Par Jacques Bendelac, à Jérusalem
Rubrique: Economie
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Les économistes du FMI ne tarissent pas d’éloges sur la bonne santé de l’économie israélienne: « le rythme de croissance de la production est supérieur à celui des pays industrialisés; il sera de l’ordre de 4% en 2010, et le chômage est retombé à son plus bas niveau historique, autour de 6%. Ces indicateurs sont le résultat d’une bonne préparation à la crise et d’une politique économique déterminée ». En revanche, le rapport du FMIs’inquiète de la flambée des prix de l’immobilier et suggère à la Banque centrale de cesser d’acheter des dollars pour protéger les exportations.

La mission du Fonds monétaire international (FMI), qui est en Israël depuis quinze jours pour d’établir son rapport annuel, vient de remettre un compte-rendu préliminaire au ministre des Finances et au gouverneur de la Banque d’Israël. La mission du FMI se compose de quatre économistes et elle est dirigée par Peter Doyle, le chef de division au Département Europe du FMI. Comme les années précédentes, la mission a rencontré les principaux acteurs de l’économie israélienne, aussi bien du secteur public que privé.

Plusieurs défis à relever

Les rédacteurs de ce nouveau rapport estiment que la politique économique du gouvernement israélien doit relever plusieurs défis: « En raison des anticipations inflationnistes grandissantes, des tensions sur les capacités de production et d’une dette publique croissante, une politique restrictive est nécessaire (réduction des déficits et relèvement des taux d’intérêt). C’est pourquoi, la réduction du déficit budgétaire doit être plus rapide que prévue, ce qui permettra de relever lentement le taux d’intérêt et d’atténuer les tensions à la hausse du shekel ».

Les économistes du FMI n’hésitent pas à proposer leur recette pour améliorer les comptes nationaux: «Malgré des rentrées fiscales supérieures aux prévisions, et parallèlement à la baisse des dépenses qui contribue à améliorer le déficit, il est possible que d’autres mesures soient justifiées dans le domaine des impôts indirects (comme le relèvement de la TVA) ».

Les dangers de la bulle immobilière

Le rapport aborde aussi la bulle immobilière qui enfle en Israël. Les experts internationaux n’y vont pas de main morte: « Des mesures seront nécessaires pour refroidir le marché de l’immobilier. Le rythme de l’augmentation du prix des logements ne peut se poursuivre sans mettre en danger la stabilité économique, et celle du secteur bancaire en particulier », prédisent-ils.

Les économistes recommandent des mesures pour freiner la hausse des prix de l’immobilier: augmentation des terrains à construire disponibles, allégement des formalités, réduction des exonérations fiscales sur le revenu des loyers, etc. Le tout vise à « créer un terrain de jeu où les forces en présence sont équilibrées ».

Le bon usage de la redevance pétrolière

La mission du FMI s’est aussi penché sur le rapport de la commission Shishinsky recommandant de relever la redevance que paient à l’Etat les compagnies pétrolières: « une refonte de la fiscalité sur les ressources naturelles est positive, et la nomination d’une commission par le ministère des Finances est une bonne mesure. L’objectif d’accroître la part de l’Etat dans le revenu de l’activité énergétique doit être mis en œuvre ».

En revanche, les économistes du Fonds recommandent de ne pas utiliser toute la fiscalité sur le gaz pour financer les dépenses courantes. La mission encourage le gouvernement « à adopter des réformes conformes aux pratique internationales, y compris une fiscalité qui garantit une répartition intergénérationnelle des profits ». Selon les rapporteurs, « la redevance pétrolière doit, en premier lieu, permettre la baisse du niveau de la dette publique; si de nouvelles réserves de gaz sont découvertes, les revenus engendrés devront être versés à un fonds public d’investissement ».

Stanley Fischer critiqué pour les achats de devises

Cette année, le gouverneur de la banque centrale Stanley Fischer est critiqué par la mission du FMI, en raison de son recours systématique aux achats de devises: « Une intervention sur le marché des devises peut garantir des conditions normales au fonctionnement du marché. Néanmoins, dans la mesure où les réserves ont atteint un niveau significatif, l’usage continu de cet instrument remet en cause la crédibilité du système des changes flottants: il ne peut servir d’instrument principal pour parvenir à un équilibre entre les objectifs d’inflation et de concurrence ».

Ce que le rapport du FMI ne dit pas

En revanche, le rapport du FMI reste muet sur la pauvreté croissante en Israël, sur les inégalités criantes et sur les écarts de revenu exagérés. Certes, l’objectif du FMI était de dresser un bilan financier de l’économie israélienne. Mais ignorer les problèmes sociaux conduit à des conclusions erronées: c’est ainsi, par exemple, qu’une baisse des dépenses publiques ne contribuera pas forcément à réduire les inégalités. Au contraire, le gouvernement doit dégager des ressources nécessaires pour financer les créations d’emplois et les investissements dont le pays a besoin, notamment en interrompant la baisse de l’impôt sur le revenu et sur les sociétés.

Jacques Bendelac (Jérusalem)