Pour aschkel.info et lessakele
Offrons-nous une étude de texte après le dernier crachat de Zecchini.
Par Occam
- Israël crée un indice de l'incitation au terrorisme, Laurent Zecchini (Le Monde) -
Le ton est d'emblée ironique, on sait à quoi s'en tenir : Israël s'est sans doute encore rendu ridicule. Quelle nouvelle stupidité haineuse a encore commis l'Etat hébreu aujourd'hui ?
Naturellement, aucune mention du nombre de morts civils dont Ayache porte la responsabilité : 90. La description est neutre, il s'agit uniquement d'un "expert", le lien avec le terrorisme est à peine allusif. La seule mention d'un qualificatif apparemment péjoratif concerne Israël, avec le verbe "assassiner".
On n'en saura pas plus : aucun exemple de nom. Pour Zecchini, apparemment, la réponse palestinienne est parfaitement valide. Il n'existe qu'une rue portant le nom d'un membre de l'Irgoun, Menahem Begin, et il porte uniquement la responsabilité de l'attentat de King David - qui ne visait pas les Arabes, et où les sionistes avaient prévenu les Britanniques qu'il fallait évacuer le bâtiment. Et qui plus est il s'agit tout de même d'un ancien Premier Ministre d'Israël. Ce n'est certainement pas en raison de l'attentat de King David que son nom a été attribué à une rue, alors que c'est uniquement pour des faits de terrorisme que les Palestiniens honorent Ayache et Mughrabi.
Ainsi Dalal Mughrabi est une "militante". Si vous vous mettez à tuer des civils, vous pourrez donc expliquer que vous pratiquez du militantisme politique ; c'est bon à savoir. "Considérée comme l'une des responsables"... ? On frise le révisionnisme historique : à part Zecchini, personne n'a jamais remis en cause sa responsabilité dans l'attentat terroriste, et certainement pas les Palestiniens eux-mêmes, puisque c'est précisément et explicitement pour cette raison qu'ils honorent Mughrabi ! Mais grâce à ce ton suspicieux, Zecchini peut laisser entendre que l'accusation est sans doute une nouvelle élucubration d'une "justice militaire" israélienne inique... bien joué !
- "Celle-ci [l'incitation à la haine], cela va sans dire, est d'origine palestinienne : le système n'est pas conçu pour surveiller la violence des colons juifs extrémistes."
Bien sûr que non ! Le baromètre concerne l'incitation officielle à la haine, par exemple dans les discours, les articles, les inaugurations... Il s'agit de mesurer l'implication des officiels dans la valorisation du terrorisme et de la haine. Il ne s'agit pas du tout de mesurer les violences elles-mêmes, qui sont déjà par ailleurs largement répertoriées. Et surtout, si l'on mentionnait les violences juives, il faudrait aussi mentionner les violences arabes contre les Juifs - les jets de pierres et de cocktails Molotov quotidiens, les profanations de tombes, les tirs, etc. - et il est clair que ce n'est pas le pacifisme palestinien qui en sortirait grandi ! Par cette absurde réplique de Zecchini, le journaliste fait d'une pierre deux coups : 1- établissement d'une fausse symétrie, il n'y a donc rien à reprocher particulièrement à la politique officielle palestinienne ; 2- rappel qu'au fond le coeur véritable du conflit, c'est encore et toujours la présence insupportable de Juifs en Cisjordanie (mantra à répéter quotidiennement pour être un bon Européen qui a tout compris au conflit et qui possède la recette de sa résolution).
Superbe moment d'ironie. Pour Zecchini il est clair qu'il est absurde de s'occuper de cela alors qu'il y a tant de véritables "urgences" en sommeil (sans doute l'expulsion des Juifs de Cisjordanie, coeur du conflit etc. etc. et amen). En terminant sa liste par un "bref à l'"antisémitisme"", Zecchini parvient génialement à faire croire qu'Israël accuse d'antisémitisme quiconque ose le critiquer, comme si ce n'était qu'un vocable politicien et idéologique. Car Zecchini dit bien "bref", et non "et l'antisémitisme". Pour Zecchini il est évident qu'aucun officiel palestinien ne tient jamais de propos antisémites, et il est évident que quiconque prétend le contraire n'est qu'un militant sioniste extrémiste de droite. Zecchini ferait bien d'ouvrir parfois des journaux palestiniens et non pas seulement le Haaretz : les Juifs descendants de "singes et de porcs", ce n'est pas tout à fait une opinion politique, non ?
Magnifique conclusion de Zecchini, qui excelle dans l'aveuglement moral. On apprend que la qualification de terrorisme n'est qu'une affaire de point de vue. Tuer intentionnellement 37 ou 90 civils pour effrayer une population, est-ce du terrorisme ? Tout dépend du point de vue, car c'est peut-être de la résistance ! On notera que ce relativisme ne s'applique que si l'on tue des Juifs ; jamais un journaliste ne remettra en question le fait que tuer des civils afghans ou des civils irakiens soit du terrorisme (taliban ou djihadiste). Ce n'est que s'il s'agit de civils israéliens qu'on se demandera si parler de terrorisme n'est pas être trop pro-israélien. La langue française est pourtant assez claire sur le sujet, mais les passions anti-israéliennes sont toujours les plus fortes. Entre l'idée que les Israéliens sont intrinsèquement coupables et le respect de la langue française, c'est forcément le second qu'il faut sacrifier !
Enfin, le sublime et brillant retournement sophistique de Zecchini : ce n'est pas la valorisation du terrorisme comme modèle pour la jeunesse qui ne "contribue pas à promouvoir une culture de paix", mais la dénonciation de cette pratique ! Soutenez officiellement le terrorisme, pas de problème si vous êtes palestinien ; mais dénoncez cet appel à la haine, et on vous répliquera sentencieusement : monsieur, vous mettez en péril la culture de la paix. Salauds d'Israéliens, qui entretiennent la guerre en dénonçant la culture de la haine !