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Extrait de l'article Les islamistes radicaux gagnent du terrain en Égypte
Par Agnès Gruda
La Presse/Cyberpresse, 20 avril 2011,
(Envoyée spéciale, Le Caire) Envolée, la belle unité qui a marqué la révolte de la place Tahrir. Deux mois après la chute du régime Moubarak, les islamistes radicaux gagnent du terrain en Égypte. Le phénomène inquiète les chrétiens et les musulmans modérés, qui se demandent comment freiner la vague.
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" « Avant, nous ne pouvions pas dire ce que nous pensions. Maintenant, nous avons beaucoup plus de liberté », jubile Abdul Hakim, un Égyptien d'origine qui partage son temps entre Le Caire et Toronto, où il vit avec ses deux femmes. "
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" Et ils ont littéralement harcelé ma jeune traductrice pour la convaincre de porter le hidjab..."
- Agnès Gruda
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Cadeau du ciel
Traditionnellement, les salafistes refusent de se rebeller contre leurs dirigeants. Ce n'est qu'après avoir vu leurs leaders s'afficher sur la place Tahrir qu'ils ont re0joint la révolution.
« Maintenant, ils estiment que la chute de Moubarak est le fruit d'une intervention divine », dit Hossam Abou Taleb, journaliste spécialisé dans les mouvements islamistes. Et ils comptent profiter de ce cadeau du ciel pour se lancer en politique. Premier objectif: les législatives de septembre.
Kamal Habib se définit comme un « salafiste moderne », qui s'habille à l'occidentale et dont la femme ne porte pas le niqab.
« Le salafisme, c'est la réponse au style de vie occidental à l'époque post-coloniale. C'est un parapluie qui recouvre divers courants de pensée .»
Derrière ce vernis intellectuel, Kamal Habib est aussi un des fondateurs du djihad islamique en Égypte. Il a passé une dizaine d'années en prison pour complicité dans l'assassinat de l'ancien président Anouar el-Sadate.
Comme d'autres djihadistes repentis, Kamal Habib a abandonné la lutte armée. Et il veut fonder un parti politique qui présentera des candidats aux élections de septembre.
« Nous voulons relancer le djihad à travers un parti politique », explique-t-il, tout en soulignant que sa vision de l'islam est philosophique et qu'il n'a pas l'intention d'imposer un style de vie aux Égyptiens.
Mais Kamal Habib n'est pas tout seul. Le jour de notre rencontre, il avait donné rendez-vous à des militants de son futur parti au quatrième étage de l'immeuble qui abrite le syndicat des journalistes égyptiens.
Une poignée d'entre eux se sont joints à nous avant la réunion. La plupart portaient la longue barbe et la galabiya. Et ils ont littéralement harcelé ma jeune traductrice pour la convaincre de porter le hidjab...
Peu nombreux mais influents
Le courant salafiste est originaire de l'Arabie Saoudite. Poussés par une économie désastreuse, de nombreux Égyptiens sont allés travailler dans ce pays. Ils en sont revenus avec une vision radicale de l'islam. «On dit que les salafistes représentent entre 2 et 3% de la population, mais je crois que c'est beaucoup plus», dit Hossam Abou Taleb. Leur force réside moins dans leur nombre que dans les tribunes auxquelles ils ont accès. Dont les innombrables chaînes de télévision religieuse.
Alliés aux Frères musulmans, le grand mouvement islamiste en Égypte, ils peuvent avoir un impact considérable. Le 19 mars, lors du référendum sur une nouvelle Constitution, rejetée par les jeunes opposants de la place Tahrir, les mouvements islamistes ont fait valoir qu'en votant non, les électeurs allaient à l'encontre de l'islam.
« En deux ou trois jours, ils ont réussi à faire passer le Oui », dit Hossam Abou Taleb. Et pas qu'un peu: la Constitution provisoire a été approuvée à 77%.
Certains analystes croient que le mouvement s'étiolera une fois que les salafistes auront perdu leur statut de victimes persécutées par le régime. D'autres soulignent que malgré les apparences, ils ne sont pas si radicaux que ça. «Ils n'ont rien à voir avec les talibans», dit Hossam Abou Taleb.
« Peut-être est-il préférable qu'ils agissent ouvertement, ça permet de mieux les connaître », avance l'analyste Gamal Gawad. Et aussi, de mieux les combattre.
Informations supplémentaires:
Le manifeste en cinquante points de Hassan al-Banna
Les Frères Musulmans envisagent de créer une police des mœurs en Égypte