Syrie -Premiers signes de panique au sommet ?
Jeudi pour la première fois, des signes de panique se sont fait sentir au sommet de la hiérarchie syrienne, au vu de la persistance voire de l’aggravation des troubles dans le pays. Même les régions à forte population alaouite (caste d’origine des Assad) sont maintenant le théâtre de manifestations hostiles au pouvoir. Des rumeurs courent dans le pays qui font état d’une fébrilité dans le clan Assad, qui préparerait un départ pour l’Arabie Saoudite. On sait déjà que des cadres politiques ou militaires ont déjà fait partir leurs familles à l’étranger, notamment vers les monarchies du Golfe persique.
Signe de l’aggravation de la situation en Syrie, est l’intervention de plus en plus importante de l’Iran, qui fournit à Assad du matériel de dispersion de manifestations et de détection électronique des personnes, ainsi que du Hezbollah. Mais la principale force sur laquelle compte Bachar El-Assad sont les milices des « Shabbiba » liées à la famille Assad, mais entraînées par les Gardiens de la Révolution iraniens, et qui comptent 10.000 hommes environ. En temps « normal », ces milices participent activement à l’approvisionnement en armes du Hezbollah par la Syrie.
Selon des analystes politiques, le fait que Bachar El-Assad accuse aujourd’hui le Premier ministre libanais Saad El-Hariri et son clan « d’être derrière le soulèvement en syrien et de tirer sur les foules » – ce dont il est totalement incapable – est le signe le plus tangible que le dictateur syrien est maintenant aux abois, qu’il sent qu’il n’a prise sur les événements et que son pouvoir s’affaiblit de jour en jour.
Mercredi soir, le gouvernement syrien a émis un interdit de manifester, mais il est peu probable qu’il soit suivi. Les prochains jours risquent donc d’être cruciaux pour le dictateur syrien. Mais entre temps, les rares informations qui parviennent de Syrie sont alarmantes et font état de massacres dans de nombreux endroits. L’armée et les milices liées au pouvoir tirent sans sommation non seulement sur les manifestations organisées mais également sur tout rassemblement qui pourrait en devenir. De même, les ambulances ou les volontaires n’ont pas le droit d’intervenir pour évacuer les morts, les agonisants et les blessés, qui jonchent le sol, car Assad veut effrayer la population par ces images et la dissuader de sortir dans les rues.
La tardive et relativement tempérée réaction de l’Administration Obama quant à la situation en Syrie, publiée mardi, traduit l’embarras de la Maison Blanche face à ce qui se passe en Syrie et à la demande populaire du départ de Bachar El-Assad. Des stratèges américains avertissent aujourd’hui « que si Assad perd le pouvoir, il sera repris par des musulmans fanatiques et Israël serait en réel danger ». Mais d’autres estiment « que la différence ne serait pas énorme puisque la Syrie d’Assad est déjà l’alliée de l’Iran, du Hamas, du Hezbollah et même d’Al-Qaïda ».