Selon le quotidien indien « Times of India », cité par les agences de presse, les services de renseignement de New Delhi ont récemment alerté les diplomates israéliens sur une menace terroriste accrue, à l’approche du premier anniversaire de l’attentat qui avait visé, le 13 février 2012, un employé consulaire israélien, blessant quatre personnes dont son épouse. Des responsables israéliens se sont récemment rendus en Inde et ont rencontré des homologues du ministère de l’Intérieur et des renseignements indiens. Selon ces derniers, des agents iraniens pourraient menacer les intérêts ou les ressortissants israéliens en Inde. Sur la base de ces informations, les mesures de sécurité ont été renforcées autour des cibles potentielles.
Mais plus inquiétantes sont les révélations américaines citées par la presse israélienne et arabe, dont notamment le quotidien « Asharq Al Awat » du 31 janvier, concernant un rapport établi par Matthew Levitt, un spécialiste de la lutte anti-terroriste du « Washington Institute for Near East Studies ». Levitt accuse sans détour la Force Al-Qods, relevant des Gardiens de la Révolution iranienne, et le Hezbollah, d’avoir planifié plusieurs opérations terroristes contre des intérêts américains et israéliens, entre mai 2011 et juillet 2012. Il ajoute que 20 opérations ont échoué, dont la tentative d’assassiner l’ambassadeur saoudien aux Etats-Unis. Mais les terroristes semblent avoir tiré les conséquences de leurs échecs pour mieux faire. Ils ont réussi l’opération anti-israélienne en Bulgarie, en juillet dernier, tuant six personnes, dont cinq touristes israéliens, et blessant une trentaine d’autres.
L’axe iranien et Al-Qaïda : même combat
Ces révélations confirment, si besoin était, que le terrorisme de l’Iran et de son appendice, le Hezbollah, rivalise avec celui d’Al-Qaïda et le complète. Il est plus pernicieux car il est plus sournois. En effet, il n’est un secret pour personne que l’Iran a hébergé les dirigeants d’Al-Qaïda après la chute de Tora Bora. Les Gardiens de la révolution ont protégé, armé puis exploité les rescapés d’Al-Qaïda et les Taliban en Afghanistan, tout comme ils ont infiltré les djihadistes en Irak, via l’Iran et surtout, via la Syrie. Le soutien iranien aux différents groupes insurgés au Yémen est permanent, tout comme elle l’est l’implication du Hezbollah à Bahreïn. La lutte contre le terrorisme sunnite wahhabite à travers le monde a permis à l’Iran et au Hezbollah de renforcer leur présence directe ou indirecte dans le monde, en toute discrétion, tout en amplifiant médiatiquement la menace des radicaux sunnites.
Il est vrai que les radicaux des deux branches de l’islam sont dangereux, mais il convient de rappeler que le mythe du martyre, donc du kamikaze, a été transmis par les chiites depuis la bataille de Karbala et de la mort de Hassan et Hussein, commémorée tous les ans par des scènes d’autoflagellation à l’occasion de la fête de Achoura. Ce sont également les dirigeants de la République islamique qui ont endoctriné et utilisé des adolescents comme des kamikazes, en les envoyant sur les champs de mines lors de la guerre contre l’Irak de Saddam Hussein. Ce sont également les ancêtres du Hezbollah qui ont introduit les attentats suicides au Liban, en 1982 et 1983, contre les israéliens à Tyr, les marins américains et les parachutistes français à Beyrouth.
L’OTAN se voile les yeux : pas d’informations sur la présence d’armes chimiques en Syrie
Le rappel de ces réalités historiques ne vise pas à minimiser la menace des radicaux sunnito-wahhabites d’Al-Qaïda, mais surtout à mettre en garde contre une autre menace encore plus dangereuse, car étatique et bientôt nucléarisée, que représentent l’Iran et ses alliés. Pourtant, malgré ces mises en garde, certains décideurs américains et occidentaux refusent toujours de l’accepter. L’exemple de la complaisance occidentale à l’égard du régime de Bachar Al-Assad est flagrant. Anders Fogh Rasmussen vient par exemple d’affirmer, depuis Bruxelles, que « l’OTAN ne dispose d’aucune information sur la détention d’armes chimiques par la Syrie », contredisant l’ancien porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdessi, qui avait affirmé quele régime n’utilisera ses armes chimiques qu’en cas d’agression étrangère. Des propos qui valaient aveux, et pour lesquels il a été officiellement sanctionné et limogé, une façon syrienne pour confirmer sa défection. L’intervention abracadabrantesque de Rasmussen fait suite aux déclarations particulièrement décevantes du président américain, dans lesquelles Barack Obama affirmait continuer à étudier la situation, depuis deux ans, et qui lui ont valu les critiques les plus acerbes de la presse arabe.
Pourtant, les déclarations de Rasmussen interviennent au lendemain du bombardement israélien en Syrie. Damas accuse Israël d’avoir frappé et détruit un centre de recherches scientifiques et militaires, que les opposants qualifient de centre de développement des armes chimiques ! Un aveu supplémentaire de la présence en Syrie d’un arsenal d’armes de destruction massive qui auraient déjà été utilisées à Homs et à l’est de Damas. Avec sa sortie médiatique, le secrétaire général de l’OTAN a suscité une triple inquiétude : d’une part, les opposants syriens y voient un visa autorisant Assad à poursuivre le massacre et la déportation des opposants, par avion (une vidéo a été diffusée ce 31 janvier, montrant des détenus transportés par avion vers une destination encore inconnue) ; d’autre part, il fait état d’une légèreté d’analyse et de ce fait, inquiète sur les capacités de discernement de l’OTAN et de ses dirigeants ; et surtout, Rasmussen, comme les dirigeants américains, n’ont pas voulu et su tenir compte des avertissements lancés depuis des années, mettant en garde contre les menaces (lire à ce sujet notre éditorial du 22 septembre 2009Comment éviter une défaite militaire occidentale en Afghanistan, en Irak, et dans toute la région ?).
Pour conclure, les défenseurs de la théorie du complot saisissent ces développements pour accuser l’Occident en général, les Etats-Unis et Israël en particulier, de complaisance voire de collusion avec l’Iran, la Syrie et le Hezbollah. Mais les plus optimistes, et sans doute les réalistes, comptent encore sur les Israéliens pour détruire ces menaces. Pourvu que le courage et/ou la volonté qui manquent tant aux Occidentaux soient abondants en Israël.
Stefano B. C.