L’humiliante défaite de la sélection algérienne de football à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en Angola, devant l’Egypte, déchaîne la presse algérienne contre le Caire. Après avoir mis en cause l’arbitre, qui aurait favorisé les Pharaons, un journal algérien accuse désormais l’Egypte d’avoir assassiné Mahmoud Al-Mabhouh à Dubaï.

Dans son édition du 3 février 2010, le quotidien « Echorouk » affirme en effet que« Mabhouh a été emprisonné en Egypte pendant près d’un an (2003). Depuis, il est poursuivi non pas seulement par les services israéliens, mais surtout par les Egyptiens qui l’accusent de transférer clandestinement les armes vers Gaza à travers le Soudan et l’Egypte, mais aussi par les Jordaniens, qui lui attribuent un rôle primordial dans l’introduction des armes vers la Cisjordanie, à travers le royaume hachémite ».

Cette introduction permet au quotidien algérien de conclure que « les services égyptiens sont principalement impliqué dans l’assassinat de Mabhouh, dans son hôtel de Dubaï, le 20 janvier ». Pourtant, ajoute le journal, « le responsable palestinien était très prudent dans ses déplacements et évitait les médias. D’ailleurs, pour son dernier voyage interrompu aux Emirats arabes unis, Mabhouh avait utilisé un vrai-faux passeport palestinien établi au nom de Mahmoud Abdelraouf Mohamed Hassan, de profession libérale (commerçant). A part quelques personnes qui ont réservé sa chambre 130 de l’hôtel Al-Bustan Rotana à Dubaï - une chambre sans balcon ni fenêtre - personne n’était au courant de ce déplacement ». Et de conclure, « Echorouk » dénonce « les services égyptiens et jordaniens qui auraient soutenu le Mossad dans cette opération ».

La presse et l’opinion publique algériennes ont du mal à digérer la défaite de leur équipe nationale, d’autant plus que l’Etat s’était fortement mobilisé et a acheminé un millier de supporters pour encourager les Fennecs. La défaite de ces derniers (4-0) est ainsi due, selon Alger, à la complicité de l’arbitre qui aurait été « acheté » par le régime de Hosni Moubarak. « L’équipe algérienne a joué à huit contre douze, après l’expulsion de trois de ses joueurs et après que l’arbitre ait joué avec l’équipe égyptienne », estiment les supporters, refusant d’admettre les violences commises par leurs joueurs sur leurs adversaires et sur l’arbitre, provoquant leur expulsion. Ainsi, pour venger cette lourde défaite, difficile à digérer, « Echorouk » souffle sur la braise qui couve sous la cendre. Il surfe sur les tensions qui marquent les relations entre l’Egypte et le Hamas à Gaza, et prend le risque de relancer la crise entre le Caire et Alger, alors que les deux capitales ont du mal à pacifier leurs relations depuis les violences commises de part et d’autre, lors des matchs éliminatoires pour la coupe du monde joués au Caire et à Khartoum, en novembre dernier. C’est dans cette même logique que la presse algérienne dénonce la construction par l’Egypte d’un mur souterrain à la frontière avec Gaza. Pour le Caire, il s’agit de lutter contre la prolifération des tunnels de contrebande. Pour les Algériens, l’Egypte est complice d’Israël dans le blocus imposé aux Palestiniens.

Chawki Freïha

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