Dans la seconde partie de notre interview, Gerstenfeld nous en dit un peu plus sur le contenu de son nouveau livre Demonizing Israel and the Jews , [ La Diabolisation d’Israël et des Juifs ] (disponible à l’achat sur Amazon).
HR : L’insistance sur l’introduction de La Diabolisation d’Israël et des Juifs, qui met en exergue la vision du monde massivement criminelle qui sévit en Europe, éclipse, à un certain point, les 57 entrevues qui constituent la partie centrale du livre. Qu’avez-vous cherché à réaliser, à travers ces entretiens ?
MG : Il s’agit d’un recueil d’interviews que j’ai menées avec des dirigeants juifs, des universitaires, des experts, des hommes politiques, des journalistes, des personnalités importantes des organisations juives et d’autres. Ensemble, elles illustrent les facettes polymorphes, l’intensité et l’étendue de la propagation de cette incitation à la haine contre Israël et les Juifs. Ce livre traverse une multitude de pays et de disciplines. Après avoir lu les entretiens, on peut mieux comprendre par quels procédés cette vision du monde diabolisante a été créée et a pris racine en Europe. Le livre se répartit en deux section : l’une, nourrie d’interviews qui se concentre fondamentalement sur Israël, et l’autre, qui traite principalement de l’antisémitisme classique [pour en débusquer les « nouvelles » résurgences].
HR : Quels pays particuliers occupent la couverture de la plupart des interviewés ?
MG : Les entretiens recouvrent plus de dix pays européens. Le livrecontient aussi des entrevues avec Gustavo Perednik, sur la situation en Argentine, Rifat Bali sur l’avenir incertain de la communauté juive de Turquie, Maurice Roumani, sur ce que sont les attitudes en Libye à l’égard de son ancienne communauté juive, Zvi Mazel sur l’antisémitisme égyptien, de Moubarak à Morsi, aussi bien qu’avec Mitchell Bard sur le puissant lobby saoudien aux Etats-Unis. On compte aussi une interview avec Justus Weiner, qui évoque la façon dont les Musulmans chassent les Chrétiens des territoires palestiniens.
HR : Beaucoup de vos entretiens traitent de divers groupes d’auteurs d’actes et d’incitation à l’antisémistime et à l’antisionisme. Quels sont les principaux parmi eux ?
MG : La haine contre Israël la plus manifeste provient, et de loin, des régions du monde musulman. On pourrait aisément remplir plusieurs livres d’entretiens sur ce qui est un sujet en soi. Dans La Diabolisation d’Israël et des Juifs, les invités à ces entrevues répondent sur certains de ses aspects les plus saillants. Richard Landes explique de quelle façon les théories conspirationnistes affectent les Juifs ; Gunther Jikeli parle de l’antisémitisme musulman au sen de la jeunesse européenne ; l’ancien Président [et Président d’honneur] de l’organisation coordinatrice des Juifs de France, le CRIF, Richard Prasquier, expose l’ampleur de l’antisémitisme musulman en France.
HR : Nous autres, à HonestReporting, sommes, évidemment très intéressés par les déformations des faits, opérées par les medias.
MG : Ce thème, comme tant d’autres sujets présents dans La Diabolisation d’Israël et des Juifs, mérite, également, qu’un livre entier lui soit consacré. Nous avons une interview avec Simon Plosker, le rédacteur en chef d’HonestReporting. Une autre, avec Andrea Levin, de CAMERA. Dans une troisième l’avocat des contentieux, Trevor Asserson expose les distorsions de la BBC – en tout ce qui concerne les reportages sur Israël- comme un cas à part. Sur une note quelque peu différente, la cinéaste et réalisatrice Gloria Greenfield parle de son documentaire : Unmasked Judeophobia[La Judéophobie démasquée] et des ractions qu’il a suscitées.
HR : Une autre source essentielle de la haine anti-israélienne provient des rangs de l’extrême-Gauche.
MG : Effectivement, il en est fortement question, par exemple, quand Angelo Pezzana explique comment les Italiens anti-israéliens, foncièrement gauchistes, déforment la mémoire de la Shoah, selon leur propre agenda. Simon Epstein expose soixante ans de parti-pris intellectuel français contre Israël, portant l’essentiel de l’attention aux communistes et aux trotskystes. Ken Sikorski analyse la scène finlandaise, à commencer par les Socialistes.
HR : Les Socialistes européens et les Sociaux-Démocrates ont aussi fait preuve d’attitudes fortement hostiles à Israël.
MG : L’écrivain (fem.) de premier plan, en Norvège, en matière de livres réalistes, Hanne Nabintu Herland montre comment on fait la promotion d’une haine d’Israël « politiquement correcte ». Elle a démontré à quel point le Parti Travailliste joue un rôle essentiel dans la transformation de la Norvège en pays le plus antisémite de tout l’Occident. Ilya Meyer raconte cmment la troisième plus grande ville de Suède, Malmö, est devenue un foyer mondialement réputé pour son antisémitisme. On en doit une majeure partie à l’ancien Maire travailliste Ilmar Reepalu, qui ne pouvait s’empêcher de produire de fréquentes remarques antisémites. Jehudi Kinar, ancient Ambassaderu d’Israël en Belgique, décrit par le menu la puissance du courant antisioniste au sein des partis socialistes belges.
HR : Et puis, une autre source de haine contre Israël émarge des cercles chrétiens…
MG : On lui prête bien trop peu d’attention. Ce sujet, aussi, pourrait constituer un livre spécialement dédié d’interviews. L’universitaire hollandais Hans Jansen parle des racines profondes de l’antisémitisme protestant depuis ses fondations. Son principal centre d’intérêt tourne autour du rôle du réformateur de l’église, Martin Luther. Il décrit aussi le document haineux nommé « Kairos », qui fait tache d’huile, à partir de la communauté chrétienne palestinienne. David Parsons explique comment on peut faire la distinction, sur le plan théologique, entre les pro- et les anti-israéliens, parmi les Protestants. Dexter Van Zile expose les politiques anti-israéliennes du Conseil Mondial des Eglises.
HR : Et qu’en est-il du terrorisme, proprement dit ?
MG : La psychiatre Daphne Burdman analyse comment les enfants palestiniens sont endoctrinés à la haine génocidaire depuis leur plus jeune âge. Michaël Wines offre un panorama sur la façon dont les communautés juives et les Israéliens en déplacement à l’étranger ont été pris pour cible par les terroristes.
HR : Qu’en est-il de la “haine de soi”, chez certains Israéliens et Juifs de Diaspora ? Ils ne sont pas si nombreux, et pourtant ils causent des dégâts énormes à eux seuls…
MG : Le Professeur de Philosophie Elhanan Yakira, de l’Université Hébraïque de Jérusalem met en exergue les similitudes et convergences de pensée entre les négateurs de la Shoah et les Post-Sionistes israéliens et juifs. Le Psychologue d’Harvard, Ken Levin diagnostique le cas des Juifs et Israéliens qui adoptent la critique provenant des antisémites les plus extrêmes et des antisionistes viscéraux. Il dit que ce phénomène révèle de grandes similitudes avec les réponses et défenses à l’agression qu’on rencontre chez les enfants victimes de violences chroniques ou d'incestes.
HR : Que dire des ONG, de la cyber-haine sur Internet ?
MG : Gerald Steinberg consacre une synthèse de son travail pionnier sur les distorsions des ONG, dès qu’il s’agit d’Israël, Le Rabbin Abraham Cooper explique les dangers liés à l’antisémitisme et au terrorisme via Internet, alors que Ronald Eissens évoque les problèmes concernant la propagation de la haine par Internet, grâce à Facebook, Twitter et YouTube.
HR : Parlez-vous, aussi, de certains des outils de transmission de la haine, dans l’antisémitisme et l’antisionisme contemporain ?
MG : Certains medias sont des opérateurs majeurs de l’antisémitisme et de l’antisionisme, à travers la tournure des éditoriaux qu’ils consacrent à ces questions et par leur mode de sélection et de formulation des articles d’actualités. De manière identique, les Nations-Unies sont une caisse de résonance et un puissant instrument de haine anti-israélienne. Ce dernier point s’illustre dans l’entretien avec Yohanan Manor, au sujet de la sinistrement fameuse résolution « Le Sionisme est un Racisme ». Les dessins et caricatures son un outil redoutable d’efficacité pour la promotion et la propagation du virus de la haine, comme Joël Kotek le démontre. Le langage, est un autre outil privilégié, parmi tant d’autres, de transmission de la haine. George-Elia Sarfati insiste sur le fait que les mots n’ont rien de neutre, mais qu’ils servent à introduire à un certain univers de référence, dans la façon dont on présente et traite un sujet donné.
HR : Avez-vous, aussi, consacré des entretiens aux façons de combattre l’antisémitisme et l’antisionisme ?
MG : Une interview très importante à ce sujet est celle menée avec l’ancien Ministre de la Justice Canadienne, Irwin Cotler. Il dresse la liste des moyens politiques, diplomatiques, économiques et juridiques disponibles pour contrer la menace iranienne. Cotler démontre qu’il y a bien assez de preuves pour traîner l’Iran devant une Cour Internationale de Justice.
HR : Autre chose ?
MG : Il faudrait que nous ayons beaucoup d’autres conversations comme celle-ci pour couvrir tous les thèmes, tous aussi essentiels, abordés dans l’ouvrage.
Adaptation : Marc Brzustowski