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Nathan Sharansky ou la renaissance de l’Agence juive
Par Alexandra Sobol pour Guysen International News
28 juin 2009 00:12
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Par Alexandra Sobol pour Guysen International News
28 juin 2009 00:12
Entre janvier et mai 2009, pas moins de 1475 personnes ont réalisé leur aliyah vers Israël. Et cela grâce au précieux travail de l’Agence juive pour Israël (AJPI), chargée d’aider des juifs de la diaspora à réaliser leur montée en Terre promise, puis de les intégrer en Israël. Nerf vivant de l’Etat juif, cette organisation vient d’être profondément réformée. Le 23 juin dernier, elle s’est dotée d’un nouveau président, Nathan Sharansky.
« Il n’y a plus de barrière entre les juifs du monde entier ! ». Debout, le public acclame le nouveau président de l’Agence juive pour Israël. Visiblement détendu, Nathan Sharansky prononce son discours d’intronisation en anglais, entre boutades et tirades lyriques sur le travail de l’institution créée en 1929. Ce jeudi 25 juin, l’ambiance, dans la salle Zion de l’Hôtel Inbal à Jérusalem, est à la fête : nouveau président, nouvelle réforme, et voici un emblème d’Israël qui retrouve son souffle.
A la sortie, l’enthousiasme est aussi de mise. « Je suis très heureux ! », sourit Y. Shavit, membre de l’United Jewish Community (UJC), articulant chaque mot avec délectation. « Tout le monde est très content de cette élection », opine Gael Grunewald, président du département Hagshama à la Fédération sioniste mondiale (WZO).
Ancien ministre de la diaspora, Nathan Sharansky est un célèbre « prisonnier de Sion » qui a vécu pendant neuf ans les affres du goulag avant de gagner Israël. Pour Mickaël Steinhardt, le directeur de la Steinhardt fondation, Nathan Sharansky incarne « peut-être plus qu’aucun autre homme vivant, le lien entre Israël et la diaspora, que l’Agence juive elle-même aspire à représenter à un niveau institutionnel. »
A peine sacré, le nouveau président a jeté les bases de son programme: « Notre plus grand défi, c’est de renforcer l’identité juive de par le monde, de renforcer la diaspora. Et notre plus grand atout, c’est le lien entre l’Agence juive et l’Etat d’Israël ».
Derrière ce discours de concorde, le sous-entendu est à peine voilé. Car certains considèrent que les liens congénitaux entre Israël et l’Agence juive doivent être redéfinis.
Un président d’union pour une Agence discorde
L’élection de Nathan Sharansky couronne deux ans de travail sur la réforme de l’Agence juive. Et de l’avis général, le renouveau était indispensable. Le Conseil supérieur de l’Agence, qui donne le la des orientations politiques, prend les manettes de la réforme, en 2007. Crise de financement, crise d’identité, l’Agence cherche sa voie. Les trois institutions qui composent le Conseil - la Keren Hayesod chargé de récolter les donations, la Fédération sioniste mondiale (WZO) et l’UJC américaine (United jewish communities) doivent accorder leurs violons.
Mais, l’harmonie ne règne pas entre les trois institutions. Pour les fédérations américaines de l’UJC, vivier financier de l’Agence, la gouvernance ne doit plus dépendre des contingences politiques en Israël. Car celles-ci ont un impact sur la Fédération sioniste mondiale (WZO), où les représentants sont élus selon leurs partis politiques, et donc sur l’Agence juive. « Il n’est pas sain de mêler des actions de philanthropies avec le politique », explique Y. Shavit, représentant de l’UJC.
L’Agence juive, une institution partisane ? Traditionnellement, le président de l’Agence juive était promu par le Premier ministre en fonction de sa couleur politique. En 2005 déjà, le nom de Sharansky avait été avancé pour prendre les rennes de l’Agence. Mais Ariel Sharon avait préféré mettre en avant un autre candidat, Zeev Bielski. Celui-ci a aujourd’hui laissé sa place pour siéger à la Knesset, au sein du Likoud.
Les fédérations américaines ont aussi insisté pour que le président de l’Agence diffère de celui de la Fédération sioniste mondiale. C’est chose faite. La réforme votée, Nathan Sharansky devra se contenter d’un seul bureau.
Un consensus obtenu à l’arraché
L’UJC, principal artisan de la réforme, peut se prévaloir d’un certain succès. Qui n’est pas salué unanimement. Le vice-président du World Likoud, l’argentin Hernan Felman condamne fermement le changement de cap : « C’est une grosse erreur, nous sommes entrain de créer des divisions ». De même, Gael Grunewald regrette la nouvelle donne : « Je suis vraiment désolé que le président de l’Agence ne soit plus celui de la WZO, car c’est une organisation politique et démocratique avec des élections, ce qui n’est pas le cas à l’UJC».
Le climat de défiance entre les partis politiques israéliens et l’Agence est à son comble. Le gouvernement de Benyamin Netanyahou à reproché à l’Agence d’avoir réalisé la réforme sans concertation. Steven Hoffman, leader de la Fédération juive de Cleveland récuse cette version des faits. “Il y eu plus de 60 entrevues avec des membres du Conseil et des membres associés à travers les trois agences constructrices de l’Agence – l’UJC, le WZO et Keren Hayesod »
In fine, ces bisbilles pourraient remettre en cause le montant des subventions israéliennes à l’Agence juive. Certaines sources gouvernementales ont indiqué que des organisations privées, comme Nefesh B’Nefesh, pourraient bénéficier d’une attention plus soutenue de la part des pouvoirs publics.
Interrogé par Guysen, un membre de la Keren Hayesod, qui ne souhaite pas être cité, n’y croit guère. Pour lui, la réforme ne remettra pas en cause les liens entre l’Agence et Israël. Alors, le « statut spécial », par lequel Israël reconnaissait la compétence de l’Agence juive sur certains champs, comme l’aliyah et l’intégration des olims, ne serait pas menacé.
De l’avis de Joe Kanfer, président du Conseil d’administration de l’UJC, « Le Premier ministre à mis en avant un candidat fantastique qui apportera à l’Agence son charisme et lui conférera un certain statut. » La réforme votée, le « candidat du gouvernement » Nathan Sharansky a finalement été adoubé par les fédérations américaines. La ferveur de l’ensemble des représentants après cette élection témoigne d’une paix retrouvée – au moins pour un temps – au sein de l’Agence juive. Pour Nathan Sharansky, c’est déjà un défi de relevé.
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