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10 août 2011 3 10 /08 /août /2011 08:48

 

Le soulèvement syrien : implications pour Israël

 

 

Eyal Zisser

 

Par Marc Brzustowski

 

Pour © 2011 lessakele  et © 2011 aschkel.info

 

http://www.jcpa.org/JCPA/

 

Remarque : cette conférence date du 16 juin. Entretemps, les évènements n'ont fait que se précipiter un peu plus en Syrie. Certaines données utilisées, à l'époque, sont à réactualiser : notamment, la participation de certaines villes et minorités au soulèvement ( ex : Kurdes), les massacres de Deraa, Hama et ailleurs ; des manifestations plus près des "centres" : Damas, Lattaqiyeh, Alep ; l'implication plus régulière de la Turquie, à la frontière-Nord, ou la publication de documents certifiant la main du régime dans l'organisation des journées de la Nakba et de la Naksa. Hormis ces points de "détail", la perspective historique mérite qu'on s'y arrête.

 

Aschkel et Gad.  

 

  • En Syrie, l’histoire a pris le tournant de l’émergence de groupes sociaux depuis la périphérie et à leur lutte pour accéder au pouvoir et conquérir le centre. L’apparition du parti Baath et de la dynastie des Assad, dans les années 1960 a impliqué une coalition de forces venues de la périphérie, conduite par les Alaouites, mais beaucoup d’autres les ont rejoint qui, tous, provenaient de la périphérie. Aujourd’hui, pour des raisons socio-économiques, la périphérie s’est retournée contre le pouvoir.

 

  • Avant l’insurrection, Les mouvements radicaux islamistes du Moyen-Orient soutenaient Bachar al-Assad. La plupart des Frères Musulmans le soutenaient –en Jordanie, en Egypte ainsi que le Hamas. Désormais, ils lui tournent le dos, conduits par le Cheikh Youssouf al-Qaradawi, dirigeant des Frères Musulmans à l’échelon global, qui leur rappelle qu’après tout, Bachar est un alaouite et qu’il est porté par le camp chi’ite.

 

  • La Turquie, sous la férule du Premier Ministre Erdogan, était devenue une alliée proche de la Syrie. Mais Erdogan n’émet aucune réserve en ce qui concerne la possibilité que des radicaux islamistes puissent arriver au pouvoir en Syrie, si jamais Bachar tombe. Au contraire, les radicaux sunnites et les Frères Musulmans syriens sont les alliés proches d’Erdogan, tout comme le Hamas. De sorte que la Turquie n’a rien à perdre si Bachar tombe.
  • Si Bachar tombe, il est probable que la situation sera identique à celle des décennies précédentes, avec un régime centrale très faible. Cela pourrait conduire à des incidents de frontières avec Israël, mais pas à une guerre, avec des actes terroristes qu’un régime faible ne pourra empêcher.
  • L’opposition syrienne finira probablement par l’emporter et, comme dans le cas de l’Egypte, elle sait que leur intérêt repose sur l’amitié avec les pays occidentaux, comme les Etats-Unis, et non avec l’Iran. Aussi, sur le long terme, un nouveau régime syrien pourrait s’avérer plus favorable pour Israël que le régime actuel.

 

La périphérie s’est retournée contre le régime.

 

Il est clair que le régime a échoué dans ses efforts à réprimer les manifestants, dont les actions se sont répandues à travers tout le pays. En même temps, le régime est encore en place, il est toujours fort et capable de combattre. L’armée, qui comprend des soldats et officiers qui n’appartiennent pas seulement à la communauté alaouite d’Assad, mais également à d’autres confessions et communautés, est toujours prête à se battre pour le régime. A la différence de l’Egypte, où le fossé entre l’armée et les cercles politiques dirigeants est devenu quasiment évident, ce n’est pas le cas en Syrie. Et à la différence de la Libye, quand, immédiatement après le début du soulèvement, on a enregistré beaucoup de défections d’ambassadeurs, de responsables de premier plan, et d’officiers de l’armée, ce n’est clairement pas le cas en Syrie.

 

En Egypte, on a assisté à une dimension générationnelle évidente de la révolution, qui était menée, à un certain degré, par la génération la plus jeune. En Libye, la tension se situe entre l’Est et l’Ouest –Tripolitaine et Cyrénaïque. Au Yémen, existe un facteur tribal – la lutte pour le pouvoir entre le Sud et le Nord, et également, entre les différentes configurations tribales. En Syrie, l’histoire relève d’une lutte entre la périphérie et le centre, avec l’émergence de groupes sociaux provenant de la périphérie, dans leur lutte pour gagner l’accès au pouvoir et de conquérir le centre.

Ce fut également la même situation en Syrie, entre les années 1950 et 1960. L’émergence du parti Baath et de la Dynastie des assad résultait de la lutte de la périphérie. Il s’agissait d’un coalition de forces périphériques conduites par les Alaouites, la dynastie Assad, mais beaucoup d’autres ont rejoint cette coalition et ils venaient de la périphérie. Farouk al-Sharaa, l’actuel vice-Président et, précédemment, Ministre des affaires étrangères, qui rejoint le combat du Baath pour le pouvoir, venait de Deraa. Mustapha Tlass, qui a été Ministre de la Défense sous Hafez al-Assad, durant environ 30 ans, venait de Rastan, une petite ville près de Homs, où se sont déroulées de graves violences.

 

Alors que les personnages essentiels de l’échelon politique sont Alaouites, la majorité des Ministres du gouvernement sont des Sunnites, ce qui reflète la composition de la société syrienne. Ce sont des Sunnites des grandes villes, ou des Sunnites qui sont venus, il y a plusieurs années, de la périphérie et qui ont perdu toute relation avec la périphérie. La périphérie supportait le régime Baath, même au cours d’une période difficile, dans les années 1980, lorsque le régime se mit à combattre les islamistes radicaux. Aujourd’hui, pour des raisons socio-économiques, la périphérie s’est retournée contre le régime. Ainsi, ce régime a perdu une base essentielle de son soutien.

 

Comparons cela avec l’Egypte, par exemple. En Egypte, nous n’avons pas entendu parler de la périphérie, au cours de la révolution, parce que le mouvement y été mené par des gens jeunes, instruits et appartenant aux classes moyennes à supérieures, qui ont décidé de descendre dans la rue et de manifester contre Moubarak. Les Syriens appartenant à la jeunesse des classes moyennes à Damas et Alep ne se sont pas encore décidés et attendent encore de voir ce qui va se passer. Les troubles se limitent encore à la périphérie, alors que les principaux centres urbains de Damas et Alep, bien qu’ils ne soutiennent pas le régime, n’ont pas encore rejoint la révolte. Dès qu’elle atteindra ces endroits, cela pourrait bien être la fin du régime, mais nous n’en sommes pas encore à cette étape. Nous devrions observer de plus près le changement d’attitudes des élites sunnites urbaines dans ces deux villes.

 

Le soulèvement gagne en dynamique. Il est monté des petits villages vers de plus grandes villes, puis s’est répandu vers les grandes métropoles, comme Homs et Hama. La chose essentielle à observer est la cohésion continuelle de l’armée syrienne. Combien de temps les soldats et officiers sunnites vont-ils accepter de tirer sur les manifestants et de prendre part aux efforts du régime pour réprimer sauvagement la rébellion ?

 

Il n’y a pas de réelle opposition constituée, en Syrie. Il y a beaucoup d’intellectuels, de nombreux détracteurs du régime et un grand nombre de militants des droits de l’homme, à l’intérieur comme à l’extérieur de la Syrie. A l’extérieur de Syrie, il existe plusieurs groupes qui se désignent eux-mêmes comme l’opposition, mais ils n’ont pas de réelle influence sur les évènements à l’intérieur de Syrie. Des conférences des militants de l’opposition se sont déroulées en Turquie, et, plus tard, à Bruxelles, qui pourraient bien conduire à l’émergence d’une opposition bien plus efficace, disposant d’un cercle dirigeant clair et d’une plus grande influence sur le cours des évènements. Cela pourrait s’avérer être une menace très dangereuse pour le régime, parce que ce groupe pourrait éventuellement être reconnu par les européens et, plus tard, par d’autres pays, comme le leadership légitime de Syrie. Au jour d’aujourd’hui, il n’existe pas de groupes qui puissent être reconnus comme tels, mais cela pourrait arriver dans l’avenir.


 

Le Régime de Bashar al-Assad

 

Il y a seulement dix ans, Bachar al Assad était perçu comme un réformateur ayant une mentalité occidentale. Cependant Bachar s’est empressé de rappeler qu’il avait grandi dans la Maison d’Hafez al-Assad, et qu’il n’était pas différent de lui. Les pays occidentaux et l’Administration américaine voulaient croire qu’il n’existait pas de meilleure alternative au régime Assad. Si ce régime s’effondrait, le cas de Irak risquait de se reproduire, avec son cortège de chaos, de terrorisme et d’Islamisme radical. Mais, désormais, se fait jour un changement dans l’attitude de l’Occident à l’égard de la Syrie.

 

La Syrie de Bachar al Assad est une partie déterminante de l’Axe du Mal, soutenue par l’Iran et le Hezbollah. Cependant, l’Iran et le Hezbollah ne peuvent pas faire grand-chose pour l’aider, particulièrement en Syrie, parce qu’une part du soulèvement et des troubles est motivée par la tension sunnite- chi’ite et, de toute évidence, l’Iran chi’ite paiera cher son soutien à Bachar, s’il est renversé.

 

Avant le soulèvement, Les mouvements islamistes radicaux au Moyen-Orient soutenaient Bachar. La plupart des Frères Musulmans le soutenaient. En Jordanie, en Egypte, ainsi que le Hamas. Désormais, ils lui ont tourné le dos, menés par le Cheikh Yousouf al-Qaradawi, guide des Frères Musulmans à un échelon global, qui leur rappelle qu’après tout, Bachar est un Alaouite, et la mascotte du camp chi’ite. Actuellement, Qaradawi, comme d’autres Frères Musulmans, à travers tout le monde arabe, et même le Hamas, doivent avoir des arrière-pensées concernant leur alliance avec Bachar.

 

Bachar jouissait également du soutien des panarabistes. Un exemple nous est fonné par Azmi Bishara, ancien député arabe israélien, qui vit, à présent, au Qatar. Il est chrétien, mais soutenait la Syrie, en tnt que Bastion de la « résistance » contre Israël. Aujourd’hui, ces  individus doivent penser que Bachar constitue un obstacle à la renaissance du panarabisme.

 

La Turquie, sous le règne du Premier Ministre Erdogan, était devenue une alliée proche de la Syrie. Mais Erdogan n’émet aucune réserve en ce qui concerne la possibilité que des radicaux islamistes puissent arriver au pouvoir en Syrie, si jamais Bachar tombe. Au contraire, les radicaux sunnites et les Frères Musulmans syriens sont les alliés proches d’Erdogan, tout comme le Hamas. De sorte que la Turquie n’a rien à perdre si Bachar tombe.


De toute évidence, les troubles en Syrie ont à voir avec l’économie. Nous tendons à penser que l’économie syrienne se portait bien, mais cette prospérité profite au centre et à quelques élites sunnites, mais elle a peu d’impact en périphérie (ce qui est exactement ce qui s’est passé en Egypte, également). La Banque Mondiale était très satisfaite de la conduite de l’économie syrienne, mais la périphérie manifestait des réticences. Maintenant, l’économie syrienne est paralysée, et Bachar a effectué des changements dramatiques, en suspendant les subventions. L’industrie du tourisme s’est effondrée. Même s’il survit, Bachar pourrait payer chèrement et se trouver en demande désespérée, non tant de missiles iraniens que d’aide économique.

Dans les semaines et mois à venir, si le désordre se poursuit, l’économie syrienne restera paralysée et Bachar se trouvera sans ressources pour satisfaire les élites urbaines de Damas et Alep, moment où la classe moyenne risque de se retourner contre lui. Aussi est-il en train de ruser pour gagner du temps, mais le temps n’est pas avec lui. Il a besoin de stopper les troubles immédiatement, car s’ils se poursuivent, ils menaceront ses intérêts.

Lorsque Bachar parle de réforme, ce qu’il a en tête, c’est d’ouvrir de nouvelles écoles, de lancer de nouveaux projets touristiques, d’encourager l’industrie. Cela n’a rien à voir avec aucun changement politique ou « réforme », car cela irait à l’encontre de la nature-même du régime.

 

 

Bachar se bat actuellement pour sauver sa vie et ce qui arrive à l’extérieur de la Syrie n’a aucune pertinence à l’heure qu’il est. Nous savons très précisément ce qui lui arriverait, ainsi qu’à tous ses généraux, dans l’éventualité d’un changement de régime. Tant qu’il se bat pour survivre, il fera tout ce qui est nécessaire pour vaincre, et il se fiche que les Américains et Européens le condamnent à cause de sa brutalité.

 

Les Syriens ne perçoivent pas l’Egypte comme un modèle pertinent pour eux. Le modèle dont ils s’inspirent pour l’avenir de la Syrie, c’est l’Irak ou le Liban. Les Syriens regardent le modèle irakien comme un exemple de ce qui doit se produire si le régime s’effondre : désintégration de l’Etat, massacre et affrontements ethniques.

 

Jusqu’à présent, la protestation se limite à la périphérie sunnite. Nous n’avons pas entendu parler de troubles dans les zones druzes du sud de la Syrie. Les Chrétiens, de toute évidence, soutiennent pleinement le régime Assad, tout comme les autres minorités. Les Kurdes de l’Est de la Syrie sont encore dans une position consistant à attendre et voir.

 

 Les relations syriennes avec Israël.

 

Le régime syrien n’a aucun intérêt à une escalade le long de la frontière israélo-syrienne. La Syrie sait que le plus petit incident peut tourner à la guerre totale, comme au Liban en 2006. Je me demande si c’est vraiment le régime syrien qui a organisé toutes ces manifestations le long de la frontière, lors des jours de la Nakba et de la Naksa. Vraiment, lorsque le régime était fort, cela n’aurait pas pu arriver. Maintenant que le régime est affaibli et qu’Assad est focalisé l’essentiel de son attention sur les émeutes à travers toute la Syrie, de tels évènements peuvent survenir. Mais lorsque le régime a perdu le contrôle, le régime a fait un effort pour contenir et mettre un terme aux incidents. Bachar a besoin de ses soldats pour combattre le peuple syrien et pour réprimer la révolte. La dernière chose dont il a besoin, c’est d’une guerre avec Israël, dans laquelle Israël pourrait détruire son armée. Le laissant sans bouclier de défense contre le soulèvement.

 

[sur ce point, voir : Des documents d’état syriens prouvent qu’Assad a orchestré l’assaut du plateau du Golan, le Jour de la Nakba ]

 

Faire la paix avec Israël n’est pas une idée très populaire dans le monde arabe. Un dirigeant faible ne la prendre même pas en compte. Il y a un consensus en Syrie qu’un jour il sera possible de réfléchir à la façon de régler le conflit avec Israël, mais dans un régime faible dont le dirigeant est attaqué, ce n’est pas le bon moment. Personne en Syrie n’a prêté la moindre attention aux manifestations des jours de la Nakba et de la Naksa. Tout dont on se préoccupe, c’est de Bachar et de son régime. Le peuple de Syrie est indifférend à ce que font les Israéliens actuellement.

 

Israël devrait percevoir le régime syrien comme une menace stratégique, parce que Bachar al-Assad a cherché à développer des capacités nucléaires. Il a fourni un soutien au Hamas et au Hezbollah – pas le genre de soutien que son père avait l’habitude de leur apporter, mais un soutien stratégique, qui a transformé le Hezbollah en un défi stratégique majeur pour Israël. Bachar  est celui qui a amené les Iraniens en Syrie et dans la région. Les Iraniens étaient présents, mais seulement comme invités. Aujourd’hui, ils sont dans toute autre position et l’alliance devient plus étroite. Au même moment, Bachar maintient le calme sur la frontière des hauteurs du Golan et affirme qu’il voulait signer un accord de paix avec Israël.

 

Le dirigeant syrien en est arrivé à la conclusion que le fait de posséder une puissance nucléaire est ce qui sauve le régime coréen, jusqu’à présent, et que ce qui a permis aux Américains d’attaquer Saddam Hussein est, précisément, le fait qu’il ne disposait pas d’une telle option nucléaire. Un régime syrien différent pourrait ne pas avoir les ressources économiques et les mêmes relations intimes avec la Corée du Nord et l’Iran, et ne pas ressentir ce besoin d’acquérir, à tout prix, une puissance nucléaire. Cette Syrie-là, sous un nouveau régime pourrait être différente de la Syrie sous la tutelle de la dynastie Assad. Hafez al Assad, avec l’aide occidentale, s’est montré capable de transformer la Syrie – un petit pays d’arrière-garde – en une puissance régionale. Sortir la dynastie Assad de l’équation et la Syrie restera un Etat important sur le plan géographique, mais pas le pouvoir régional qu’elle était auparavant.

 

Tout comme la question de la paix avec Israël contenait une dimension personnelle dans l’exigence d’un retrait israélien sur les rives de la Mer de Galilée, parce qu’Hafez al Assad, en tant que Ministre de la Défense, était celui-là même qui avait perdu la guerre de 1967. Si vous sortez la dynastie al Assad de l’équation, peut-être que la position syrienne n’en deviendra que plus flexible.

 

Un nouveau régime syrien serait mieux pour Israël

Plus la Syrie sera faible, plus le Liban se renforcera. Tout changement de régime en Syrie pourrait constituer un sérieux revers, pour le Hezbollah, même si le Hezbollah représente un grand nombre de Chi’ites. C’est u authentique pouvoir central chi’ite libanais, ayant des racines profondes. Cependant, c’est bien l’aide de la Syrie et de l’Iran qui a transformé le Hezbollah en puissance régionale. Sortir la Syrie de l’équation devrait réduire le Hezbollah à une taille plus raisonnable : le contraindre à devenir un parti libanais fort, mais pas plus que cela.

 

La Syrie soutenait les Chi’ites du Liban, mais, simultanément, apportait également quelque soutien aux Sunnites, parce que la logique derrière l’intervention syrienne au Liban a toujours été : diviser pour mieux régner. Un régime sunnite en Syrie puorrait modifier l’équilibre au Liban en faveur des Sunnites.

 

Un nouveau régime en Syrie pourrait vouloir dire un retour aux années 1950-1960, lorsqu’il y avait un gouvernement syrien faible et décentralisé, mais dote de régions fortes. Chaque région a ses propres caractéristiques ethniques et communales, et cela peut déboucher sur un coup d’état de temps à autre et un manque de stabilité. Le pire scénario serait que la Syrie se transforme en nouvel Irak, car il n’existe pas seulement des comptes historiques à régler, mais aussi des comptes très actuels, qui peuvent ressurgir : on a dénombré plus de 2000 syriens tués et les familles réclameront vengeance, pas seulement à Bachar, mais à leurs voisins Alaouites et Chrétiens.

 

Je ne pense pas que ce soit dans l’intérêt d’Israël que Bachar reste au pouvoir. Certainement, tout comme en Egypte, il est toujours possible que les Frères Musulmans prennent le dessus en Syrie, mais je ne suis pas sûr que ce sera effectivement le cas. Si Bachar est renversé, la situation sera probablement assez similaire à ce qu’elle a été ces dernières décennies, avec un régime central très faible. Cela pourrait mener à des incidents de frontières avec Israël, mais pas à une guerre, avec son lot d’actes terroristes qu’un pouvoir faible ne saurait contenir. L’opposition syrienne prendre probablement le dessus, et comme dans le cas de l’Egypte, elle sait que son intérêt repose sur l’amitié avec les pays occidentaux comme les Etats-Unis, plutôt qu’avec l’Iran. Aussi, sur le long terme, un nouveau régime syrien devrait être plus favorable pour Israël que l’actuel régime.

*     *     *

Prof. Eyal Zisser est le Doyen de la Faculté des Humanités, et l’ancien chef du Département d’Histoire du Moyen-Orient et d’Afrique, ainsi que du Centre Moshe Dayan des études moyen-orientales et africaines, à l’Université de Tel Aviv. C’est un expert chevronné de la Syrie qui a écrit, depuis une longue période, sur l’histoire et les politiques contemporaines en Syrie, au Liban et concernant le conflit israélo-arabe. Parmi ses livres les plus connus : Au nom du Père, les premières années au pouvoir de Bachar al –Assad ; Liban : le défi de l’Indépendance et : La Syrie d’Assad à un carrefour. Ce briefing sur un sujet à This Jerusalem se fonde sur sa présentation à l’Institut pour les Affaires Contemporaines du Centre de Jérusalem des Affaires Publiques, le 16 juin 2011. 

 


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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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