Les capacités balistiques de l’Iran (suite) |
Alors que le sommet de l’OTAN à Lisbonne vient d’entériner le projet de bouclier antimissiles, une opportune mise à jour des images satellitaires du site Google Earth laisse entrevoir la construction en Iran, près de Tabriz, de nouvelles installations et de silos pouvant abriter des missiles Shahab-3.
Ce nouveau site en travaux se situe à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest d’une précédente installation, identifiée en 2008, à proximité de la ville de Khosro Shahr (voir TTU Monde Arabe n° 608).
Les environs de Tabriz abritent désormais au moins trois sites balistiques iraniens, un au nord et deux au sud de la ville.
Si ce choix de Téhéran de renforcer ses installations de missiles «stratégiques» à moins de 200 km des frontières turques et irakiennes les placent dans une situation relativement vulnérable à une frappe aérienne, cela permet, cependant, à l’Iran de positionner ses missiles à 1 200 km de Tel-Aviv et dans un axe de tir optimal.
Ce renforcement des installations dans le nord-ouest du pays réduit également la distance avec d’éventuelles cibles européennes, Berlin ne se trouvant ainsi plus qu’à 3 000 km des pas de tirs iraniens.
Par ailleurs, certains observateurs s’interrogent désormais sur la capacité des systèmes antimissiles de type PAC-3 ou Arrow d’intercepter totalement une salve de missiles et particulièrement sur la capacité des systèmes de faire la distinction entre les débris résultant de l’interception d’un premier missile et les vecteurs suivants.
Selon une source industrielle, un tel scénario peut en effet entraîner une «dégradation» de la vitesse d’engagement, le temps de discriminer avec certitude les missiles.
Téhéran pourrait ainsi miser sur une stratégie de saturation, renforcée par une réduction du temps de vol de ses missiles.
La mise en silo des missiles Shahab-3 permet, par ailleurs, aux forces iraniennes de masquer d’éventuels préparatifs de tir, aux dépens cependant de la discrétion des systèmes.
De fait, avec le durcissement d’une partie de ses installations balistiques, Téhéran cherche désormais à accroître la «survivabilité» de ses forces à une première frappe et à conserver une capacité de riposte.
La confirmation de cette «poussée vers l’ouest» des installations balistiques iraniennes intervient quelques semaines après l'importante explosion, d’origine inconnue, survenue à la mi-octobre sur la base de l’imam Ali, à l’ouest de la ville de Khorramābād, qui abrite la brigade al-Hadid des Pasdarans, également en charge de la mise en œuvre de missiles Shahab-3.