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29 juin 2010 2 29 /06 /juin /2010 11:57

 

 

Gaza : électricité dans l’air

Pierre Lefebvre
© Primo-info,
 29-06-2010


Le Hamas et son réseau de correspondants de presse à travers le monde, Free Palestine en tête, dénonce depuis quelques jours la pénurie d’électricité à Gaza. 

Et l’on tente ainsi de faire pleurer dans les chaumières sur le sort malheureux de ces pauvres palestiniens dont les hôpitaux et les écoles sont les premières victimes. La seule centrale électrique de Gaza produit environ 30 % de l’électricité de la bande. 

10 lignes à haute tension en provenance d’Israël en fournissent 62 % et ne sont jamais interrompues. Deux lignes en provenance d’Egypte complètent d'environ 7 % le total de la consommation. 

À bien se souvenir, c’était également une des principales accusations prononcées contre Israël lors de l’opération « plomb durci » en 2006. 

L'UNRWA, qui vient de se faire détruire encore un camp de vacances par les affidés du Hamas, n’a pas pour habitude de critiquer les Palestiniens. Ce serait plutôt le contraire, tant la mauvaise foi des responsables de l’agence onusienne est évidente depuis 40 ans. 

Ce parti pris a été souvent dénoncé par la diplomatie israélienne, mais agences de presse aidant, le monde entier considère l’aide aux réfugiés palestiniens de l’URNWA avec une indulgence qui frôle la bêtise. 

L’UNRWA n’a pour ainsi dire jamais critiqué les dirigeants palestiniens et leur mode de gouvernance. 

Depuis Yasser Arafat, du Liban, de la Jordanie jusqu’à Gaza, l’UNRWA n’a jamais dénoncé la moindre corruption des caciques palestiniens. Elle n’a jamais constaté le moindre détournement financier de l’aide internationale. 

Aveugle, sourde et muette, l’UNRWA, et sans doute parce que cela permet de faire vivre dans un certain luxe quantité de fonctionnaires internationaux, a été souvent prise en flagrant délit de bienveillance vis-à-vis des Palestiniens.

Devant les outrances du régime islamique de Gaza, la destruction de ses biens, fondations et structures par le Hamas, elle semble se réveiller. Certes, les critiques sont encore bien timides, feutrées, avec juste ce qu’il faut dans le vocabulaire pour montrer qu’elle n’est pas dupe. 

De là à parler de véritable changement de politique au sein de cette vénérable institution, il y a un pas gigantesque. Ces derniers jours, pourtant, elle a, coup sur coup, attaqué bille en tête. 

Elle a accusé le Hamas pour la destruction d’un camp de vacances puis a protesté contre la non-fourniture d’électricité. 

Nouvelle donne

Cependant, les journaux et agences de presse qui se serviront de cette nouvelle pour plaindre encore une fois le peuple de Gaza devraient peut-être, selon leurs capacités intellectuelles, analyser deux ou trois données essentielles avant de propager ce type d’information. 

Et d'une, la haine

Il y a une haine féroce entre le Hamas qui tient Gaza sous sa coupe et le Fatah, qui dirige encore la Judée-Samarie. 

Chacun cherche à devenir le calife à la place du calife afin d'être bien positionné en cas de création d'un Etat palestinien. Cette haine donne souvent lieu à des massacres et exécutions sommaires entre Palestiniens. 

De deux, la crise

les faveurs dont bénéficiaient les services palestiniens, qu’ils soient sous la responsabilité du Hamas ou du Fatah, sont désormais analysés à la loupe. 

Et par deux services. Premièrement par Sallam Fayad, le monsieur anti-corruption de l’Autorité Palestinienne. Ensuite, par l’ONU ou la Communauté Européenne et leurs services comptables respectifs. 

À plusieurs reprises, les organisations dépendantes de l’ONU ou de la CE ont vu leurs comptes soigneusement épluchés par les services de gestion internes. 

La crise financière qui sévit sur la planète force les organisations, associations et ONG diverses à fournir à leurs donateurs des justifications de plus en plus précises sur les dépenses. 

Ce que l’on appelle en France, pour tout organisme qui reçoit une subvention ou remporte un appel à projet, le « contrôle de service fait ». 

Les programmes européens se font de plus en plus drastiques car chaque fonctionnaire responsable d’un programme peut se voir maintenant privé de son enveloppe si les dépenses ne sont pas justifiées. 

Ces programmes européens, jusqu’au FSE (Fond Social Européen) qui pourtant n’est pas le plus gourmand, exigent des « bénéficiaires » une comptabilité analytique poussée. 

En bref, la générosité européenne et internationale ne dépend plus des grandes déclarations la main sur le cœur des États, à des fins politiciennes ou électoralistes. 

La mise en œuvre est confiée à des fonctionnaires qui ne veulent plus démériter, tout simplement parce que, professionnellement, ils ne peuvent plus se le permettre.

Le gâchis colossal (quelques milliards de dollars) de l’aide aux Palestiniens qui a alimenté les affaires privées de quelques hiérarques de l’Autorité Palestinienne, un certain Arafat en premier, est dans toutes les mémoires. Tout est désormais analysé par les donateurs jusque dans les moindres détails.

Lorsque le budget alloué est épuisé, il ne faut plus désormais compter sur la commisération de la communauté internationale. Les comptables ont pris le pas sur les idéologues et les politiciens. On peut le déplorer mais la crise est durable. 

L'UNRWA sait qu'elle ne peut plus compter sur ce que l’on appelle dans le jargon des « queues de budget », permettant de finir l’année. 

En novembre dernier, la Commission européenne, son programme d'aide expiré, a tout simplement transféré au gouvernement de Mahmoud Abbas la responsabilité de l'achat du carburant pour le fonctionnement de la centrale.

Cette administration a « oublié » de régler les factures de Gaza. Quelle distraction ! 

Le fuel n’est plus livré et, depuis la semaine dernière, la centrale a cessé de fonctionner. 

Le Hamas, tout à son discours de martyr, se dit victime à la fois du blocus israélien mais aussi de l’Autorité palestinienne. 

La troisième donnée est plus inquiétante encore. 

L’idée d’un État palestinien se faisant de plus en plus pressante, il commence à être exigé de lui une mise aux normes de son fonctionnement économique. 

Les efforts de Sallam Fayyad vont dans ce sens. Il a compris les effets négatifs de la crise financière sur la générosité internationale. L’assistanat sera de plus en plus difficile à obtenir et il sait qu’un État digne de ce nom se devait d’avoir des circuits financiers irréprochables ou tout au moins, conformes aux règles d’une comptabilité publique. 

Les Palestiniens sont en train de comprendre ce que signifie « gérer un Etat ». Et il n’est pas certain qu’ils en soient capables avant une très longue période. 

Les mauvaises habitudes sont tenaces. 

D’ailleurs, à Gaza, les troupes du Hamas viennent d’en faire la démonstration. 

Malgré les tunnels de contrebande, malgré le rançonnage systématique de tous les commerçants à Gaza, le Hamas n’a plus d’argent. 

Y a qu’à prendre l’argent là ou c’est qu’il est, disait Georges Marchais. Le Hamas applique parfaitement ce programme.

La majorité du réseau bancaire de Gaza vient de se mettre en grève parce qu’une banque a été dévalisée, non par des malfrats, mais par les policiers du Hamas. 

Hélène Keller-Lindt note fort justement pour Désinfos « Un hold-up dans une banque, ça n’a rien d’étonnant. Mais dans la Bande de Gaza ce type de retrait forcé prend une autre dimension ».

En mars dernier, sa police avait déjà saisi, armes à la main, dans une banque de Gaza, 250 000 dollars appartenant à une organisation caritative vouée à la santé publique.

Si Gaza connaît des difficultés pour l’approvisionnement de sa centrale électrique, Israël n’est pas en cause. 

La gestion catastrophique du Hamas, arrivé au pouvoir par la violence et non par un processus électif légitime comme Leila Shahid tente souvent de le faire croire, est pleinement responsable de cet état de fait. 

Vouloir un État, c’est bien. Apprendre à le gérer est une autre paire de manches. 

L’UNRWA doit maintenant rendre des comptes. Cet organisme le sait et commence à s’apercevoir du puits sans fond que représente la gestion des « éternels réfugiés » que sont les Palestiniens. 

Certes, une partie de la solution serait que les pays arabes qui ont ces réfugiés sur leur sol depuis 50 ans leur accordent la nationalité et les intègre pleinement dans leurs propres sociétés. 

Après tout, cela s'est fait dans bien d'autres situations ou conflits qui ont pourtant duré bien moins longtemps. De plus, on ne voit pas pourquoi cet effort serait seulement demandé aux pays européens.

Mais le Liban, la Syrie, la Jordanie ne veulent pas entendre parler de cette solidarité. 

L’Égypte fait encore plus fort. Après avoir ouvert quelques jours sa frontière avec Gaza durant la crise de la flottille, elle vient de la refermer de manière plus hermétique encore.

Les riches familles palestiniennes qui vivent en partie à l’étranger et qui font leur beurre de ce juteux commerce « réfugiesque » ne sont pas fatalement prêtes à se voir privés d’une partie appréciable de leurs revenus et de leurs petits pouvoirs. 

Mais c’est tellement plus pratique d’accuser Israël et son blocus « insoutenâââââââble », disent les bonnes âmes.

Comment appelle-t-on cela, déjà ? Ah oui, l’hypocrisie. Pire, la duplicité.


Pierre Lefebvre
© Primo, 29-06-2010
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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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