Egypte: le pays dans le chaos entame son 6e jour de mobilisation contre le président Hosni Moubarak
L'Egypte entamait dimanche une 6e journée de manifestations anti-gouvernementales qui ont déjà fait 111 morts et plus de 2000 blessés en 5 jours, malgré le remaniement ministériel annoncé samedi par le président décrié H.Moubarak Un rassemblement se formait dès les premières heures sur la place Tahrir au Caire. La nuit fut mouvementée, entre manifestants bravant le couvre-feu et groupes de pilleurs saccageant commerces et habitations dans la ville. Le pays semble aujourd'hui complètement à l'arrêt. Les banques et la bourse du Caire sont fermées. Les examens dans les universités ont été reportés.
L'annonce de l'évasion, dimanche matin, de plusieurs milliers de prisonniers au Caire, fait craindre le pire. Parmi eux se trouvent de nombreux islamistes. Les habitants du Caire se sont dès lors organisés en milices de quartier pour tenter d'arrêter les pilleurs, suite à l'abandon des rues par la police. L'armée a pris position dans la capitale pour faire respecter le couvre-feu. Le ministre égyptien sortant de l'Information a ordonné l'interdiction du programme satellitaire Al-Jazira, qui a largement couvert les manifestations. La chaîne dénoncé cette censure qui veut "faire taire le peuple égyptien."
Le plus influent prêcheur du monde arabe, Youssef Al-Qaradaoui, a affirmé que seul le départ de Moubarak pouvait régler la crise. Dans une annonce samedi, il a appelé à poursuivre le mouvement. L'opposant le plus en vue, Mohamed ElBaradei, a promis la poursuite de la contestation. Les Frères musulmans, principale force d'opposition, ont appelé à "un gouvernement de transition" qui organiserait des élections. Le dirigeant palestinien M.Abbas a exprimé son soutien à H.Moubarak tandis que le Premier ministre israélien B.Netanyahu a dit vouloir préserver la paix et la stabilité dans la région.
La communauté internationale a de son côté multiplié les appels à des réformes, à la retenue et à l'arrêt des violences au cinquième jour du mouvement. Dans une déclaration commune, N.Sarkozy, A.Merkel et D.Cameron ont appelé le président égyptien "à engager un processus de changement" face aux "revendications légitimes" de son peuple. Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon a appelé "à la non-violence, au respect des droits de l'homme" et à écouter la "voix du peuple". Le CICR a prié, tant les autorités que les manifestants, de "respecter la vie et la dignité humaine" dans le pays.