Les récits d’Obama, de la Libye et de la Jordanie
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Adaptation française de Sentinelle 5773 ©
Les fiascos opérationnels, du renseignement et politiques qui ont mené à, et suivi l’attaque jihadiste du 11 septembre 2012 contre le Consulat des USA à Benghazi en Libye proviennent tous du même problème. Il s’agit de l’échec du cadre conceptuel du président des USA Barack Obama pour comprendre le Moyen-Orient.
Ce cadre met la faute de tout ou de la plupart des pathologies du monde musulman sur les USA et Israël. Ce que Obama et ses conseillers peuvent observer, c’est qu’il y a beaucoup de monde en désaccord avec eux. Et donc ils ont adopté une politique pour délégitimer, discréditer et réduire au silence leurs adversaires. A cette fin, son gouvernement a expurgé le lexique du gouvernement fédéral des USA de tous les termes nécessaires pour décrire la réalité.
« Jihad », « Islamiste », « islam radical », « terrorisme islamique » et expressions similaires ont toutes été bannies. L’étude de la doctrine islamiste par les officiels du gouvernement a été mise hors la loi.
La dernière victime de cette politique a été un instructeur du Collège du personnel des Forces Conjointes de Norfolk, en Virginie. Jusqu’à ce qu’il soit viré cette semaine, l’instructeur enseignait « les Perspectives sur l’islam et le radicalisme islamique ».
Selon le Colonel Dave Lapan, porte-parole du Général Martin Dempsey, le N°1 des chefs d’Etat-Major Inter Armes des USA, l’instructeur a été licencié pour avoir commis un crime intentionnel. « Il a décrit l’islam presque entièrement de façon négative ». Dempsey a ordonné lui-même l’enquête sur tous les cours islamiques à travers le système éducatif militaire des USA.
Le refus de l’administration d’accepter le simple fait que les régimes et les forces islamiques qui se lèvent maintenant à travers le monde arabe menacent les intérêts des USA n’est pas seulement un échec conceptuel.
Un autre échec, provenant aussi de l’adoption par Obama du récit de politique étrangère anti-américain et anti-Israël, est aussi dévastateur pour la région. Et comme l’échec conceptuel qui a conduit à l’attaque meurtrière sur le Consulat américain à Benghazi, cet échec conceptuel reviendra aussi hanter l’Amérique.
Ce second cadre conceptuel faussé met en avant la racine de l’instabilité dans la région sur l’absence de traités de paix formels entre Israël et ses voisins arabes. Il proclame que la manière de pacifier les forces régionales radicales est de faire pression sur Israël pour faire des concessions sur le territoire et la légitimité » de ses voisins.
Obama n’est pas le seul dans sa position de ce cadre conceptuel pour la politique des USA aux Moyen-Orient. Il n’est que le dernier d’une longue liste de présidents américains à l’adopter.
Dans le même temps, le concept que le processus et les traités assurent la paix et la stabilité dans la région se sont totalement effondrés pendant le mandat d’Obama à son poste. Alors ce qui rend Obama si unique, c’est qu’il est le premier président à s’accrocher à ce cadre politique depuis son total discrédit.
Israel a signé quatre traités de paix avec ses voisins arabes. Il a signé des traités avec l’Egypte, la Jordanie, l’OLP et le Liban. Tous ces traités ont échoué ou ont été rendus insignifiants par des évènements ultérieurs.
Aujourd’hui, le traité de paix vieux de 31 ans entre Israël et l’Egypte est une coquille vide. Le nouveau régime égyptien des ‘Frères Musulmans’ ne l’a pas officiellement abrogé. Mais l’ascension au pouvoir des ‘Frères Musulmans’ antijuifs génocidaires lui a ôté toute signification.
Le traité n’est plus crédible, parce que les ‘Frères Musulmans’, dont le président égyptien Mohamed Morsi, rejettent le droit d’Israël à l’existence. Leur rejet du droit d’Israël à l’existence n’est pas une position politique primaire, mais elle est religieuse. Morsi et son régime perçoivent les Juifs comme les ennemis d’Allah méritant l’annihilation.
Morsi lui-même a un riche passé de déclarations attestant ce fait. Par exemple, en novembre 2004, il déclara : « Le coran a établi que les Juifs sont les ennemis au degré le plus élevé des Musulmans ».
Il poursuivit : « Il n’y a pas de paix avec les descendants des singes et des porcs ».
En janvier 2009, Morsi a qualifié les Israéliens de « Dracula qui sont toujours assoiffés de plus de meurtres et de sang, usant de toutes sortes d’armes de guerre que leur fournit le gouvernement américain ». Il a accusé les Israéliens de semer les graines de la haine entre les humains ».
Avec des positions comme celles-ci, Morsi n’a pas besoin de prononcer la mort du traité de paix pour lequel Israël a rendu la Péninsule du Sinaï, et avec elle, la capacité de dissuader et de bloquer des invasions depuis le Sud.La mort du processus se démontre d’elle-même.
La paix a été le fait d’un régime. Et lorsque le régime a pris fin, la paix était terminée. Le fait que la paix était contingente à la survie du régime qui l’a faite l’a rendue totalement prévisible.
En 1983, Israël a signé un traité de paix avec le Liban. Le traité fut abrogé aussitôt que le régime qui l’avait signé fût renversé par des radicaux islamiques et la Syrie.
Puis il y a eu le traité de paix avec l’OLP. Cette paix – ou processus de paix – fut officiellement introduite par la signature de la Déclaration de Principes sur la pelouse de la Maison Blanche le 13 septembre 1983.
Aujourd’hui, le gouvernement Obama oppose les tentatives du chef de l’OLP Mahmoud Abbas pour recevoir la reconnaissance internationale d’un Etat palestinien à travers une élévation de sa position à l’ONU depuis le statut de non membre.
Lundi, l’ambassadeur des USA à l’ONU Susan Rice a expliqué que le gouvernement Obama s’oppose à la décision de l’OLP parce que il croit « qu’il « met en péril le processus de paix ».
Mais cela n’est pas une raison crédible pour s’y opposer. La raison de s’y opposer, c’est parce que la décision de l’OLP nuit à Israël.
Le processus de paix est mort. Il est mort parce que c’était une tromperie. Les Palestiniens ont négocié de mauvaise foi depuis le depart. Il est mort parce que l’Autorité Palestinienne a perdu la Bande de Gaza contre la Hamas en 2007. Il est mort parce que Abbas et son AP n’ont pas la capacité de faire la paix avec Israël, même s’ils le voulaient – ce qu’ils ne veulent pas. Il en est ainsi parce que leur peuple n’acceptera pas une coexistence pacifique avec Israël. Le mouvement national palestinien est justifié non par le désir d’établir un Etat palestinien, mais par le désir de détruire l’Etat juif.
Abbas a dit cela clairement – une nouvelle fois – cette semaine dans une déclaration publiée sur sa page officielle ‘Facebook’. Là, il a dit sans fard que sa déclaration qu’Israël occupe illégalement le territoire palestinien s’applique non seulement à la Judée et à la Samarie, mais plutôt à tous les territoires qu’Israël a occupé avant juin 1967 ».
Avec des partenaires de paix comme celui-là, il est au-delà de l’évidence qu’il n’y a rien qu’Israël puisse faire d’autre qu’un suicide national pour les satisfaire.
Cela nous amène à la Jordanie. La Jordanie est l’un de ces récits que personne ne veut discuter, parce qu’il détruit tous nos mythes chéris sur la nature des relations entre Israël et les Arabes, la popularité relative de l’islam jihadiste et les options des USA pour aller de l’avant.
Le royaume Hachémite de Jordanie est composé de trois groupes de population. L’ethnie palestinienne comprend la vaste majorité des citoyens jordaniens. Les Hashémites ont toujours considéré les Palestiniens comme une menace pour le régime, et ont donc bloqué leur intégration dans les hiérarchies gouvernementales et militaires. Les Palestiniens ont toujours été opposés à l’existence d’Israël.
Le second groupe le plus important de Jordaniens, ce sont les tribus bédouines. Jusqu’à la dernière décennie environ, les tribus bédouines de Jordanie, comme celles d’Israël et du Sinaï, n’étaient pas particulièrement religieuses, pas plus qu’elles n’étaient intrinsèquement opposées à une coexistence pacifique avec Israël.
Les Bédouins israéliens servent dans Tsahal en grand nombre. Les Bédouins du Sinaï ont servi dans l’administration civile d’Israël dans le Sinaï et se sont opposés au traité de paix qui les renvoyait au contrôle de l’Egypte. Et les Bédouins de Jordanie ne se sont pas opposés à la monarchie de manière officieuse historiquement, mais ont largement reconnu une alliance stratégique avec Israël.
Tout cela a changé dans les 10 à 15 dernières années pendant que les Bédouins du Sinaï prenaient beaucoup part à la violence jihadiste. Les Bédouins d’Israël ont de plus en plus adopté les causes de l’irrédentisme, de l’islam radical et du jihad. Et les Bédouins de Jordanie sont devenus encore plus opposés à une coexistence pacifique avec Israël que les Palestiniens.
Il reste les Hashémites. Un petit clan arabe installé au pouvoir par les Britanniques, les Hashémites ont considéré historiquement Israël comme les partenaire et protecteur stratégiques de leur régime.
Depuis la chute du régime Moubarak, le roi Abdullah de Jordanie a été de plus en plus inquiet des évènements régionaux et des courants intérieurs. L’ascension des ‘Frères Musulmans’ en Egypte a renforcé les frères musulmans de Jordanie. La montée des forces shiites pro-iraniennes en Irak suivant le retrait des USA a fait de la Jordanie pro-occidentale une cible attractive pour les jihadistes triomphants à travers la frontière ; La montée des forces islamistes dans l’opposition syrienne, pour ne rien dire des activités subversives permanentes réalisées par des agents du régime syrien, ont limité encore plus la marge de manœuvre de la Jordanie.
Enhardis par toutes ces forces, les Bédouins jordaniens sont aujourd’hui en révolte ouverte contre la monarchie et son refus d’abroger le traité de paix avec Israël.
Cette révolte a été démontrée dans toute sa laideur ces dernières semaines après la nomination par Abdullah de Walid Obeidat au poste de nouvel ambassadeur de Jordanie en Israël.
La tribu d’Obeidat l’a désavoué ainsi que sa famille et l’a qualifié de traître pour avoir accepté la nomination. Sa tribu a invité les autres tribus à se joindre à une manifestation de masse exigeant l’abrogation du traité et la destruction d’Israël.
A ce stade, la valeur stratégique du traité de paix d’Israël a été détruite. Même si Abdullah souhaitait voir en Israël un protecteur stratégique, comme son père, le roi Hussein, le fit en 1970 lors de la guerre civile entre les Hachémites et les Palestiniens, il ne le peut pas. En 1970, les Syriens partageaient l’antipathie de Hussein pour Yasser Arafat et l’OLP, et donc ne sont pas intervenus en leur nom. Aujourd’hui, il n’existe pas de force arabe qui le soutiendrait dans un combat avec Israël contre les fondamentalistes islamiques.
Peut-être en reconnaissance de la fragilité de l’emprise des Hashémites sur le pouvoir, on a rapporté la semaine dernière que les USA ont déployé des forces militaires dans le royaume. Selon les articles des media, la force consiste en quelques centaines de conseillers et d’autres équipes dont les principales fonctions sont d’assister la Jordanie dans la prise en charge des 200.000 réfugiés de Syrie qui ont afflué à travers la frontière depuis le début de la guerre civile en Syrie, et pour aider à sécuriser les arsenaux chimiques et biologiques de la Syrie. Il est plus que probable que la force est aussi en place pour évacuer des Américains dans l’éventualité d’un effondrement du régime.
Dans la situation actuelle, les USA ont très peu de bonnes options stratégiques. Mais ils ont un pari sûr. Aujourd’hui, les USA ont un seul allié au Moyen-Orient en qui ils peuvent avoir confiance : Israël. Et la seule décision sans risque à prendre est de tout faire en leur pouvoir pour renforcer Israël.
Mais pour adopter cette politique, les Américains doivent d’abord écarter leurs faux cadres conceptuels concernant le Moyen-Orient. Hélas, comme la réponse des USA à l’attaque contre Benghazi et comme leurs agressions continues contre Israël le démontrent, il n’y a aucune chance que cela survienne, aussi longtemps qu’Obama restera à la Maison Blanche.