Le Premier ministre Binyamin Netanyahou était autrefois l'un des plus fervents détracteurs d'Ariel Sharon. Ironiquement, il se distingue aujourd'hui comme étant son principal héritier politique, selon Raanan Gissin, ancien porte-parole du fondateur de Kadima.
Proche collaborateur de Sharon pendant près de dix ans, Gissin remarque que Netanyahou - comme Sharon - s'est rapproché du centre de l'échiquier politique une fois élu Premier ministre, en plus d'avoir formé un gouvernement d'union nationale et d'être sur le point de signer un échange de prisonniers avec les Palestiniens. Netanyahou "a suivi son école de pensée" en prenant la décision unilatérale de geler les constructions de Judée-Samarie, et en négociant les éventuels compromis territoriaux avec les Américains avant de s'adresser aux Palestiniens, poursuit Gissin. "Ceux qui se considèrent comme les dignes héritiers de Sharon se trompent", estime-t-il.
"Sharon serait déçu"
Sharon est tombé dans un coma profond suite à une crise cardiaque, le 4 janvier 2006. Il est toujours hospitalisé au centre médical Haïm Sheba de Tel Hashomer. S'il se réveillait aujourd'hui, il serait particulièrement déçu, estime son ancien porte-parole. "En ce qui concerne Kadima, il se dirait que son bébé a été retiré de l'incubateur beaucoup trop tôt. Les effets de son départ prématuré se font encore sentir, quatre ans plus tard." D'autres conseillers de l'ancien Premier ministre estiment cependant que Netanyahou devra encore faire ses preuves avant d'être considéré comme un "digne héritier de Sharon". "Netanyahou est désormais confronté au même poison extrémiste que l'était Sharon, mais sans le courage de ce dernier", affirme Lior Chorev, ancien conseiller stratégique du fondateur de Kadima.
Enfin, pour Oren Magnezy, conseiller législatif de Sharon, aucune comparaison n'est possible : Netanyahou se contente d'imiter quelques stratégies, mais n'a jamais changé drastiquement de position. "Nous verrons réellement de quoi il est fait s'il décide d'affronter les habitants des implantations ainsi que sa propre base politique", dit Magnezy. En réponse, l'entourage de Binyamin Netanyahou réfute. Le Premier ministre n'a aucune intention de suivre les pas du "bulldozer".