Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 novembre 2010 7 21 /11 /novembre /2010 11:39

 

editorialàGad

 

 

ECOUTER ICI-copie-1avec le ton qu'il faut, par Aschkel

Gaby Ashkenazi, un guerrier debout : « L’Amérique perd pied, pour la première fois en 60 ans, au Moyen-Orient »

 

 

Par Marc Brzustowski

 

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info

 

 

Le Pentagone et le Congrès US donnaient, ce 17 novembre une grande réception en forme d’épilogue pour rendre un hommage appuyé à Gaby Ashkenazi, sur le départ de l’Etat-Major israélien. L’Amiral Mac Müllen et son invité de marque se sont mutuellement portés témoignage de l’amitié indéfectible de 2 frères d’armes. Mais des alliés militaires de cette stature ne se réunissent pas pour échanger quelques « private jokes » en ajustant leurs épaulettes pour la photographie historique.

 

S’il est bien question d’histoire, le chef d’Etat-major israélien a dressé un sombre tableau de la région. Il relevait que ce n’est pas tant lui qui s’en va,… que l’Amérique qui se retire sur la pointe des pieds, ce qui constitue un précédent.

 

Gaby Ashkenazy a tenu à souligner que « c’est la première fois en 60 ans que les Etats-Unis perdent pied au Moyen-Orient, pendant que l’Iran et la Turquie joignent leurs forces pour forger leur nouvel agenda. La Syrie renforce sans cesse ses activités au sein de cet axe radical. L’implication du Hezbollah dans l’assassinat de l’ancien Premier Ministre libanais Rafik Hariri n’a fait que provoquer l’agitation qui pourrait conduire Nasrallah à ravir le pouvoir à Beyrouth».

 

La position de faiblesse américaine a donc accéléré la défection d’un ancien allié de l’OTAN et rendu plus hardi Bachar al-Assad, jusqu’alors plus discret. Un tel environnement a toutes les chances de vouloir en finir avec la fiction de la « souveraineté » du Liban. Or, c’est bien cet élan d’agrégation résultant d’un effet d’aubaine en entraînant un autre, qui n’entre absolument pas dans les catégories de la pensée stratégique défectueuse de l’Amérique. Elle n'en est que plus atteinte de compulsion frénétique à ouvrir et serrer des mains et à se laisser menacer du poing par d’anciens comparses, comme le régime fourbe d’Erdogan ou le courtier des Mollahs, tant courtisé à l'Ouest, l’ophtalmologiste à double-foyers incendiaires de Damas.

 

Le désaccord fondamental entre Israël et les Etats-Unis s’exprime sur l’évaluation de l’impact des sanctions économiques sur l’Iran : là où les seconds émettent le satisfécit qu’elles ont été plus rapides à produire leurs effets, préparant le terrain à la négociation, le chef militaire israélien n’a pu, de sa bonne bouille de Golani, que retourner une moue empreinte du plus profond scepticisme : « Je crois que l’Iran est en bonne voie pour achever son programme nucléaire, ce qui ne manquera pas d’avoir des effets extrêmement déstabilisants sur l’ensemble de la région ». C’est le cœur du problème : puissance nucléaire, plus rien ne s’oppose à Téhéran et les têtes couronnées de la région courbent l’échine. L’Amérique isolationniste d’Obama ne comprend toujours pas.

 

Mike Müllen s’est alors presque excusé en reprenant son hôte : « En ce moment, la focale se porte sur le dialogue et les sanctions, qui ont atteint un niveau significatif. Nous avons toujours été très clairs sur le fait que toutes les options sont sur la table, y compris celle d’une intervention militaire »…

 

Ce serait sans compter avec les déclarations, la veille, 16 novembre, de son patron, Robert Gates, secrétaire à la Défense. Opposé à toute intervention militaire, il défend la position officielle des Etats-Unis : une telle ingérence aurait, selon lui, l’effet inverse de celui souhaité, en raffermissant l’unité populaire autour d’un pouvoir contesté et lézardé de l’intérieur. Le but de Gates, actuellement, est de prouver à Khamenei qu’Ahmadinedjad lui ment sur les effets réels des sanctions. Mais que guide encore un Khamenei chevrotant, sinon les missiles entre les mains de son Président? Selon l’Administration Obama, le peuple iranien aurait « pleinement conscience du danger que représenterait le fait que la bombe atomique soit entre les mains d’un régime despotique ». Après la théorie des dominos, celle du « château de cartes », dont les fondations sont, chaque jour, raffermies par Ahmadinedjad, en Irak, au Liban, en Syrie, Turquie, à Gaza, dans les zones tribales, au Yémen…

 

Les banderilles peuvent-elles avoir raison du taureau fulminant, lancé à pleine vitesse au milieu de l’arène explosive du Moyen-Orient ? Cette Administration qui aime tant le rodéo, ne tient aucun compte de l’irrationalité de nature « révolutionnaire » qui s’est emparée des rênes du pouvoir en Iran. Elle demande aux politiques du mouvement vert assignés à résidence et aux citoyens en colère de se soulever contre l'étau pasdaran dans tous les pays environnants et de faire, finalement, le travail des armées ou de la police internationale. Le peuple est pris en otage, le moindre mouvement suspect vous envoie dans les basses fosses de la prison d’Evin. Ne reste guère plus de recours que la fuite, lorsqu’elle est encore possible et la critique au vitriol, une fois que l’on est dehors, sous haute protection et qu’on a pu mettre sa famille à l’abri.

 

Ce même jour, 17 novembre, à Paris, Behzad Massoumi Legwan, pilote et lieutenant de l’armée de l’air iranienne qui a fait défection, s’exprimait dans une conférence de presse : « La vaste majorité des officiers de l’armée régulière ne sont pas des serviteurs zélés du régime. Au contraire, ils guettent la moindre opportunité où ils pourront dévoiler leurs véritables sentiments pour se tenir côte à côte avec le peuple d’Iran. Les officiers supérieurs sont opposés à la République islamique et ne changeront pas de cap, avant que la nation ne soit libérée ».

 

Il a pu s’évader par le Kurdistan irakien, aidé en cela par des réseaux de la « vague verte » et du Parti Démocratique Kurde de Massoud Barzani. Des mois plus tard, sa famille pouvait enfin le rejoindre. Ils vivent désormais sous protection policière. Son témoignage était soutenu à la tribune par Reza Heydari, ancien consul d’Iran en Norvège, qui a déserté son poste officiel en janvier, et Amir Hussein Jahanchahi, président fondateur de la « Vague Verte ».

 

Or, celui-ci n’a pas eu de mots assez durs pour le Régime, mais surtout pour les dirigeants occidentaux -c'est bien pourquoi vous n'en lirez pas un mot dans la presse, notamment française, convoquée à "micros coupés"-. Et le principal d’entre eux, Obama, selon lui, ne comprend absolument pas la menace posée par celui qu’il compare à Adolf Hitler : Ahmadinedjad : « L’Iran seul est la racine de tous les problèmes au Moyen-Orient. Tous les conflits dans la région, à commencer par le conflit israélo-palestinien, l’instabilité au Liban, les guerres en Afghanistan et en Irak, tous sont alimentés et dirigés en sous-main par l’Iran ».

 

Concernant le programme nucléaire iranien, Jahanchahi a souligné qu’Israël se trouvait dans une situation « perdant-perdant » ou de double-contrainte : « Si jamais Israël n’attaque pas, il y aura, de toute façon, la guerre. Mais si Israël attaque effectivement, ce pourrait être le plus beau cadeau offert à Ahmadinedjad, qui entraînerait alors la région entière dans la guerre ».

 

Il a accusé Obama de naïveté aveugle en soulignant à quel point « les dirigeants occidentaux n’avaient aucune idée du nombre d’agents iraniens opérant rien qu’à Paris, et qui n’étaient ni iraniens ni chi’ites ». Il ajoutait que ces dirigeants ‘ne faisaient pas assez pour aider le peuple iranien à provoquer un tel changement, qui serait et devrait être effectué à l’intérieur par le peuple d’Iran ».

 

L’Amérique a choisi de faire comme si une solution était possible avec la seule Autorité palestinienne qui joue la montre en attendant les résultats de la prochaine guerre ; comme si la Justice internationale pouvait empêcher Nasrallah de se saisir définitivement d’un Liban qu’il contrôle déjà et de déclencher la guerre avec Israël ; comme si un retrait sans garantie sécuritaire d’Irak n’attisait pas les appétits des trois compères de l’axe radical. Obama a ouvert un abîme sous les pieds des pays du Moyen-Orient. Combattre en Afghanistan, où le Pentagone achemine des tanks, en laissant grand ouvert le couloir du Levant, conduit les différents Jihad à se faire, chaque jour, plus virulents. Israël, mais désormais, la France, l’Allemagne en savent quelque chose, à qui Ben Laden n'en finit pas de distribuer des diktats et d’envoyer des bombes-test.

 

Le Hamas et le Hezbollah, via la Syrie, ont reçu et converti des tonnes de roquettes aux frappes aléatoires en missiles guidés, selon le Général de Brigade Doron Gavish. La Syrie équipe ses Scud-D, transférables au Hezbollah, d'ogives chimiques. Uzi Rubin, ancien chef de l'organisation de défense anti-missile d'Israël confirme : tous les Fateh-110, d'une portée de 300 kms sont pleinement dotés de systèmes de guidage, avec une marge d'erreur de 200 m sur un objectif situé à 90 kms. Autrement dit, Ahmadinedjad et ses acolytes ont transformé leurs milices terroristes et insurrectionnelles en véritable armée de choc, capable de prendre la suprématie aérienne sans même disposer d'un seul avion. Ce qui peut expliquer les défections d'une armée de l'air iranienne sous-équipée et devenue inutile.


A travers ces différents mouvements alimentés et utilisés en fonction de son seul agenda, Ahmadinedjad donne un échantillon de l’irrationalité dans laquelle il plonge l’ensemble de la région et au-delà, par les aéroports et les villes européennes. Il est résolu à sacrifier des milliers d’Iraniens à son programme de festivités préparant la venue du Mahdi. Face à lui, Obama réitère qu’il n’a aucune stratégie constructive de politique étrangère, sinon de rendre la vie plus difficile au peuple iranien, sans lui donner les armes suffisantes à décapiter la bête immonde.

 

Sachant qu’Israël aura, de toute façon, la guerre à ses frontières dans quelques mois, quels sont les judicieux conseils prodigués par ses amis aux critiques du chef d’Etat-Major, Gaby Ashkenazy ? Sinon de rester un guerrier debout, sur le pied de guerre, prêt à résoudre, quoi qu'il en coûte, une partie déterminante des dilemmes en série laissés derrière elle, par l’Administration de l’Inconséquence face aux enjeux du XXI ème siècle… 

 

Il n'y a ni paix ni trêve ni retraite pour les braves.

Partager cet article
Repost0
14 novembre 2010 7 14 /11 /novembre /2010 09:59


 

editorialàGad

 

Suite de  : 

 

I) La survie politique du Hezbollah, balloté entre messianisme iranien et machiavélisme cynique syrien.


2) Un rapport interne des Pasdaran accuse une « taupe » syrienne d’avoir permis l’arraisonnement d’un navire d’armes en Calabre

 

 


Le Grand Chelem d'Ahmadinedjad. 

 

La consolidation des relais pasdaran au pouvoir à Bagdad, au sein des services secrets turcs et syriens et l’inféodation grandissante du Hamas à l'Iran.

 

 

Par Marc Brzustowski

 

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info


Dans cet univers impitoyable du Front du Levant, Bachar al-Assad apparaît être le « maillon faible ». Mais l'Amérique et la France, en particulier, bercées par les illusions saoudiennes, ont voulu y voir le levier de leur contre-offensive "diplomatique". On peut aujourd'hui penser qu'ils ont échoué sur à peu près tous les tableaux, et qu'il ne leur reste que le droit du Tribunal international sur le Liban, contre la force de l'hégémonie iranienne. Est-ce suffisant, dans la région? 

 Bachar n’est plus suspendu qu'à l'élastique du seul impératif de rester, à tout prix, au pouvoir et fera tout pour cela. Ainsi Farid Ghadry, un opposant syrien réfugié aux Etats-Unis, le stigmatise comme étant « l’esclave arabe des Mollahs iraniens ».

Il n’a même pas su ni pu garder le contrôle exclusif d’un pays sous surveillance serrée, grâce aux services de la Moukhabarat, de sinistre réputation. En septembre dernier, Bachar a remanié de fond en comble ses services de renseignements. A l’ancienne équipe, il a substitué au moins 4 généraux massivement soutenus par les Gardiens de la Révolution iranienne. L’un d’eux est leGénéral-Major Zouhair Hamad, coopté par les Pasdaran pour diriger la sécurité intérieure (Moukhabarat).

Téhéran, après la nomination d’hommes qui lui sont proches, à Ankara, réalise le même genre d’opération à Damas. Cette ville est devenue parmi les plus dangereuses au monde pour les têtes de réseaux pasdaran, avec les assassinats en chaîne de bon nombre de ses agents de liaison, dont le plus important, sans doute, Imad Moughniyeh. On peut en citer bien d’autres et non des moindres, dont le Général syrien Mohamed Souleiman, ou encore Khalil Sultan Al-Abed, le 18 mai dernier.

Si l’on ajoute ce nouveau réseau paniranien à la tête de la sécurité syrienne au nom de l’homme de Téhéran à Ankara, Hakan Fidan, à Hashim Safi Al-Din, cousin zélé d’Hassan Nasrallah, au commandement du front anti-israélien du Hezbollah au Sud-Liban, on est en droit de penser que Téhéran, loin d’être « isolé », est particulièrement bien renseigné et en passe de réaliser le « grand Chelem » dans la prise de contrôle du Proche-Orient, après le départ des Américains d’Irak.

Un détour par le résultat des négociations post-électorales irakiennes s’impose : on ne peut que constater les conséquences de la mauvaise estimation réalisée par les Occidentaux, bluffés par la tentative saoudienne de s’aliéner l’aide de la Syrie afin de contrer la stratégie d’infiltration iranienne en Irak.

Sur ce dossier, Damas n’a jamais réellement eu la main, à part l’asile qu’il offre aux tueurs de masse d’al Qaeda. On peut raisonnablement envisager que les commanditaires des récents attentats contre les Chrétiens (57 morts) autant que les Chi'ites, ont trouvé refuge de l'autre côté de la frontière irako-syrienne. Mais c'est à peu près la "seule politique étrangère" que sache mener l'ophtalmologiste sanguinaire alaouite pour "aider" ses "nouveaux amis saoudo-américains et européens". A prendre ou à laisser, pour la "perspicacité" toute en nuance des conseillers de la Maison Blanche et du Quai d'Orsay...

 Penser que les Alaouites aient eu la moindre influence politique sur le devenir de la Mésopotamie relevait d’une grave erreur d’appréciation de la part du Roi Abdallah d’Arabie Saoudite. Celui-ci comptait sur le contre-poids syrien pour faire élire Ayad Allawi au poste du Premier Ministre. Dès qu’il a fallu se prononcer sérieusement sur le nom du vainqueur, Bachar s’est aligné sur le choix de son maître, Ahmadinedjad pour le retour d’al-Maliki à la tête du gouvernement. Après plus de neuf mois de tractations inutiles, l’Arabie Saoudite et le camp occidental subissait un revers cinglant, devant alors s’incliner sur celui que Téhéran avait choisi depuis le début, avec le renfort des milices anti-américaines du Jaysh al-Mahdi de Moqtada Sadr, formées par le Hezbollah libanais.

Pas plus qu’au Liban, l’Arabie et le camp sunnite ne font le poids face aux manœuvres iraniennes. Mais le dernier mirage à la mode consiste, depuis plus de trois ans, à croire et faire accroire qu’au moment opportun, l’Arabie Saoudite aura le poids suffisant et nécessaire pour ramener la Syrie dans le bercail des Etats-voyous avec lesquels il peut, et l’Occident à travers lui, discuter. Celui qui possède le pouvoir de terroriser les autres a gagné. Vieille moralité proche-orientale.

Non, Bachar al-Assad n'est, décidément, que le pantin réversible et élastique qu’Ahmadinedjad tord dans tous les sens, et qui glisse des mains de ceux qui le courtisent.

A en croire les conséquences des dernières négociations à Damas entre le Fatah et le Hamas, il en est, de plus en plus, de même, concernant le contrôle du groupe terroriste gazaouï. L’échec a été total, et s’est même soldé par des arrestations de membres de l’OLP dans la bande côtière de Gaza.

Mais mieux, les dirigeants du Hamas qui doivent tout à Bachar al-Assad, comme leur état-major sanctuarisé dans sa capitale abritant le sous-locataire Khaled Meshaal, vont jusqu’à narguer leur hôte, en invitant  Ahmadinedjad à passer prendre les clés de la direction de leur groupe à Gaza. Comme le séjour au Liban avait rappelé qui, désormais, en est suzerain et maître, le Dr. Ahmed Yousef (Hamas) en a formulé le vœu solennel, au nez et à la barbe d’un Assad de plus en plus cantonné au rôle de simple figurant prestataire…

Si Hilary Clinton comptait encore naïvement sur les services de Bachar pour que le fossé entre les frères ennemis palestiniens se résorbe, autant dire qu’elle s'est mis le doigt dans l’œil. Mais une telle conjonctive ne se soignera pas auprès du spécialiste des yeux damascène. On en est déjà au volet palestinien suivant :

au contraire, Téhéran s’invite ou se fait inviter, mais c’est la même chose, au cœur de la négociation fratricide qui sera un autre chapitre du bras de fer entre les Mollahs et Washington, bien loin des intérêts des concernés, Israéliens comme Palestiniens.

Plus étroits sont les liens entre le Hamas et l’Iran et plus seront rejetés les objectifs américains dans la région.

Ainsi, à l’heure des troubles politiques, lors des législatives jordaniennes, le 9 novembre, le Hamas a théorisé le décor idéologique et religieux qui sied à cette invitation d’Ahmadinedjad à Gaza. Le groupe terroriste sait aussi lire et écrire et publie un ouvrage qui s’intitule :

« La fraternité musulmane (les frères musulmans) et la Révolution islamique en Iran ».

Son sous-titre est un véritable programme politique à l'adresse de l'Orient et de l'Europe :

« la dialectique de l’Etat et de la Nation dans la pensée des Imams al-Banna et Khomeiny ».

La préface en est rédigée par le Dr Mohammed al-Hindi, chef du Jihad islamique à Gaza, parrainé par Téhéran. Ce livre est déjà distribué à doses massives par les dirigeants du Hamas en Syrie, au Liban, en Jordanie et dans la Bande Occidentale de Cisjordanie, autant qu’à Gaza.

Le thème en est fort simple : le renforcement de la cohésion stratégique entre Téhéran et le Hamas n’a jamais été aléatoire, ni le fruit d’un simple mariage de raison par besoin d’approvisionnement logistique et d’entraînement de ses hommes. Il était, bien plutôt prédestiné par une aspiration commune entièrement dédiée à l’idéal divin d’érection d’un Etat islamique.

Autrement dit : au Qalifat mondial recherché par les Frères Musulmans en Europe, via des vitrines légales comme l'UOIE du Cheikh al-Qaradawi, avec les subsides du contribuable local ; ou l'entrée d'une Turquie islamiste "modérée" dans l'UE, avec l'aide des Américains et le consentement des Européens, à travers des accords "d'alliance des Civilisations" comme la Fondation Anna Lindh.

Et c'est bien ce même Hamas que cajolent les émissaires de l'Administration Obama, comme Dhimmi Carter ou les antisionistes frénétiques français, comme Stéphane Hessel, sous l'égide d'al-Manar et avec l'appui du consulat de France à Gaza.


Médiatiquement parrainé par la Turquie sous l’œil attentif des Ayattollahs, le Hamas est en train d’échapper en totalité à toute obédience « arabe » et, en cela « palestinienne », dans le sens courant encore en vigueur dans tous les manuels ânonnés par les médias européens et américains.

Le fameux « plan de paix saoudien » ne vaut que par l’influence effective de ce royaume pétrolifère sur l’ensemble du Moyen-Orient. Perdant toute capacité d’infléchir la politique intérieure et extérieure en Irak, au Liban, dans les territoires palestiniens, malgré l’appui colossal des Etats-Unis (60 milliards de $ d'armes) pour parvenir à ses fins, rivé au mythe du retournement de la Syrie dans le camp des « bons » arabes, le Royaume wahhabite n’en est plus qu’à surveiller ses arrières pour ne pas se faire imposer une révolution chi’ite sur son propre territoire ou au proche Bahrein et ailleurs.

Le mythe de la « Pax Americana », pressé par les retraits intempestifs de territoires difficiles à contrôler et justifié par la bulle d’illusion qu’Abdallah saurait s’imposer aux yeux de Bachar al-Assad, ne laisse à l’Amérique plus qu’une option pour sauver, non pas Israël, mais le prestige du « monde Arabe » (non perse) : défaire le Moyen-Orient qu’elle a, elle-même, remodelé au seul profit de Téhéran en programmant un retrait précipité d'Irak pour de simples motifs électoraux, qui, de surcroît, se sont évanouis dans les sables.

Les échecs des pourparlers israélo-palestiniens ne sont, aucunement dus à la construction de quelques logements supplémentaires pour raison de poussée démographique à Jérusalem. Mais, bel et bien, et il faut juste la myopie accentuée d’un idéologue-Président Obama pour ne pas le reconnaître, de la prise de pouvoir de l’Iran dans les différentes sphères d'influence, où les Etats-Unis auraient voulu croire à l'émergence d'un contre-pouvoir quelconque, doté de quelque crédibilité que ce fût. Mais cette perte de vision pour le Moyen-Orient de la part d'Obama, non plus, l'ophtalmologiste de Damas ne pourra la soigner, bien au contraire..

Partager cet article
Repost0
12 novembre 2010 5 12 /11 /novembre /2010 16:59

editorialàGad

 

Suite de  : 

 

La survie politique du Hezbollah, balloté entre messianisme iranien et machiavélisme cynique syrien.


Un rapport interne des Pasdaran accuse une « taupe » syrienne d’avoir permis l’arraisonnement d’un navire d’armes en Calabre (sept. 2010)

 

 

Par Marc Brzustowski

 

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info


Des révélations, orchestrées par le journal saoudien basé à Londres, Asharq Al Awsat, nous apportent un éclairage sur ces jeux d’influence à double-fond. Huda al-Husseini, la correspondante libanaise du journal dévoile qu’une enquête interne a circulé entre les Pasdaran et le Hezbollah, au sujet de l’arraisonnement d’un navire en Calabre, le 22 septembre dernier.

On se souvient que la police anti-mafia calabraise de Reggio Calabria et la police financière en coopération avec l'Agence des douanes italiennes y avait saisi 7 tonnes de T4 dans le port de Gioia Tauro.

Le T4, ou cyclo-triméthylène-trinitramine ou RDX, est un explosif militaire utilisé par presque toutes les armées du monde.  Cet explosif est le principal composant du C4, composé aussi de nitrocellulose et d'autres matériels inertes et il entre aussi dans la fabrication du puissant Semtex. Les bombes très puissantes qui avaient été fabriquées pour tuer les magistrats Giovanni Falcone et Paolo Borsellino en 1992/1993 ainsi que pour des attentats à Milan, Florence et Rome, étaient à base de T4. Dans le cas présent, les quantités saisies devaient servir de munitions pour les missiles M-302 et M-600, respectivement d’une portée de 150 et de 250 kms, les seconds capables de porter une ogive de 500 kgs d'explosifs, en possession de la milice pro-iranienne au Liban. Les sources de l’opposition iranienne qui ont intercepté ce rapport des Gardiens de la révolution, y ont découvert que c’est un citoyen syrien qui serait à l’origine de la fuite en direction des douanes italiennes.

Il n'est, évidemment pas innocent que ce soit un journal d'obédience saoudienne qui mette en lumière des informations aussi compromettantes : l'Arabie Saoudite tâche de ne pas perdre pied dans la région, qu'il s'agisse d'arbitrer la situation au Liban ou en Irak. Tout coup porté à l'influence iranienne, est, ici le bienvenu, lorsqu'on s'angoisse du risque de le voir s'infiltrer partout, jusqu'au Yémen et, à travers l'Irak, dans la province de Dammam, à l'Est du royaume, dont la majorité est chi'ite et irano-compatible. Le même journal, voix officielle de la Couronne, est allé jusqu'à réclamer la démission de Saad Hariri, pour faire profil bas au Liban, face aux risques d'embrasement commandité par Téhéran ou/et Damas. Toute suspicion mutuelle entre les alliés de l'axe permet de creuser une brèche dans la muraille de l'alliance en escomptant affaiblir un ennemi juré. N'empêche...

Un tel document signale l’embarras à sources multiples qui a traversé l’esprit des Pasdaran. Cette saisie, non seulement compromet les voies maritimes empruntées par les trafics iraniens, mais, de surcroît, donne à la police italienne la piste des intermédiaires et des méthodes utilisées pour organiser cette contrebande :

en effet, ce n’est pas la police anti-terroriste, mais bien les services de répression de la mafia calabraise, qui ont mené l’enquête et abouti à la prise du navire. La Mafia calabraise, baptisée Ndrangheta,  est moins médiatisée mais plus puissante que ses homologues sicilienne ou napolitaine. Ce qui laisse augurer de probables traces d’une iranian-connection dans bien des affaires louches et autres assassinats ou attentats en Europe et de ses intérêts croisés avec le très grand banditisme.

La contre-enquête menée à la demande du Hezbollah et des Gardiens de la Révolution pour connaître l’origine de la fuite, serait remontée jusqu’à des employés du Ministère syrien de la Défense. Les services syriens disent poursuivre leurs investigations. Mais ces découvertes seraient la raison de la visite urgente en Syrie d'Haidar Moussawi, le chef des renseignements iraniens, à la même époque, fin septembre.

Le malaise aurait donc gagné les trois partenaires-malfaiteurs impliqués. Si le cas est avéré, et qu'il remonte bien plus haut qu'un simple lampiste appointé par une puissance étrangère, il traduirait que la Syrie supporte mal que l‘Iran mette ostensiblement son nez au Liban, alors qu’elle-même respecterait que ce même pays considère l’Irak comme sa chasse gardée.

Le rapport interne préconise alors de moins utiliser les voies maritimes, après plusieurs échecs successifs :

en effet, une autre affaire de même type était mise à jour, un mois plus tard, le 26 octobre, cette fois, dans le port de Lagos, au Nigéria. Elle concernait 13 conteneurs, bourrés d'armes jusqu'à la gueule : roquettes pour armes de 107 mm, d'une portée de 8, 5 kms, de même type que celles utilisées par les insurgés en Afghanistan et en Irak, contre les forces américaines, pistolets-mitrailleurs, etc.

Cette fois-là, il n'est pas dit que le Hezbollah devait en être le destinataire final. Les services nigérians soupçonnent qu'elles aient été importées par des opposants politiques (Jihadistes musulmans du Nord) dans le seul but de renverser le régime actuel. Or, l'Iran n'a eu de cesse, ces dernières années, d'étendre ses réseaux en Afrique. Le pays visé, principal exportateur de pétrole du continent, dans lequel règne une corruption endémique, est un des fournisseurs importants des Etats-Unis. Il est donc l'objet de bien des convoitises. Mais il est aussi producteur d'uranium sous forme de "yellow Cake" : deux monnaies d'échange pour tous les chantages à l'énergie et à la bombe. 

Les deux responsables iraniens de ce transfert, dont l'un, Sayed Akbar Tahmaesebi bénéficie de l'immunité diplomatique, se seraient actuellement enfermés dans l'Ambassade de leur pays à Abuja, la capitale. Le second, Azimi Agajany, serait venu à la demande d'un responsable d'une radio pro-iranienne au Nigéria, Sheikh Ali Abbas Othman, actuellement sous les verrous.

Constatant tous ces déboires, et soupçonnant un échelon quelconque d'un Ministère syrien d'être impliqué dans la découverte d'au moins un des deux navires, les Pasdaran préconisent d’acheminer les armes à destination du Hezbollah par les routes terrestres : il leur faudra donc intensifier la collaboration avec les services secrets turcs, dirigés par le chi’ite pro-iranien Hakan Fidan.

Cet exemple de croc-en-jambes consistant, pour Assad, à organiser une fuite en direction d’un pays-tiers, ne stipule absolument pas que l’alliance au nord contre Israël est en train de craquer. Il donne plutôt une notion de la façon dont les états-voyous négocient entre eux leurs zones d’influence. Si la Syrie fera front avec le Hezbollah dans le cadre du Tribunal Spécial sur le Liban, elle tient à rappeler à Ahmadinedjad que c’est grâce à elle qu’il y dispose d’un bastion avancé. La question, pour l’Iran est, alors, de savoir si son emprise est suffisamment forte sur Beyrouth, grâce à sa milice chi’ite et la transmission de ses agents pasdaran sur place, pour tordre le bras d’Assad et lui forcer la main.

Lire la suite….

3è partie) La consolidation des relais pasdaran à la tête des services secrets « périphériques » : Turquie et Syrie et l’inféodation grandissante du Hamas à l'Iran.

Partager cet article
Repost0
12 novembre 2010 5 12 /11 /novembre /2010 16:41

 

editorialàGad

 

La survie politique du Hezbollah, balloté entre messianisme iranien et machiavélisme syrien.  

 Par Marc Brzustowski

 

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info


Introduction : les facteurs concourant au déclenchement de la guerre et à son sursis

 

Un rapport interne des Pasdaran accuse une « taupe » syrienne d’avoir permis l’arraisonnement d’un navire d’armes en Calabre (sept. 2010)

 

(à suivre : 3è partie) La consolidation des relais pasdaran à la tête des services secrets « périphériques » : Turquie et Syrie et l’inféodation grandissante du Hamas à l’Iran.

 

 

I) Introduction : les facteurs concourant au déclenchement de la guerre et à son sursis :


 Hassan Nasrallah menace le Tribunal Spécial, en promettant à tous ceux qui s’en prendraient à ses lieutenants de leur « couper les mains ». Mais, ces diatribes enflammées ne découlent-elles pas aussi de son propre sentiment d’être pieds et poings liés ? La guerre civile et frontalière avec Israël à laquelle l’engagent ses discours, sera d’une toute nature que celle de 2006. La survie politique et militaire du Hezbollah est tributaire de l’afflux d’armes coordonné par Téhéran, par l’intermédiaire de la Syrie et de la Turquie.

D’autres territoires que le Liban seront donc des cibles légitimes, que leurs dirigeants veuillent se contenter d’un rôle purement logistique ou qu’ils décident d’entrer en action. Que savons-nous exactement de la volonté de ses parrains de donner le feu vert à Nasrallah d’agir, au risque que les retours de flammes ne les épargnent pas davantage ?

La guerre à venir dépend :

- de la latitude que conserve encore la Syrie pour raffermir son emprise sur le Liban et le Hamas à Gaza, malgré la poussée iranienne pour s’y substituer.

- le cas échéant, de l’assujettissement complet d’Assad, la bride iranienne au cou, et de son consentement à se laisser entraîner dans la guerre libanaise planifiée depuis Téhéran.

- Si elle s’y laisse enferrée, son propre régime sera sous le feu des représailles israéliennes sur ses principales ressources militaires, économiques et politiques. Dans les deux cas, elle a gros à perdre…

- Cet embrasement résultera aussi du calcul iranien, accessoirement syrien, pour savoir s’ils peuvent se résoudre à l’anéantissement partiel ou global de ce poste avancé sur la Méditerranée ou, à tout prendre, que mieux vaut y garder pied, quitte à ce que le statut du Hezbollah en sorte laminé. Et, le cas échéant, si leur percée par d’autres voies, pour le même résultat, a suffisamment progressé, de façon à revenir rapidement sur la scène régionale, quel que soit les conséquences de la conflagration ou l'étendue du sacrifice politique de la principale milice chi'te.

- Deux autres routes leur sont ouvertes : le débouché par la Turquie sur l’Europe. Et l’enclave gazaouïe, où le Hamas gesticule, tout en essayant de déstabiliser la Jordanie, l’Egypte, à un moindre degré, Israël. L’épisode du Mavi Marmara illustrait que la Turquie les y aide, sur le plan médiatique, mais qu’elle y joue aussi sa propre carte de phare du monde arabe.

Le chantage de la Syrie sur les Occidentaux s’est illustré depuis l’éclatement du conflit de 2006 et le renforcement politique et militaire constant du Hezbollah, à travers, notamment, la prise de Beyrouth-Ouest, le 7 mai 2008. Il a consisté à faire savoir que son retrait depuis 2005 était facteur d’aggravation et de blocage de la situation, à l’interne comme dans les tensions avec Israël. Le vide créé a permis que le mouvement chi’ite s’y engouffre et s’affirme comme maître du pays du Cèdre. Cette pression psychologique a conduit les Occidentaux à modifier leur approche et à considérer, à nouveau, la Syrie comme l’un des acteurs qui comptent dans la région. Actuellement, même s’il n’a pas agi uniquement pour son propre compte, le Hezbollah se trouve seul accusé du meurtre d’Hariri. Or cet assassinat est le mobile même qui a occasionné l’exigence de retrait syrien du Liban dès 2005. Plus la milice chi’te se trouve acculée et plus Damas se voit implicitement exonéré de son implication directe dans cet acte terroriste. Plus, elle est donc légitime à repasser la frontière pour prétendre y maintenir l’ordre en cas de coup de forces et de combats de rue. Or, elle ne le ferait jamais contre, mais, main dans la main avec le Hezbollah, tout en exigeant la dissolution du Tribunal International, à tout le moins que les actes d’accusation demeurent symboliques et sans effet réel. Le Liban pourrait alors se trouver, à la fois sanctuarisé (pour la milice libanaise) et totalement éviscéré de toute souveraineté, toutes résolutions de l’ONU piétinées et violées, mais sans doute, toute honte bue pour la « Communauté internationale »…

Mais le vide engendré par le repli syrien a entraîné un autre désagrément pour Damas : l’Iran, représenté par Ahmadinedjad en personne, est ouvertement venu réclamer à Beyrouth les prébendes laissées inoccupées par Assad, à la fois allié et concurrent historique : si le Liban n’est jamais que la périphérie d’un territoire plus vaste et que sa souveraineté est une fiction, il se rattache depuis toujours au projet de Grande Syrie, auquel les Alaouites, pas plus que leurs prédécesseurs, n’ont renoncé. Malgré ses propres actes d’allégeance à Téhéran, Assad se voit donc, actuellement, déclassé par le projet d’arc chi’ite, qu’il sert au mieux, mais peut-être pas au point d’en être que le vassal ou gouverneur par intérim d’une lointaine province d’Iran, appelée Liban…

Le malaise entre les alliés de l'axe, et l'ambiguïté de leur statut fluctuant de partenaires du terrorisme mais concurrents en matière de domination et d'influence s'illustre parfaitement dans l'épisode suivant : 

Lire la suite en cliquant sur : II)        Un rapport interne des Pasdaran accuse une « taupe » syrienne d’avoir permis l’arraisonnement d’un navire d’armes en Calabre


Partager cet article
Repost0
8 novembre 2010 1 08 /11 /novembre /2010 16:26

 

 

 editorialàGad

 ECOUTER ICI-copie-1

Psalmodies aschkéliennes et rapsodies aschkénazes en Ut majeur


Si le Hezbollah est inculpé en décembre, l’indulgence de l’Amérique et de la France envers le voyou syrien pourrait bien coûter une guerre.

 

 

Par Marc Brzustowski

 

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info

 


Doit-on parler de changement de ton envers Bachar al-Assad, tant à Washington qu’à Paris, à la faveur de deux évènements attendus :

 

- les élections de mi-mandat, qui se soldent par le retour des Républicains au Congrès ;

- et l’annonce de l’issue prochaine des mandats d’arrêt par le Tribunal Spécial sur le Liban ?

 

Le 3 novembre, le Juge italien Antonio Cassese, Président du Tribunal spécial, a annoncé que les actes d’accusation, dans l’enquête sur le meurtre de Rafik Hariri, seraient rendus publics en décembre prochain.

 

Cette clarification judiciaire fait suite à la campagne de guerre psychologique lancée quelques jours auparavant par le Hezbollah, le 28 octobre. Celui-ci se fait fort de prendre le contrôle du pays en deux heures, à la moindre tentative visant à se saisir de ses hommes, les 9 présumés inculpés sous peu. Par cette décision, les magistrats internationaux démontrent que rien ne saurait venir se mettre en travers de la route de la Justice internationale et affichent son statut de totale indépendance à l’égard de toute manœuvre politique, voire guerrière. 

 

Depuis quelques temps, la milice pro- iranienne de Nasrallah est, clairement, sur la défensive. Dans l’impasse, mise au pied du mur, elle avoue implicitement sa culpabilité : elle refuse de comparaître et de devoir prouver sa « bonne foi », un argument qui n’appartient pas au lexique de l’agence de communication des Mollahs au Liban. Elle boycotte même le dialogue national libanais, ce jeudi 4 novembre, soit le lendemain même de la publication de sa date approximative de convocation devant la loi. Elle rend responsable les autres parties libanaises, ainsi que la communauté internationale et les accuse de collusion avec les intérêts américano-sionistes et de trahison de la « sécurité du Liban ».

 

Cette période, houleuse pour les pro-Iraniens de Beyrouth, est marquée par au moins deux interpellations de l'une de leurs bonnes fées, la dictature alaouite : l’une par voie de presse, dans le Figaro du 25 octobre ; l’autre, par l’avertissement inhabituel de Susan Rice, ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, à l’encontre de Damas :

 

L’article de Georges Malbrunot se fonde sur les sources du Ministère français de la Défense. Il détaille la location de plusieurs bases logistiques du Hezbollah en Syrie, toutes consacrées à l’acheminement d’armes et de missiles à la milice libanaise. Pas n’importe où en Syrie, puisque l’une se trouve près de l’aéroport de Damas, relié à celui de Beyrouth contrôlé par les agents de Nasrallah ; d’autres sont situées à Alep, Homs et Tartous, le fameux port, là encore, indispensable aux transferts. Une source anonyme du Ministère précise alors que des actions israéliennes contre ces sites sont toujours possibles. On comprend, de facto, le message : rien de ce que fait Bachar en faveur du Hezbollah n’est ignoré, ni à Washington, ni à Paris et ces stocks sont, d’ores et déjà, des cibles légitimes pour Israël.

 

On sait que, depuis le 14 juillet 2008, Paris a beaucoup fait pour favoriser le rapprochement avec Damas et tester sa flexibilité. Ses deux alliés, américain et israélien, n’y sont pas étrangers. Mais l’élection de Barack Obama a permis de pousser toujours plus loin la surenchère dans la voie de la négociation, qui renforce tendanciellement le sentiment d’impunité chez le dictateur damascène. L’article semble indiquer qu’il existerait, néanmoins, une limite dans la stratégie de contrebande syrienne, en faveur de l’Iran et de ses opérateurs au Liban. Mais le recours à la fermeté reste entre les mains du seul Israël.

 

Susan Rice entre en scène 3 jours plus tard, le 28, soit le même jour que les menaces de Nasrallah d’imposer sa mainmise sur le pays du Cèdre. Mais ce n’est pas tant à lui qu’elle s’adresse qu’à son parrain de l’autre côté de la frontière : elle accuse la Syrie de fournir des armes toujours plus sophistiquées » à la milice, violant ainsi les résolutions du conseil de sécurité de l’ONU. Damas, dit-elle, "n’a pas le moindre égard pour la souveraineté du Liban et menace sa stabilité ».

 

Mardi 2 novembre, c’est Amos Yadlin, responsable sortant des renseignements militaires israéliens, qui confirme : la prochaine guerre prendra une ampleur bien plus vaste que les précédentes. Elle ne pourra concerner un seul théâtre d’opérations, mais bien plus sûrement, deux ou trois ». Et de citer la fourniture de systèmes de missiles russes à la Syrie, qui pourraient bien finir, au train où vont les choses, entre les mains du Hezbollah. C'est ce couple infernal, élément d'un trio avec l'Iran, qui fait problème, et il devient impossible de traiter l'un sans prévenir ce qui en découle immédiatement pour l'autre. Dit autrement, ils sont indissociables et avoir prétendu le contraire depuis trois ans relève de l'art de perdre son temps. Ce retour à la lucidité aura t-il la moindre conséquence diplomatique? On peut en douter. 

 

Les mises en garde françaises et américaines demeurent bien timorées. Certes, on ne se contente plus d’envoyer le Sénateur John Kerry « rassurer » Damas, mais on s'en tient à une simple rebuffade, devant la caisse de résonance un peu creuse, de l'ONU. Chez les uns comme chez les autres, on surjoue sur le couplet de l'indépendance du Liban et de la légitime défense d’Israël -elles aussi "indissociables"?-, au lieu de requérir une conformité sans failles aux fameuses résolutions cache-misère, sans quoi les nations agiront.

 

A l’heure où les Républicains peuvent réclamer des comptes à Barack Obama sur l’inanité de sa politique « d’engagement » vis-à-vis des Etats-voyous, l’Administration anticipe sur d’éventuels reproches. D’une certaine façon, elle se couvre. Lorsqu’on interroge son porte-parole, J. Crowley sur les conséquences pour Damas de ce comportement, il s’en tire par une pirouette qui fait la démonstration cinglante que les proches d’Obama sont totalement déconnectés des réalités régionales : si elle persiste, la Syrie se verrait privée des investissements américains en matière de Haute-Technologie, promis par Oncle  Barack Hussein. Cette tirade aurait pu sortir d’un magazine pour enfants à l’annonce de Noël. Elle trahit l’inconsistance des hommes qui sont censés être les « gendarmes du monde » à la Maison Blanche. L'isolationnisme américain risque de se renforcer au gré des préoccupations intérieures, toutes aussi légitimes, face à la crise. Les questions fiscales et budgétaires sont le fer de lance du mouvement "Tea Party", bien plus que la restauration du prestige de l'Amérique sur la scène mondiale.

 

Et sans « police internationale », on se demande bien quel pourra être l’impact d’une Justice de même envergure. Le Tribunal sur l’ex-Yougoslavie a pu fonctionner bon an mal an, parce qu’il intervenait pour juger les faits et les hommes après une mise à genoux de la Serbie et l’arrestation des principaux chefs de milice impliqués dans les crimes de guerre et massacres de masse. La Justice, à cette heure, annonce son agenda et ne se préoccupe pas d’être épaulée par les puissances globales capables de l’aider à faire appliquer ses décisions.

 

Il y a peu, un éditorialiste du Washington Post, David Broder, évaluait les chances de réélection pour Obama. Selon lui, elles résident dans la ferme décision de réunir tous les suffrages en résolvant par l’action militaire la question du nucléaire iranien, qui représente le plus grand danger de ce début de siècle. En attendant le dénouement de ce dossier, on argue que les sanctions auraient, finalement, plus d’impact que ne le redoutait Téhéran. Mais, dans l'expectative, Washington serait, déjà, bien inspiré de ne pas laisser les dossiers incandescents lui brûler les doigts, ceux qui s’ouvriront avant le prochain arbre de Noël à la Maison Blanche. Et de ne pas se contenter de les déléguer à la seule charge des acteurs locaux, dans un soupir de lâche soulagement.

 

Si la Syrie sait que l’impunité continue de galoper malgré les mises en garde, alors rien n’empêchera le Hezbollah d’opter pour l’une des deux portes de sortie qui s’offrent à lui :

 

- prendre le Liban en otage

- déclencher une fuite en avant dans la guerre avec Israël,

- dans les deux cas, avec l’appui assuré de son protecteur al-Assad, ouvrant les vannes à la relance de l’économie iranienne par la production d’armes de destruction massive. 

 

A ce moment-là, peut-être, la "Communauté internationale" se réveillera t-elle de sa torpeur pour comprendre comment se comportent les voyous et qu'ils ne craignent ni Justice ni gendarmes...

 

Partager cet article
Repost0
7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 18:39

 

   Les magazines précédents

Comment recevoir ce magazine chez vous   

  Bann meteor partenaire

 

 In : http://lessakele.over-blog.fr/article-interview-exclusive-de-philippe-karsenty-il-est-temps-que-la-verite-sur-l-affaire-al-doura-sorte-au-grand-jour-on-ne-peut-accepter-l-inacceptable-59757033.html

 

 

 

Chers Lecteurs,

Nous vous invitons à lire le magazine  en ligne le magazine Météor


le magazine est placé tous les mois sur le site.

Nous vous invitons également à découvrir comment recevoir ce magazine chez vous.

 

Aschkel.info et Lessakele remercient nos amis et partenaires Mik'haéla et Aaron du Météor d'Ashdod  pour leur gentillesse leur professionnalisme et leur disponibilité.

Bonne Lecture

 

Aschkel et Gad

 

 

clic couv-meteor-copie-1.png

                                                   Cliquez pour lire

Partager cet article
Repost0
31 octobre 2010 7 31 /10 /octobre /2010 20:21

 

editorialàGad

 

Al Qaeda et Téhéran mettent Obama au diapason, à la veille des élections de mi-mandat aux Etats-Unis :

 

 

ECOUTER ICI-copie-1avec la voix d'Aschkel

 

Par Marc Brzustowski

 

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info

 

Il ne devrait guère y avoir de surprise, ce 2 novembre, quant aux résultats des élections de mi-mandat à Washington. La nouvelle répartition des pouvoirs aux Etats-Unis va, sans doute, procéder à un rééquilibrage et sanctionner (douloureusement, disent les observateurs) cette sorte d’intérim décevant qu’incarne la présidence d’Obama. Plutôt que de couler avec le capitaine, le premier cercle des conseillers du Président a préféré prendre ses distances et démissionner en masse :

 

-  c’est le cas de Rahm Emmanuel, son « bras droit », célèbre pour être l’instigateur de la poignée de mains entre Yasser Arafat et Itzhak Rabin, sur la pelouse la Maison Blanche, en 1993. N’attendant pas grand-chose du processus initié, il a depuis longtemps bouclé ses valises pour briguer la Mairie de Chicago. Cette soudaine ambition personnelle relève aussi de la désertion en rase campagne. L’Administration n’a su concevoir qu’un processus mort-né avant même la reprise des discussions. Inutile pour Emmanuel de s’attarder sur ce désastre qu’il laisse en héritage aux futurs compagnons d’infortune de son « protégé ».

 

-  Lawrence Summers, le père du plan de relance n’a pas, non plus, attendu une hirondelle dans le ciel gris de la crise économique, avant que le bilan ne s’aggrave.

 

-   James Jones a passé le relais du Conseil National de Sécurité à Thomas Donilon, exécré au Pentagone. Robert Gates, Secrétaire à la Défense, a déjà prévenu que sa nomination à ce poste sera un « désastre ». Donilon est un ancien de l’établissement de refinancement Fannie Mae, directement lié à la crise des subprimes qui a entraîné les marchés dans la tourmente financière, fin 2008. Doit-on s’attendre à une faillite sécuritaire de même acabit, sous ses directives ?   

 

Le dernier épisode, ce week-end, de menace d’attentats multiples tire la sonnette d’alarme : on a découvert des fragments de bombes fixés à des détonateurs séparés, -une carte de téléphone portable insérée dans une imprimante et un déclencheur- dans deux avions cargos UPS et Fedex en provenance du Yémen. Les « colis » étaient destinés à exploser dans des synagogues de Chicago. Sans un signalement de dernière minute du renseignement saoudien, rien n’aurait pu empêcher ces engins de parvenir à destination. Les terroristes visaient bien la ville d’origine d’Obama, là où il a fait ses classes en politique. Elle est aussi celle qu’aspire à diriger Rahm Emmanuel.

 

La substance explosive utilisée est de même type que celle qu’on a retrouvée sur Farouk Abdulmuttallab, avant qu’il ne fasse exploser un avion Delta au-dessus de Détroit, à Noël dernier. La même que dans les chaussures de Richard Reid, le « shoe-bomber », il y a 9 ans : il s’agit du Pentaerythritol Tetranitrate (PETN). Le soulagement sera de courte durée, si on admet que les avions-piégés ont pu traverser l’ensemble du réseau aérien de fret intercontinental, jusqu’aux aéroports britannique et dubaïote en direction des Etats-Unis. D'autres ont dû être passés au peigne fin à Philadelphie, Newark, dans le New Jersey...

 

Al Qaeda démontre que ce qu’il n’a pu réaliser sur les lignes régulières, il le tente par d’autres filières. Ce pourrait être par les airs, la mer, le réseau routier, au risque de paralyser ou ralentir une partie des échanges économiques occidentaux. La substance explosive PETN continue, à ce jour, de circuler sans être détectée par les services anti-terroristes des différents pays traversés, malgré toutes les alertes préalables. Les groupes terroristes choisissent leur agenda et le lieu de leurs méfaits selon une symbolique censée provoquer l’effroi dans le public : les fêtes chrétiennes de fin d’année, les synagogues pour les jours proches d’une élection cruciale en Amérique, là où la carrière d’Obama a commencé et où se poursuit celle de son ancien lieutenant.

 

La nature des menaces implique un relèvement du pays et des répliques appropriées qu’Obama, jusqu’à présent, n’a pas su prendre. Il a déclaré qu’al Qaeda était sa cible prioritaire et semble bien être devenu celle-là même de ceux qu’il a désigné, dans un sketch macabre de l’arroseur arrosé.

 

Au Moyen-Orient, ces failles du leadership américain sont l’occasion, pour ses outsiders, d’occuper le terrain et de se répartir l’influence. L’Iran s’est lancé dans une vaste opération séduction, auprès de l’Egypte et de l’Arabie Saoudite, pour obtenir l’élection d’Al Maliki en Irak et le démantèlement du Tribunal Spécial pour le Liban, qui met en cause son armée supplétive du Hezbollah.

 

D’après le site Debkafile, Téhéran serait allé jusqu’à proposer d’offrir au Caire la tête de 13 proches d’Ayman Al-Zawahiri sur un plateau : tous membres du Jihad islamique égyptien, ils sont, à ce jour, impossibles à localiser par l’ensemble des services arabes et occidentaux. Le prestige de celui qu’on prend pour le « n° deux » d’al Qaeda surpasse celui d’Ousama Ben Laden. Il est, précisément, le patron de l’étoile montante du terrorisme international, le Cheikh Anwar Al-Awakli, en fuite au Yémen, après l’attentat de Fort-Hood. La coïncidence est troublante : ce réseau yéménite rappelle sa dangerosité au moment même où Téhéran donne un mode d’emploi pour se débarrasser de ceux qui le dirigent dans l’ombre…

 

Il pourrait paraître urgent de céder au chantage iranien. Washington en donnera t-il le feu vert à ses alliés arabes ? D’une main seraient démantelées les cellules actives de la Péninsule arabique avant qu’elles ne déstabilisent les nouveaux cercles dirigeants sur la colline du Capitole.

 

En échange de ces terroristes, l’Iran incite Moubarak à peser sur le Roi Abdallah d’Arabie Saoudite, afin qu’il permette la nomination de Nouri al-Maliki à la tête de l’Irak. Téhéran ferait alors une proposition de second rôle enviable au vainqueur des élections, Iyad Allawi. Jusque-là rebelle, il rejoindrait ainsi le rang des vassaux des Mollahs, neutralisant le rôle de « faiseurs de rois » qu'occupent les Kurdes d’Irak.

 

L’autre faveur réclamée par Ahmadinedjad serait que l’Egypte et l’Arabie Saoudite cessent de soutenir le Tribunal Spécial sur le Liban, qui met en péril le mythe de la « libanité » du Hezbollah. Certaines révélations intempestives du site Wikileaks rappellent à quel point le Hezbollah a été impliqué au plus haut niveau de la formation des groupes spéciaux chi’ites ligués contre la coalition américaine et l’Armée irakienne en refondation.

 

Ahmadinedjad et Abdallah sont, globalement, d’accord sur le risque majeur de guerre civile au Liban. Ainsi, on a vu le rédacteur en chef du journal officiel saoudien asharq al Awsat, Tariq Alhomayed suggérer ouvertement à Saad Hariri de démissionner. Son désistement précipiterait la mise en place d’un gouvernement dirigé par l’opposition, dont l’épine dorsale est le Hezbollah. Celui-ci s’emploierait alors à dissoudre le Tribunal, au motif qu’il ne peut pas priver le Liban d’une gouvernance s’appuyant principalement sur le groupe incriminé. Le « Bloc du Futur » derrière Saad Hariri a, malgré cela, réitéré son engagement envers le Tribunal, vendredi dernier.

 

Le chantage iranien sur le monde arabe semble donc se poser dans les termes suivants :

 

-   il est au moins aussi urgent, pour la principale puissance mondiale, de décapiter al Qaeda que de toucher à un seul cheveu d’un proche d’Hassan Nasrallah.

 

-   Dans le même temps, Téhéran promet de relancer les négociations sur le nucléaire, le 10 novembre prochain. Catherine Ashton, Haut-Commissaire européen des Affaires étrangères reçoit un courrier en ce sens, à la veille des élections américaines.

 

- Qui refuserait une double-proposition représentant une telle aubaine historique ? Assurément pas Obama, coincé entre les Républicains et al Qaeda…

 

- L’Iran préserverait ainsi ses chasses gardées, au Liban et en Irak. Il conserverait actives ses principales réserves en hommes et filières d’acheminement pour les prochaines étapes de constitution de l’axe anti-occidental, tout en mettant les régimes sunnites sous sa houlette, seul à même de garantir leur stabilité précaire. Washington perdrait la main au Moyen-Orient.

 

- Il raffermirait le front anti-israélien, avant même qu’une Administration américaine plus favorable au seul allié fiable des Etats-Unis au Moyen-Orient ne retrouve ses esprits.

 

L’Amérique s'est s’indignée, au cours des dernières années, du « rôle néfaste » de la Syrie ou de l’Iran dans le terrorisme. Mais elle s’est toujours refusée, comme le suggéraient John Bolton ou l’indépendant Joe Lieberman, à frapper les camps d’entraînements et de stockage de missiles disséminés sur le territoire des deux parrains. Les pays arabes ont ainsi découvert que les Etats-Unis se satisfaisaient de rhétorique et de diplomatie, mais laissaient les Etats-voyous bénéficier d’une prime accordée aux postures de défi. Ils sont, comme toujours, prêts à ployer devant celui qu’ils reconnaîtront comme « le Cheval fort ».

Partager cet article
Repost0
15 octobre 2010 5 15 /10 /octobre /2010 18:20

 

 

 

editorialàGad

 

Ahmadinedjad harangue les foules libanaises à mourir pour l’hégémonie chi’ite et s’en retourne vers son Iran sous les verrous

 

 

Par Marc Brzustowski

 

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info


 

 

 

On ne peut ni exagérer la portée des formules exterminatoires, si coutumières au Maître de Téhéran, ni minimiser l’ampleur de la catastrophe à laquelle le visiteur du 3 ème type condamne ses hôtes libanais en les annexant à l’axe qu’il dirige.

 

Le Hezbollah, son bras armé, avait manifestement procédé aux battues rassembleuses de ses partisans, tant à Dahiyeh, dans ses quartiers réservés de Beyrouth, que dans ses fiefs du Sud, comme à Bint Jbeil. Les discours enflammés qui étaient dédiés à ces martyrs désignés volontaires ne variaient guère de leur ligne, désormais, bien rôdés : « Les sionistes vont disparaître » (par enchantement charismatique, sans doute).

 

Venu tirer parti de la supposée « divine victoire » qui a vu le Hezbollah reculer de 50 kms jusqu’au Litani et son chef, atteint de neurasthénie à vie, se barricader dans son bunker et ne plus en sortir que par vidéos enregistreuses, Ahmadinedjad sait motiver les foules : après avoir promis 450 millions de $ au gouvernement libanais et avoir déboursé un premier milliard à la reconstruction des villages du sud, il propose aux heureux bénéficiaires de renoncer à ce qu’ils viennent ainsi d’acquérir si chèrement.

 

Car tel est le challenge autodestructeur auquel il destine ses fervents supporters venus le remercier de ses largesses. Un prêt pour emprunter le chemin du sacrifice sur l’autel du Velayat e-Faqih, dont les Iraniens eux-mêmes ne veulent plus.

 

Mais on peut comprendre qu’il ne boude pas son plaisir de profiter de ces bains de foules en apparence spontanés, lorsque les incidents sont constants à domicile, depuis sa réélection contestée et jamais entérinée par le peuple d’Iran.

 

Gageons que les Libanais ne soient, finalement, pas plus idiots que ceux qui, à Téhéran, manifestent en criant : « ni Hezbollah, ni Hamas, je meurs pour l’Iran ! ». Tant qu’il s’agit d’écouter leur « bienfaiteur » égrener ses exigences de remboursement par le prix du sang, il ne s’agit jamais que de donner le change en acquittant par figuration. Mais, en contresignant ce pacte avec leurs pieds et leurs acclamations, ils sont, de fait, engagés par cette dette empoisonnée. Et ils ne le sont pas moins, pour l‘édification de l’empire pasdaran que ne le sont les malheureuses victimes de la répression dans les principales villes d’Iran.

 

Et, tant que le peuple perse résiste encore, les Libanais, ces « malgré-nous », enrôlés, de gré ou de force, dans le programme d’Ahmadinedjad pour le Moyen-Orient, ont encore le choix de repousser l’heure du sort fatal qu’il leur réserve. Qu’ils le sentent obscurément ou qu’ils préfèrent ne pas comprendre ce qui se passe là-bas, leur destin est lié.

 

Le Liban, peuple et gouvernants, devraient tirer quelque enseignement de l’expérience de leurs homologues vivant sous le régime tyrannique de leur visiteur. Ainsi, les médias officiels de celui-ci déclaraient sans vergogne, que les « Sionistes » avaient orchestré, avec leurs complices américains et les pouvoirs arabes vendus à Sion, le « faux sauvetage » des mineurs chiliens bloqués sous terre, pour détourner l’attention du monde du périple messianique d’Ahmadinedjad à Beyrouth. Il doit falloir des nerfs à toute épreuve pour supporter les retournements de sens paranoïdes de l’actualité la plus banale ou exceptionnelle en complot mondial. Il faut sûrement vivre enfermé dans une bulle de propagande inflationniste à laquelle, soi-même, on ne croit plus, pour accepter de gober et de tenter vainement de faire avaler, à coup d'entonnoir médiatique, de telles inepties maladives. Et pourtant !

 

Pourtant, ce qui ne marche plus en Iran, Ahmadinedjad entreprend de le ressusciter dans sa lointaine province, parmi les plus éloignées de son royaume ubuesque, peut-être avant la jungle des FARC. Ahmadinedjad se persuade que la soumission qu’il ne parvient pas à imposer dans ses frontières sera mieux exportée et mieux acceptée ailleurs.

 

Lorsqu’un pouvoir atteint de tels sommets d’isolement dans sa propre folie, contre son propre peuple et tous ceux qui l’entourent, il y a fort à parier qu’il est, chaque jour, plus déstabilisé et sensible à la guerre de l’information, menée de l’intérieur ou de l’extérieur.


 

 

Ainsi, lorsque le Président de cette République islamiste contre son gré vante la puissance militaire qu’il apporte dans ses bagages à Beyrouth, une base de missiles à Khorramabad, au sud-ouest kurde, prend feu, lors d'un mystérieux accident qui a toutes les allures du sabotage. Sur le plan humain, 18 hommes d’élite des Pasdaran y laissent la vie et 14 sont grièvement blessés. Sur le plan militaire et technologique, ce sont des Shahab 3, ces fameuses ogives qu’Ahmadinedjad promet, au même moment, de lancer, dans un déluge de feu destructeur, sur Israël, qui sont les vecteurs de la mort de ses meilleurs soldats et techniciens.

 

Qu'il prétende que c'est un accident et la fiabilité de ses armes de guerre laisse vraiment à désirer. Il ne peut donc accuser les éternels boucs-émissaires de ses fiascos, qu'ils soient Sionistes ou éléments de minorités révoltées par sa politique ségrégative envers les non-chi'ites. Qu'il affirme le contraire, et il continue de semer les germes de la révolte contre l'injustice, contraire aux valeurs au nom desquelles son idéologie a dit conduire les révolutions moyen-orientales.


Comment donc Ahmadinedjad parvient-il à conserver sa pieuse assurance en proférant ses appels incendiaires, quand le feu qu’il veut répandre au Sud-Liban dévore et se retourne contre ceux-là mêmes, chargés d’acheminer leurs missiles les plus perfectionnés vers ses séides libanais promis au même sort ?

 

La configuration dans laquelle se trouve le pouvoir iranien aujourd’hui est celle du serpent qui se mord la queue. Allumer la mèche d’une guerre au Sud-Liban ne garantit en rien la pérennité du pouvoir pasdaran à Téhéran ni son immunité aux coups qui lui sont portés par les rebellions ethniques, par la rue verte ou les mouvements de grève du Bazar. Peut-être cela ne lui permettrait-il que de retarder l'échéance de sa destitution.


 Afficher l'image en taille réelle

 

Un tel régime aux abois est plus fragile, sur le plan économique, politique, ou quant à la faiblesse de persuasion de sa propre propagande autosuggérée,  que l’URSS quelques mois ou années avant la chute du mur de Berlin. Aucune démocratie ne peut,     aujourd’hui, l’ignorer. Aussi a-t-il grandement besoin d’opérations de communication comme ce happening de Beyrouth ou Bint Jbeil comme pour se régénérer, poursuivre le mythe d’une puissance régionale aujourd’hui chancelante sur son socle-même.

 

Une révolution ne s’exporte bien que lorsqu’elle conserve encore suffisamment d’ascendant sur sa propre population, soit par la foi enthousiaste qu’elle engendre, soit par la peur qu’elle inspire. L’Iran a t-il, aujourd’hui, encore les moyens de sa propagande ? Ses alliances même sont scellées dans une rivalité hégémonique à peine feinte, par la Turquie ou la Syrie, qui ne rêvent, finalement, que de tirer leurs propres marrons du feu, en agitant l’épouvantail iranien ou son supplétif de Daniyeh, au petit jeu de qui-sert-qui.

 

Les démocraties perdent leur temps à vouloir négocier avec ou offrir une porte de sortie pour sauver la face à un gouvernement lancé à ce point dans la fuite en avant. Si l’on doit redouter une guerre avec un pays, une milice ou ses alliés, elle pourrait bien être essentiellement motivée par la crainte de l’effondrement, la stimulation de réflexes nationalistes et le carburant du désespoir d’un régime qui ne sait pas qui sera le prochain « traître » à sa ligne de conduite et ses objectifs, l’instant d’après le déclenchement d’un conflit.

 

Les moyens à déployer sont ceux d’une guerre de l’information sans répit sur les réalités sombres de ce pouvoir, la répression qu’il exerce, les failles sécuritaires auxquelles il est constamment confronté dans ses provinces, malgré ses tentatives d’étendre sans fin ses tentacules sur les pays voisins, comme l’Irak, le Yémen ou le Liban.

 

 

Partager cet article
Repost0
9 octobre 2010 6 09 /10 /octobre /2010 21:59

 

 

 

 editorialàGad

 

Ahmadinedjad à un jet de pierre d’Israël et Abbas sur le fil de nouvelles frontières : qui franchira le premier la ligne rouge ?

 

      

 

Par Marc Brzustowski

 

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info


L’impensable, il y a encore peu, est sur le point de se produire. Les Pasdaran viennent d’envoyer 2500 membres des forces spéciales tapisser le Sud-Liban de drapeaux iraniens et, incidemment, veiller à la sécurité de leur dictateur Ahmadinedjad. Que fait l’ONU ? Quid de la résolution 1701 ? Que reste t-il du Liban souverain, cette peau de chagrin depuis si longtemps ?

 

D’après des rumeurs persistantes, l’empereur du Chi’isme aurait eu l’intention de payer de sa personne, par un petit geste symbolique l’assimilant aussitôt à la culture du Shabab : saisir une pierre symbolique pour la lancer, en signe de défi, sur les soldats israéliens, de l’autre côté de la frontière ! Il aurait s’agi là de se glisser dans la peau d’un personnage célèbre, cher aux fabricants de mythologies pour la cause, tel l’artiste maudit du début du XXIè siècle, qui se singularisa à la pointe du Jihad, Charles Enderlin : le garnement palestinien, instrument d’Intifada. Celui au nom duquel al Qaeda peut égorger un autre journaliste, un Juif Américain, celui-là, le regretté Daniel Pearl.

 

Mais, voilà, l'imagerie influant sur les croyances populaires, ne tient pas à l'analyse.

 

Les milieux proches de l’Iran au Liban se sont empressés de démentir ce scénario, campant leur dirigeant bien-aimé dans la stature du chef d’état unitaire, responsable, insistant sur la « stabilité » d’un Liban que ses propres partisans n’ont de cesse de remettre en cause au quotidien. Contre des postures trop voyantes, la théorie du « coup d’état » programmé, mais violent, orchestré après son départ risque d’être remisé, au profit d’une stratégie de moyen terme plus discrète, mais plus efficace. Il s’agit de concurrencer les pro-Occidentaux subsistants sur leur propre terrain en démontrant que Saad Hariri ne maîtrise plus grand-chose de la situation. Le Président Sleiman est un « pragmatique » qui a su faire allégeance aux deux parrains du Hezbollah, au fil du temps et laisse un semblant de vie parlementaire illusionner le visiteur politique européen ou américain.

 

Mettre en place un état-ventriloque, voilà un beau challenge pour Mahmoud-le-Conquérant!

 

Le défi coûtera, quoi qu’il en soit, bien moins cher à l’image d’Israël qu’à la souveraineté du Liban. Ahmadinedjad s’inviterait ainsi à Beyrouth, mais ne devrait pas se focaliser sur trop d'embrassades avec son bras droit local, Hassan Nasrallah. La visite doit conserver une allure officielle et converser avec "toutes les parties prenantes". Nasrallah n’a guère pu quitter sa cache dans un bunker de Dahiyeh, le quartier sud de Beyrouth sous la mainmise des services de sécurité du groupe terroriste libanais, depuis la fin de l’été 2006. Par contre, ses hommes de main ont réussi à développer et dissimuler tout un réseau de tunnels et d’entrepôts d’armes, pré- positionnés pour le jour où l’armée supplétive de Téhéran reprendrait ouvertement pied à la frontière israélienne. En attendant ce jour, l’armée libanaise a su prendre le relais, comme lors de l’attentat planifié contre le lieutenant-colonel Harari. Utiliser d'autres services sans exposer le Hezbollah est le meilleur fourreau qui puisse conserver intacte cette arme de frappe. Agir pour son propre compte risque de réveiller le spectre de "l'état dans l'état". Or, atteindre une parfaite homéostasie permet de rendre invisible le lien entre le pantin et son marionnettiste. Et c'est peut-être là, la revanche la plus sage et porteuse que la milice chi'ite réserve à Israël, après la mort de celui qu'on appelait le "fantôme", ou le "renard" : Imad Moughniyeh. Diriger le Liban, en sous-main, clandestinement, jusqu'à ce que la situation soit assez favorable pour saisir une opportunité crédible...


Nasrallah devrait se contenter de proférer ses harangues coutumières depuis son fief beyroutin. Il est peu probable que l’un comme l’autre s’exposent face à Israël, pour des questions de sécurité, d'une part : tenir en joue, au bout de la lunette, au même moment, Ahmadinedjad et Nasrallah, quelle superbe revanche se serait pour les hommes de l'officier israélien défunt! Que l'ordre de tir soit ou non donné, comme autrefois, Arafat pu s'échapper du Liban en ruines, sur injonction américaine. Le jeu [de massacre] en vaut-il la chandelle? Surtout, l'objectif iranien est de rendre l'ingérence politique incolore, inodore et sans saveur amère,  dans l’aggiornamento libanais : il s’agit d’officialiser, par cette visite, que Téhéran est le « meilleur allié » des Libanais et qu’il tient à bout de bras « l’indépendance » du pays, face à "l’ennemi commun" américano-sioniste. Il suffit d’être son maître, sans le dire. On obtient de meilleurs services de quelqu'un qui se croit libre que d'un fourbe soumis qui ne pense qu'à soulever le joug à la première occasion. Faire la démonstration des intérêts communs de l’Iran et du Pays du Cèdre semble aussi payant que de se livrer à des provocations téléphonées depuis Marun al-Ras, Marjayoun ou un autre lieu symbolique des combats contre Jérusalem. 

 

Si l’on revient sur quelques évènements passés, en effet, on peut en déduire que l’action violente pour le pouvoir a rarement servi directement les intérêts de la Révolution islamique : le coup de force de 2008, même s’il a vu ensuite, les Druzes de Jumblatt retourner leurs anciennes alliances au détriment du mouvement du 14 mars, a été vécu comme la menace permanente d’un couperet hezbollahni sur les habitudes de vie, dans les différents quartiers confessionnels beyroutins.

 

Un autre coup d’état partiellement manqué, dans ses objectifs, relève de la prise de pouvoir du Hamas à Gaza. Procédant de cette manière, Haniyeh et ses hommes se sont vus, progressivement interdire d’accéder à la prise de Ramallah et se sont sentis plus vulnérables, à la merci d’une réplique israélienne. Comme l’atteste le pic qu’a représenté l’opération plomb durci. Israéliens comme Américains n’ont alors été que plus vigilants à renforcer militairement et politiquement Abbas, tout en veillant à ce que les débordements du Hamas en Judée-Samarie restent limités.

 

On est donc sur la corde raide d’une gestion de conflit : la liquidation, ce vendredi, d’al-Karmi, le Commandant du Hamas et de son principal lieutenant, Natashe, illustre encore la difficulté à reprendre pied dans « la Bande Occidentale ».

 

La situation a conduit à une double-impasse, sans vrais gagnants ni perdants, tant que subsiste une once d’espoir de relance du mythique « processus de paix ». Démarche empruntée par les pays arabes sunnites concurrents et redoutant l’hégémonie iranienne, tant dans les territoires, qu’en Irak, au Liban, au Yémen, dans le Golfe, etc. Certains observateurs prétendent que Netanyahou veut un « statuquo amélioré ». Mais, à y regarder de plus près, il est probable que les Américains et leurs alliés arabes les plus menacés par Téhéran pensent plus sage de jouer la montre et les solutions inédites, plutôt que de risquer une déstabilisation interne, face au mécontentement de la rue arabe : à force de jouer de la cause palestinienne pour contenir toute frustration de la population quant à l’absence de développement et de débouchés éducatifs, culturels, professionnels, pour elle-même d’abord, l’échec des régimes à faire valoir une solution « juste » pourrait servir, encore une fois, d’exutoire. Mais, cette fois, au profit des Frères Musulmans, alliés objectifs de Téhéran et parrains du Hamas. C’est pourquoi, on peut croire qu’Obama parviendra à convaincre la Ligue Arabe, puis, peut-être Mahmoud Abbas, qu’il est préférable de continuer à tourner autour du pot et de négocier de futures frontières, plutôt que d’avoir des exigences trop radicales trop vite…

 

La stratégie lente du mikado, développée en Irak, se gagne à coups d’inflexions progressives, à mesure que la puissance américaine reflue et que les régimes locaux laissent poindre des failles. A cette heure, il ne saurait être question d’un remake de « révolution islamique », notamment au Liban. L’inverse est peut-être vraie : maintenir une illusion de souveraineté, tout en comblant les vides laissés par l’absence de gouvernance réelle, dans une alliance du Hezbollah avec l’armée, quelques Chrétiens d’Aoun, la neutralité au moins des Druzes, cela suffit amplement : on se demande quel « contre-pouvoir » pourrait y faire face : Hariri et Samir Geagea se retrouveraient alors plus isolés, sortes de survivants d’une ère révolue, qui ne devraient leur survie qu’au fait d’être prudents à ne contrarier ni Damas, ni surtout, le leader suprême : Ahmadinedjad.. A en croire son pas de deux à Beyrouth, celui-ci a opté pour la guerre d'usure, plutôt que pour les coups d'état fomentés par ses armées mexicaines.

Partager cet article
Repost0
5 octobre 2010 2 05 /10 /octobre /2010 10:03

 

 

editorialàGad

 

Le coup du sablier 

 

 

Monsieur Abbas, l’histoire ne peut, indéfiniment, resservir les mêmes plats refroidis

 

 

Par Marc Brzustowski

 

Une collaboration :  [Derrière le miroir] avec www.feminin.co.il

 

 © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info

 

On connaît, par cœur, l’adage célèbre de l’ancien Ministre Abba Eban : « Les Palestiniens ne ratent jamais une occasion de rater une occasion ». Elle aurait été prononcée en 1973 et l’histoire ne se rappelle pas précisément s’il s’agissait vraiment des seuls Palestiniens -alors peu maîtres de leur destin-, ou des Arabes dans leur ensemble, à la veille de la guerre du Kippour et à l’avant-veille du futur accord de paix entre Begin et Sadate de 1978.

 

La distinction entre Arabes et Palestiniens importe, ici, surtout parce que, contrairement à Yasser Arafat, incarnant un leadership sanglant en lutte contre Israël, Mahmoud Abbas, par sagesse ou frilosité à l'égard du Hamas, a choisi de mettre sa propre autorité sous la tutelle de la Ligue Arabe. Ainsi ne doit-il donner sa réponse formelle à la poursuite ou non du processus de paix à peine enclenché, qu’après avoir consulté ses mentors, entre le 4 et le 6 octobre. Obama, de son côté, fait pression sur Netanyahou, à coups de bâtons et de carottes sécuritaires, affirmant son peu d’engagement foncier envers ces questions sensibles pour Israël.

 

Le prétexte du « dégel » tombait à pic pour mieux faire oublier les autres concessions qu’Israël est en droit d’attendre de la partie adverse, mais dont il n’est, grâce à ce subterfuge, nullement question. La principale aurait été la reconnaissance d’un état Juif. Or, celle-ci n’est même pas envisagée par la Ligue Arabe. Chacun de ses membres, y compris le futur état palestinien, revendique, pourtant, bien son statut strictement arabe et musulman, jusqu’à l’éradication de toute présence juive, notamment et surtout en Judée-Samarie, berceau de la nation et de ses pères fondateurs, créateurs-récepteurs de la première charte monothéiste.

 

L’affaire n’est donc ni de date malencontreusement inopportune, ni de délimitation de frontières. D’autant que la situation sur la carte des implantations peut, en principe, encore donner lieu à un découpage territorial qui accorderait à Israël la souveraineté sur ce 1 et quelque pour cent qu’elles représentent sur l’ensemble du territoire concerné, tout en accordant la contrepartie du contrôle de centres de population arabe à l'AP. La question est idéologique et politico-religieuse, séminale, dans la mesure du rapport de forces entre un bloc arabo-musulman dominant au Moyen-Orient et un Etat Juif qui n’est pas même reconnu sur le papier.

 

Par contre, grâce au timing suivi, on peut prendre la phrase d’Abba Eban à revers et affirmer, au contraire, que toute la stratégie palestinienne repose sur un dosage subtil des moments de refuser de faire quelque pas que ce soit et de ceux où il devient approprié d’entrer en scène pour obtenir plus. On comprend, par là, qu’Abbas fait de la figuration, mais n’a pas la moindre intention de négocier sérieusement en temps et en heure, le fond ou la forme de ses propres intransigeances, tout en accusant Israël d'être opposé à négocier des points difficiles à traiter.

 

Ce « coup du sablier » semble bien programmé pour n’advenir que quelques semaines avant la fin du moratoire sur le gel des implantations, décrété par Netanyahou : Abbas se trouve aussitôt en position, soit de réclamer une prolongation de ce moratoire, soit de clamer à la face du monde que, manifestant des réticences à revenir sur la parole donnée, Israël ne veut pas la paix. Que c’est donc bien sur ce seul pays que les pressions internationales doivent porter.

 

On aura beau jeu de rétorquer qu’Abbas bénéficiait de dix mois pour se lancer dans la prospection d’un accord, et surtout, que s’il l’avait fait, il était plus probable que le Premier Ministre israélien, à deux doigts de finaliser, aurait pu prendre le risque de demander une prolongation à sa coalition. L’Autorité Palestinienne n’en a rien fait et l’échéance reste valable, sans quoi, il n’y a plus ni loi ni accord, à l’interne comme à l’externe. C’est en respectant ses promesses et en se respectant lui-même, quelles que soient les exigences, qu’un homme politique peut être pris au sérieux par ceux qui lui ont fait confiance. Israël n’a pas à être tributaire des façons de se faire prier de Monsieur Abbas.

 

Lorsque la France, par la voix du Président Sarkozy, affirme que « la colonisation doit cesser », elle préfère oublier plusieurs choses :

 

-      D’abord, qu’à aucun moment, la partie palestinienne n’avait exigé ce Gel, au début du processus, en 1993, ni en 2000, lors des ratés de Camp David et Taba.

-      Qu’Israël a, de lui-même, convenu et s’est engagé à ne pas développer de nouvelles implantations, à partir de 2000.

-      Deux notions sont alors apparues qui restent essentielles, concernant les engagements israéliens :

-      La notion de « croissance naturelle » qui ne concerne que des aménagements ou développements au sein même des implantations existantes ;

-      Celle d’implantations ou « colonies », dès lors « illégales », qui sont ou seront démantelées.

 

Alors, d’où provient donc cette conception que seul le Gel complet garantit la Paix ? Tout simplement d’une proposition américaine de Barack Obama, à la mi-2009, comme l’une des pré-conditions qui favoriserait le retour à des négociations directes. C'était un point d'amorçage, uniquement. Mais, si l’on remonte plus loin dans le temps, on s’aperçoit vite que son origine est le point cardinal de rassemblement du mouvement pacifiste israélien post-sioniste : Shalom Akhshav. Bien avant qu’Obama n’emploie cet argument-massue, sous l'influence de ses amis de J-Street, du « gel ou retrait d’abord, négociations ensuite », la gauche israélienne a été et reste le doctrinaire qui murmure à l’oreille des chevaux palestiniens :

 

« toute présence juive au-delà de la "ligne verte" est, en soi, une « occupation » de fait ; exigez et vous obtiendrez »

 

Même sans prendre parti pour la validité ou non de cette assertion, on voit que le débat est d’abord interne à la société israélienne et à un mouvement pacifiste unilatéral, qui démontre ainsi n’exister que d‘un seul côté. Du coup, cette hémiplégie plonge dans les abysses quelques questions fondamentales du Sionisme, comme révolution des mentalités et des croyances : à savoir une patrie pour les Juifs du monde entier, notamment expulsés des pays arabes et musulmans. Dans la doctrine de Shalom Akhshav, en effet, la fin de ce qu’il stigmatise sous le nom de « colonisation » ne supporte aucune contrepartie. Pas même les Palestiniens devraient-ils, corrélativement, mettre un terme au terrorisme, appelée « lutte armée » lorsqu’elle s’en prend à des civils à coups de bombes humaines, de lynchage, ou à l'incitation à la haine. Et surtout, cela n’engage aucune négociation préalable ni retraçage de frontières, ni accord entre les parties. C’est un point de dogme qui engendre des croyances aussi fugaces qu'elles demeurent invérifiables, sauf par la reprise (ou non) du sentier de la violence, alors d'autant plus "légitime".

 

Ainsi, paradoxalement, un mouvement électoralement inexistant en Israël est, tout bonnement, en train de dicter sa vision du monde pacifié à l’Administration américaine. Elle est conforme aux attentes du lobby saoudien aux Etats-Unis[1], par les incitations d’Obama sur Israël et de la Ligue arabe sur Mahmoud Abbas. Le concept est devenu paradigmatique, ultra-consensuel, pré-conditionnant les tenants et aboutissants, à propos de ce que "devrait être" la paix universelle : il ne se "discute" pas. Il enterre la paix ou entérine la guerre, en n'accusant qu'un seul et toujours même coté de l'échec de la diplomatie. C'est, au sens propre, un diktat.

 

Au passage, on feint d’oublier que le retour à la table des négociations directes consiste à évoquer les points qui fâchent d’abord et de trouver les arrangements qui garantissent au mieux les droits de résidence et de circulation dans le seul intérêt ultérieur des deux populations. Comme 20% d’arabo-musulmans demeurent en Israël, il n’est pas totalement incongru de parvenir à un accord sécuritaire pour les 300 000 résidents juifs, à cheval sur les deux territoires. Mais cela requiert de la créativité politique, et Obama n'en a ni le temps ni la ressource.

 

Lorsque Mahmoud Abbas proclame qu’aucun Juif, serait-il soldat de l’OTAN ne doit subsister dans aucun territoire de la future Palestine, il exige, tout simplement, des pays occidentaux fournisseurs de sa propre sécurité, qu’ils appliquent des mesures discriminatoires d’Apartheid. Qu'ils érigent ce racisme en Credo. De ces finalités, rappelées par Shmuel Trigano

(in : http://www.jforum.fr/forum/communaute/article/un-affront-aux-juifs-de-france ),

ni Obama, ni Sarkozy ne semblent s’offusquer. Ils sont trop pressés de parvenir à un « accord », irait-il à l’inverse de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, revue et corrigée par le Conseil des Pays islamiques.

 

Lorsque des Institutions juives de France, secondées par des piliers intellectuels et journalistes proches de Shalom Akhshav et J-Call reçoivent le dirigeant de l’OLP, dans un grand moment d’extase sur le « projet Abbas », ont-ils seulement conscience de participer indirectement à l’élaboration d’une paix sans Juifs ?

 

Quand les dés sont pipés, un arbitrage s’impose sur le « respect » des règles du jeu [selon Raphaël Draï, le terme « respect » a été mis en avant, comme pour amadouer les spectateurs restés coits, lors des échanges mentionnés supra, entre intellectuels patentés au nom des Institutions juives et le représentant de l’Autorité palestinienne]. Le « processus de paix » étant un avion sans pilote naviguant dans le brouillard, peut-être est-il plus sage d’attendre que celui-ci se dissipe, plutôt que d’aller s’écraser sur les toujours mêmes falaises d’une intransigeance voilée qui ne dit pas son nom : le refus de toute entité juive légitime au Proche-Orient ou nulle part ailleurs.

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de Gad
  • : Lessakele : déjouer les pièges de l'actualité Lessakele, verbe hébraïque qui signifie "déjouer" est un blog de commentaire libre d'une actualité disparate, visant à taquiner l'indépendance et l'esprit critique du lecteur et à lui prêter quelques clés de décrytage personnalisées.
  • Contact

Traducteur

English German Spanish Portuguese Italian Dutch
Russian Polish Hebrew Czech Greek Hindi

Recherche

Magie de la langue hébraïque


A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

Les news de blogs amis