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7 janvier 2011 5 07 /01 /janvier /2011 08:07

Bann H.Ouizemann

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Magazine le Météor - Edition nationale Israel 

Meteor janvier

SIONISME ET ACTUALITE

- INCENDIE DU CARMEL: UNITE NATIONALE OU L'ESPOIR RETROUVE

Par 'Haim OUIZEMANN

Pour le Magazine le Météor, et les sites aschkel.info et lessakele.

Un drame national

Après le méga-incendie décimant près de cinquante mille hectares de forêts naturelles du Carmel (soit plus de cinq millions d'arbres), tournant bientôt au drame terrible et douloureux avec la disparition prématurée de quarante-quatre âmes, le peuple juif pris dans sa dimension collective devra, à la suite de ce deuil national, mobiliser ses forces vives, celles mêmes qui lui permirent dans les années 30-50 de faire renaître ce paradis verdoyant, théâtre de nombre d'incendies destructeurs, et d'être une nouvelle fois l'acteur de sa propre restauration. La  reconstitution du «poumon vert» d'Erets-Israël sera l'œuvre d'un long et patient  travail, compte tenu des pluies diluviennes qui ont immédiatement succédé à l'incendie et risquent de compromettre sa régénération. Un demi-siècle au moins sera nécessaire pour revoir s'élever les nobles et belles forêts aujourd'hui calcinées laissant à découvert une terre nue, blessée  et déchirée.


Le Carmel est, en effet, constitué de «forêts, bois et broussailles méditerranéens» («forêts sclérophylles» où se développent des plantes méditerranéennes à feuilles résistantes au climat sec et chaud). Il est déclaré, en 1997, par l'Organisation des Nations Unies réserve biosphérique, constituant le seul et unique écosystème d'Israël reconnu internationalement. Le chêne de Palestine (Quercus calliprinos) et le Térébinthe (Pistacia palaestina) cohabitent généralement en symbiose sur les Monts du Carmel. Le pin d'Alep (Pinus halepensis- en hébreu: Oren Yeroushalmi ou pin de Jérusalem), brûlé, ne peut se renouveler qu'à partir de germinations de semences et non de bourgeons latents enfouis sous terre comme cela se produit pour le Pin des Canaries. Le pin d'Alep retient des pommes de pin dénommés «serotinous» car, restées closes plusieurs années, elles finissent par s'ouvrir sous l'intense chaleur du feu, libérant une quantité innombrable de pignons qui, s'éparpillant sur la terre brûlée, finissent par germer. Le renouveau total  d'une forêt composée de pins d'Alep s'étale sur au moins 40 ans. C'est la raison pour laquelle nombre de scientifiques sont d'avis de ne point toucher immédiatement les forêts brûlées et de laisser dans un premier temps la nature reprendre le soin de panser ses propres blessures. La flore et la  faune  ont été durement touchées lors de l'incendie de la forêt du Mont Carmel.


Une renaissance permanente


L'histoire de trois implantations, parmi les plus touchées lors de l'incendie, reflète admirablement la volonté ardente des pères sionistes du pouvoir de domination sur la nature sauvage, de renouveau spirituel aux sources de la tradition hébraïque loin de la diaspora et de créativité. Ces traits caractéristiques de l'œuvre pionnière des sionistes amants d'Erets Israël constituent l'apanage de nombre d'intellectuels, scientifiques et artistes, accomplissant chacun à leur manière le verset: «Je ramènerai les captifs de mon peuple Israël: ils restaureront leurs villes détruites et s'y établiront, planteront des vignes et en boiront le vin, cultiveront des jardins et en mangeront les fruits. Je les replanterai dans leur sol, et ils ne seront plus déracinés de ce sol que je leur ai donné, dit l'Eternel, ton Dieu.» (Amos 9, 13).


. Le kibboutz Beit Oren: sionisme socialiste


Le kibboutz Beit Oren, durement touché par les flammes dévastatrices du 2 décembre dernier, est fondé en 1934. Il se compose dès sa fondation de la «jeunesse socialiste hébreue», la jeune garde du mouvement Mapaï (*1). Grâce à l'initiative de ses jeunes membres, et dans le cadre national de l'opération «'Homah OuMigdal» («Enceinte et Tour») visant à contrer la Grande Révolte arabe (1936-1939), il devient le premier kibboutz dans la zone du Carmel. Il sert de base de départ à la première opération historique du «Mouvement juif de résistance» de la Haganah, menée par le Palma'h. Le 9 Octobre 1945, Nahum Sarig et Its'hak Rabin sous son haut commandement, quittent  Beit Oren à partir duquel ils prennent d'assaut le camp d'Athlit dont les 208 prisonniers incarcérés par les britanniques sont libérés. Leur crime: être  «illégalement» montés en Palestine, le futur Etat d'Israël et y vivre en hommes libres. Recherchés par les forces britanniques parmi les Juifs du Yishouv vivant en Palestine avant que l'Etat d'Israël ne soit créé, tous reçoivent l'injonction de prononcer «Je suis un Juif d'Erets-Israël» afin de mieux rendre impossible l'arrestation des immigrants «illégaux».


Consécutivement à une longue crise financière, Beit Oren voit  son statut de kibboutz se transformer en village communautaire. Même si la philosophie communautaire du kibboutz exprimée par l'adage communiste: «De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins» a certes perdu de sa force, il n'est pas faux de penser que la vision gordonienne (*2) du retour à la terre et de la mystique du travail anime encore l'esprit des contemporains héritiers du premier  kibboutz  (Kvoutsa ou Commune) Dégania. Celui-ci, fondé  par le parti Hapoël Hatzaïr (« le jeune travailleur »)  (*3) s'inspirant  de la pensée communautaire de Léon Tolstoï (*4) est la mère -la matrice- du mouvement socialiste agraire qui enfantera le kibboutz dont Israël, cette année, commémore fièrement le centenaire.


. Nir Etzion: sionisme religieux


Nir Etzion naît en 1950 grâce aux réfugiés du kibboutz religieux Kfar Etzion (*5), un groupe du Kibboutz religieux Be'erot Its'hak situé dans la région du Néguev que rejoindront des rescapés de la Shoah. Le village Nir Etzion est édifié sous le signe du verset: «En ce jour, je relèverai la tente caduque de David, j'en réparerai les brèches, j'en restaurerai les ruines, je la rebâtirai [solide] comme au temps jadis» (Amos 9, 11). Originellement édifié comme kibboutz, Nir Etzion est, depuis 1953, un Moshav shitoufi (village coopératif).


. Eyn Hod: Village d'artistes et d'artisans


Ce village pastoral aux couleurs de la Provence a été édifié en 1953 sur les ruines d'un village arabe abandonné. Le fondateur, Marcel Janco (1895- 1984) ami de Tristan Tzara, (de son vrai nom Samuel Rosenstock), le fondateur l'école Dada dont il s'inspirera, rêve alors d'un lieu unique où s'épanouiraient artistes et artisans, un lieu d'éducation par excellence ouvert sur l'Autre (*6). En 1953, sur l'invitation de Marcel Janco, Gertrude Krauss, chorégraphe autrichienne (1903-1977), pionnière de la danse expressionniste aspirant à associer la matière à l'esprit, s'installe à Eyn Hod. Elle y exprime tout son génie dans les domaines de la musique, de la sculpture et de la peinture. En 1968, Gertrude Krauss est couronnée du  prestigieux Prix d'Israël pour son  œuvre artistique originale. 


La flamme de l'espoir


En d'autres termes, si les flammes ont si durement frappé cette région du Carmel défigurant son unique beauté,  elles ne réussiront, toutefois, point à effacer le souvenir de son histoire si riche d'exploits et d'héroïsme ni à entamer la flamme intérieure d'Israël. La reconstruction de cette partie si verdoyante du «pays où coule le lait et le miel» dépend, certes, de la bonne volonté des dirigeants politiques à unir leurs efforts et à cesser de tirer un étroit profit politique sur le compte des familles endeuillées. Cependant, seule la prise de conscience que des pionniers, partis de rien, ont su transformer une région déserte et brûlée (*7) en paradis terrestre, au prix de leur vie, aura raison des affres du feu. Le dénominateur commun aux trois implantations réside dans leur double volonté: celle de rebâtir les ruines physiques d'Israël faisant fi de tout fatalisme et celle de reconstruire une vie communautaire hébraïque sur le modèle abrahamique. En effet, leur voie faite de renoncement personnel associé à leur choix de mener une vie exemplaire toute axée sur l'amour d'Erets-Israël ne peuvent que forcer l'admiration des générations futures qui sans aucun doute, fidèles au modèle sioniste et à l'espoir insufflé  par les prophètes d'Israël, y trouveront à la fois une source d'inspiration, de réconfort et une lumière d'espoir. Le prophète Isaïe (43, 2) n'a-t-il point promis: «quand tu marcheras à travers le feu, tu ne seras pas brûlé; à travers la flamme, elle n'aura point prise sur toi». Alors, nos enfants naîtront face au Mont Carmel et chanteront les paroles du chansonnier Yoram Taharlev: «Dès que j'ouvris les yeux … je vis  le Mont au vert éternel» (*8).

 

 (*1) Le terme Mapaï  est l'agrégation  du mouvement «Hapoël Hatzaïr» et «Ahdout ha'Avodah» - Berl Katznelson l'idéologue et Ben Gourion le maître d'œuvre de l'idéal sioniste prônent tous deux la réalisation d'une société exemplaire qui verrait les thèses socialiste et sioniste fusionner et d’où surgirait «l'homme nouveau».  Le Mapaï historique, aujourd'hui incarné par le  parti Avoda ou parti travailliste, détint  le monopole du pouvoir jusqu'en 1977, date à laquelle Menahem Begin accède  aux rênes du pouvoir.


(*2) Aaron David Gordon  (1856-1922) est une des plus grandes figures emblématiques du sionisme socialiste. Prônant le retour à la nature, il croit à la renaissance d'une société juste et équitable fondée sur  le  dur  labeur de la terre qui en constitue l'essence. Par sa vie exemplaire associant humilité et simplicité- âgé de 48 ans, il monte en Erets-Israël où pourtant malade, il se donne corps et âme au travail des champs - il démontre que l'idée du «nouvel homme Jjuif», loin des contingences de l'Exil aliénant  n'émergera que de son rapport amoureux (organique et spirituel) avec la terre et le travail manuel. «Le travail épuise le corps mais il prodigue tant à l'âme» dira-t-il.


(*3) A ne pas confondre avec l'autre parti sioniste marxiste Poalei Tsion fondé en 1906 par Dov-Ber Bourochov opposé  à la thèse du projet Ouganda.


 (*4) L'idée tolstoïenne de vie communautaire inspirera également  le Mahatma Gandhi. Le futur libérateur de l'Inde crée «la ferme Tolstoï» (1910) et soutenu par son disciple préféré Vinoba Bhave va, comme le mouvement  sioniste Hapoël Hatzaïr en Israël, s'écarter de la vision marxiste et développer une réforme agraire visant à l'épanouissement de villages agricoles autonomes.


 (*5) 1927: un groupe venu de Jérusalem fonde Migdal Eder, le futur village Kfar Etzion qui, détruit à maintes reprises, renaît en 1967. 1935: Schmouel Zvi Holzmann (homme d'affaires Juif orthodoxe)  rachète les terres de  Migdal Eder après leur abandon à la suite du pogrom arabe de 1929. Son nom composé  de Holz signifie en allemand «arbre» d’où naîtra le nom de Kfar Etzion (Le «village de l'arbre»). En  1943, sur la proposition du KKL (Le fonds National Juif), après l'abandon du village Kfar Etzion lors de la Grande Révolte arabe en 1936 et la détermination de Shalom Karniel, la Commune 'hassidique d'Abraham (Kvoutsat Avraham) et David ben David fondent le kibboutz Kfar Etzion. Le jour précédant la Déclaration d'Indépendance de l'Etat d'Israël (1948), le kibboutz tombe sous l'offensive jordanienne lors de la guerre d'Indépendance. Le kibboutz est finalement reconstruit en 1967 consécutivement à la guerre des Six Jours. David ben David est le principal initiateur de Nir Etzion.


(*6)  Le musée Marcel Janco abrite nombre d'œuvres du peintre. 150 artistes vivent à Eyn Hod en bonne communauté  dans le respect de la différence d'Autrui. Site internet: http://www.ein-hod.org/artists.asp


 (*7) Les Turcs déboisèrent cette région lors de la première guerre mondiale. Le bois servit en grande partie pour la construction de la voie ferrée.


(*8) En hébreu «Hahar haYarok Tamid» écrit en 1972 à l'occasion du jubilé du kibboutz Yagour situé  au pied du Mont Carmel.

 

Haïm Ouizemann


Plus de 2 millions d'arbres calcinés
lors du plus grave incendie de l'histoire d'Israël 

Pour planter un arbre

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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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