Un nouveau raz-de-marée de l'AKP est annoncé et un troisième mandat du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan inquiète une partie de la société qui le perçoit de moins en moins comme un homme de changement et de plus en plus comme un conservateur islamiste tenté par l'autoritarisme.
Un risque bien réel pour Ameth Insel, politologue, chercheur à l'université de Galatasaray : « C’est une réalité, pas un fantasme. La société turque est une société où les reflexes autoritaires sont très présents, du coup, un pouvoir aussi fort que l’AKP connaît un glissement presque naturel vers l’autoritarisme. »
Une dérive autoritaire également constatée par le journaliste Ugur Hüküm : « Ils, (l’AKP au pouvoir) contrôlent à travers le mouvement islamiste de Fethullah Gülen, la police. L’armée est neutralisée, la justice est plus ou moins neutralisée et ils arrêtent les gens sans avoir suffisamment de preuves. Aujourd’hui, il y a plus ou moins soixante journalistes en prison et il y a une orientalisation et une moralisation de la société. »
Le principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple, espère améliorer ses résultats grâce aux dérives de l'AKP mais le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, devrait malgré tout remporter les élections législatives du 12 juin. Il surfe sur une croissance vigoureuse et un chômage en baisse. Son succès ne représenterait pas un péril pour la Turquie pour Didier Billion, spécialiste de la Turquie et rédacteur en chef de la Revue internationale et stratégique.
« Autant il faut être vigilant, autant il n’y pas péril en la demeure. Le danger en Turquie ce n’est pas tant l’AKP que le fait qu’il n’y a pas d’opposition capable de contester son pouvoir et l’AKP se présente, alors que les résultats économiques sont plutôt à son avantage, ce qui explique que, dimanche, les scores atteints par ses candidats seront surement très importants.», estime Didier Billion.
A la veille du scrutin, les sondages donnaient entre 45 et 48% des voix à l'AKP, un score qui lui permettrait de gouverner sans former de coalition et s'il a plus de 367 députés sur 550, l'AKP n'aura pas besoin de recourir au référendum pour modifier la Constitution.