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28 janvier 2010 4 28 /01 /janvier /2010 08:39


28-01-2010

Alain Finkielkraut, fils d’immigrés juifs polonais, est philosophe engagé contre les aspects délétères de la modernité et dans la défense d’Israël et de la Mémoire. Lire (Stock) les récents et excellents "Qu’est-ce que la France ?" et "Un cœur intelligent". Il livre à nos lecteurs sa vision de l’identité française et du combat pour le livre qui est aussi le nôtre.

Assumer l’héritage Être français, c’est pour moi, consentir à un héritage, celui d’une histoire. Voulons nous la reprendre à notre compte ou nous alléger de ce fardeau ? Malheureusement, la tendance est plutôt à la désaffiliation : l’identité française s’efface peu à peu au profit d’une société d’individus qui font leur marché.

Ce n’est plus la Mémoire qui forme le monde, c’est la télé où les « people » résilient toute dette et parlent n’importe comment.

Dans cette ère du village global, je ne suis pas sûr que la civilisation française ait encore une place. . Fier d’être inculte ! Badinter, parlant à la radio d’identité nationale, « communauté de culture/ de valeur/ de destin » a cité « À la recherche du temps perdu » & « la Princesse de Clèves ».

Pensant qu’il n’y a qu’en France que la Nation considère la littérature comme expression de sa destinée, un auditeur appelle : « Je suis juif d’origine polonaise, je n’ai jamais lu Proust ni Mme de La Fayette et ma femme auvergnate non plus, mais nous n’en sommes pas moins français ! » . Cette affirmation m’a déprimé, car montrant une révolte du sentiment démocratique contre ce qu’il y a de plus beau dans l’identité nationale : notre culture. « Fier d’être français ! » de Badinter versus « Fier d’être inculte ! » de l’auditeur...

Pourtant, les œuvres littéraires sont pour nous source d’inspiration et défi, exigeant de nous que nous soyions à la hauteur de leur intelligence et de leur langue. Mais voilà qui semble insulter le sentiment présent d’égalité ! Alors, on se défait d’une identité trop lourde à porter car elle nous oblige. Ce qui est aujourd’hui en question, c’est l’existence même de l’identité nationale et non son contenu : y a-t-il une place pour la reconnaissance de dette ou ne sommes-nous que des consommateurs et créanciers du monde ? .

Français aussi par les livres Né de parents d’origine polonaise, naturalisé à 1 an, je n’ai jamais été que français mais il y a un moment où je me suis demandé ce que cela signifiait et les écrivains m’ont permis de répondre. La Fontaine, Verlaine, Aragon, Racine & Corneille, Montaigne, Pascal, Balzac, Stendhal, Flaubert ou Proust ont pour moi plus d’importance que Robespierre ou Napoléon. Je suis reconnaissant de cette langue qui me donne accès à une littérature aussi variée et belle.

Dans la mesure où elle nous éduque à la beauté en nous ouvrant les yeux sur la variété des paysages, la littérature nous aide à épargner le monde face à l’uniformisation. Je constate que l’humanité, de plus en plus jeune, n’est pas assez vieille.

La culture peut nous vieillir : plus nous lisons, plus nous sortons de notre temps. On parle sans cesse d’émancipation, alors émancipons-nous du présent ! . Avenir = Fidélité au passé Les nouvelles technologies menaçant notre pays d’amnésie, la Mémoire devient un projet. Dans un pays qui accueille un nombre croissant d’étrangers, notre devoir est d’éviter le conflit et la France se doit alors de ne pas renoncer à elle-même. Notre civilisation peut s’affirmer face à ceux qui la contestent. Ce serait une entreprise vouée à l’échec que de vouloir intégrer dans cette France qui ne s’aime pas, des gens qui n’aiment pas la France.

La fidélité n’est pas que passéiste mais est aussi projet d’avenir : nous avons besoin d’un détour par le passé pour comprendre ce que nous sommes.

Si nous voulons éviter que le monde ne s’enlaidisse, il faut que nous puissions transmettre le sens de la beauté. Sans refuser les urgences du présent, comment une politique ’souci du monde’ pourrait-elle faire l’économie de la culture et s’affranchir du passé.

Yerouchalmi.web.officelive.com - par desinfos.com

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27 janvier 2010 3 27 /01 /janvier /2010 15:18

La France renonce à une loi pour interdire la burqa


  .cicad.


La guerre de la burqa n’aura pas lieu. Du moins pas tout de suite. Mardi, la mission parlementaire française chargée du sujet a renoncé à proposer une loi interdisant le voile intégral sur la voie publique, de peur de la voir annulée par le Conseil constitutionnel ou la Cour européenne des droits de l’homme.

 

«Il ne faut pas tomber dans le piège d’une décision qui serait cassée, a indiqué le député de droite Eric Raoult, membre de la mission. Nous voulons la sécurité juridique, il ne faut pas se rater

 

A la place d’une loi trop générale, la mission propose une simple «résolution» parlementaire, non contraignante. Elle affirmerait que «le port du voile intégral est contraire aux valeurs de la République». Pour les députés, en effet, la burqa ou leniqab – son équivalent du Golfe – est une «fin de non-recevoir à tout échange humain», issue de «systèmes de pensée que l’on peut qualifier de "barbares" au sens où ils nient l’idée de progrès, de civilisation, de démocratie, d’égalité entre les sexes».

 

Selon le ministère de l’Intérieur, 1900 femmes appartenant à la mouvance salafiste-wahabite porteraient le voile intégral en France – soit moins de trois cas pour 100 000 habitants. Et dix-neuf seulement seraient des mineures, contraintes de se voiler par leurs parents.

 

L’objectif des députés reste la disparition, à terme, du voile intégral du territoire français. Aussi proposent-ils plusieurs mesures visant à compliquer la vie des femmes qui continueraient à le porter. Des décrets ou règlements pourraient interdire de «dissimuler son visage dans les services publics» (Poste, transports...). Les fonctionnaires des crèches, hôpitaux et administrations seraient encouragés à refuser leurs services aux adeptes du niqab. Elles se verraient aussi privées de visas de longue durée, titres de séjour ou naturalisation.

 

Le lobbying en faveur d’une interdiction générale continue. Le chef de file du parti présidentiel UMP au parlement, Jean-François Copé, a déposé une proposition de loi stipulant que «nul ne peut, dans les lieux ouverts au public et sur la voie publique, porter une tenue ou un accessoire ayant pour effet de dissimuler son visage». Les contrevenants se verraient infliger une amende de 750 euros.

 

Mais cette insistance à éliminer un phénomène reconnu de toutes parts comme marginal suscite aussi un certain malaise. «On dirait qu’en France, tout ce qui n’est pas dans une norme postmoderne sécularisée d’origine chrétienne est mal vu», commente un fonctionnaire, qui s’inquiète de voir le salafisme rejoindre la scientologie et d’autres sectes sur le banc d’infamie de la République.

 

Pour le sociologue Vincent Geisser, souvent étiqueté comme «pro-musulman», le débat sur le sujet a déjà produit ses effets pervers: «Beaucoup de musulmans, au départ très hostiles au port du niqab, sont devenus compatissants envers ces filles, parce qu’ils se sentent visés collectivement, notamment à travers le débat sur l’identité nationale. Il y a un risque que des gens commencent à le porter par réaction, que le niqab devienne un étendard

 

Mais selon le fonctionnaire précité, la question cruciale reste, pour l’heure, de «savoir ce que va faire le policier demain». Faudra-t-il bannir les riches touristes du Golfe des banques parisiennes, l’été prochain, parce qu’elles portent le niqab ? Interrogés à ce sujet par un journaliste d’Al-Jazira, les députés ont répondu par une silence embarrassé.

 

Source: Sylvain Besson, letemps.ch - mardi 26 janvier 2010


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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 20:10
ASSEMBLEE NATIONALE

NOUVELOBS.COM | 20.01.2010 | 17:48
Voile intégral: la mission parlementaire va proposer une résolution

 

Les députés qui ont travaillé sur cette question doivent remettre leurs conclusions la semaine prochaine. Ils s'apprêtent à demander une interdiction du voile intégral par le biais d'une résolution, symbolique mais sans pouvoir contraignant.


 

 

Une femme portant le niqab à Leers, dans le nord de la France, le 6 janvier 2010.

Une femme portant le niqab à Leers, dans le nord de la France, le 6 janvier 2010. (Stringer France / Reuters)

La mission d’information parlementaire - toutes tendances - qui planche depuis six mois sur la question du port du voile intégral, s’apprête à demander officiellement son interdiction, dans un projet de proposition de résolution (dont l’AFP a obtenu copie).

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13 janvier 2010 3 13 /01 /janvier /2010 14:08


J'ai du mal à réprimer que depuis, grâce à Badiou-Montebourg-Cambadélis-


Dumas, heureusement qu'ils ont redécouvert "Vichy", pour faire contrepoids

et bonne mesure, à imputer à un


quelconque de leurs adversaires politiques. Le Socialisme français mérite


 bien sa réputation de centre de structuration de l'esprit pour la chienlit et le

 recyclage de culture de caniveau.





13-01-2010


Les fantasmes antisémites, bien que très prolifiques,ne cessent pourtant de se répéter en s' adaptant aux époques et aux lieux d' où ils émergent. Il est donc intéressant de se souvenir que les socialistes français, à la fin du XIXème siècle, avaient déjà fabriqué - avant même que fut rédigé le trop célèbre et fallacieux Protocoles des sages de Sion - un faux dans la revue Le Prolétaire (publiée par Paul Brousse) qui «décrivait» une prétendue «Conférence internationale » de la «juiverie capitaliste» qui se serait tenue à Manchester afin de lutter en Europe et en Amérique contre le «collectivisme révolutionnaire»....

 

Par Sroussi Frédéric

  <<<< Ecouter l'analyse

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13 janvier 2010 3 13 /01 /janvier /2010 10:35

Les républicains devraient s'unir contre l'aberration du voile intégral

par André Bercoff, écrivain

 

D'abord, sortons de l'ambiguïté et des éternels procès bidons que de bonnes âmes en quête de fonds de commerce ne manquent jamais de faire. La plus haute autorité de la mosquée et de l'université d'Al-Azhar, le cheikh Mohammed Saïd Tantawi, a formellement condamné le port de la burqa et a demandé l'interdiction du voile intégral pour toutes les étudiantes de son université.

Traitera-t-on le cheikh Tantawi d'islamophobe ? Ne riez pas tous à la fois ; dans cette lamentable affaire, il n'y a vraiment pas de quoi se réjouir.

 

Pour une fois, la France républicaine, démocrate et laïque, la France des Lumières et de la diversité au service des libertés aurait dû s'unir contre cette aberration qui consiste à enfermer des femmes sous le seul prétexte de leur sexe, dans une prison ambulante dont elles ne doivent se séparer que dans l'intimité de leur domicile et uniquement sur autorisation de leur seigneur et maître.

 

Laissons de côté les arguments religieux, féministes, sociologiques et autres sujets de controverse qui permettent évidemment toutes les manipulations. Tout simplement, tout fondamentalement, quiconque accepte qu'un visage soit couvert nie l'humanité de l'autre. Quiconque accepte de côtoyer un être vivant, entièrement recouvert, emballé comme un sac, intégralement masqué, et donc sans aucune identité visible, se fait, qu'il le veuille ou non, le collaborateur de cette vile et insupportable négation.

 

Qui, en effet, se cache depuis toujours le visage ? Les bourreaux. Les égorgeurs accomplissant leurs crimes. Les racistes du Ku Klux Klan. Les esclaves perdus des tristes comédies sadomasochistes. Les pénitents de rituels médiévaux, ou encore, plus quotidiennement, les voleurs, braqueurs, et autres hors-la-loi, pour qui l'anonymat est une seconde nature.

 

Sans parler des pédophiles et autres crapules sexuelles et criminelles qui ne peuvent que se dissimuler. Est-ce cela vraiment qu'on veut permettre à certaines femmes, sous le prétexte que c'est "leur" culture, "leur" coutume, "leur" tradition et que nous, Occidentaux, évidemment colonialistes et coupables, n'avons pas à nous en mêler ?

 

Ce multiculturalisme de pacotille, brandi en étendard depuis quelques décennies par les "collabobos" de la gauche Marrakech et de la droite isolationniste, a fait assez de ravages pour que l'on n'y mette point désormais le holà. Non, tout ne se vaut pas et tout ne peut pas se permettre, au nom du soi-disant respect de l'oppression séculaire transformé en valeur par un relativisme civilisationnel qui n'est, on le sait, que l'hommage putride rendu par la lâcheté à l'absolutisme.

 

Le fait que des hiérarques du Parti socialiste prennent position contre une loi interdisant la burqa dans l'espace public, en dit long sur la dégénérescence d'une certaine gauche qui n'appuie les opprimés que quand l'Occident est l'oppresseur, laissant les dictatures mutiler leur propre peuple dans une impunité toujours présente.

 

Et que dire des anciennes féministes du Mouvement de libération des femmes (MLF) et des militants homosexuels, qui restent muets quand une jeune fille est vitriolée dans une cave d'immeuble parce qu'elle n'a pas fait le bon choix, ou quand un jeune se fait régulièrement tabasser parce qu'il n'adopte pas le machisme de la cité ? Assourdissant silence du camp du Bien.

 

Mais sortons des cités. Qui, en 2010, proteste quand, dans une grande ville du Nord, des piscines municipales acceptent des horaires réservés aux femmes et d'autres aux hommes ? Qui réagit quand des gynécologues masculins se font agresser parce qu'ils osent examiner une femme ?

 

Qui ose bouger quand, dans un train de banlieue, six courageux encapuchonnés massacrent un étudiant qui leur paraissait un peu trop bourgeoisement vêtu ? Et dire que certains sociologues bien dressés assimilent cette "incivilité" à la lutte des classes...

 

En fait, tout le monde connaît l'enjeu véritable. La quasi-totalité de nos élites politico-médiatiques se font éperdument autruches en attendant le prochain incendie. Ce qui se passe, c'est que depuis quatre-vingts ans, des générations d'islamistes radicaux veulent prendre en otage plus d'un milliard de musulmans qui ne demandent qu'à vivre en paix, en sécurité et dans le développement, pour les embrigader dans l'avènement du califat mondial millénaire et l'instauration de la charia pour tous les moments de leur vie.

 

Pour ceux-là, quiconque refuse de se plier à la totalité par eux proclamée, sera au mieux un citoyen de seconde zone, et au pire, éliminé pour malfaisance. Ils s'en foutent bien de la burqa. Celle-ci est d'abord un des moyens de tester la porosité apeurée des opinions publiques en terre de mission européenne, entre assassinat de cinéaste et agression de caricaturiste.

 

Si notre continent est appelé à devenir un appendice vassalisé du Talibanistan, il n'y a effectivement qu'à laisser faire. Est-ce vraiment ce que veulent les hiérarques d'un parti qui ose se dire socialiste ? Quant aux autres, ceux qui ont la naïveté de croire encore à liberté-égalité-fraternité-laïcité, il leur reste un seul devoir : celui de résistance.

 

http://www.lemonde.fr/opinions/article/2010/01/12/les-republicains-devraient-s-unir-contre-l-aberration-du-voile-integral-par-andre-bercoff_1290637_3232.html

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12 janvier 2010 2 12 /01 /janvier /2010 13:58


Il est quand même hallucinant et proprement délirant, de la part d'un ancien ministre des affaires étrangères, mis en examen dans diverses affaires, dont une paire de pompes à 14.000 balles, de venir sur un plateau pour traiter l'actuel gouvernement de "Vichyste" et perdre toute mesure en se faisant l'allié objectif des Taliban sur les écrans, à l'heure où nos soldats meurent pour des ronds de cuir (et semelles) qui ne connaissent rien de l'histoire de France. On sait à quel point les anciens gouvernements miterrandiens étaient, eux, réellement infestés de fils de Vichystes ou ayant eux-mêmes pris part à l'Administration Pétain. A commencer par le premier d'entre eux et je tairais par pudeur le nom des autres, fils de... qui, à la limite, ne l'auraient pas fait exprès. C'est bien sous ce règne absolutiste que Bousquet a trouvé les meilleures protections. Il paraît même que
Jean-François Copé serait un peu "feuj". Mais les rumeurs...

 
Burqa : Jean-François Copé et Roland Dumas s'écharpent chez Ardisson

http://www.lepoint.fr/actualites-medias/2010-01-11/
Par Emmanuel Berretta
 
http://www.dailymotion.com/video/xbt2uo_cope-face-a-une-jeune-femme-en-burq_news http://www.dailymotion.com/video/xbt31j_cope-face-a-une-jeune-femme-en-burq_news  

Burqa : Jean-François Copé et Roland Dumas s'écharpent chez Ardisson

Reçu samedi soir par Thierry Ardisson sur le plateau de l'émission "Salut les Terriens !", Jean-François Copé débattait du port de la burqa avec une jeune femme entièrement voilée © DR


Click here to find out more! Le débat sur le port de la burqa passionne. Thierry Ardisson a créé la sensation en confrontant, samedi, sur le plateau de Salut les Terriens ! (Canal +) une jeune femme entièrement voilée, prénommée Dalila, face à Jean-François Copé, le chef du groupe UMP à l'Assemblée, et Roland Dumas, l'ancien président du Conseil constitutionnel. La joute entre ces trois personnes a été vue par plus de 2 millions de téléspectateurs. À ce moment de l'émission, avec 8,2 % de part d'audience, Canal + devance M6 (8,1 %). Roland Dumas a pris fait et cause pour le port du voile intégral, qualifiant de "vichyste" la législation anti-burqa que Jean-François Copé entend faire voter à l'Assemblée. Une attaque qui a beaucoup affecté le leader du groupe UMP, incrédule face au terme de "vichyste" employé par l'ancien compagnon de route de François Mitterrand...

Dalila, dont on ne pouvait apercevoir que les yeux, est originaire de Chenôve, une banlieue populaire au sud de Dijon et étudie à la faculté de droit de Dijon. "Nous cherchons un témoignage depuis la rentrée de septembre, explique Stéphane Simon, le producteur de l'émission. Toutes les jeunes femmes que nous avons contactées ont refusé. Vers Noël, une personne pressentie a finalement renoncé face à la perspective d'être confrontée à un homme politique. Dalila a, quant à elle, donné son accord en toute connaissance de cause. Elle a demandé un délai de réflexion de 24 heures. Nous lui avons garanti qu'elle pourrait raconter son histoire, c'est-à-dire qu'elle serait traitée à l'égal des témoins que Thierry Ardisson reçoit dans la troisième partie de l'émission." Il fallait éviter que l'émission tourne au tribunal. Elle a pu rencontrer Thierry Ardisson deux heures avant le début de l'enregistrement (le jeudi 7 janvier).

La jeune femme fond en larmes

Stéphane Simon a, par ailleurs, vérifié que Dalila n'était pas une simulatrice. Des reporters ont été envoyés sur le terrain, à Chenôve, afin de mener une enquête de voisinage. Tous témoignent que Dalila et sa soeur jumelle portent la burqa depuis quelques années. Du reste, sa soeur avait accompagné Dalila et se tenait en régie lors de l'interview. À la sortie de l'entretien, la jeune femme, peu habituée à la pression, s'est effondrée en larmes.

La jeune Bourguignonne a expliqué que le port de la burqa n'était nullement pour elle un signe de soumission à une quelconque autorité masculine. Son choix est, selon ses dires, dicté par des considérations d'exégèse religieuse. Une interprétation aussitôt contestée par Jean-François Copé qui se fonde, pour sa part, sur l'avis du président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohamed Moussaoui . Peine perdue, Dalila a nié les compétences religieuses des représentants français du culte musulman.

Selon Jean-François Copé, le voile intégral pose deux types de problème : le premier tient au fait que le visage humain participe du "vivre ensemble" dans une société démocratique. D'autre part, le visage découvert est une condition nécessaire afin que la sécurité des personnes puisse être assurée. Le leader de la majorité parlementaire à l'Assemblée a pris l'exemple des enfants à la sortie de l'école : "Un enseignant doit pouvoir reconnaître la personne à qui il remet les enfants." La jeune femme a admis se dévoiler le visage pour répondre à des besoins de sécurité ou d'identification spécifique. Par exemple, lorsqu'elle passe des examens à la fac, elle retire sa burqa. Elle s'est dite également opposée à l'asservissement des femmes tel qu'on le constate dans certains pays musulmans, citant l'Arabie saoudite.

Dalila et sa soeur ont passé la nuit à l'hôtel Mercure avant de regagner Dijon, le vendredi 8 janvier au matin. Les jeunes femmes vivent en compagnie de leur mère, handicapée. Dalila a épousé la religion musulmane vers 13 ans, en hommage à un père qu'elle n'a pas connu.


Première partie
Deuxième partie
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11 janvier 2010 1 11 /01 /janvier /2010 08:53
Une mesure qui, en soit, n'a rien de choquant, puisque le Président est le chef des Armées et premier décideur, théoriquement donc, premier informé, en cas de crise grave. Mais qui ne manque pas de provoquer les mises en garde de l'opposition. C'est de "bonne guerre", mais, précisément, nous ne sommes pas dans une "bonne guerre".

Un décret de Noël installe la coordination du renseignement à l'Elysée
Présenté au conseil des ministres du 23 décembre, il crée le Conseil de la sécurité nationale, présidé par le Chef de l'Etat, dont une instance sera dédiée au renseignement. Cette centralisation à l'Elysée, si elle a des avantages, n'est pas exempte de reproches.

Le décret visant à réorganiser la coordination du renseignement a été présenté au conseil des ministres du 23 décembre 2009. Il traduit dans un texte de droit ce que prévoyait le Livre Blanc sur la défense et la sécurité nationale, puis la loi du 29 juillet 2009 c’est-à-dire la centralisation du pilotage du renseignement à l’Elysée. Ce qui avait été abandonné, en droit, depuis les débuts de la Veme République, à la suite notamment de l’Affaire Ben Barka. Le SDECE (devenu la DGSE) passait alors sous la tutelle du ministre de la Défense. Plus tard, sous Michel Rocard, le Conseil interministériel du renseignement (CIR), première ébauche de coordination du renseignement civil et militaire, était sous la tutelle du Premier ministre.

Lorsque le décret présenté hier au Conseil des ministres sera publié au Journal officiel, il sera créé un Conseil de défense et de sécurité nationale (CDSN) chargé de "définir les orientations" et "fixer les priorités" notamment de renseignement, de sécurité intérieure ou de lutte contre le terrorisme. Ce conseil, aux attributions plus larges que l’ancien Conseil de défense, et présidé par le Chef de l’Etat, sera composé du Premier ministre et les ministres de la Défense, de l'Intérieur, de l'Economie, du Budget et des Affaires étrangères. D'autres ministres peuvent participer aux débats, ainsi que toute autre "personnalité en raison de sa compétence". Le secrétariat du CDSN est assuré par le SGDSN (Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale, ex-SGDN).

Ce conseil comprendra deux instances spécialisées : le Conseil des armements nucléaires et le Conseil national du renseignement (CNR), qui remplace donc le CIR. Il sera chargé de définir les "orientations stratégiques et les priorités" du renseignement et de planifier les "moyens humains et techniques" des services secrets français. Ce CNR se compose du président de la République, du Premier ministre, des ministres et directeurs des services spécialisées dont la présence est requise par l'ordre du jour, ainsi que du Coordonateur national du renseignement, Bernard Bajolet, dont l’équipe se renforce.

Curieusement, L’AFP, dans sa dépêche relatant le décret, souligne que les services de renseignement concernés sont au nombre de quatre : DCRI, DGSE, DRM, DPSD. Elle ne cite pas les services de renseignements du ministère de l’Economie et du Budget : Tracfin et DNRED. Un oubli ou le signe de l’autonomie de ces puissants services ?

Quoi qu’il en soit, la centralisation du renseignement à l’Elysée, si elle peut entraîner une meilleure efficacité des services dont les objectifs pourraient ainsi être mieux précisés et les « commandes » à eux adressés plus fermes, a en revanche des aspects négatifs certains que souligne une note universitaire publiée par la fondation Terra Nova, proche du Parti socialiste.

 

Pascal Junghans

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9 janvier 2010 6 09 /01 /janvier /2010 19:26
La nouvelle question démocratique
Avant-propos de Primo : Philippe Seguin est mort. C’était un homme politique exemplaire. Ses adversaires maintenant l’encensent. Les amis qui l’ont trahi pleurent sa mémoire. La France perd un penseur intransigeant sur les fondements même de la République, du lien social, celui qui devrait unir les Français, de quelque origine qu’ils soient.

Primo vous propose une réflexion de Philippe Séguin, écrite en 1996. Le texte n’a pas pris une ride.

Alors président de l’Assemblée Nationale, le président de la cour des comptes a préfacé un livre absolument précieux de Pierre-Patrick Kaltenbach « Les associations lucratives sans but » (téléchargeable ici).


Les bénévoles de l’association Primo souscrivent à ces propos, surtout lorsqu’ils constatent que les avertissements de Philippe Seguin et, plus largement, les conclusions du livre de Pierre-Patrick Kaltenbach ont été ignorés par les politiques et méprisés par les grands réseaux associatifs.

Le fait associatif, qui concerne plus des 4/5 de la population française, est l’acteur direct du lien social qui devait faire corps, qui devait nourrir le 'Vivre Ensemble'.

Philippe Seguin avait anticipé le cancer qui a depuis rongé la société française. Certains présidents d’associations, et responsables nationaux de structures soit disant antiracistes, se font les principaux pourfendeurs de la laïcité, de l’égalité.

Certains, depuis l’écriture de cette préface, ont même profité de leur statut médiatique pour entamer une carrière politique, avec plus ou moins de bonheur, il est vrai.

Philippe Seguin avait tout analysé, il y a 15 ans, avec une acuité mordante. Depuis 1996, la situation a empiré. Notre société se cherche des boucs émissaires. Les salons des préfectures résonnent de déclarations xénophobes lors de débats sur une identité nationale que l'on peine toujours à définir.

Les Juifs français commencent à trouver l'air un peu moins respirable. Les étrangers, légaux ou illégaux, ne sont que les enjeux de petits débats stériles. L'idée de République a depuis longtemps, passé son chemin.

Il fallait écouter, il y a plus de 10 ans, les déclarations de cet homme politique visionnaire.

Notre démocratie est en crise. Et cette crise n'est pas conjoncturelle ou passagère. Elle est structurelle, remettant profondément en question la conception française de la citoyenneté, fondée sur la libre adhésion des individus à la nation.

La situation des associations en est tout à la fois l'un des symptômes et l'un des déterminants.

Qu'on en juge... Le secteur associatif regroupe aujourd'hui 700 000 associations qui emploient 1,3 millions de salariés, dégagent un chiffre d'affaires de plus de 250 milliards de francs dont plus de 100 milliards d'origine publique et plus de 130 milliards déclarés à la T.V.A.

En 1992, 70 000 associations nouvelles ont été déclarées contre 20 000 en 1975. La variété de leur objet et de leur mode de fonctionnement désarçonne, puisque la loi de 1901 est supposée gérer aussi bien des clubs sportifs que des actions d'intégration, des pans entiers de la politique culturelle, industrielle, ou de santé publique comme l'animation de la vie locale.

A cet énoncé, chacun mesure le glissement vertigineux qui s'est effectué depuis le début du siècle: conçue à l'origine comme l'instrument de défense des libertés civiles face au cléricalisme, la loi de 1901 tient lieu désormais de paravent aux démembrements publics et autres « activités lucratives sans but » régulièrement dénoncés par la Cour des comptes.

Ainsi s'est développé au fil des temps un étrange capitalisme associatif, plutôt sauvage et fort peu social, où les intérêts corporatistes ont chassé les bénévoles et les subventions publiques les dons, où une part croissante des prélèvements obligatoires échappe à tout contrôle des élus du peuple.

La sphère publique, surtout depuis la décentralisation, n'a pas été épargnée, qui a vu la constitution de galaxies associatives, dont le seul objectif consiste à tourner les règles de la comptabilité publique et le statut de la fonction publique.

Que certaines de ces règles soient caduques ou absurdes, nul ne le contestera.

Mais à la solution courageuse d'une réforme de ces véritables verrous, qui ont empêché jusqu'à présent toute modernisation véritable de l'État, on a systématiquement préféré les expédients.

Et l'expédient le plus facile et courant, c'est l'association, qui, de bouée de sauvetage s'est transformée en avarie majeure de la gestion publique. En témoigne le nombre croissant de sinistres associatifs ayant mis gravement en cause le fonctionnement de l'État ou de certaines collectivités locales.

Le secteur privé n'a pas davantage échappé à cette évolution avec la multiplication des activités marchandes gérées sous la forme associative, souvent au mépris du droit et de la morale.

La France n'en a pas d'ailleurs le privilège. Les pays anglo-saxons ont également vu croître les organismes intermédiaires entre les administrations et le secteur privé, qui présentent le même manque de transparence et les mêmes dérives.

Pour autant, la crise des associations atteint sans nul doute en France une dimension exceptionnelle, très symbolique d'une société de rentiers, figée dans ses conservatismes.

Au-delà des folies financières des années 1980, qui ont vu se développer une forme d'économie mixte aussi dangereuse pour les libertés que pour les fonds publics, l'explosion et les dérives auxquelles nous avons assisté renvoient à des causes structurelles.

Première explication, l'éclatement de la société, avec l'apparition d'une fracture sociale qui n'a cessé de s'amplifier et qui a trouvé une traduction politique aussi directe que préoccupante avec la montée spectaculaire du Front national, tant lors du premier tour des élections présidentielles que des élections municipales.

Deuxième explication, la fin des idéologies qui a entraîné la perte d'un certain nombre de repères politiques et sociaux traditionnels pour toute une partie de la population; aux religions séculières ont succédé de nouveaux avatars théologiques, sociaux ou humanitaires qui institutionnalisent le mélange des genres.

L'on voit ainsi l'humanitaire se substituer au militaire et le militaire se transformer en humanitaire, le moralisant évincer le juridique, le politique se réduire à l'économique.

Troisième mutation, la plus dangereuse à terme, la société française est désormais structurée par une véritable guerre des âges, qui voit l'exclusion systématique des jeunes générations à travers le chômage et le niveau des taux d'intérêt.

Le marché du travail et les marchés financiers organisent ainsi une redistribution massive des richesses au profit de la partie âgée de la population, ce qui ne manquera pas de se traduire à terme, non seulement par une diminution des performances de l'économie, mais plus encore par une régression et un immobilisme social dont nous voyons déjà les redoutables prémices avec les émeutes urbaines.

Au total, à travers le cas d'école que représentent les associations, chacun peut constater que l'atomisation de notre société, l'insolence de l'argent, les progrès de l'exclusion, la crise financière de l'État, la délégitimisation de l'intérêt général et le déclin du politique vont de pair.

Dès lors le choix est clair.

Soit nous poursuivons dans la voie du renoncement, laissant à chacun le soin de défendre ses intérêts catégoriels au mépris de la collectivité.

Soit nous renonçons au renoncement en réhabilitant les associations désintéressées, servies par des bénévoles, afin de retrouver l'ambition et l'élan qui sont indissociables de l'idée républicaine, tout au moins dans son acception française.

La République, depuis 1789, est beaucoup plus qu'un système institutionnel qui s'opposerait, pour aller au plus simple, à la monarchie. La République représente un ensemble de valeurs.

La belle devise « Liberté, égalité, fraternité » nous ramène à ces deux idées simples mais d'une force singulière que la nation est une communauté de citoyens et que la République se définit d'abord par la capacité donnée à chacun de ses membres d'agir sur le destin de tous.

Il va de soi que cet engagement suppose le respect d'un principe politique fondateur : la transparence, l'impartialité et la rigueur dans l'emploi des fonds publics.

Or la forme associative décline à l'origine, sur un mode mineur, ces mêmes valeurs.

L'association est au départ un outil de participation à une aventure collective, le lieu privilégié d'apprentissage des vertus civiques.

Et sa dégénérescence en la quête d'avantages individuels figure le déclin de la République tout entière livrée aux agioteurs, aux courtisans, aux carriéristes, bref aux égoïsmes déchaînés.

Redonner sens et dignité au phénomène associatif est un combat stratégique, un combat central et vital pour l'avenir de la République.

Soit les associations s'installent dans l'ambiguïté d'un statut de satellites du pouvoir politique, de l'administration, du marché et des médias.

Soit elles reconquièrent leur droit d'aînesse dans l'ordre de la citoyenneté, en rétablissant le primat de l'engagement bénévole sur le salariat, de la gratuité sur la subvention, de la liberté sur la servilité.

En bref, le mouvement associatif a vocation à s'affirmer, aux côtés de l'école et du service national, comme une ligne de résistance majeure des valeurs républicaines. Et ceci de manière très concrète.

Pour prendre l'exemple des quartiers en difficulté ou de la jeunesse, les associations peuvent être la meilleure ou la pire des choses, selon qu'elles se conçoivent comme un outil au service de l'intégration, de la laïcité et de la solidarité entre générations, ou, au contraire, comme une simple annexe de services sociaux distribuant des soutiens ou des aides.

Car la République, ne s'incarne pas seulement dans la solidarité. Elle implique aussi une exigence de transparence et de contrôle des pouvoirs et des fonds publics par les citoyens et leurs représentants, à commencer par le Parlement.

De ce point de vue, le fait associatif illustre, reproduit et amplifie les travers de notre système politique, économique et social qui demeure étonnamment fermé et hostile à l'idée de contre-pouvoir.

L'État n'a pas le monopole du syndrome présidentiel. Et nombre d'associations fonctionnent selon un principe monarchique ou féodal qui place leurs dirigeants à l'abri de tout contrôle de leurs mandants.

La France a encore du chemin à parcourir pour devenir une démocratie pleinement adulte, où l'exécutif accepte le contrôle du législatif et du judiciaire.

A la société française tout entière de se mobiliser pour accomplir la nécessaire révolution culturelle qui doit concerner chaque cellule du corps social.

Il est grand temps que soient abolis les privilèges de pouvoirs absolus et les conservatismes qui bloquent la société française, fût-ce avec ces mêmes bonnes intentions dont chacun sait que l'enfer est pavé.

Philippe Seguin, 1996, préface du livre 'Les associations lucratives sans but', de Pierre-Patrick Kaltenbach

Pierre-Patrick Kaltenbach
© Primo, 09-01-2010
 
 
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6 janvier 2010 3 06 /01 /janvier /2010 01:10
Exclusif : l'armée de l'air brésilienne place le Rafale derrière le Gripen et le F-18 (actualisé)

http://secretdefense.blogs.liberation.fr/defense/2010/01/exclusif-larm%C3%A9e-de-lair-br%C3%A9silienne-place-le-rafale-derri%C3%A8re-le-gripen-et-le-f-18.html

Le Rafale en dernière position ! Derrière le Gripen suédois et le F-18 américain : c'est le classement par ordre de préférence de l'armée de l'air brésilienne tel qu'il a été transmis au ministre de la Défense Nelson Jobim, avons nous appris auprès de sources françaises. [Le journal brésilien La Folha do Sao Paulo publie également cette information.] Le bras de fer entre le président Lula, qui a choisi le Rafale, et les généraux de sa force aérienne prend une tournure de plus en plus vive. Comme les pressions américaines.

Le rapport de l'armée de l'air brésilienne, qui ferait près de 30.000 pages, n'engage pas les autorités politiques du pays.

La Force aérienne brésilienne (FAB) met en avant des arguments financiers. Le Brésil prévoit d'acheter un premier lot de 36 chasseurs, tout en acquérant le savoir-faire pour produire sur place des avions de combat. Le choix brésilien en faveur du Rafale avait été annoncé lors du voyage de Nicolas Sarkozy au Brésil, en septembre 2009.

Les aviateurs brésiliens n'ont jamais accepté la décision politique de leur président et depuis lors font de la guérilla avec l'appui des Suédois et des Américains.
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4 janvier 2010 1 04 /01 /janvier /2010 14:11
Lecture vivement recommandée par Victor Perez à Aschkel!
Identité nationale : qui hait qui ?

Réponse à Emmanuel Todd

Publié le 04 janvier 2010 à 05h00 44 réactions • 

L'auteur
Elisabeth Lévy

Elisabeth Lévy est journaliste, rédactrice en chef de Causeur.

Lire tous ses articles

http://www.causeur.fr/identite-nationale-qui-hait-qui,3551

Emmanuel Todd.

Emmanuel Todd.


La haine de l’autre comme unique programme : à en croire l’anthropologue Emmanuel Todd, Nicolas Sarkozy ayant échoué sur le plan économique, “la recherche de boucs émissaires à tout prix” serait devenue “comme une seconde nature”. Il le proclame haut et fort dans un entretien publié par Le Monde28-29 décembre : “Le gouvernement, à l’approche d’une échéance électorale, propose, je dirais même impose, une thématique de la nation contre l’islam.” Comme citoyen, Todd est révulsé. C’est son droit et on peut au moins lui reconnaître une certaine constance : depuis 2007, il n’a cessé de pilonner le président de la République, en qui il voit le symptôme et la cause d’une maladie française qui, pourtant, explique-t-il, n’existe pas, puisque Sarkozy et le dernier carré de ses électeurs en sont les ultimes survivances. 

 

Todd détient l’un des plus jolis cerveaux du pays, formé dans les meilleures écoles britanniques. Il peut donc tenir avec brio deux discours parfaitement contradictoires – chanter l’air de “tout va bien”, décréter que la France est en train de “réussir son intégration”, et décrire le sarkozysme comme une “pathologie sociale” relevant “d’une analyse durkheimienne – en termes d’anomie, de désintégration religieuse – et marxiste”. Comment cette pathologie a-t-elle pris dans une société en bonne santé, voilà ce que Todd, fort de ses séries statistiques et de quelques certitudes ne nous dit pas.


Pas mal de mes amis le détestent – ce qui doit lui faire très plaisir. Pour ma part, je l’avoue, j’aime bien Emmanuel Todd. D’abord, c’est un copain et il peut être d’un commerce passionnant, amusant et même amical, pour peu qu’on évite ses mauvaises périodes et les sujets qui fâchent – ce qui devient, il est vrai, assez compliqué. En prime, très beau garçon, irrésistible quand il s’énerve. C’est en lisant L’Illusion économique que j’ai compris la mécanique perverse du libre-échange. Et son essai sur le déclin de la puissance américaine est bien plus démonstratif que ne le pensent ceux qui sont convaincus de l’avoir lu quand ils se sont contentés de quelques articles.


Qu’il y ait deux Todd – le savant brillant et l’idéologue énervé – n’est ni surprenant, ni choquant. Idéologue, nous le sommes tous un peu. L’ennui, c’est que c’est souvent le second qui s’exprime avec le langage et surtout avec l’autorité du premier. On interroge l’intellectuel et c’est le spécialiste de l’agit-prop qui répond. Certes, les lunettes à travers lesquelles il voit le monde sont sophistiquées. Elles observent des courbes encourageantes et annoncent le progrès inéluctable de l’humanité. Le problème, c’est que, loin de le rendre clairvoyant, elles l’aveuglent, en lui masquant toute la réalité qui n’entre pas dans ces merveilleuses extrapolations – c’est-à-dire une bonne partie de celle-ci et pas la plus affriolante. Todd sait faire parler un taux de fécondité comme personne, mais on dirait souvent qu’il ne voit pas ce qui se passe autour de lui. Notamment parce que, pour lui, les croyances et les représentations n’ont aucune valeur explicative en tant que telles.


Les propositions qu’il avance dans Le Monde méritent donc d’être examinées, d’abord à cause de l’assurance inébranlable avec laquelle il les formule (le doute méthodique n’est pas trop son truc), ensuite parce que, malgré leur caractère manifestement outrancier, elles passent pour raisonnables.


Première évidence supposée : le gouvernement aurait, à l’approche des régionales, imposé la thématique de la nation contre l’islam. Outre qu’on ne voit pas très bien ce qu’il aurait eu à y gagner (il aurait plutôt intérêt à gagner les voix des musulmans qu’à les perdre), il faut vraiment être naïf ou de mauvaise foi pour affirmer que le gouvernement est en mesure d’imposer un quelconque débat. Au contraire, il semble que tout le monde ait été pris au dépourvu par les passions suscitées par l’initiative de Besson. De fait, le débat sur l’identité nationale s’est transformé, avec un petit coup de pouce des Suisses, en débat sur la place et la nature de l’islam en France. Ça ne plait pas à Emmanuel Todd qu’on se pose de telles questions. D’ailleurs, personne ne se les pose plus : “En 1994, dit-il, la carte du vote FN était statistiquement déterminée par la présence d’immigrés d’origine maghrébine, qui cristallisaient une anxiété spécifique en raison de problèmes anthropologiques réels, liés à des différences de système de mœurs ou de statut de la femme. Depuis, les tensions se sont apaisées. Tous les sondages d’opinion le montrent : les thématiques de l’immigration, de l’islam sont en chute libre et sont passées largement derrière les inquiétudes économiques.” Le récent sondage du Parisien dans lequel il apparaissait qu’une moitié des Français avoue des inquiétudes concernant l’islam a dû échapper à Todd. Il ne voit ni l’augmentation du nombre de femmes en burqa, ni la persistance du caïdat dans les cités, ni le recul de la mixité, ni le fait que des Français de toutes origines peuvent légitimement être troublés quand certains de leurs concitoyens affichent leur détestation de la France. Au nom de l’islam ou de ce qu’ils prennent pour l’islam. Peu importe, Todd en est convaincu : ces troubles et ces inquiétudes sont en chute libre. En réalité, Todd voit ce qu’il croit.


À l’appui de ses convictions, Todd brandit l’exogamie des enfants d’immigrés. “Les populations d’origine musulmane de France, dit-il, sont globalement les plus laïcisées et les plus intégrées d’Europe, grâce à un taux élevé de mariages mixtes.” Le problème est que ce constat date de 1994, date à laquelle il écrivait Le destin des immigrés. Depuis, ce type de statistiques étant de facto interdit aux chercheurs, on ne sait pas dans quel sens s’est déplacé le curseur. Seul un optimisme de principe permet de décréter que cette tendance à l’exogamie s’est poursuivie sur sa lancée. Todd a sans doute raison quand il dit que les Français “n’en ont rien à foutre des questions de couleur et d’origine ethnique ou religieuse”. En déduire qu’ils se fichent tout autant des différences culturelles et des revendications identitaires suppose un saut franchement périlleux.


Je n’ai pas, il est vrai, la moindre statistique à opposer aux certitudes d’Emmanuel Todd, seulement le sentiment qu’en une vingtaine d’années l’intégration des enfants d’immigrés a reculé plutôt qu’elle ne s’est améliorée et que, chez une partie d’entre eux, la proclamation identitaire a pris le pas sur la revendication égalitaire : de la marche des Beurs à la Marseillaise brûlée et à “la burqa, où je veux”, Todd trouve que “les tensions se sont apaisées”. Moi pas. Et j’avoue que je ne sais pas comment une même réalité peut donner lieu à deux perceptions si contradictoires.


Mais là où l’ami Todd charrie carrément, c’est quand il explique que ces tensions (apaisées, rappelons-le) sont le produit d’une politique machiavélienne et cynique consistant à attiser la haine des uns contre les autres pour faire passer la pilule de l’échec économique. En somme, aux difficultés existantes, Nicolas Sarkozy aurait délibérément choisi d’ajouter le malaise national – qui bien sûr n’a aucun autre fondement – en dressant les “de souche” contre les “issus de”. La panne de l’ascenseur social que Todd analysait il y a dix ans, c’est lui ! La machine à fabriquer des Français grippée, c’est lui ! Le vote FN des anciens cocos, encore lui ! L’islam salafiste dans nos banlieues, les filles interdites de jupe, la Marseillaise sifflée par des Français : tout ça, ce sont des inventions de Sarkozy pour effrayer le bourgeois et, plus encore, le petit blanc.


On passera rapidement sur le caractère complotiste de l’hypothèse selon laquelle la France – comprenez Sarkozy – aurait “une stratégie de confrontation avec les pays musulmans – comme en Afghanistan ou sur l’Iran” pour des raisons ayant trait au “jeu intérieur”. En somme, notre gouvernement néo-colonial s’en prendrait aux fiers Pachtouns et aux rudes Persans, qui ne font de mal à personne, pour intimider nos pauvres Arabes ?


Certes, on peut croire Emmanuel Todd sur parole : à long terme, les progrès de l’alphabétisation et la baisse de la fécondité auront fait triompher la raison dans les zones les plus reculées de ces deux pays tenues en coupe réglée par des barbus tendance stal et dans pas mal d’autres endroits. Fort bien. Mais tous les ploucs qui n’ont pas la chance de vivre dans l’éternité de la démographie savent qu’à long terme ils seront tous morts. Et, en attendant cet heureux dénouement, ils ne trouvent pas très riant l’islam politique tel qu’il s’affiche au niveau planétaire. Ils ont certainement tort, tous ces lepénistes cryptos, actuels et futurs qui ne comprennent rien au vent de l’histoire, mais ils doivent bien avoir eux aussi leur place dans les courbes et les statistiques dans lesquelles Todd lit l’avenir ?


Ce Sarkozy est vraiment démoniaque. Saviez-vous qu’en 2005, il “a mis le feu aux banlieues” pour récupérer l’électorat frontiste – d’ailleurs, Todd ne nous dit pas ce qu’il conviendrait de faire de cet électorat, le déchoir de son droit de vote, l’encourager à revoter Le Pen pour pouvoir faire la fête ? Croit-il vraiment que des gamins et moins gamins qui ne peuvent prononcer une phrase entière sans dire “nique”, “ta race”, “chien” et bien d’autres gracieusetés encore et qui annoncent tous les deux paragraphes qu’ils vont “tuer un bâtard” sont si sensibles au beau langage qu’ils n’ont pas supporté “racaille” et “kärcher” et qu’animés par une légitime révolte devant de tels écarts, ils ont brûlé les voitures de leurs parents et l’école maternelle de leurs petits frères ?


On espérait y échapper. Pitié pas Vichy, pas lui. Mais bien sûr, il a fallu que les années 1930 pointent leur nez. Le dialogue entre l’intervieweuse et l’interviewé sur le thème “vous avez dit fascisme ?” est un morceau de choix dans le genre “je dis tout et son contraire” qui est, selon Todd, une caractéristique du sarkozysme. Réponse, en substance : ce n’est pas pareil mais ça y ressemble. Ou l’inverse. Comportements nouveaux qui renvoient au passé, comparaison qui n’est pas confusion mais un peu quand même, Etat au service du capital, l’idée c’est que Sarkozy fait du vieux avec du neuf et du neuf avec du vieux. “Quand on est confronté à un pouvoir qui active les tensions entre les catégories de citoyens français, on est quand même forcé de penser à la recherche de boucs émissaires telle qu’elle a été pratiquée avant-guerre.” On pourrait ajouter que quand on construit un monde fantasmagorique peuplé de bons et de méchants, on aboutit forcément à une conclusion délirante.


Précisons-le clairement : Emmanuel Todd ne dit jamais que le sarkozysme est un fascisme. Seulement, il ne peut pas ne pas y penser. Il ne nous dit pas non plus que les musulmans d’aujourd’hui sont les juifs d’hier et que l’étoile verte est en train de remplacer l’étoile jaune. Mais on ne peut pas ne pas y penser.

Alors moi aussi, je voudrais poser une question, au copain, au citoyen et au savant : quand tu mobilises cet imaginaire-là et ces références-là, es-tu certain, cher Mano, de ne pas être aveuglé par une haine qui ne te sied guère ?

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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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