Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
8 juillet 2012 7 08 /07 /juillet /2012 21:56
La vie grande et belle d’Yitzhak Shamir
Caroline B. Glick
Jerusalem Post 05 juillet 2012

http://www.jpost.com/Opinion/Columnists/Article.aspx?id=276442

 

Adaptation française de Sentinelle 5772 ©

 

 D’abord, il n’était pas inévitable que Shamir devienne un dirigeant puissant, dévoué, efficace.

Beaucoup dans sa génération ne l’étaient pas.

 

Il y avait quelque chose dans Yitzhak Shamir, septième Premier ministre d’Israël, décédé samedi dernier, qui vous rendait timide et en admiration quand vous étiez en sa présence. Dans son éloge funèbre lors de la réunion du cabinet dimanche matin, le Premier ministre Benyamin Netanyahou nota que Shamir « n’irradiait pas de charisme. Il irradiait simplement de force intérieure ».

 

Shamir, le tout petit dirigeant taciturne, était un homme puissant. Et Netanyahou avait absolument raison, la puissance de Shamir était due à son engagement dans ses convictions. Ce qui le motivait dans l’action ce n’était pas des conditions extérieures, mais un compas intérieur, un appel intérieur à dédier sa vie au Peuple juif, à notre liberté et à notre sécurité entre nos mains.

 

Netanyahou commença son éloge funèbre dimanche matin en le replaçant dans le contexte de sa génération. Netanyahou dit : « Yitzhak Shamir appartenait à la génération des géants qui ont fondé l’Etat d’Israël ».

 

Il y a une grande vérité dans ce constat. La génération des Juifs en âge de venir dans les années 1920, 1930 et 1940 qui établirent l’Etat d’Israël, fit face à des défis jamais rencontrés dans l’histoire humaine. Ils ont survécu à l’Holocauste européen. Ils firent reculer et prirent le meilleur sur l’Empire Britannique. Ils firent face à un terrorisme massif de la part des Arabes et à la répression et à la trahison des Britanniques. Ils vainquirent les armées d’invasion de cinq Etats arabes avec une force faite de survivants de l’Holocauste et de fermiers, avec peu d’armes disponibles, et presque pas d’argent.

 

Ils sculptèrent un beau pays moderne à partir des roches et du sable d’une terre longtemps désolée.

 

Ils ont absorbé des vagues massives d’aliyah du monde entier. Ils rassemblèrent des Juifs avec des coutumes, des traditions et des langues diverses et reforgèrent un Peuple juif uni  lié l’un à l’autre par notre patrimoine commun, notre foi, notre langue ressuscitée et notre terre –  tous plus forts que ce qui nous divisait.

Ils endurèrent des pertes déchirantes dans de nombreux cas.

 

Mais ils continuèrent d’aller de l’avant, parfois  à pas de géant, généralement à petits pas. Mais ils continuèrent d’avancer.

 

Alors il est vrai que la génération de Shamir des Juifs a eu plus que sa part de grands hommes et de femmes. Mais pour rendre à Shamir la justice qu’il mérite, il est important de ne pas masquer sa grandeur personnelle en le mettant entre parenthèses dans sa génération. Cela pour deux raisons.

 

D’abord, il n’était pas inévitable que Shamir devienne un dirigeant puissant, dévoué, efficace.

Beaucoup dans sa génération ne l’étaient pas.

 

Shamir fut confronté à d’énormes défis. Et ses défis les plus sérieux vinrent de ses compagnons juifs. Des gens comme Chaim Weizmann – que l’ancien Benzion Netanyahou qualifia de « désastre pour le Peuple juif », à cause de sa préférence chronique pour l’approbation britannique plutôt que pour les droits nationaux et légaux juifs – voulait davantage abandonner les droits nationaux des Juifs de notre Etat dans notre patrie nationale.

 

En effet, dans les années précédant la déclaration d’Indépendance d’Israël, la souveraineté nationale était seulement perçue comme une option viable et un objectif raisonnable par une minorité. Comme Shamir le dit dans un entretien en 1983 publié par le journal ‘The Times of Israel’, en 1945 David Ben Gourion appelait à l’établissement d’un ‘Commonwealth juif’ plutôt qu’à un Etat juif souverain. Comme Shamir le formula : « il était curieux que le mouvement sioniste n’accepte pas officiellement le slogan d’un Etat juif comme objectif du Mouvement Sioniste !... Weizmann était contre… Il voulait ici une unité juive… Pas un Etat ».

 

Ensuite, pendant le mandat de Shamir comme Premier ministre dans le gouvernement d’unité avec le Premier ministre d’alors Shimon Peres et le Parti Travailliste de 1986 à 1988, Peres chercha à saper sa direction et à le battre aux élections de 1988 en collaborant avec des gouvernements extérieurs.

 

Selon des documents top secrets de 1988 d’abord publiés par Shimon Schiffer du journal ‘Yediot Aharonot’ en juin 2011, Peres collabora avec le Président égyptien d’alors Hosni Moubarak pour déstabiliser le gouvernement de Shamir. Peres chercha aussi une assistance américaine pour trahir Shamir et fomenter sa défaite électorale. A côté de cela, aussi bien en violation de la loi israélienne et des vœux exprimés par Shamir, Peres envoya son émissaire, le directeur général du ministère des affaires étrangères d’alors, le général Avraham Tamir, au Mozambique pour des réunions secrètes avec Yasser Arafat.

 

Pendant sa carrière, Peres, qui est aussi un membre de la génération de Shamir, s’est distingué comme un politicien qui préfère son bénéfice personnel à celui de la nation. En maintenant constamment cette préférence, Peres a voyagé le mois dernier à Washington pour recevoir la « Médaille Présidentielle de la Liberté » des mains du président des USA Barack Obama, au moment même où Obama rejetait la demande israélienne  de commuer la condamnation à perpétuité de Jonathan Pollard. Il est certain que Shamir n’aurait probablement pas reçu une telle récompense d’un président des USA.

 

Mais il est sûr aussi de dire que si on lui avait offert la récompense, Shamir aurait saisi l’occasion pour faire pression publiquement en faveur de la libération de Pollard.

 

La seconde raison pour laquelle il est faux de voir en Shamir un pur produit de son temps est que ce faisant, il n’y auait pas de raison de l’imiter. S’il était seulement la personne qu’il est devenu parce qu’il a vécu à l’époque qu’il a traversé, alors l’histoire n’a rien à nous apprendre sur ce que signifie diriger ou vivre une belle vie pleine de sens au service d’un but plus grand que nous-mêmes. Et cela ne peut être vrai.

 

Par une concomittance poétique de temps, au moment où Netanyahou prononçait l’éloge funèbre de Shamir, le prédécesseur immédiat de celui-là, Ehud Olmert pénétrait dans une salle de tribunal à Tel Aviv pour le début de son procès criminel lié à l’affaire dénommée ‘Holyland’ ; Olmert est accusé de corruption passive de la part des développeurs de la monstruosité architecturale dans la capitale appelée « Holyland » pendant son mandat de Maire de Jerusalem. Il aurait reçu de l’argent et d’autres largesses en échange de son aval à l’autorisation donnée aux développeurs d’élargir la dimension du projet à plus de dix fois la taille initialement accordée.

 

Le procès d’Olmert dans l‘affaire Holyland’ n’est que le tout dernier des problèmes légaux de l’ex-premier ministre. Le 10 juillet, la Cour du district de Jerusalem rendra son verdict sur deux autres scandales de corruption – l’affaire Talansky, dans laquelle Olmert est jugé pour corruption passive et pour irrégularités dans le financement de sa campagne électorale, et l’affaire Rishon Tour, dans laquelle Olmert est accusé d’avoir doubler les factures de ses dépenses de voyages.

 

Quelle que soit la manière dont les tracas juridiques d’Olmert s’arrangent, qu’il soit confronté à des accusations de corruption pour commencer est globalement fonction de sa personnalité.

 

A l’opposé de Shamir, Olmert est parfaitement préparé à délaisser l’intérêt public pour améliorer son confort personnel. Pendant son mandat de Premier ministre, plutôt que de s’opposer à la pression des USA pour des concessions israéliennes sur la terre et des droits aux Palestiniens, Olmert capitula préventivement.

 

Il appela Israël à céder unilatéralement la plus grande part de la Judée et de la Samarie aux Palestiniens, en dépit du rejet par ces derniers du droit d’Israël à l’existence. Il offrit de découper Jérusalem dans son offre de paix au président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas. Il continua d’adouber la cause de la compromission malgré la préférence d’Abbas pour la paix avec le Hamas à la paix avec Israël.

 

De même, pendant la Deuxième Guerre du Liban, Olmert choisit de perdre la guerre, dans une vaine tentative de soutenir sa préférence pour la compromission plutôt que la justice et de la victoire ; A cette fin, il accepta un cessez-le feu qui offrit au Hezbollah la charge du Sud Liban. Ce cessez-le-feu conduisit directement au contrôle de la totalité du Liban par le Hezbollah en 2007.

 

Olmert défend son comportement à travers un mélange de mensonges et d’autojustification. A la Conférence du Jerusalem Post à New York le 29 avril 2009, Olmert prétendit que la Deuxième Guerre du Liban était la plus grande victoire militaire de l’histoire d’Israël. Apparemment, il croyait que nous avions oublié toutes les autres guerres qu’Israël a combattues. De même, Olmert prétendit qu’il n’avait pas d’autre choix que de se soumettre à la pression des USA concernant les Palestiniens.    

 

Le passé de Shamir est une réprimande totale aux excuses d’Olmert pour ses échecs.

 

Certes, dans deux exemples clés, Shamir céda à la pression des USA. Il ne répondit pas à l’attaque de missiles de l’Irak contre Israël pendant la guerre du Golfe en 1991. Et il accepta de participer à la Conférence de Madrid en 1991 où le  président des USA de l’époque, George H.W. Bush l’obligea à tenir des négociations sur la base de « la terre contre la paix », avec les Palestiniens et les Syriens.

 

Dans les deux cas, l’acceptation par Shamir des exigences américaines peut avoir été injustifiée. Il n’a certainement pas exigé un prix suffisamment élevé pour son sacrifice.

 

Pourtant, même ces concessions n’ont pas changé la situation sur le terrain. Shamir n’accepta pas de donner le moindre territoire aux Arabes. Et pendant son mandat, les USA élevèrent de façon significative leurs liens stratégiques avec Israël.

 

De plus, du point de vue de la viabilité à long terme d’Israël et de sa prospérité, Shamir exigea les plus grandes concessions qu’Israël ait jamais obtenues des USA : il convainquit Bush de cesser de diriger les émigrés juifs soviétiques vers les USA et loin d’Israël. Cela assura qu’un million de Juifs soviétiques firent leur aliya. L’aliya juive soviétique a fondamentalement transformé l’économie d’Israël et sa position démographique, et élevé sa situation stratégique. Quelque dommage qu’Israël ait pu enduré comme conséquence des concessions de Shamir à Bush, il a été certainement sublimé par son succès de la venue des Juifs soviétiques en Israël. 

 

Et il est vrai que Shamir n’a jamais été le bien-aimé ni même apprécié du gouvernement américain ou des dirigeants de l’Europe. Mais il vrai aussi que pendant son mandat des pays majeurs, y compris la Chine et l’Inde, ont renouvelé leurs relations diplomatiques avec Israël.

 

En se tenant ferme pour son pays, il gagna le respect du monde – non pas seulement pour lui-même, mais pour Israël dans son ensemble. Et dans les affaires internationales, il bien plus important d’être respecté que d’être aimé.  

 

Dans sa nécrologie de Shamir, le Rabbi Shlomo Aviner expliqua que Shamir était un dirigeant couronné de succès du fait de son intelligence et de sa ténacité.

 

Aviner nota que l’intelligence de Shamir avait été conquise à la dure. Il prit le temps d’apprendre les détails de chaque sujet auquel il était confronté. C’était un lecteur vorace et il voulait rassembler autant d’information que possible avant de prendre ses décisions.

 

La dédication de Shamir à la lecture lui rendit possible de peser intelligemment les coûts et bénéfices des diverses évolutions de l’action.

 

Aviner a écrit que la ténacité de Shamir était une conséquence de ses expériences vitales. Il a été le commandant du groupe Stern (« Leh’i »), force de guérilla dans ce qui a précédé l’Etat d’Israël. Il fut emprisonné et s’échappa deux fois. Il fut un officier du Mossad. A chaque étape de sa vie, il fit face à de grands défis et les dépassa.

 

Et chaque expérience l’arma de courage pour la suivante jusqu’à ce qu’il soit progressivement reconnu mériter le rang de Premier ministre.

 

Il est important de reconnaître que Shamir était le produit non seulement de son époque, mais aussi de ses valeurs et des choix qu’il fit tout au long de son extraordinaire carrière.

 

Le plus grand compliment que l’on puisse faire à une autre personne est de dire qu’il est un modèle à imiter, et que sa vie doit servir d’exemple de ce qu’une belle vie peut et doit être.

 

Nous avons eu la bénédiction de l’avoir eu comme Premier ministre. Et sa mémoire doit être une bénédiction dans les annales de l’histoire juive.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de Gad
  • : Lessakele : déjouer les pièges de l'actualité Lessakele, verbe hébraïque qui signifie "déjouer" est un blog de commentaire libre d'une actualité disparate, visant à taquiner l'indépendance et l'esprit critique du lecteur et à lui prêter quelques clés de décrytage personnalisées.
  • Contact

Traducteur

English German Spanish Portuguese Italian Dutch
Russian Polish Hebrew Czech Greek Hindi

Recherche

Magie de la langue hébraïque


A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

Les news de blogs amis