberra, par les canaux conventionnels, a-t-il affirmé.
Selon Debkafile : “Canaux conventionnels” est un terme employé dans les relations des cercles des renseignements inter-gouvernementaux. Son utilisation pourrait indiquer que l’ambassade de Tel Aviv a transmis la note israélienne au service d’espionnage australien – et pas par les « canaux conventionnels » du Ministère des affaires étrangères.
Ce commentaire débouche sur des énigmes suggestives supplémentaires : pour qui travaillait vraiment Ben Zygier, ou Ben Allen ? S’agissait-il d’un agent du Mossad israélien ou des renseignements australiens – ou les deux à la fois ?
En tout état de cause, les autorités australiennes pourraient bien avoir leurs propres raisons d’avoir coopéré avec les mesures autoritaires étroites imposées par Israël autour de l’affaire Ben Zygier.
http://www.debka.com/article/22760/Mysterious-life-and-death-of-Australian-Mossad-agent
DEBKAfile Reportage Spécial 13 Février 2013, 12:30 PM (GMT+02:00)
Adaptation : Marc Brzustowski.